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DVDEF

Invasions barbares, Les

Critique
Synopsis/présentation
Situé dix-sept ans après Le Déclin de l'Empire Américain, auquel il fait suite, Les Invasions Barbares de Denys Arcand est un film duquel il est quasiment impossible de ne pas avoir entendu parler dans l'année qui vient de s'écouler.

Cette édition comporte deux disques. Le premier contient la version du film diffusée en salles au Québec, d'une durée de 112 minutes. Le second comprend la version internationale du film (celle présentée au Festival de Cannes en 2003), et qui fait 98 minutes, ainsi que les suppléments. La version internationale est amputée de quelques scènes principalement liées au contexte Québécois, et qu'un public étranger aurait eu bien du mal à saisir. La fluidité de la narration se ressent malheureusement des coupes un peu trop sévères qui ont ainsi été effectuées. C'est la version complète de 112 minutes qui est le sujet de cette critique.

L'histoire tourne autour du personnage principal du Déclin..., Rémy (Rémy Girard), le séducteur impénitent, qui, au moment où le film commence, est sur un lit d'hôpital, atteint d'un cancer. Son ex-femme, Louise (Dorothée Berryman), qui l'a quitté à causes de ses multiples infidélités, parvient à convaincre son fils Sébastien (Stéphane Rousseau), qui poursuit une brillante carrière de courtier sur les marchés pétroliers à Londres, de venir au chevet de son père. On apprend très vite que la situation est sans espoir, et qu'il s'agit là des dernières semaines de Rémy. Stéphane, qui pourtant déteste son père (ce qui est bien réciproque), va remuer ciel et terre pour lui offrir du confort et rassembler ses amis les plus chers autour de lui pour ces dernières heures. Sur la suggestion d'un ami médecin, il ira même jusqu'à contacter Nathalie (Marie-Josée Croze), la fille héroinomane de Diane (Louise Portal), afin de procurer à son père la drogue qui allègera ses souffrances de façon bien plus efficace que la morphine.

Pendant ce temps, les anciennes maîtresses de Rémy se succèdent au pied de son lit, le poursuivant jusque dans son agonie pour lui reprocher sa légèreté passée. Certaines de ces scènes, notamment celles mettant en scène Sophie Lorain, parfaite dans son rôle d'hystérique frustrée, sont particulièrement savoureuses.

En fait, Stéphane utilise le pouvoir de son argent pour profiter au maximum des failles du système auquel son père a tant cru, ce qui lui permet de prouver à son père que l'argent est omnipotent et au cinéaste de souligner les défauts que Stéphane utilise pour parvenir à ses fins. Autour de cette relation père-fils conflictuelle, Denys Arcand souligne au marqueur (de façon pas toujours très subtile) les failles de la société Québécoise (failles que l'on retrouve en fait, à des niveaux différents, dans beaucoup de sociétés modernes). Les administrations hospitalières (le générique est à ce sujet particulièrement savoureux), les syndicats, la police, les milieux intellectuels, tout le monde en prend pour son grade. Si le trait est parfois grossier, la satire est bien plus efficace que dans Le Déclin... où elle se noyait dans les bavardages érotico-sociologiques des héros de l'histoire. Si Les Invasions Barbares contient lui aussi son lot de bavardages érotico-politiques d'universitaires blasés (mais cependant plus vieux, et donc plus sages, que dans le premier film), ils ne constituent heureusement pas l'essentiel du film, et parviennent même la plupart du temps à être réellement drôles.

Servi par un scénario plus enlevé, et une distribution globalement très convaincante (avec une mention particulière à Marie-Josée Croze, parfaitement convaincante dans son rôle de junkie désespérée), ce film est bien meilleur que son prédecesseur. A la place de conversations un peu pédantes et ennuyeuses, nous avons ici l'occasion de mieux comprendre les relations entre les personnages, surtout celles, très complexes, entre Rémy et son fils, qui se redécouvrent dans ces heures tragiques. Construite autour d'un scénario plus intéressant que celui du Déclin..., la réalisation de ces Invasions Barbares, si elle reste assez classique, s'avère de très bonne facture, avec notamment un découpage et un rythme intéressants et maîtrisés. Malgré la tristesse générale qui se dégage de ce film (il s'agit tout de même de l'histoire de l'agonie d'un homme), certaines scènes et répliques plutôt amusantes parviennet à faire retomber la tension, et autorisent le spectateur à respirer un peu dans une ambiance qui sinon serait particulièrement pénible.

Ce film, qualifié par les critiques de chef d'oeuvre du réalisateur Denys Arcand (qui, avec des films Le Déclin de l'Empire Américain et Jésus de Montréal, reste le réalisateur Québécois qui s'exporte le mieux), a gagné l'Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2004, les prix d'interprétation féminine (pour Marie-Josée Croze) et du meilleur scénario au Festival de Cannes, les Césars du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur scénario en 2004, un nombre incroyable de trophées aux galas des Jutra et des Genie Awards, et d'innombrables autres trophées dans les nombreux festivals et cérémonies où il a été présenté. Il s'agit là, et de très loin, du film Canadien le mieux reçu de tous les temps par la critique internationale.


Image
L'image est proposée au format recadré de 1.78:1 avec un transfert 16:9. Le film étant originellement en 2.35:1, on ne peut que se demander pourquoi ce recadrage, qui rappelle l'épouvantable Pan and Scan des éditions "plein écran" destinées au public inconscient de la perte d'image ainsi occasionnée pour éviter les bandes noires qui ne devraient gêner personne.

Mis à part cet impardonnable amputation des côtés de l'image, le transfert est d'une grande qualité, comme on pouvait s'y attendre pour une édition aussi attendue. L'image est très propre, sans aucun parasite lié à l'interpositif utilisé lors du télécinéma. Un grain perceptible est présent constamment, mais cela ajoute au côté cinématographique de l'image et ne nuit pas à sa qualité. La définition est très bonne, les détails et les textures les plus fins étant correctement reproduits. Les couleurs sont subtiles et bien reproduites, faisant honneur au travail d'étalonnage effectué sur le film. Les keyings utilisés lors de certaines scènes (notamment les scènes se situant dans l'étage "normal" de l'hôpital, où tout baigne dans la lumière verte déprimante des néons, volontairement exagérée) sont totalement respectés, et aucun débordement ne vient gâcher la richesse des couleurs.

Le contraste (écart entre le noir et le blanc) et la brillance (niveau des noirs) sont parfaitement réglés, et ne subissent aucune variation sur toute la durée du film. Les parties sombres de l'image sont très satisfaisantes, offrant des noirs profonds et purs, des dégradés sans blocage, et un niveau de détail tout à fait convaincant et comparable au reste.

La partie numérique du transfert est d'un bon niveau, sans être exceptionnelle. Quelques parasites de compression (fourmillements) parviennent à se détacher du grain, sans que cela soit gênant. Par contre, la surdéfinition des contours est visible, ce qui prouve qu'elle est exagérée (en vérité cet artifice hérétique destiné à tromper les yeux des spectateurs en faisant croire à une définition plus importante que ce qui est réellement visible gâche en fait l'image et ne devrait jamais être utilisé).


Son
Cette édition propose deux bandes-son. Le mixage original Québécois en Dolby Digital 5.1, et un remixage Dolby 2.0 surround de cette même version originale. Des sous-titres Anglais et Français pour malemtendants sont proposés. C'est évidemment la version multicanaux qui est le sujet de cette critique.

Contrairement à son prédecesseur, il ya ici bien d'autres choses à entendre que des bavardages. Cette bande-son offre une présence remarquable et une spatialité très convaincante, servies respectivement par une dynamique plus que suffisante et une utilisation très judicieuse de tous les canaux, dont la séparation ne pose aucun problème notable. Le champ sonore est très immersif, les canaux d'ambiophonie étant utilisés à la fois pour les ambiances, les effets sonores et une partie de la musique. Les effets de transition entre canaux sont fluides et réalistes.

L'intégration des différents éléments sonores dans ce mixage est très réussie. Les dialogues, qui restent le point le plus important de cette bande-son, sont toujours parfaitement intelligibles. Les effets sonores, eux aussi bien intégrés, ne sont jamais relégués au second plan. Quand à la trame sonore, bien plus intéressante que celle du Déclin... même si certains morceaux sont évidemments faits pour la rappeler, fait preuve de fidélité et de profondeur.

Même s'il ne s'agit pas d'un film d'action, les fréquences basses du spectre sont parfois mises à contribution, sans timidité ni exagération. Le canal d'extrême-graves (LFE ou .1) est utilisé intelligemment pour souligner certains effets sonores.


Suppléments/menus
Les suppléments proposés se retrouvent sur le second disque de cette édition, celui où se trouve la version de 98 minutes du film. Il s'agit d'un documentaire et d'une série de bandes-annonces.

Le documentaire, Autour des Invasions Barbares (50:52), est un documentaire diffusé sur Radio-Canada avant la sortie du film en salles, est une réunion des acteurs ayant participé au tournage du film autour d'une table, entrecoupée d'entrevues avec certains d'entre eux et d'extraits du film. Les sujets abordées concernent les thèmes du film, et surtout comment ceux-ci résonnent avec les expériences de vie de chacun des acteurs. Cette approche est assez originale, et, malgré une introduction extrêmement complaisante et une réalisation franchement bizarre et sans réelle justification, ce segment documentaire présente un réel intérêt.

Les bandes-annonces, proposées sous forme d'un bloc de dix chapitres d'une durée totale de 18:19, sont celles de Sur le Seuil, Gaz Bar Blues, Père et Fils, Vendus, Les Invasions Barbares, La Face Cachée de la Lune, La Grande Séduction, Dans l'Oeil du Chat, Le Papillon Bleu et Monica la Mitraille. La bande-annonce la plus réussie du lot est de loin celle des Invasions Barbares, avec son montage très astucieux et efficace.



Conclusion
Cette édition DVD extrêmement attendue présente un bon niveau général, même si pour un film aussi médiatisé et encensé pour la critique on aurait apprécié que le format d'image soit au moins respecté. La qualité d'image est bonne, et le son est très bon. S'il est sympathique d'avoir les deux versions (Québécoise et internationale) du film, on ne peut se demander pourquoi les créateurs de ces DVD n'ont pas utilisé la technique du seamless branching (aiguillage automatique), qui permet de proposer plusieurs montage d'un même film en sautant ou incorporant certains morceaux, ce qui aurait permis de faire l'économie du second disque.

Les suppléments sont hélas peu nombreux, il n'y en a à vrai dire qu'in seul présentant réellement de l'intérêt. On aurait aimé avoir un documentaire Making-of, notamment sur le tournage dans l'hôpital, ainsi qu'une piste de commentaire audio.

Dans l'ensemble cette édition mérite largement qu'on s'y arrête, et après le succès retentissant du film au Québec et dans le monde entier, est promise à un succès certain.


Qualité vidéo:
2,5/5

Qualité audio:
4,1/5

Suppléments:
2,5/5

Rapport qualité/prix:
3,5/5

Note finale:
3,6/5
Auteur: François Schneider

Date de publication: 2004-07-18

Système utilisé pour cette critique: Téléviseur NTSC 4:3 Panasonic CT-36D11E / Moniteur ViewSonic P95f, Lecteur DVD Panasonic S25 / PC avec GeForce FX et WinDVD, Récepteur Denon AVR-1602, Enceintes Wharfedale Cinestar 30 (5 Vivendi Modus Cube + 1 PC-8).

Le film

Titre original:
Invasions barbares, Les

Année de sortie:
2003

Pays:

Genre:

Durée:
112 minutes

Réalisateur (s):

Acteur (s):

Le DVD / Blu-ray

Pochette/couverture:

Distributeur:
Alliance Atlantis

Produit:
DVD

Nombre de disque:
2 DVD-9 (simple face, double couche)

Format d'image:
1.78:1 (recadré)

Transfert 16:9:
Oui

Certification THX:
Non

Bande(s)-son:
Française Dolby Digital 5.1
Française Dolby 2.0 Surround

Sous-titres:
Anglais
Français

Suppéments:
Documentaire, bandes-annonces

Date de parution:
2004-07-13

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