Synopsis/présentation
Durant sa trop courte vie (1932-1984), François Truffaut réalisa 21 longs-métrages, oeuvres qui constituent un héritage cinématographique remarquable. Enfant mal aimé, il échappa à la délinquance grâce au critique de cinéma André Bazin. Truffaut demeure néanmoins un autodidacte de la réalisation cinématographique. Par le biais de la littérature et la fréquentation des grands classiques du cinéma, il a su se forger un langage original lui permettant de se distinguer dans le cinéma d'après-guerre.
Truffaut est l'un des metteurs en scène français les plus connus aux États-Unis. Premièrement, par son association avec la United Artists et, deuxièmement, par le rôle de Lacombe tenu dans le célèbre Close Encounters of the Third Kind de Steven Spielberg. Ceci nous vaut de retrouver un bon choix de ses films en format DVD zone 1. Uniquement dans la collection Word Films de la MGM, pas moins de six titres lui sont consacrés. Bien que certains des films offerts soient de qualité moyenne au niveau technique, plusieurs sont dignes d'intérêt et, en particulier le dernier venu, L'Enfant sauvage (The Wild Child).
L'Enfant sauvage relate la découverte, faite en 1798, d'un enfant abandonné (Jean-Pierre Cargol) qui fut coupé de la civilisation pendant des années. Amené à Paris, sa rééducation sera prise en main par le docteur Itard (François Truffaut) de l'Institut des sourds et muets. En appliquant des méthodes adaptées à ce type d'handicapés, le pédagogue finira par intégrer Victor dans la société des hommes.
L'Enfant sauvage est un film pédagogique, à la fois par le récit qu'il raconte, que par les techniques cinématographiques employées par Truffaut. Le réalisateur expose de manière presque documentaire les méthodes d'enseignement utilisées auprès des enfants sortant de la normalité et transforme ce film en une véritable leçon de cinéma. Tout y est didactique.
Dans cet ordre d'idée, Truffaut découpe son récit de manière très classique par des fondus au noir circulaire. Ce procédé, qui date de l'époque du cinéma muet, permet deux choses: focaliser sur l'enfant et marquer les étapes du cheminement éducatif de celui-ci.
Le réalisateur s'exprime par le biais d'un langage cinématographique dépouillé de tout artifice technique et la progression du récit est linéaire. Truffaut n'essaie jamais de confondre le spectateur : il tient à l'instruire. Comme par l'enseignement prodigué à Victor, il répète systématiquement les mêmes situations avec des variations. En guise exemple, citons les sortie du docteur avec Victor ou encore les moments passés dans la pièce où l'enfant fait son apprentissage. Truffaut use de tout son savoir-faire pour ne pas être répétitif et garder l'attention du spectateur.
La littérature occupe une place importante dans l'œuvre de Truffaut et L'Enfant sauvage ne fait pas exception à cette règle. Comme dans tous ses films, l'aspect littéraire se retrouve dans les commentaires hors champ. Ils constituent les moments les plus documentaires du film et illustrent les partis-pris philosophiques du réalisateur en ce qui a trait aux différences entre l'homme et l'animal. Truffaut pose des question fondamentale: à quel moment Victor cesse-t-il d'être un animal et redevient-il un homme à part entière?


Image
La MGM a utilisé un interpositif de très bonne qualité pour le transfert numérique. Très peu de défauts sont visibles lors du visionnement. Ceci est une très agréable surprise en raison des 31 ans du film. De plus, ceci tranche avec l'horrible interpositif de La mariée était en noir.
Ce DVD offre l'un des meilleurs transferts de la collection World Films. Le ratio original du film (1.66:1) est respecté, mais non anamorphique et c'est bien le seul aspect négatif de ce transfert.
La photographie monochrome retrouve ici son aspect de jadis. Les noirs sont très beaux et profonds et les blancs, particulièrement éclatants. Le contraste est très bon et l'image est très stable. Soulignons l'excellente définition de ce transfert. Il ne reste plus qu'à espérer que la MGM maintienne ce niveau de qualité dans les futures parutions des films étrangers encore dans ses voûtes.


Son
Ce DVD n'offre qu'une bande sonore française (Dolby Digital mono) qui en fait est le mixage original. Bien que monophonique cette bande est agréable d'écoute; Les dialogues sont clairs, la dynamique est correcte et le souffle est très discret. Cette bande ne tend heureusement pas trop vers les aïgus bien que les graves soient à peu près absentes.


Suppléments/menus
Comme dans la majorité des cas, le seul supplément offert est la bande-annonce américaine du film. Ceci dit, elle n'est pas dénuée d'intérêt : en effet, il est toujours intéressant d'étudier les moyens employés pour vendre une cinématographie non américaine à un public qui y est peu habitué. Ici, la bande-annonce se concentre sur l'enfant à l'état sauvage, évacuant tout l'aspect français du film. Enfin, à défaut de mieux, c'est une belle curiosité.




Conclusion
La MGM nous propose un film remarquable servi par une édition de très bonne qualité et ce, à un excellent prix. Alors, si vous aimez le cinéma de Truffaut, voici un coffret à vous procurer sans hésitation. Si la MGM continue à offrir des produits de la qualité de L'Enfant sauvage, la collection World Films risque de devenir un sérieux concurrent aux éditeurs artisanaux qui pratiquent des prix prohibitifs et une politique linguistique excluant les francophones d'Amérique.