4K : lautre réponse du cinéma à la HD
4K : lautre réponse du cinéma à la HD
La video est un débouché incontournable pour le film, car elle en prolonge très rentablement la carrière, mais elle ne le remplace pas car sa qualité est très inférieure. Ou plutôt ne le remplaçait pas, car aujourdhui la HD permet davoir chez soi une très belle projection de plusieurs mètres de base pour moins de 2000$ ! Le cauchemar des années cinquantes recommence pour les studios : les spectateurs vont-ils continuer à acheter des billets ?
On la vu dans un précédent article (« Qui sauvera le cinéma face au cinéma maison en haute définition? »), si le Scope a battu le relief en 1953, la 3D semble démarrer en fanfare aujourdhui.
Les choses ne sont peut être pas jouées car la filière 4K (image HD surdéfinie, un peu comme le 70mm face au 35) est une réalité. Une vingtaine de grands succès américains a déjà bénéficié dun « 4k Digital Intermediate », dont Da Vinci Code, No Country For Old Men, The Assassination of Jesse James ou Revolutionary Road. En Europe, le dernier film dAndrzej Wajda, Katyn, bénéficie dune post-production 4k assurée en Pologne par la firme multinationale The Chimney Pot, sans oublier le Paris je taime avec lequel Eclair avait défriché la voie en 2006.
Mais il sagit de post productions à partir de 35mm et visant le retour sur 35mm.
En fait les spectateurs ont généralement du mal a voir la différence. La limite pourrait bien venir
du 35mm. Une étude dArri arrive à la conclusion que, même numérisé en 4K, le négatif ne fournit guère plus quune résolution de 3K et le retour sur film fait considérablement baisser la résolution.
De toutes façons une étude multinationale a montré que les projections en salle passaient beaucoup moins que le 2K. Celui ci savère suffisant pour donner une impression de qualité, sans doute parce que les informations utiles sont rendues avec un meilleur contraste.
Alors : inutile, la filière 4K ?
La sortie des premières caméras 4K pourrait au contraire lui donner toute sa vraie dimension en passant au numérique très haute résolution dès le tournage. Lacquisition numérique directe en 4K, sans le filtre du film, apporte une définition extraordinaire que lon retrouve sur le matériel source de projection 4K, ou sur linter de tirage (à la réponse de lArrilaser près).
Dautant quest arrivé sur le marché un engin que tout le monde attendait au tournant : la caméra Red One.
Rien à voir avec la superbe mais gigantesque Dalsa canadienne, sa fibre optique et son armoire à disques durs : la caméra est aussi petite et légère que son prix : 17500$, soit moins cher que les optiques cinéma dont on léquipe ! Car dans ce petit boîtier se cache un capteur CMOS au format S35.
Red en a déjà livré plus de 1000 unités, plus de 3000 unités sont en commande : un phénomène ! Elle a déjà fait ses preuves en court métrage et on commence à lutiliser en long métrage. Steven Soderbergh ne jure plus que par elle.
Il faut dire que, malgré une ergonomie perfectible (est-ce une caméra à la main ou une caméra de plateau ?), labsence de viseur optique ou de véritable viseur HD, la Red One secoue le cocotier du D-cinema plus que ne lavaient fait les - pourtant remarquables - Panavision Genesis ou Arri D20.
Dautant que ses fichiers RAW compressés par ondelettes font descendre le débit à 27.5 Mo seulement.
Résultat : 4min30 dautonomie sur une carte mémoire compact flash de 8 Go et 2H30 sur le disque dur Red Drive de 320 Go. Une révolution.
Nous avons testé la résolution pratique de la caméra (objectif + capteur + codage + enregistrement + lecture + décodage) avec une nouvelle mire mixte selon la procédure ISO 12233 (calcul du rendu du contraste en fonction de la finesse des détails à partir de lanalyse spectrale dune transition noir/blanc).
Les résultats sont exprimés en lignes par hauteur dimage. Cest plus pertinent que les résultats en cycles par mm des essais film, qui donnent le même résultat sur une image 1,37 et une en 1,85, alors que le résultat à lécran est évidemment différent, le 1,85 subissant un grossissement plus important.
La résolution maximale nest pas le seul critère de netteté : le contraste général détermine largement limpression de qualité. . Nous mesurons donc aussi la résolution atteinte avec 50% de contraste préservé et la modulation résiduelle à la résolution limite du capteur (fréquence de nyquist).
Les tests ont porté sur un zoom Red 18-50mm et un objectif Cooke S4 35mm, à tous les diaphrames.
En voici un résumé :
Mesure au centre; - meilleure performance = Cooke S4 35mm à f2,8 :
Cooke f2,8 |
limite visuelle = 1832 lignes | 50% = 1310 lignes, | nyquist = 14%, |
Red f3 | limite visuelle = 1581 lignes | 50% = 754 lignes, | nyquist = 3,2%, |
Cooke f8 | limite visuelle = 1819 lignes | 50% = 1048 lignes, | nyquist = 6,9%, |
Red f8 | limite visuelle = 1713 lignes | 50% = 854 lignes, | nyquist = 4,0% |
Cooke f16 | limite visuelle = 1609 lignes | 50% = 680 lignes, | nyquist = 2,6%, |
Red f16 | limite visuelle = 1613 lignes | 50% = 714 lignes, | nyquist = 1,5%, |
Répartition des mesures de résolution :
Coin sup G |
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coin sup D |
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moitié G |
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Côté G |
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centre |
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côté D |
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moitié D |
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Coin inf G |
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coin inf D |
Répartition spatiale (Résolution limite en lignes par hauteur / résolution à 50%de contraste / % de modulation résiduelle à nyquist)
Objectif Cooke S4 35mm f8
1709 / 912 / 5,4% |
1705 / 945 / 4,5% | |||
1822 / 1060 / 6,6% | ||||
1770 / 1011 / 5,8% | 1819 / 1048 /6,9% | 1679 / 948 / 4,6% | ||
1761 / 1008 / 5,6% | ||||
1617 / 839 / 3,7% | 1635 / 896 / 4,5% |
Cest très impressionnant, dautant que cette résolution est préservée dans tout le processus de post-production numérique, et jusquà la projection si celle ci se fait en 4k. Mais quel intérêt pour nous, consommateurs de disques blu-ray en 1080 lignes ? Et bien tout simplement que le contraste résiduel dépasse les 50% à cette résolution, deux fois mieux que ce quon obtenait précédemment : issus dune chaîne numérique 4K, nos disques sembleront plus nets dans les fins détails, même sils ne passent que 1080 lignes.
Courbe FTM dune image Red 4K réduite en 2K
Le sur-dimensionnement à la prise de vue pour obtenir des copies plus contrastés dans les détails avait déjà été largement utilisé sur film, dans les années cinquantes, avec la VistaVision qui navait pas vocation à être exploitée directement, contrairement au 70mm. Mais cette filière réclamait beaucoup de surface dune pellicule très onéreuse alors que la Red One enregistre sur un petit disque dur pas cher. Même sil nest pas question de projection 4k dans nos salons à court terme, une amélioration significative de la qualité, perceptible même après réduction en 1080p, est donc à espérer sur nos disques HD pour les films tournés en 4k. La concurrence a bien compris lenjeu et prépare à son tour des caméras 4K (Dalsa aurait-il raté le coche ?) mais Red annonce une 5K pour 2009 !
On vit une époque formidable!