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Carolco Pictures

Dossier
Les années 1980 restent dans l'histoire comme l'âge d'or du cinéma d'action, où des gros bras aussi inexpressifs que surarmés mettaient en déroute des hordes de vilains en usant de méthode "peu orthodoxes". Ces gros bras s'appelaient Sylvester Stallone ou Arnold Schwarzenegger, et derrière la plupart de leurs films se trouvait Carolco Pictures. Au côté de Cannon, la compagnie de Mario Kassar et Andrew Vajna fait figure de championne du cinéma musclé, genre qu'elle a porté pendant plus d'une décennie à des sommets inégalés depuis. Comme beaucoup d'indépendants, la Carolco a vu sa carrière s'arrêter trop tôt, faute d'une assise financière suffisante, mais son souvenir est encore suffisamment imprimé dans les mémoires pour qu'on lui consacre un texte.


Carolco dans les années 1980
La naissance officielle de Carolco Pictures remonte à 1976, lorsque Mario Kassar et Andrew Vajna, deux jeunes producteurs originaires respectivement du Liban et de Hongrie, décident de s'associer pour fonder une compagnie cinématographique indépendante. Mais il faut attendre 1982 et la sortie de First Blood, avec Sylvester Stallone, pour voir enfin une production Carolco obtenir un vrai succès international. Kassar et Vajna exploitent alors le filon et donneront deux suites à First Blood, réalisées par George Pan Cosmatos puis Peter MacDonald, qui dépasseront encore les recettes du premier volet. La trilogie des First Blood fait rapidement de Carolco la première compagnie indépendante au niveau du chiffre d'affaires.
Pendant que la Cannon se meurt, Carolco impose son style. Contrairement à sa rivale, elle ne tente pas de devenir une major. Kassar et Vajna se contentent de produire leurs films, mais les font distribuer par d'autres compagnies, en particulier Columbia Tristar où Kassar travaille comme producteur exécutif à partir de 1984. De plus, Carolco sait se limiter dans la quantité de films produits : un ou deux par an, guère plus, mais ce sont presque systématiquement des succès. Bref, la petite entreprise de Kassar et Vajna fait son nid dans le paysage hollywoodien des années 80 mais s'enferme peu à peu dans une image de spécialiste du film d'exploitation "ras des pâquerettes". Qu'il s'agisse de polar (Red Heat) ou de fantastique (Deep Star Six) - sans parler des First Blood, les films Carolco sont généralement la risée des critiques.


Carolco dans les années 1990
En 1989, Mario Kassar rachète les parts d'Andrew Vajna et devient le seul maître de Carolco. Pour sa compagnie, le producteur libanais voit grand, très grand. Il rêve de marquer l'histoire, de monter des superproductions qui mettraient le monde à genoux, sans renier pour autant le cinéma d'action qui a toujours été le fond de commerce de Carolco. Dès 1990, Kassar sort le carnet de chèques et signe les plus grands spécialistes du genre : Cameron, MacTiernan, Verhoeven, tous viennent tourner la manivelle dans les studios Carolco et vont écrire les plus belles pages de l'histoire de la firme. En trois ans et trois films, Carolco devient une des compagnies les plus influentes d'Hollywood : Total Recall, Terminator 2 (le plus gros budget de l'histoire pour une firme indépendante) et Basic Instinct explosent l'un après l'autre le box-office tout en forçant l'admiration des médias. Désormais Carolco fait figure d'institution respectable qui peut réunir sur sa seule réputation des budgets colossaux. A côté des méga-succès cités plus haut, elle continue toutefois de produire des films d'action bas de gamme (Universal Soldier) et s'essaye aussi à un nouveau genre peu familier pour elle : la biographie de stars (The Doors, Chaplin).
La machine commence à se gripper dès 1993 (Last Action Hero se plante au guichet, le projet Spiderman de James Cameron est étouffé dans l'œuf) mais les recettes de Cliffhanger puis de Stargate maintiennent les finances à flot. Le navire coule pour de bon en 1995, suite aux échecs désastreux de Showgirls de Paul Verhoeven et surtout de Cutthroat Island de Renny Harlin. Carolco est déclaré en faillite et Mario Kassar doit retourner à son poste de producteur exécutif chez Columbia Tristar.


Conclusion
Malgré sa ribambelle de succès depuis 1982, Carolco est toujours restée une petite structure qui investissait tout ou presque sur chaque film. La survie de la compagnie était en permanence suspendue aux recettes : un échec ne passait qu'à condition d'être compensé immédiatement après par un succès commercial. Deux échec la même année, comme en 1995, et c'est le naufrage. L'aventure a repris en 2002 lorsque Mario Kassar et Andrew Vajna se sont enfin réconciliés pour créer C2, une nouvelle compagnie dans le droit fil de la défunte Carolco : des vedettes, des gros budgets et surtout des scénarios musclés. Terminator 3, une des premières productions C2 a d'ores et déjà battu deux records financiers : celui du plus gros budget pour un film indépendant (détrônant ainsi… Terminator 2) et celui du plus gros cachet (30M$ pour Arnold Schwarzenegger). Comme quoi la folie des grandeurs n'a pas encore quitté Mario Kassar…


Carolco en format DVD
Carolco a malheureusement fermé boutique avant l'avènement du format DVD et son catalogue s'éparpille aujourd'hui entre quelques éditeurs, les principaux étant Artisan (anciennement Live) et dans une moindre mesure Columbia Tristar.


Bref aperçu du catalogue de Carolco
(* : films disponibles en format DVD)

First Blood (Ted Kotcheff, 1982)*
First Blood part.II (George Pan Cosmatos, 1985)*
Rambo III (Peter MacDonald, 1988)*
Red Heat (Walter Hill, 1988)
Iron Eagle II (Sydney J.Furie, 1988)
Deep Star Six (Sean Cunningham, 1989)
Music Box (Constantin Costa-Gavras, 1989)
Jacob's Ladder (Adrian Lyne, 1990)
Total Recall (Paul Verhoeven, 1990)*
The Doors (Oliver Stone, 1991)
Terminator 2 (James Cameron, 1991)*
Basic Instinct (Paul Verhoeven, 1992)*
Iron Eagle III (Sydney J.Furie, 1992)
Chaplin (Richard Attenborough, 1992)
Universal Soldier (Roland Emmerich, 1992)*
Last Action Hero (John MacTiernan, 1993)*
Cliffhanger (Renny Harlin, 1993)
Stargate (Roland Emmerich, 1994)
Showgirls (Paul Verhoeven, 1995)
Cutthroat Island (Renny Harlin, 1995)
Auteur: Sébastien Bouché
Date de publication: 12/05/2004
Dernière révision: 12/05/2004