Scope vs Cinerama vs 70mm

Dossier
Le scope (ou Cinemascope et autres procédés compatibles) a été lancé en 1953 pour répliquer de façon économique au Cinerama développé par Fred Waller . Ce procédé révolutionnaire qui utilisait une caméra triple et trois projecteurs pour couvrir un champ de 146° x 55°. De monophonique à support optique on passait à un son magnétique 7 pistes. Dans les quelques salles équipées le succès fut considérable.
Si le public voulait de plus en plus décran larges, les producteurs et les exploitants ne voulaient pas se ruiner. Le Cinerama étant fort couteux ils misèrent sur le Cinemascope. Pourquoi? Largement compatible avec le 35mm : même pellicule, mêmes caméras, mêmes projecteurs, il suffisait de changer lécran et dinstaller un complément optique et un son magnétique 4 pistes. La publicité insistait sur lanalogie avec le Cinérama en montrant des dessins décrans géants courbes et les trois enceintes derrière lécran.
Une revendication toutefois largement abusive : lécran était à peine courbé, le champ couvert en scope était de 50° maximum au lieu de 146° et la surface de positif projetée était de 379mm² contre 2074mm² en Cinerama.

Conséquences : limage scope ne contient pas plus de détails que limage normale, ils sont seulement élargis sur une surface 2 fois plus grande et semblent plus flous.
Surtout, vouloir garder la même luminosité impose de faire passer deux fois plus de lumière, donc de chaleur, par la fenêtre du projecteur, ce qui nest pas bon pour la copie.
Enfin, jusquà larrivée des optiques Panavision, les prises de vues souffraient dune distorsion dautant plus forte quon se rapprochait du sujet, au point que des comédiens refusaient quon les filme en gros plan.
Les progrès des optiques ont plus ou moins réglé ce problème, ceux des pellicules ont amélioré les problèmes de netteté, restent ceux de la luminosité et de la chaleur.
Pour solutionner les soucis précédemment mentionnés, il fallait accepter de sortir du format 35mm. Cest loption du 70mm, choisi par le Todd AO en 1956 et reprise par la SuperPanavision. Avec ses 1083mm² limage haute de 5 perforations au lieu de 4 et large de 48,6mm est 2,8 fois plus grande que celle du scope 35mm.

Les détails sont rendus avec un contraste clairement plus élevé que leur équivalent 35mm. La stabilité est 25% supérieure. La fenêtre 2.8 fois plus grande permet une image dautant plus lumineuse ou plus vaste.
Limage est directement au format large, sans anamorphoseur qui provoque des distorsions particulières en scope (flou en ballon de rugby). Les optiques du 70mm sont sphériques, comme en photographie, et permettent dutiliser des formules optiques atteignant la plus haute qualité. Loptique « normale » est plus longue ce qui permet de jouer plus facilement de la profondeur de champ.
En résumé limage 70mm est plus nette sur les détails et ses flous plus marqués.
Cela dit la concurrence vient aujourdhui du numérique. Quelques caméras sont directement au format 70mm : Phantom 65, Panavision 70 (dont le capteur de base est au format 70mm et peut être recadré au format 35mm).
La réponse de ces capteurs est supérieure à celle des pellicules sur les détails fins et surtout cette qualité est conservée sur les copies numériques alors que chaque étape de la filière argentique : internégatif, interpositif, tirage copie, dégrade la courbe de transfert de modulation.
Comme le 70mm revient en terme de cout, pour chaque étape, à trois fois le prix du 35mm alors que le numérique dans sa meilleure qualité coûte au pire autant que le 35mm, la cause du 70mm est entendue : il est réservé aux éléments de trucage, à condition de passer aussitôt au numérique en numérisant le négatif. Son utilisation comme filière de production relève du marketing.
Guy-Louis Mier
Si le public voulait de plus en plus décran larges, les producteurs et les exploitants ne voulaient pas se ruiner. Le Cinerama étant fort couteux ils misèrent sur le Cinemascope. Pourquoi? Largement compatible avec le 35mm : même pellicule, mêmes caméras, mêmes projecteurs, il suffisait de changer lécran et dinstaller un complément optique et un son magnétique 4 pistes. La publicité insistait sur lanalogie avec le Cinérama en montrant des dessins décrans géants courbes et les trois enceintes derrière lécran.
Une revendication toutefois largement abusive : lécran était à peine courbé, le champ couvert en scope était de 50° maximum au lieu de 146° et la surface de positif projetée était de 379mm² contre 2074mm² en Cinerama.

Conséquences : limage scope ne contient pas plus de détails que limage normale, ils sont seulement élargis sur une surface 2 fois plus grande et semblent plus flous.
Surtout, vouloir garder la même luminosité impose de faire passer deux fois plus de lumière, donc de chaleur, par la fenêtre du projecteur, ce qui nest pas bon pour la copie.
Enfin, jusquà larrivée des optiques Panavision, les prises de vues souffraient dune distorsion dautant plus forte quon se rapprochait du sujet, au point que des comédiens refusaient quon les filme en gros plan.
Les progrès des optiques ont plus ou moins réglé ce problème, ceux des pellicules ont amélioré les problèmes de netteté, restent ceux de la luminosité et de la chaleur.
Pour solutionner les soucis précédemment mentionnés, il fallait accepter de sortir du format 35mm. Cest loption du 70mm, choisi par le Todd AO en 1956 et reprise par la SuperPanavision. Avec ses 1083mm² limage haute de 5 perforations au lieu de 4 et large de 48,6mm est 2,8 fois plus grande que celle du scope 35mm.

Les détails sont rendus avec un contraste clairement plus élevé que leur équivalent 35mm. La stabilité est 25% supérieure. La fenêtre 2.8 fois plus grande permet une image dautant plus lumineuse ou plus vaste.
Limage est directement au format large, sans anamorphoseur qui provoque des distorsions particulières en scope (flou en ballon de rugby). Les optiques du 70mm sont sphériques, comme en photographie, et permettent dutiliser des formules optiques atteignant la plus haute qualité. Loptique « normale » est plus longue ce qui permet de jouer plus facilement de la profondeur de champ.
En résumé limage 70mm est plus nette sur les détails et ses flous plus marqués.

La réponse de ces capteurs est supérieure à celle des pellicules sur les détails fins et surtout cette qualité est conservée sur les copies numériques alors que chaque étape de la filière argentique : internégatif, interpositif, tirage copie, dégrade la courbe de transfert de modulation.
Comme le 70mm revient en terme de cout, pour chaque étape, à trois fois le prix du 35mm alors que le numérique dans sa meilleure qualité coûte au pire autant que le 35mm, la cause du 70mm est entendue : il est réservé aux éléments de trucage, à condition de passer aussitôt au numérique en numérisant le négatif. Son utilisation comme filière de production relève du marketing.
Guy-Louis Mier