S.O.B., Blake Edwards'

Critique
Synopsis/présentation
Blake Edwards est un génie de la comédie qui a su créer son style (voire ses styles), amener des éléments très personnels et une réflexion dans un genre habituellement plus creux et impersonnel. Sa carrière débute en 1955 avec Bring Your Smile Along et se termine 38 ans et 33 films plus tard (en 1993) avec Son Of The Pink Panther.
Sa passion pour le burlesque est évidente dès Operation Petticoat (1958), et ira en s'intensifiant tout au long de sa carrière (The Great Race 1965, qui inspira le dessin animé 'Les Fous Du Volant', est dédicacé à Laurel et Hardy). Il s'essaiera également à la comédie mélodramatique en signant deux excellents films : Breakfast At Tiffany's(où étincelle Audrey Hepburn, 1961) et The Day Of Wine And Roses(qui fit découvrir Jack Lemmon au grand public, 1963). Il signa entre temps un excellent film policier au style nerveux et maîtrisé : Experiment In Terror (1962). L'année 1964 verra arriver le fabuleux personnage du Chief Inspecteur Clouseau ('of the Sureté'), et par la même, la formation du tandem quasi inséparable Blake Edwards / Peter Sellers (génialement épaulés par la musique d'Henry Mancini).
The Pink Panther est un film policier plutôt banal et poussiéreux sauvé par ce personnage irrésistible (gaffeur, suffisant, naïf, obstiné) qui marquera tellement les esprits que, dans la même année, B. Edwards tournera une suite, A Shot In The Dark (un chef d'oeuvre !), entièrement axée et tournée vers celui-ci. Quatre années plus tard (après des films moins intéressants et The Great Race), Edwards et Sellers vont aller jusqu'au bout de leur système dans The Party (le chef d'oeuvre de leurs carrières), film quasi expérimental, en huis clos, où ils relèvent le défi de nous faire tordre de rire avec un comique minimaliste (les pitreries de Hrundi V. Bakshi) et sans aucune intrigue. L'échec de son film suivant, Darling Lili (1970), le conduira à une traversée du désert dont il sortira en 1975, revenant à son personnage (et acteur) de prédilection dans The Return Of The Pink Panther. S'ensuivront The Pink Panther Strikes Again (1976) et Revenge Of The Pink Panther (1978) dont le succès et la qualité iront (légèrement) en décroissant.
Ten (1979) sera son plus gros succès critique et commercial, mais également un film pivot à partir duquel B. Edwards n'aura de cesse d'augmenter la frénésie burlesque et l'aspect violemment satirique de ses films. Se suivront donc : S.O.B (1981), Victor Victoria (1982), That's Life (1986), Blind Date (1987) et Skin Deep (1989). Une carrière riche, diversifiée et pour tout dire bien remplie en chefs d'oeuvre du cinéma comique.
Blake Edward's S.O.B, qui nous intéresse aujourd'hui, suit l'histoire de Felix Farmer (Richard Mulligan) et de sa femme (Julie Andrews), metteur en scène à succès et vedette, au moment où ils apprennent que leur dernier film est un échec. Leurs amis vont venir les soutenir dans leur combat contre les studios pour récupérer leur oeuvre et garder leur intégrité artistique. Tout au long du film s'enchaînent à un rythme constant des scènes burlesques et satiriques au cours desquelles la folie des situations et des personnages va crescendo, provoquant très fréquemment des fous rires chez les spectateurs. Les situations du couple dans le film ressemblent tellement à celles qu'ont dû vivre M. et Mme Edwards/Andrews lors de leur période noire (1970 à 1975) que la teneur autobiographique du scénario (d'ailleurs signé par B. Edwards lui-même) ne fait aucun doute. De plus, la férocité du propos à l'égard du milieu Hollywoodien (fabuleux numéros de Shelley Winters et Robert Vaughn), le côté beaucoup plus cru (initié dans 10), scatologique (Robert Webber, dont le corps se manifeste durant toute la fin du film) et très noir de certains gags (l'homme mort sur la plage au début) marque une évolution et une radicalisation évidente du style de B. Edwards, qui se confirmera dans ses films suivants.
Il est également intéressant de relever la réccurence de certains éléments au fil de sa carrière. Ainsi, les folles soirées, le personnage éméché (et drogué depuis 10), et la tendance obsessionnelle de certains personnages (le commissaire Dreyfus qui veut tuer Clouseau ; Dudley Moore obsédé par Bo Derek ; Holly Golightly fascinée par les diamants de Tiffany's) reviennent dans la plupart de ses oeuvres. Si vous ne trouvez pas les films de la série des Panthère Rose hilarants, il y a de fortes chances que ce film-là vous laisse de marbre. Par contre, si vous adhérez au "systeme Edwards", il fait partie de ses oeuvres majeures (qui conditionnera ses futurs travaux), moins formellement abouti que ceux des années soixantes (Breakfast at Tiffany's, The Great Race, The Party) mais d'une complexité supérieure et d'une énergie aussi décapante.
Image
Fort judicieusement, au vu du format (2.35:1), la Warner nous propose un transfert anamorphosée.
La définition générale est de très bon niveau, malheureusement entâchée par un interpositif mal nettoyé. En effet, les premières séquences sont marquées de gros grain et points blancs, ces soucis reviennent dans quelques passages du film. Les couleurs sont globalement bien gérées, même si parfois un peu exagérées et peu naturelles. Quelques problèmes de brillance sont à déplorer, mais ils sont bien compensés par des contrastes solides qui permettent un bon rendu des parties sombres et des noirs. Les problèmes numériques se limitent aux fourmillements (qui viennent parfois se rajouter au grain de l'interpositif) et quelques tout petits soucis occasionnels de compression.
Il est donc fort dommage que cette interpositif n'ait pas été restaurée car nous aurions frôlé le sans fautes. Cependant, ne boudons pas notre plaisir de redécouvrir cette fabuleuse comédie telle que nous ne l'avions jamais vue.
Son
Les deux bandes-son proposées sont respectivement en anglais (Dolby 1.0 mono) et français (Dolby 1.0 mono).
La qualité est quasi équivalente entre les deux bandes sonores avec un léger avantage à la version originale un peu plus net. Il s'agit de bandes suffisamment dynamiques pour leur assurer la présence nécessaire à ce type de films. Aucun défaut majeur n'est à relever si ce n'est une ou deux sifflantes sur les passages les plus aigus. Des mixages qui remplissent parfaitement leurs rôles nous permettant d'apprécier les dialogues des personnages et la belle musique d'Henry Mancini.
Il y a option de sous-titrage en anglais, français, espagnols, portugais, chinois, thailandais et coréens.
Suppléments/menus
Une édition relativement simple qui se contente d'offrir une bande annonce de qualité acceptable mais dévoilant malheureusement une grande partie des gags du film. Comme pour tous les autres films de B. Edwards, un commentaire audio aurait été des plus passionants. A noter que Julie Andrews aurait pu être contactée pour au moins présenter le film (celle-ci étant la compagne du réalisateur).
Sont également disponibles les filmographies des différents artisans du film.
Conclusion
Une édition correcte, même si perfectible, qui nous permet de redécouvrir un excellent film un peu passé aux oubliettes. L'achat de cette édition est grandement recommandé tout en gardant à l'esprit le caractère particulier de l'humour de Blake Edwards.
Blake Edwards est un génie de la comédie qui a su créer son style (voire ses styles), amener des éléments très personnels et une réflexion dans un genre habituellement plus creux et impersonnel. Sa carrière débute en 1955 avec Bring Your Smile Along et se termine 38 ans et 33 films plus tard (en 1993) avec Son Of The Pink Panther.
Sa passion pour le burlesque est évidente dès Operation Petticoat (1958), et ira en s'intensifiant tout au long de sa carrière (The Great Race 1965, qui inspira le dessin animé 'Les Fous Du Volant', est dédicacé à Laurel et Hardy). Il s'essaiera également à la comédie mélodramatique en signant deux excellents films : Breakfast At Tiffany's(où étincelle Audrey Hepburn, 1961) et The Day Of Wine And Roses(qui fit découvrir Jack Lemmon au grand public, 1963). Il signa entre temps un excellent film policier au style nerveux et maîtrisé : Experiment In Terror (1962). L'année 1964 verra arriver le fabuleux personnage du Chief Inspecteur Clouseau ('of the Sureté'), et par la même, la formation du tandem quasi inséparable Blake Edwards / Peter Sellers (génialement épaulés par la musique d'Henry Mancini).
The Pink Panther est un film policier plutôt banal et poussiéreux sauvé par ce personnage irrésistible (gaffeur, suffisant, naïf, obstiné) qui marquera tellement les esprits que, dans la même année, B. Edwards tournera une suite, A Shot In The Dark (un chef d'oeuvre !), entièrement axée et tournée vers celui-ci. Quatre années plus tard (après des films moins intéressants et The Great Race), Edwards et Sellers vont aller jusqu'au bout de leur système dans The Party (le chef d'oeuvre de leurs carrières), film quasi expérimental, en huis clos, où ils relèvent le défi de nous faire tordre de rire avec un comique minimaliste (les pitreries de Hrundi V. Bakshi) et sans aucune intrigue. L'échec de son film suivant, Darling Lili (1970), le conduira à une traversée du désert dont il sortira en 1975, revenant à son personnage (et acteur) de prédilection dans The Return Of The Pink Panther. S'ensuivront The Pink Panther Strikes Again (1976) et Revenge Of The Pink Panther (1978) dont le succès et la qualité iront (légèrement) en décroissant.
Ten (1979) sera son plus gros succès critique et commercial, mais également un film pivot à partir duquel B. Edwards n'aura de cesse d'augmenter la frénésie burlesque et l'aspect violemment satirique de ses films. Se suivront donc : S.O.B (1981), Victor Victoria (1982), That's Life (1986), Blind Date (1987) et Skin Deep (1989). Une carrière riche, diversifiée et pour tout dire bien remplie en chefs d'oeuvre du cinéma comique.
Blake Edward's S.O.B, qui nous intéresse aujourd'hui, suit l'histoire de Felix Farmer (Richard Mulligan) et de sa femme (Julie Andrews), metteur en scène à succès et vedette, au moment où ils apprennent que leur dernier film est un échec. Leurs amis vont venir les soutenir dans leur combat contre les studios pour récupérer leur oeuvre et garder leur intégrité artistique. Tout au long du film s'enchaînent à un rythme constant des scènes burlesques et satiriques au cours desquelles la folie des situations et des personnages va crescendo, provoquant très fréquemment des fous rires chez les spectateurs. Les situations du couple dans le film ressemblent tellement à celles qu'ont dû vivre M. et Mme Edwards/Andrews lors de leur période noire (1970 à 1975) que la teneur autobiographique du scénario (d'ailleurs signé par B. Edwards lui-même) ne fait aucun doute. De plus, la férocité du propos à l'égard du milieu Hollywoodien (fabuleux numéros de Shelley Winters et Robert Vaughn), le côté beaucoup plus cru (initié dans 10), scatologique (Robert Webber, dont le corps se manifeste durant toute la fin du film) et très noir de certains gags (l'homme mort sur la plage au début) marque une évolution et une radicalisation évidente du style de B. Edwards, qui se confirmera dans ses films suivants.
Il est également intéressant de relever la réccurence de certains éléments au fil de sa carrière. Ainsi, les folles soirées, le personnage éméché (et drogué depuis 10), et la tendance obsessionnelle de certains personnages (le commissaire Dreyfus qui veut tuer Clouseau ; Dudley Moore obsédé par Bo Derek ; Holly Golightly fascinée par les diamants de Tiffany's) reviennent dans la plupart de ses oeuvres. Si vous ne trouvez pas les films de la série des Panthère Rose hilarants, il y a de fortes chances que ce film-là vous laisse de marbre. Par contre, si vous adhérez au "systeme Edwards", il fait partie de ses oeuvres majeures (qui conditionnera ses futurs travaux), moins formellement abouti que ceux des années soixantes (Breakfast at Tiffany's, The Great Race, The Party) mais d'une complexité supérieure et d'une énergie aussi décapante.
Image
Fort judicieusement, au vu du format (2.35:1), la Warner nous propose un transfert anamorphosée.
La définition générale est de très bon niveau, malheureusement entâchée par un interpositif mal nettoyé. En effet, les premières séquences sont marquées de gros grain et points blancs, ces soucis reviennent dans quelques passages du film. Les couleurs sont globalement bien gérées, même si parfois un peu exagérées et peu naturelles. Quelques problèmes de brillance sont à déplorer, mais ils sont bien compensés par des contrastes solides qui permettent un bon rendu des parties sombres et des noirs. Les problèmes numériques se limitent aux fourmillements (qui viennent parfois se rajouter au grain de l'interpositif) et quelques tout petits soucis occasionnels de compression.
Il est donc fort dommage que cette interpositif n'ait pas été restaurée car nous aurions frôlé le sans fautes. Cependant, ne boudons pas notre plaisir de redécouvrir cette fabuleuse comédie telle que nous ne l'avions jamais vue.
Son
Les deux bandes-son proposées sont respectivement en anglais (Dolby 1.0 mono) et français (Dolby 1.0 mono).
La qualité est quasi équivalente entre les deux bandes sonores avec un léger avantage à la version originale un peu plus net. Il s'agit de bandes suffisamment dynamiques pour leur assurer la présence nécessaire à ce type de films. Aucun défaut majeur n'est à relever si ce n'est une ou deux sifflantes sur les passages les plus aigus. Des mixages qui remplissent parfaitement leurs rôles nous permettant d'apprécier les dialogues des personnages et la belle musique d'Henry Mancini.
Il y a option de sous-titrage en anglais, français, espagnols, portugais, chinois, thailandais et coréens.
Suppléments/menus
Une édition relativement simple qui se contente d'offrir une bande annonce de qualité acceptable mais dévoilant malheureusement une grande partie des gags du film. Comme pour tous les autres films de B. Edwards, un commentaire audio aurait été des plus passionants. A noter que Julie Andrews aurait pu être contactée pour au moins présenter le film (celle-ci étant la compagne du réalisateur).
Sont également disponibles les filmographies des différents artisans du film.
Conclusion
Une édition correcte, même si perfectible, qui nous permet de redécouvrir un excellent film un peu passé aux oubliettes. L'achat de cette édition est grandement recommandé tout en gardant à l'esprit le caractère particulier de l'humour de Blake Edwards.
Qualité vidéo:
3,5/5
Qualité audio:
2,5/5
Suppléments:
1,0/5
Rapport qualité/prix:
3,6/5
Note finale:
3,0/5
Auteur: Stefan Rousseau
Date de publication: 2002-06-17
Système utilisé pour cette critique: Projecteur Sharp XV Z9000, Lecteur de DVD Toshiba SD500, Recepteur Denon, Enceintes Triangle, Câbles Banbridge et Real Cable.
Date de publication: 2002-06-17
Système utilisé pour cette critique: Projecteur Sharp XV Z9000, Lecteur de DVD Toshiba SD500, Recepteur Denon, Enceintes Triangle, Câbles Banbridge et Real Cable.