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DVDEF

Insomnia

Critique
Synopsis/présentation
Christopher Nolan n'en est qu'à son troisième film à titre de réalisateur, que déjà il est reconnu à Hollywood comme un nouveau maître du film noire et du thriller. Cette distinction, il l'a doit principalement à son deuxième film, Memento. Memento était un exercice fascinant. Le film respectait à la fois les conventions du film noir, tout en les manipulant à son avantage pour créer une oeuvre complexe et flamboyante. En racontant son récit à rebours, en commençant par la fin, mais en maintenant une évolution chronologique (par exemple l'évolution des personnages telle que la femme fatale), Nolan réalisait non-seulement un tour de force scénaristique mais également technique grâce à une mise en scène appliquée et un montage inventif et diablement efficace. À la suite de ce film, tous étaient impatients de voir ce que le jeune Nolan allait nous concocter par la suite. Ce que peu de gens savent, c'est qu'avant même la parution en salles de Memento, Nolan avait déjà accepté la réalisation d'un film de commande, la reprise américaine du thriller norvégiens Insomnia.

Plusieurs cinéphiles ont manifesté leurs déceptions à l'annonce de ce projet. Pourquoi Nolan, après avoir réalisé une ?uvre si originale, s'était-il lancé dans un remake d'un film à peine vieux de 5 ans ? Lui qui avait concocté un scénario aussi génial avec Memento, pourquoi avait-il accepté de réaliser un film de commande déjà écris? Et bien tout simplement parce que Nolan voulait percer à Hollywood, et puisqu'il ignorait toujours à cette époque de la réception qu'allait avoir Memento auprès des critiques et des cinéphiles, il ne pris aucun risque. Difficile à dire si, après la parution de Memento, il aurait pris la même décision? Mais quoi qu'il en soit, Christopher Nolan (et les cinéphiles !) n'a pas à avoir honte de sa dernière réalisation puisqu'on y décèle bel et bien la signature propre d'un jeune auteur inspiré et attentif. Tout d'abord, si Nolan affectionne les récits non-linéaires ou chronologique, il le prouve encore une fois avec Insomnia. Même si ce dernier film n'est pas aussi éclatée dans sa chronologie que les précédents films du cinéaste (voir aussi Following), Insomnia est néanmoins marqué de "flash-forwards" et "flash-backs". Très efficace. Autre élément caractéristique des précédents films de Nolan, le rythme de sa mise en scène. Le réalisateur n'est pas amateur des effets chocs inutiles. Il préfère insuffler au film un rythme lent, voir même langoureux, le tout bercé par le musique douce et triste de David Julyan, le compositeur de Memento et Following.

Nolan est un cinéaste attentif aux moindres détails entourant le déroulement de l'intrigue, mais surtout des personnages. Car bien plus qu'une simple enquête policière, Insomnia est surtout un thriller psychologique. D'ailleurs, à peine une demie-heure après le début du film, la ligne directrice du film n'est plus tant de dévoiler l'identité du tueur mais plutôt de démontrer les similitudes entre celui-ci et le héros du film, au point même où leurs actions se confondent. Tandis que le protagoniste commence à dériver et commettre des actes répréhensibles, l'antagoniste apparaît comme quelqu'un de posé, d'intelligent et en pleine possession de ses moyens. En fait, l'un apparaît presque comme une réflexion de l'autre, une métaphore qui est pleinement représentée lors de la conclusion. Cette évolution dans la personnalité du héros, le réalisateur la traduit fort adroitement grâce à des effets stylistiques justifiés et intelligents. Par exemple, ces courts moments où le montage devient plus rapide et saccadé, ou encore l'accentuation de la luminosité. Voilà une mise en scène entièrement au service du récit, et surtout des personnages. Insomnia est réellement un thriller à ne pas manquer, un film d'une grande qualité qui nous laisse espérer le meilleur quant à l'avenir du jeune cinéaste Christopher Nolan.


Image
Insomnia nous est présenté au format respecté de 2.35:1, et ce d'après un transfert anamorphosé. Une édition offrant le film dans un format plein écran (4:3) est également disponible en magasin.

Dans l'ensemble, ce transfert est d'excellente qualité et rend pleinement justice aux subtilités de la photographie. L'interpositif employé en vue de ce transfert était dans un état optimal ne trahissant absolument aucune anomalie. La définition est de haut niveau, l'image étant parfaitement nette et profitant d'un niveau de détail. Remarquez entre autres l'introduction du film, lorsque l'avion vole au-dessus des glaciers. La colorimétrie a été volontairement altérée pour stylisée la facture visuelle du film, et le résultat, s'il n'est pas nécessairement naturel, est certainement efficace et justement rendu. Les teintes varient, d'une séquence à une autre, entre des couleurs riches et d'autres complètement dé-saturées, mais le tout est superbement étalonné. Le niveau des noirs (brillance) et le contraste sont tout deux parfaitement bien ajustés et ne présentent aucun signe de fluctuation. Les parties sombres sont superbement rendues, les dégradés présentent un niveau de détail tout à fait honorable. Quant aux noirs, ceux-ci sont purs et ne manquent d'aucune intensité.

Une légère sur-définition des contours est perceptible mais jamais au point être distrayante. Nous n'avons remarqué aucun défaut de compression quel qu'il soit.


Son
Ainsi que le transfert vidéo, les mixages sonores présents sur cette édition (en format Dolby Digital 5.1 anglais et français) sont de très bonne qualité. À noter que des sous-titres anglais, français et espagnols sont également offerts.

Les deux mixages ont une belle présence, doublé d'un dynamisme percutant. Le champ-sonore se déploie de toutes les enceintes pour créer un espace sonore tout à fait immersif. La mystérieuse et planante trame-sonore est fidèlement intégrée et avec une retenue tout à fait de mise. Les dialogues sont également reproduit naturalité et ceux-ci demeurent toujours parfaitement intelligible. Les effets d'ambiophonies sont employés de façon quelque peu sporadique, ce qui risque de décevoir les amateurs de mixage agressif. Ces derniers sont d'avantage utilisés pour créer l'ambiance que pour réellement nous en mettre plein les oreilles avec des effets localisés. En soit, ils sont aux service du film et des atmosphères. Les quelques transitions de canaux (surtout stéréophoniques), sont fluides et réussies. Les basses sont profondes et se manifestent aux moments opportuns, sans excès. Le canal .1 (LFE) est également utilisé intelligemment et avec beaucoup de mordant mais seulement lorsque l'ambiance l'exige.


Suppléments/menus
Les suppléments qui accompagnent cette édition de Insomnia sont nombreux, et surtout, dans l'ensemble, fort intéressant.

Tout d'abord, la piste de commentaires audio animée par le réalisateur Christopher Nolan nous est présentée sous une forme des plus originale. Il s'agit sans doute d'une première, cette piste nous montre le film dans l'ordre chronologique dans lequel il a été tourné. C'est à dire que le montage du film devient pêle-mêle, cependant les commentaires de Nolan sont très structurés et tout à fait pertinents. En montrant le film ainsi pour l'écoute de la piste, le réalisateur voulait démontrer et expliquer les particularités d'un tournage, qui ne se fait que très rarement en ordre chronologique. Les propos du réalisateur sont intelligents et concis. Une piste à ne pas manquer. Une deuxième piste de commentaires audio est offerte, cette fois pour quelques séquences du film seulement. Au cours de cette piste, divers artisans (l'actrice Hillary Swank, le directeur artistique Nathan Crowley, la monteuse Dody Dorn, la directeur photo Wally Pfister et la scénariste Hillary Seitz) commentent chacun quelques scènes clés du film. En tout, cette piste ne dure que 45 minutes, mais pour éviter les longs silences, le film passe automatiquement à chaque scène accompagnées de commentaires. Comme les silences et les pauses ont été retirées, il ne reste de cette piste que les propos les plus pertinents et les plus intéressants, ce qui en fait une écoute assez brève et souvent fascinante. Une bonne idée. À noter qu'il est possible de n'écouter que les commentaires d'un animateur spécifique.

180 degrees : A conversation with Christopher Nolan and Al Pacino est une discussion de 17 minutes entre le réalisateur et l'acteur. Cette discussion ne s'attarde pas uniquement au tournage du film Insomnia mais s'attarde au contraire aux expériences et aux méthodes de travail des deux artisans. Vous en apprendrez beaucoup sur les deux hommes et sur leur vision du milieu cinématographique. Franchement intéressant. Également fascinants sont les deux segments présentés sous le nom In the Fog. Il s'agit de deux montages qui s'attardent tour à tour à la photographie du film et à la direction artistique. Via des entrevues, des séquences du film et des images filmées en coulisse, ces deux courts documentaires (6 min. chacun) nous offrent une vision d'ensemble assez explicite de deux des aspects les plus intéressant du film. Beaucoup moins palpitant est le documentaire promotionnel Day for Night. D'une durée de 8 minutes, ce segment ne fait que vanter les mérites du film et résumer l'histoire. À comparer aux autres documentaires, celui-ci apparaît particulièrement superficiel. Également inclus est un documentaire portant sur des réelles victimes de l'insomnie. Eyes Wide Open (8 min) fait le portrait de cette "maladie" et de ses effets sur la personnalité des gens. Ce segment pique la curiosité, mais sans plus.

Finalement, vous retrouverez une seule scène coupée, dont la durée frôle les 3 minutes. Cette scène n'apporte rien de nouveau à l'histoire, mais elle a néanmoins le mérite d'approfondir d'avantage la personnalité du protagoniste. Une piste de commentaires audio optionnelle animée par le réalisateur est offerte pour cette scène. La bande-annonce originale et une galerie de photographies complètent finalement cette édition.



Conclusion
Insomnia est un thriller psychologique intense et particulièrement bien réalisé qu'il serait dommage de manquer. Si le film n'a peut-être pas été le succès espéré lors de sa sortie en salles, espérons que cette parution DVD attirera d'avantage les cinéphiles. Une édition DVD qui rend totalement justice au film, que ce soit par son splendide transfert vidéo ou par sa subtile et immersive bande-sonore. Les suppléments sauront également captiver l'intérêt des spectateurs par leur originalité et leur pertinence. Que voilà une édition tout à fait recommandable.


Qualité vidéo:
4,2/5

Qualité audio:
3,9/5

Suppléments:
3,3/5

Rapport qualité/prix:
4,0/5

Note finale:
3,9/5
Auteur: Yannick Savard

Date de publication: 2002-10-20

Système utilisé pour cette critique: Téléviseur NTSC 4:3 Sony Trinitron Wega KV-32S42, Récepteur Pioneer VSX-D509, Lecteur DVD Pioneer DVL-909, enceintes Bose, câbles Monster Cable.

Le film

Titre original:
Insomnia

Année de sortie:
2002

Pays:

Genre:

Durée:
118 minutes

Réalisateur (s):

Acteur (s):

Le DVD / Blu-ray

Pochette/couverture:

Distributeur:
Warner Bros.

Produit:
DVD

Nombre de disque:
1 DVD-9 (simple face, double couche)

Format d'image:
2.35:1

Transfert 16:9:
Oui

Certification THX:
Non

Bande(s)-son:
Anglaise Dolby Digital 5.1
Française Dolby Digital 5.1

Sous-titres:
Anglais
Français
Espagnol

Suppéments:
2 pistes de commentaires audio, 4 documentaires, scène coupée, discussion entre Al Pacino et Christopher Nolan, galerie de photos et bande-annonce

Date de parution:
2002-10-15

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