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DVDEF

Austin Powers in Goldmember (Infinifilm)

Critique
Synopsis/présentation
"Austin Powers in Goldmember: grivois, sans fil conducteur, essoufflé [et] en perte de vitesse". C'est en ces mots que fut accueilli le troisième opus de la série Austin Powers par quelques magazines et hebdomadaires culturels (notamment montréalais), ceux-ci commentant l'humour scatologique et l'aspect déjà-vu du film. Malheureusement, ces critiques ne semblent que voir un seul niveau d'humour, celui au premier-plan s'amusant entre les blagues à double sens et les références phallico-anales. Pourtant, l'essence même de la trilogie, sa force, son "mojo", se situe plutôt dans son écriture, son atmosphère rétro-pop, ses personnages et son style désinvolte. À l'instar des deux premiers films, Austin Powers in Goldmember joue sur l'extravagance, plutôt que sur le bon-goût et la morale. À cet égard, le film est tout à fait réussi.

Le ton des films de la trilogie est d'abord redevable à son auteur et créateur, Mike Myers. Issu de la grande famille Saturday Night Live, où il modela ses personnages de Wayne Campbell et Linda Richman, Myers composa son célèbre agent secret britannique en mémoire de son père, amateur des James Bond, Matt Helm et Derek Flint. Ironiquement, l'engouement pour la série Austin Powers est devenu tel qu'il surpasse aujourd'hui celui de la série originale 007. Les spectateurs escomptent le retour des personnages créés par Myers, et anticipent des répliques connues d'avance. Peu de parodies peuvent se vanter d'avoir soulevé un intérêt (et des recettes) aussi marqué qu'Austin Powers.

Malgré certaines inconsistances scénaristiques, l'écriture demeure une force de la série. Évidemment, Myers et McCullers (co-scénariste) ne s'attardent point à la mise en place d'un récit structuré et bien ficelé. Les deux auteurs mise plutôt sur la conception de gags originaux, d'extravagances et de références parfois très subtiles. À titre d'exemple, la scène d'ouverture qui est techniquement une double mise en abîme, étant elle-même sa propre parodie. L'analyse des deux protagonistes, Austin Powers et Dr. Evil, est aussi fort intéressante. En apparence opposés (le bien et le mal), Powers et Evil sont en fait deux êtres identiques: ils sont interprétés par le même acteur, ils doivent répondre à des tâches démesurées (l'un prendre le contrôle du monde et l'autre, le sauver), ils sont tous deux incompétents dans leur fonction, ils présentent des problèmes paternels (dynamique du père absent - l'un avec son père, l'autre avec son fils), et même, tel que révélé dans le troisième acte, ils partagent la même famille. En fait, Powers et Evil reflètent la fantaisie enfantine d'être "cool", décontracté et suave, tout en étant la version adulte ratée de quelqu'un qui désire être "cool", décontracté et suave...

Les films de la série Austin Powers n'auraient certainement pas connu le même succès si la direction artistique n'avait pas été aussi soignée. Les costumes, les couleurs vives des décors et les sélections musicales contribuent largement à la crédibilité de la parodie. Même le repère du mal, le fameux Dr. Evil's Lair, qu'il soit situé au sommet d'une tour ou dans un sous-marin, rappelle ceux élaborés par Ken Adam pour les films James Bond.

Bien que le ton puisse déplaire à certains, l'humour de Myers n'est pas gratuit. Si l'humour scatologique peut choquer, désarçonner, c'est qu'il réfère à notre propre moralité, forçant un regard critique sur notre propre tendance, en tant qu'humain, à être ridicule lors de certaines situations de la vie quotidienne.
Autre force de Myers, un sens de l'observation pour le moins aiguisé. Myers souligne avec cette trilogie tous les archétypes du genre (héros adulé des femmes malgré sa médiocrité, déplacement en auto sur fond projeté, emploi évident de cascadeurs, etc.), tout en cumulant les caméos populaires du présent et du passé.

Sommes toutes, Austin Powers in Goldmember s'inscrit parfaitement dans la série conçue par Mike Myers; les amateurs se régaleront des bouffonneries de l'auteur / comédien, alors que ses détracteurs critiqueront son humour facile et son manque de fraîcheur. Malgré tout, les plus avertis y verront un deuxième niveau d'humour plus décapant, voir même cynique...



Image
À l'instar du deuxième film de la série, le choix du réalisateur Jay Roach s'est arrêté sur une image au format de 2.35:1, fait plutôt rare pour une comédie-parodie (spoof), mais logique considérant l'extravagance de la direction artistique.

Pour la sortie DVD d'Austin Powers in Goldmember, deux éditions sont mises en marché: l'une respectant le format original de l'œuvre (transfert anamorphosé) et l'autre au format p1ein écran (transfert Pan & Scan).

Malgré quelques défauts relativement mineurs, cette édtion DVD d'Austin Powers in Goldmember est de haut niveau et rivalise avec les meilleurs transferts produits au cours de l'année 2002.

La définition est optimale laissant deviner une image précise et détaillée. Bien que certains plans semblent présenter un léger manque de piqué (notamment ceux de grand ensemble), la définition demeure impressionnante. Qu'il s'agisse des teintes dorées du repère de Goldmember, les couleurs vives (rose, bleu, mauve) des vêtements de Powers, ou même la palette métallique et grisâtre de Dr. Evil, l'étalonnement des couleurs de ce transfert surprend par sa précision. Les couleurs sont riches, brillantes et pures sans jamais débordées. La brillance (niveau des noirs) est parfaitement ajustée. Les dégradés sont irréprochables et superbement détaillé. Les noirs sont évidemment purs et intenses. Les contrastes sont bien gérés; aucune défaillance dans les hautes-lumières.

Si un reproche peut être adressé à ce transfert, c'est la présence parfois agaçante d'un léger grain, probablement imputable au matériel source utilisé pour le transfert téléciné. On n'observe aucune sur-définition des contours ou autres défauts numériques.



Son
Pour ce troisième film, deux bandes sonores principales sont proposées, soit une Dolby Digital EX 5.1 (non-marqué (flag)) et l'autre DTS ES Discrete 6.1 (marqué). Bien qu'il s'agisse d'une comédie, un genre cinématographique se contentant généralement de mixage plutôt timide, Austin Powers in Goldmember offre une expérience sonique pour le moins agressive et immersive.

Les deux mixages témoignent d'un son extrêmement dynamique (notamment les séquences d'action et les scènes de disco) et d'une présence évidente. Le son se déploie de tous les canaux pour créer un espace sonore articulé et d'une richesse insoupconnée. Les transitions de canaux à canaux sont superbement réalisées, comme le prouve la scène musicale servant d'introduction à Foxxy Cleopatra (chapitre 4). L'utilisation des canaux d'ambiophonie est soutenue, entre autres, par de nombreux effets localisés. L'intégration des éléments sonores (narration, bruitage et trame sonore) est sans faille, tout comme les dialogues, qui sont naturels et précis. Les basses sont bien présentes (par exemple, la séquence d'ouverture et l'épilogue du film) et justement reproduite. L'utilisation du canal .1 (LFE) est soutenu, mais jamais execessif.

Les différences entre les mixages Dolby Digital 5.1 et DTS sont marginales. La piste DTS est toutefois légèrement supérieure à sa contre-partie Dolby Digital. Cette préférence s'explique par des basses plus précises et un champ sonore un peu plus détaillé. Cependant, là où le mixage DTS se démarque est par l'utilisation du canal arrière central dédié (véritable 6.1 - discrete) et non matriciel comme en Dolby Digital 5.1 EX. La localisation arrière est supérieure, notamment au niveau des numéros musicaux, où le son de certains instruments émanent directement (sans bavure) de l'enceinte centrale arrière.

L'édition américaine de Goldmember offre une troisième bande-son, soit anglaise Dolby 2.0 Surround. Contrairement au communiqué de presse émis originalement par le studio, noter qu'aucun sous-titrage n'est ici proposé. Au Québec / Canada, l'édition mise en marché par Alliance-Atlantis substitue cette tierce bande-son anglaise pour une française de même format.



Suppléments/menus
Rappelons en quoi consiste une édition Infinifilm. Cette bannière, mise en marché par New Line, se veut une façon interactive de visionner un film. Grâce à une interface spéciale et à des icônes apparaissant sporadiquement durant le métrage, le téléspectateur est conduit vers des segments vidéo et de l'information textuelle complémentaire. Cette interactivité exige toutefois l'arrêt temporaire du visionnement du film, pour ensuite reprendre exactement à cet endroit. Notons que tous ces suppléments interactifs sont également accessibles via la section Special Features du menu principal.

Pour l'édition Infinifilm de Goldmember, deux sections de suppléments sont proposées, soit la section Beyond the Movie (suppléments traitant de sujets connexes au film) et la partie All Access Pass (suppléments portant sur la production du film). Tous les suppléments vidéo de Goldmember sont offerts chapitrés et en version anamorphosée.

Débutons donc cette analyse des suppléments par ceux groupés dans la section Beyond the Movie. D'une durée totale approchant les treize minutes, quatre segments composent cette section, soit MI-6: International Men of Mystery, English, English, Disco Fever et Fashion Vs. Fiction. Ces courts suppléments portent respectivement sur le réseau d'espions britanniques et son fonctionnement, le dialecte-argot anglais utilisé dans une scène du film (Cockney), la scène au Studio 69, ainsi que sur la conception des costumes du film. Ces quatre segments sont constitués de brefs segments d'entrevues avec les acteurs et artisans du film, et due à leur courte durée, ne permettent qu'un survol sommaire des sujets.
Autre ajout à la section Beyond the Movie, la Fact Track, un commentaire écrit présenté sous forme de sous-titres pendant le visionnement du film. Sporadique et inégal, ce supplément passe ainsi de l'anecdote (références à James Bond, cameos du film, etc.) à des sujets les plus divers (agences de casting, lutte sumo), en passant par le tournage en tant que tel (concepts délaissés, choix des acteurs). Semblable aux fameux " Pop-Up Video " de MTV (en plus terne), la Fact Track se veut néanmoins un fidèle compagnon à la piste de commentaires, les deux exigeant le visionnement complet du métrage.

Passons maintenant à la section All Access Pass, cette dernière s'ouvrant sur la piste de commentaires du réalisateur Jay Roach et du producteur / scénariste / comédien Mike Myers. Telles celles enregistrées pour les éditions de International Man of Mystery et The Spy Who Shagged Me, cette piste de commentaires apporte peu en terme d'informations, mais demeure néanmoins fort divertissante. Myers et Roach parlent ici d'une voix reposée et enjouée, prenant ainsi plaisir à se remémorer les moments forts du tournage, les anecdotes et les détails techniques. Le ton humoristique s'abstient toutefois de verser dans tout cabotinage inutile.

Suit ensuite dans cette section All Access Pass près de 23 minutes de scènes inédites. Déception évidente puisque le premier montage de Roach s'étalait sur une durée de trois heures, incluant entre autres des apparitions d'Elizabeth Hurley et Heather Graham. Fait ou rumeur, ces scènes sont absentes du collage ici proposé. Les quatorze autres scènes (en plus d'un montage de prises ratées) sont offertes au format original de 2.35:1 et en Dolby Digital 5.1, avec ou sans commentaires de Roach. Celles-ci sont amusantes, bien que seulement quelques-unes d'entre-elles soient vraiment drôles.
The World of Austin Powers suit, celui-ci étant en fait un documentaire d'une trentaine de minutes coupées en cinq segments différents et non-continus. Jay Roach et Mike Myers : Creating Convergence (6:20) porte sur la collaboration des deux hommes menant à une vision artistique commune, alors que Confluence of Characters (Goldmember (4:03), Foxxy Cleopatra (4:21), Nigel Powers (2:10) et Masters Powers and Evil (5:03)) traite en profondeur des personnages, dont leur conception, maquillage, costume et interprète. Opening Stunt (2:15) et The Cars of Austin Powers (2:21), quant à eux, discutent respectivement des cascades effectuées pour l'ouverture avec le coordinateur Jack Gill et des diverses automobiles du film en compagnie du spécialiste Josh Hancock. Enfin, le cinquième segment de The World of Austin Powers, soit Anatomy of Three Scenes, s'attarde sur les répétitions et préparatifs en vue du tournage des scènes Dancing at the Gates (4:54), Roller Disco (2:18) et Sumo Battle (4:02). Ces segments sont formels, mais bien faits.

Autre supplément de la section All Access Pass, une vignette d'environ cinq minutes portant sur les Visuals Effects (effets visuels). Cette dernière s'amorce par une brève introduction du superviseur des effets visuels Dave Johnson, pour ensuite proposer cinq étapes graphiques ayant mené à la conception d'une scène de synthèse (CGI). Bien que l'ajout d'une option de choix d'angles pour ce supplément soit louable, garder néanmoins en tête que cette scene ne dure que huit secondes...Disons qu'il faut savoir manipuler sa télécommande rapidement!
Enfin, All Access Pass se termine par une sélection vidéo-clips (Work it Out de Beyoncé, Boys de Britney Spears, Daddy Wasn't There de Ming Tea (avec Mike Myers) et Hard Knock Life de Dr. Evil et Mini-Me) et quelques bandes-annonces (quatre pré-bandes-annonces et la bande-annonce principale).

Côté DVD-ROM, Goldmember offre un Revoice Studio (possibilité d'enregistrer votre voix sur une des dix scènes du film présélectionnées), une portion Downloads (icônes, wallpapers et screensavers) et divers liens vers les sites officiels.




Conclusion
Malgré quelques reproches, Austin Powers in Goldmember demeure un film divertissant et tout à fait dans le ton des deux premiers opus. Cette édition est d'excellente facture, tant au niveau technique que dans le choix des suppléments. Dommage que l'édition canadienne ne se contente que d'un doublage français Dolby 2.0 Surround...


Qualité vidéo:
4,2/5

Qualité audio:
4,2/5

Suppléments:
4,0/5

Rapport qualité/prix:
4,4/5

Note finale:
4,2/5
Auteur: Alexandre Caron

Date de publication: 2002-12-03

Système utilisé pour cette critique: Téléviseur NTSC Widescreen 16:9 Toshiba TheaterWide TW40F80, Récepteur certifié THX-Ultra, THX-EX, Dolby Digital 6.1, DTS-ES Discrete Denon AVR-4802, Lecteur DVD-Audio / DVD-Video Toshiba SD-4700, enceintes PSB et central Paradigm Reference, câbles Monster Cable (calibre 12).

Le film

Titre original:
Austin Powers in Goldmember

Année de sortie:
2002

Pays:

Genre:

Durée:
94 minutes

Réalisateur (s):

Acteur (s):

Le DVD / Blu-ray

Pochette/couverture:

Distributeur:
Alliance Atlantis

Produit:
DVD

Nombre de disque:
1 DVD-9 (simple face, double couche)

Format d'image:
2.35:1

Transfert 16:9:
Oui

Certification THX:
Non

Bande(s)-son:
Anglaise Dolby Digital 5.1 EX
Anglaise DTS ES 6.1
Française Dolby 2.0 Surround

Sous-titres:
Anglais

Suppéments:
Infinifilm: piste de commentaires audio, documentaires, scènes retranchées, Fact Track, Music Videos, Bandes-annonces, Contenu DVD-ROM.

Date de parution:
2002-12-03

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