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DVDEF

Napoleon Dynamite

Critique
Synopsis/présentation
La définition d’un film culte est généralement assez floue, et la véracité de son statut « culte » le plus souvent réservé au temps et au volume de personnes qui suivent une œuvre ou un type d’œuvre. Néanmoins, certains longs métrages ont tous les attributs de cette caste dès leur sortie. Que ce soit des personnages particulièrement décalés, des dialogues invraisemblables, une histoire ou une réalisation originale, tous les films dits « cultes » sont portés par des différences soit énormes, soit subtiles et le plus souvent sont très nationaux. Si pour le Québec, les répliques d’un Elvis Gratton ou d’un Cruising Bar sont du domaine commun et populaire, des dialogues du Père Noêl est une ordure ou des Tontons Flingueurs font partie intégrante de la culture aussi bien populaire que plus académique (Audiard bientôt dans la Pléiade ? Nous l’espérons).

Révélé par le festival Sundance, Napoleon Dynamite est la version longue d’un court métrage du réalisateur Jared Hess qui s’intitulait Peluca (2003). Ce film est précisément le genre de production qu’un premier visionnement définie immédiatement comme « culte ». Que ce soit pour un culte immédiat d’une large base de fan, que la possibilité de perdurer dans les décennies à venir. Tout est ici fait (ou non fait…) pour atteindre ce statut, des dialogues terrifiants, un histoire décalée, autant de personnages secondaires improbables que capables de rejoindre le plus grand nombre, et un héro qui redéfinit les limites mêmes de l’anti-héro.

Faire le synopsis de Napoleon Dynamite est un défie. L’histoire se résume à trois lignes : Napoleon Dynamite (Jon Heder), dans une petite ville agricole du Sud des Etats-Unis décide d’aider le nouvel arrivant, Pedro (Efren Ramirez) à devenir président de l’association des étudiants. Aidé par leur amie Deb (Tina Majorino) ils essaient de battre leur concurrente, Summer (Haylie Duff). Le synopsis se limite donc à cela, et les histoires parallèles sont généralement entièrement tournées vers des personnages, et non pas vers des événements. Le challenge est que cette comédie invraissemblable mériterait soit un synopsis très intellectualisé visant à comprendre les implications sociales de ce film, et son attrait populaire, ou bien en tentant de reproduire le ton du film (par exemple, ne mettre pour toute explication qu’une recette de cuisine, ou parler de la nécessité d’avoir certaines prédisposition pour le nunchaku ou le piratage informatique). Une position médiane à ces deux versions trahie de facto l’ambiance et le contenu de ce film.
Napoleon Dynamite est un film décalé, rare et précieux, avec assez de trouvailles visuelles et de dialogues pour maintenir une base de fan pour un très long moment. Le succès de ce film a d’ailleurs été capitalisé autour d’une base d’aficionados, toute la communication visant à ce que les personnes aillent plus d’une fois le voir au cinéma. Et cette stratégie a payé, constituant une large foule d’aficionados pour qui les expressions « Vote for Pedro » ou « reach for the stars » sont devenus autant de mots de passes pour « initiés ». Car Napoleon n’est pas fait pour tout le monde, l’absence d’action et le misérabilisme des personnages peuvent rebuter. Pour ceux qui sont touchés par cet humour, ce film devient par contre une référence, un indispensable de la comédie. La variété des personnages et leur profondeur (ou leur vacuité) font que chacun peut se trouver un référant/identifiant. Qu’il s’agisse de l’oncle de Napoleon, Uncle Rico (Jon Gries) qui vit dans un passé constant de possible joueur de football, ou bien du frère de Napoleon, Kip (Aaron Ruell) qui passe ses journées à parler à des filles sur internet (jusqu’à l’arrivée de sa préférée, Lawfundah…), ces personnages sont ou font tous des actions tellement décalées que chacun devient un possible « héro » pour ceux qui approfondissent. Le lancer de Steak par Rico ou la transformation de Kip vers un look de Hip Hop sont autant de scènes qui sauront faire hurler de rire certains, et désespérer les autres. Ce côté très manichéiste de l’effet perçu était d’ailleurs pleinement révélé lors des projections cinémas, car entre les éclats de rires de certains, des personnes quittaient la salle.

Il est donc très difficile de rendre l’atmosphère de ce film, et seul un visionnement saura donner une idée précise de ce que cela peut effectivement être. De plus l’absence complète d’acteurs connus (à part pour certains qu’on a vu dans des rôles secondaires, comme Tina Majorino ou Diedrich Badder) a relégué ce film extraterrestre au bas des chroniques cinéma, appuyant encore plus le côté « underground » de cette production. Napoleon Dynamite reste une fable, qui met en exergue un côté social assez répandu qui serait le mythe du bon gars idiot, de l’ultra nerd/otaku qui vit dans son monde. Mais l’action se situant au milieu d’une contrée rurale américaine (Utah), monde déjà à part par la vacuité culturelle de ses habitants, ce personnage qui passerait pour un idiot fini dans un monde « normal » devient exceptionnel au milieu de la médiocrité ambiante. Il serait hasardeux de voir en Napoleon Dynamite une critique de société, sa portée relevant plus de la biographie du réalisateur dansa sa petite ville de naissance. Néanmoins, cela permet à notre idiot de dépasser le cadre strict du film d’adolescent hollywoodien qui se limite habituellement à des poussées hormonales ou des besoins en substances alcoolisées. Et c’est certainement là que Napoleon touche sa cible, car il décrit l’adolescence, d’adolescents ou d’adultes qui le sont restés, sans jamais aborder les thèmes récurrents des comédies adolescentes habituelles.
C’est de la fraîcheur du réalisateur et de ses acteurs que la magie naît, ainsi que du côté très inhabituel de cette production qui n’aurait, sans l’Aide de Fox Searchlight et de son fournisseur, le festival Sundance, jamais rencontré le grand public. Napoleon Dynamite reste très certainement l’œuvre la plus audacieuse sans jamais avoir voulu l’être de 2004, et sans aucun doute la meilleure comédie de l’année pour ceux qui sont sensible à l’humour un peu décalé. Ce film est par contre assez perfectible, des longueurs de certaines scènes à l’éclairage parfois assez amateurs, mais au regard des personnages, tout cela semble faire partie intégrante de l’ambiance et se regarde sans jamais y penser réellement.

Fox nous propose donc enfin la version DVD, et jamais une édition n’aura été aussi attendue… En effet, la tradition voulant de nombreux visionnement au cinéma, il est évident que les qualités de re-visionnement sont au centre de ce film, et cette édition DVD sera très souvent dans votre lecteur. Malgré une réelle déception concernant les suppléments, cette édition est techniquement d’un niveau très respectable.



Image
Cette édition propose deux formats (un pour chaque face du disque double face). Un format recadré 1.33:1 (transfert 4:3) est offert, ainsi que le format respecté de 1.85:1 (transfert 16:9). Cette critique se base sur ce dernier format.

Le matériel source, très récent, ne semble pas présenter de problème particulier (comme des points ou des égratignures), offrant ainsi une image exempte de tous problème lié à la source. L’image est en général assez précise et sait rendre les détails avec fidélités, et proposer des textures plutôt naturelles. Malgré cela certaines scènes isolées (comme la scène de bal) ont semblé présenter une petite perte de définition qui sans gacher le plaisir de visionnement, mais la norme reste tout de même une image globalement de bonne qualité. Les couleurs sont toujours parfaitement saturées et naturelles, calibrées de façon homogène sur toute la durée du programme. Les parties sombres sont correctement détaillées et les noirs d’une profondeur adéquate.
La brillance et les contrastes sont correctement rendus, tant pour les scènes en plein soleil (la majorité des plans extérieurs) que dans les scènes d’intérieur un peu plus sombre. La partie numérique est d’un niveau plus que convenable, aucun problème lié à la compression n’a été constaté et les quelques tendances à la surdéfinition que l’on peut constater de temps à autre sont assez discrète pour ne pas interférer avec le visionnement.

La qualité de l’image de cette édition, sans être dans les plus hautes sphères de la qualité reste d’un niveau très convenable. S’il est évident que ce type de film n’appelle pas les prouesses visuelles les plus difficiles à obtenir, l’objectif est atteint, l’absence de problème étant le meilleur que l’on pouvait espérer.


Son
Cette édition offre deux bandes sonores, une au format Dolby Stéréo et l’autre au format Dolby Digital 5.1 en anglais et en espagnol. La version anglaise 5.1 est évaluée ici. Il aurait été dommage de se passer d’une bande son multicanale, néanmoins sa pertinence pour ce type de film est beaucoup moins centrale que pour des films d’actions, et il est clair que l’enceinte la plus utilisée sera la centrale.
L’action, basée principalement sur des dialogues se déploie presque qu’exclusivement à l’avant (sauf pour les morceaux musicaux qui eux tendent à utiliser l’ensemble des enceintes). Cette bande son fait son travail à merveille, offrant une présentation fidèle et bien montée. Le dynamisme et la spatialisation en avant son d’un niveau correct étant donné le type de programme. Tout comme pour l’image, c’est l’absence de problème plutôt que l’excellence qui fait la qualité de cette bande son. Les dialogues, au centre de ce programme sont très bien rendus, toujours bien en avant et parfaitement naturels.
L’intégration de la trame sonore, et la qualité du mix en général sont d’un très bon niveau. Les nombreuses pièces musicales utilisées (et choisies pour aller avec l’ambiance générale du film) utilisent quant à elle tout l’arsenal d’enceinte 5.1 afin de créer une immersion plus poussée. Les effets de transitions sont d’ailleurs d’une timidité complètement justifiée et les enceintes arrière ne sont jamais mises à contribution pour des effets. De la même manière, l’enceinte d’infrabasse prendra des congés bien mérités, puisqu’active seulement à un ou deux moments, et de manière assez discrète.

Cette bande son, offre les limites créatives nécessaires à la continuité du film. En effet, il aurait été très étrange et voir même dérangeant d’avoir une bande son trop efficace, cela aurait nuit à l’aspect minimaliste et volontairement « pauvre » du film. Comme dit précédemment c’est l’absence de problème qui en fait sa qualité, et en ce sens, cette bande son remplie pleinement son rôle. Il serait difficile de blamer l’Absence de doublage en Français tant il nous semble que les voix des personnages ne pourraient être rejoués avec le même naturer.

À noter la présence de sous titres en Anglais, Français et Espagnol.


Suppléments/menus
Cette édition de Napoléon Dynamite se compose d’un unique disque double face, les suppléments se trouve sur les deux faces.

La face A offre le film dans un format recadré ainsi que la plus grande partie des suppléments. Tout d’abord, on y trouve une bande son alternative de commentaires par le réalisateur, Jon Heder et le producteur Jeremy Coon. Cette bande son (identique à celle trouvée sur la face B) est d’un intérêt moyen, et surtout donnée d’une manière un peu soporiphique. Les discussions permettent néanmoins de comprendre l’origine des personnages et comment ils ont été conçus, ainsi que d’insister sur le caractère très autobiographique de certaines scènes.
On y retrouve aussi le court métrage qui a inspiré le film, « Pelluca », dans toute la splendeur de la médiocrité de son image. En effet, comme le souligne le réalisateur sur la piste de commentaires disponibles, ce court tourné en 16mm avait été surexposé, donnant un grain réellement impressionnant à l’image. Mais c’est avec plaisir que l’on retrouve certaines scènes clés, et l’origine de la moustache de Pedro comme « sweet skill ». Un petit segment intitulé “The Making of the Wedding of the Century" présente le tournage d’une fin alternative dont la destiné nous échappe, mais permet surtout de voir les acteurs dans leur “normalité” plutôt que dans leurs rôles respectifs et offre des moments assez drôles. En plus de segments promotionnels pour la trame sonore et la série « arrested Development », on retrouve 7 petites bandes annonces diffusées sur MTV.
La face B, au format original, offre quant à elle quatre scènes supprimées avec des commentaires disponibles. Ces scènes sont pour la plupart de très bonnes extensions du film, et sont dans la continuité parfaite du film. Ces quatre scènes sauront donner un peu de « viande » aux plus aficionados, et la scène du Kickball avec Napoleon, un indispensable. Une galerie d’images statique est également disponible sur cette face.

Dans l’ensemble, ces suppléments nous ont plutôt déçu, nous aurions aimé un peu plus d’éléments non promotionnels. Hormis les scènes coupées et le segment sur la fin alternative, tous les éléments sont quelques peu « léger ». La bande sonore de commentaire, quoi qu’intéressante reste un peu ennuyante et manque de l’énergie que le film sait donner.
Pour finir, il convient de noter que le site web de ce film offre certainement de biens meilleurs éléments, et donne un aperçu très solide de ce que peut-être le film.



Conclusion
Certainement la meilleure comédie « non-hollywoodienne » de l’année, Napoleon Dynamite est ce genre de film extraterrestre qui possède tous les ingrédients pour atteindre le statut de film culte. Cette édition DVD, qui satisfera les aficionados ne brille pas vraiment par des prouesses techniques, mais sait livrer le produit attendu d’une manière très satisfaisante. Les suppléments nous ont quelque peu déçu, mais notre appétit pour tout ce qui est Napoleon Dynamite est tel qu’il est très difficile de le satisfaire.
Est-ce que ce titre DVD est indispensable, la réponse serait oui pour les amateurs, car à chaque nouvelle écoute le plaisir grandit, mais pour ceux qui ne connaissent pas le film, une location serait très certainement indispensable, l’humour très particulier ne pouvant convenir à tout le monde. Mais si vous appartenez à la première catégorie, que vous désirez développer des « sweet skills » pour pouvoir séduire les personnes du sexe opposé, courrez vous procurer une copie, Gosh… Damn…



Qualité vidéo:
3,8/5

Qualité audio:
3,5/5

Suppléments:
3,5/5

Rapport qualité/prix:
4,0/5

Note finale:
3,8/5
Auteur: Thomas Geffroyd

Date de publication: 2005-01-17

Système utilisé pour cette critique: Téléviseur Sony KV34XBR910; Préampli Audio Refinement par YBA Pre-2; Ampli Audio refinement par YBA Multi-5; Enceintes JmLabs; Sub REL Strata III; Lecteur DVD Denon DVD-1600; cables et interconnects Cardas/Audioquest.

Le film

Titre original:
Napoleon Dynamite

Année de sortie:
2004

Pays:

Genre:

Durée:
- minutes

Réalisateur (s):

Acteur (s):

Le DVD / Blu-ray

Pochette/couverture:

Distributeur:
Twentieth Century Fox

Produit:
DVD

Nombre de disque:
1 DVD-9 (simple face, double couche)

Format d'image:
1.85:1 et 1.33:1

Transfert 16:9:
Oui

Certification THX:

Bande(s)-son:
Anglaise Dolby Digital 5.1
Espagnole Dolby 2.0 stéréo

Sous-titres:
Anglais
Français
Espagnol

Suppéments:
Scènes supprimées, piste de commentaires audio, segments promotionnels, galerie d'images, reportage de tournage, bandes annonces

Date de parution:
2004-12-21

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