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DVDEF

Serpico

Critique
Synopsis/présentation
Sidney Lumet est un très bon artisan du cinéma hollywoodien mais des films de qualité inégale et l'absence d'un univers personnel, l'empèchent d'accéder au cercle fermé des grands réalisateurs-auteurs.

Sa carrière commença avec un film de commande, Twelve Angry Men (1957), qui lui permit grâce à la qualité de l'interprétation, de pouvoir par la suite diriger de grands acteurs et ce malgré ses médiocres résultats au box-office (Brando, Pacino, Fonda, Nolte, Connery). Nous ne vous citerons que les films que nous jugeons importants dans la prolifique carrière de S. Lumet, qui affiche pas moins de 47 réalisations aux qualités très inégales. Ainsi, il compte parmi ses réussites, The Fugitive Kind (1960), The Hill (1965), The Group (1966), The Anderson Tapes (1971), Serpico (1973), Dog Day Afternoon (1975), Network (1976), Prince of The City (1981), Daniel (1983), Running on Empty (1988), Q and A (1990).

Il est en tout cas certain que S. Lumet choisit souvent des sujets engagés, la corruption et les abus de pouvoir font partie de ses thèmes de prédilection. Il s'entoure d'excellents collaborateurs et ses oeuvres sont toujours impeccables sur le plan technique. Son talent en tant que directeur d'acteurs est évident et certaines de ses mises en scènes sont réellement inspirées. L'ensemble de ces qualités fait qu'il est un réalisateur attachant, qui a osé prendre des positions franches à travers son oeuvre et cela est suffisament rare dans le milieu hollywoodien pour être souligné. Si aucun de ses meilleurs films ne rencontra un succès notable, ceux-ci s'avèrent vraiment des oeuvres passionnantes qui soulèvent des problèmes qui font réfléchir. On se surprend ainsi souvent à y repenser longtemps après les avoir visionnés. Leur efficacité est aussi à souligner car elle compte pour beaucoup dans leur capcité à s'imprimer dans la memoire des spectateurs. Nous vous conseillons de visionner quelques un des films que nous avons cités, car s'ils ne sont pas à classer parmi les inoubliables, ils font partie du haut de gamme des producions hollywoodiennes.

Serpico (1973), fait partie des ces oeuvres. On y suit Frank Serpico (Al Pacino), jeune flic intègre ayant toujours rêvé d'exercer ce métier. Il est un original qui vit sa vie, il est policier sans pour autant que cela soit ce qui le caractérise socialement. Celui-ci va, au gré de sa carrière, se retrouver confronté à la corruption policière. Son refus catégorique d'y prendre part, son allure et son attitude décontractée (cheveux longs, barbe, habits Hippies), feront que ses collègues vont finir par le voir d'un très mauvais oeil. Nous suivrons le combat qu'il va alors entamer pour tenter de dénoncer les exactions dont il est témoin quotidiennement. Al Pacino porte littéralement le film sur ses épaules et nous offre l'une de ses meilleures prestations. Il est totalement Frank Serpico, s'étant d'ailleurs inspiré du vrai F. Serpico dont la vie est la structure du scénario. Il dégage une intensité incroyable et paraît tellement naturel, et pourtant ces deux qualités sont rarement réunies dans une interprétation. L'énergie d'un acteur le pousse souvent à surjouer et à adopter ce style comme marque de fabrique. Justement, Pacino s'est depuis quelques années un peu enfermé dans le même personnage et il est plaisant de voir ce grand acteur à ses débuts, éviter la schématisation et proposer une gamme d'émotions et d'attitudes plus large que celle qu'il pratique aujourd'hui (sans que cela n'enlève rien à la qualité de ses interprétations actuelles). Le film n'a pas une trame policière classique et il s'intéresse plus à l'homme qu'à la fonction. La mise en scène nerveuse de S. Lumet et l'intensité de Pacino, font que malgré un rythme et une narration différents, le film a très bien vieilli. Un public épris de rapidité et d'histoires faciles à suivre risquerait d'être décontenancé. Il s'agit d'une oeuvre typique de ce que le cinéma américain a produit de meilleur dans les années 70. La photographie d'Arthur Orniz, aux couleurs désaturées mais bien présentes rappelle la tendance de celle d'un autre film important de cette époque : Don't Look Now (1973). La présence très limitée de la musique (seulement 14 minutes) et une excellente bande-son d'ambiance permettent de vraiment s'immerger dans l'univers du New York de l'époque (que Lumet connaît parfaitement). Le jeu discret et réaliste de tous les autres interprètes renforce encore l'impression de vérité et de naturel qui se dégage du film.

Une oeuvre qui mérite certainement un visonnement ne serait-ce que pour redécouvrir Al Pacino. De plus, les qualités précitées font que le film vaut lui aussi le coup et par conséquent, il serait dommage de passer à côté.



Image
L'image est offerte au format respecté de 1.85:1 d'après un transfert anamorphosé.

Pour un film qui a bientôt trente ans (1973), la propreté de l' interpositif est excellente et juste deux ou trois marques et traits ont résisté au traitement réservé à ce transfert par la Paramount. La définition générale est remarquable malgré des baisses lors de quelques passages (très peu nombreux). La finesse des détails permet même de redécouvrir les subtilités du film grâce à son très bon niveau. Le rendu des couleurs est du même accabit et malgré leur palette limitée, elles sont naturelles, saturées et parfaitement constantes. Le contraste est lui aussi très bien géré et permet d'anihiler toutes brillances intempestives. Les parties sombres sont également bien restituées grâce à une profondeur des noirs convaincante.

La partie numérique est de très bon niveau, limitant le fourmillement, les défauts de compression et la sur- définition au strict minimum (c'est à dire quasi-invisibles).




Son
Les trois bandes-son de cette édition sont disponibles en Anglais (DD 5.1 Surround), Anglais (DD 1.0 mono) et Français (DD 1.0 mono).

Le remixage en multicanaux est d'un dynamique correcte et offre une spatialité et une présence certes limitées, mais parfaitement en accord avec ce que l'on est en droit d'attendre d'un film des années soixante-dix. La séparation des canaux n'est pas le point fort de cette bande-son sauf sur les rares passages musicaux où encore les effets se limitent à de la stéréo. Par contre, les effets d'ambiance, même s'ils sont limités aux enceintes frontales, la plupart du temps sont très bien intégrés au reste de la bande-son. Les enceintes arrières sont en effet très peu utilisées et c'est tant mieux. A cette époque, les bandes-son n'étaient pas pensées en multicanaux et il est donc judicieux de la part des ingénieurs du son d'avoir limité l'apport du remixage à une ouverture sur les trois enceintes avant. Ainsi, les dialogues sont très bien rendus et plus intelligibles (grâce à l'enceinte centrale). Les basses fréquences sont d'un niveau correct et si on les entend peu, c'est à cause du style de la bande-son.

Les bandes-son en mono sont d'un rendu de qualité, proche du remixage multicanaux, simplement moins ouvert et précis. A nouveau, on note une piste française un peu plus étouffée que l'anglaise.

Les sous-titres sont disponibles uniquement en Anglais.

Un autre bon effort de la Paramount pour proposer un remixage en 5.1 qui se contente (et c'est tout ce qu'on lui demande) d'améliorer le rendu sonore d'une bande-son en mono, sans la dénaturer en tentant de la transformer en une vraie bande-son multicanaux (forcément différente des intentions du réalisateur), ce qui est une véritable aberration.




Suppléments/menus
Encore une fois, nous avons la bonne surprise d'avoir de vrais suppléments sur l'édition d'un film pour lequel on ne s'y serait pas vraiment attendu et c'est tant mieux !

Le premier documentaire proposé est intitulé Serpico From Real to Reel (9 min 56 s) et fait intervenir Sidney Lumet et son producteur Martin Bregman. Ils nous expliquent comment s'est faite l'adaptation du livre et les rapports avec le vrai Frank Serpico. Le second, intitulé Inside Serpico (12 min 53 s) refait intervenir les deux hommes sur le tournage ce coup-ci. Comme d'habitude avec les documentaires de L. Bouzzereau, le résultat est passionnant et très bien équilibré (interviews et extraits du film). Vient ensuite un court segment appelé Serpico : Favorite moments (2 min 37 s) où les deux hommes nous indiquent quel est leur passage favori du film, et il faut avouer que leurs choix sont surprenants. Puis est disponible une galerie défilante (4 min 32s) de 42 photos (noir et blanc, couleur) de qualité moyenne. S. Lumet ne commente pas vraiment les photos mais nous raconte une intéressante anecdote sur la façon dont la musique du film s'est faite. Le dernier segment de cette section est la longue bande-annonce d'époque (4 min 15 s). Celle-ci est de qualité moyenne et présente un montage étrange ne permettant pas vraiment de se faire une idée précise du film et comme souvent en dévoile trop de moments importants.

La première chose que l'on remarque est l'absence d'Al Pacino dans ces segments et la seconde est l'absence de commentaire audio. Ceci est vraiment dommage (pour Pacino) et surprenant, car Bregman et Lumet ont l'air de vraiment se régaler à raconter leur expérience sur ce film dans tous les segments.

Cependant, la qualité générale des documents proposés fait vite oublier ces manques et leur trop courte durée.




Conclusion
Encore une excellente édition au niveau technique de la part de la Paramount. Les suppléments sont également présents, de qualité, mais trop courts et il manque un commentaire audio. Un film rigoureux, très typique des bonnes productions des années soixante-dix, qui permet à Al Pacino d'exprimer tout son talent à travers un personnage complexe. Un achat grandement recommandé !



Qualité vidéo:
3,5/5

Qualité audio:
3,0/5

Suppléments:
3,0/5

Rapport qualité/prix:
3,5/5

Note finale:
3,5/5
Auteur: Stefan Rousseau

Date de publication: 2002-12-10

Système utilisé pour cette critique: Projecteur Sharp XV Z9000, Lecteur de DVD Toshiba SD500, Recepteur Denon, Enceintes Triangle, Câbles Banbridge et Real Cable.

Le film

Titre original:
Serpico

Année de sortie:
1973

Pays:

Genre:

Durée:
130 minutes

Réalisateur (s):

Acteur (s):

Le DVD / Blu-ray

Pochette/couverture:

Distributeur:
Paramount

Produit:
DVD

Nombre de disque:
1 DVD-9 (simple face, double couche)

Format d'image:
1.85:1

Transfert 16:9:
Oui

Certification THX:
Non

Bande(s)-son:
Anglaise Dolby Digital 5.1
Anglaise Dolby mono
Française Dolby mono

Sous-titres:
Anglais

Suppéments:
Un documentaire Serpico:From Real to Reel, un documentaire Inside Serpico, un court film ou S.Lumet et M.Bregman donnent leur passage favori Serpico Favorite Moments, une gallerie de photos commentée par S.Lumet, Une bande annonce

Date de parution:
2002-12-03

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