Les format d'images (partie 2)
Le point
Dans la première partie de ce dossier, nous avons discuté des principaux formats d'image, tant pour la télévision que pour le cinéma. Nous savons maintenant que les films peuvent être tournés dans une variété de formats d'image.
Examinons attentivement les différentes manières d'offrir ces formats d'image sur un téléviseur dont le format d'écran, lui, est limité à deux formats: 4:3 ou 16:9.
Quand rien n'est perdu...
Nous savons que le format des téléviseurs conventionnels est de 4:3 (ou en fait de 1.33:1).
Les films sont pourtant tournés dans des formats d'image variant énormément.
Pour la plupart des films tournés avant les années 1950, cela ne pose aucun problème puisque que la majorité était filmée dans un format de 1.37:1 ou de 1.33:1, un téléviseur conventionnel présentant un format d'écran de 1.33:1 (4:3). La différence est marginale ou nulle dans le cas du format 1.33:1. En voici un exemple tiré du film Les enfants du Paradis de Marcel Carné, film qui a été tourné dans un format d'image de 1.37:1.
Comme vous le voyez, les deux formats sont pratiquement identiques. Vue sur téléviseur 4:3 aucune portion de l'image ne sera perdue.
Présenté sur un téléviseur à écran large dont le format est 16:9, des barres grises (ou noires) seront générées par le téléviseur sur les côtés gauche et droit, afin de combler la partie de l'écran non utilisée.
Pan & Scan
Dans le cas d'un film tourné dans un format plus large que le 1.33:1, tel le Panavision de 2.35:1, des problèmes se posent puisque le film et l'écran d'un téléviseur conventionnel n'ont pas la même diagonale.
Une technique pour remédier à ceci est le Pan & Scan (ou cadrage et balayage). L'idée est simple; il suffit de tronquer l'image d'un film jusqu'au moment ou les proportions d'un écran de télévision conventionnel soit atteintes.
Il va sans dire que cette méthode est considérée par plusieurs comme une altération injustifiée de la vision du réalisateur ou directeur photo.
Voyez les deux exemples ci-dessous: l'exemple du haut est tiré du film The Professional, tourné en format 2.35:1 (Technovision). L'exemple du bas présente un extrait du film Blade Runner vu dans son format d'image original 2.35:1 (Panavision).
Comme vous pouvez le constater, des éléments majeurs de l'image ont été perdus dans les versions Pan & Scan, rendant cette technique de présentation vidéo peu recommendable.
En plus d'altérer la vision cinématographique de réalisateur ou directeur photo, cette technique a des effets pervers. D'abord, le dynamisme propre à des formats d'image larges (Panavision, CinémaScope) est perdu, cet effet de panorama imitant la vue humaine n'existe plus. Certains transferts, une fois en Pan & Scan, doivent carrément être réédités au montage tant d'éléments sont tronqués.
Quelques réalisateurs n'ont jamais été très confortables avec cette technique. Notons le cas de Woody Allen qui a toujours refusé que son film "Manhattan" soit présenté en version Pan & Scan. Sydney Pollack a, lui, déjà poursuivi un télédiffuseur qui avait présenté son film Three Days of the Condor (1975) en Pan & Scan.
Certains réalisateurs, pour leur part, supervisent les transferts Pan & Scan, s'assurant ainsi que les éléments essentiels soient convenablement présentés.
Letterboxing (transfert 4:3) et anamorphose (transfert 16:9)
Heureusement, il existe des moyens pour pouvoir apprécier une oeuvre cinématographique dans toute son intégralité. Nous parlerons alors de transfert letterbox ou anamorphosé.
Voyons comment s'effectue un transfert letterbox (transfert 4:3). Supposons un film tourné dans un format d'image de 1.85:1 que nous voudrions offrir sur un support vidéo. Le format du film étant large, il faudrait trouver un moyen de présenter l'intégralité de l'image en gardant en tête que les formats d'écran dans le monde télévisuel sont de 4:3 ou de 16:9. La solution? Combler la portion d'écran non utilisée par des barres noires jusqu'au moment d'obtenir un format 4:3.
Prenons pour exemple les trois images présentées ci-dessous tirées du film Brazil. La première image est un exemple de ce qui peut être vu au cinéma , une image présentée dans un format de 1.85:1. La deuxième image est celle que vous verrez sur un téléviseur 4:3 si le transfert est Pan & Scan. On constate alors qu'une partie de l'image est tronquée afin d'être dans les limites du ratio. Enfin, un transfert letterbox (transfert 4:3) tel que vu sur un téléviseur 4:3, vous remarquerez que rien de l'image vue au cinéma n'est perdu.
Vu sur un téléviseur de format 16:9, un transfert letterbox (transfert 4:3) ne remplira pas l'écran. Les téléviseurs 16:9 ont toutefois un mode qui permet d'effectuer un zoom sur l'image. Ce mode est communément appelé Expanded ou Theater mode.
Sur la première image, un transfert letterbox tel que vu sur un téléviseur 16:9 et sur la deuxième image, le même transfert, mais cette fois en mode Expanded.
Si l'image remplit l'écran en mode Expanded, cela ne se fait pas sans désavantages. Une perte de définition de l'image sera visible car le mode Expanded n'est qu'un grossissement.
C'est sur les laserdiscs que sont apparus les premiers transferts letterbox au milieu des années 1980. Quelques studios, dont Fox et Universal, ont commencé à offrir des transferts letterbox en format VHS au cours des années 1990. En DVD, disponibles depuis le printemps 1997 en Amérique de Nord, les transferts présentant le format d'image original sont la norme.
Cependant, le letterbox a quelques défauts. Le plus évident de ceux-ci est qu'une partie importante de l'espace disponible sur le support vidéo est utilisée pour afficher des barres noires, toute la résolution n'étant pas pleinement utilisée.
Il est possible de présenter un film dans son format d'image original en utilisant toute la résolution possible du DVD. Cette technique se nomme l'anamorphose. Nous vous suggérons de faire la lecture du dossier que nous avons écrit à ce sujet. Vous découvrirez les avantages de cette technique.
Les autres techniques
Outre le Pan & Scan et les transferts présentant l'intégralité de l'image (letterbox ou anamorphosé), d'autres techniques peuvent être utilisées pour présenter une image de format panoramique sur un écran dont le format est de 4:3.
Une de celles-ci est la suppression des masques et un recadrage horizontal, une technique surtout utilisée lorsqu'un film est tourné en Super 35. Lorsque ce format de pellicule est utilisé, le cadreur ou directeur photo cadre en fonction d'un format d'image scope ou flat (2.35:1 ou 1.85:1). Toutefois, lorsqu'un transfert 4:3 est fait, les masques sont retirés.
En fait, il faut savoir qu'à la prise de vue, l'image est composée dans un cadre "combiné" où l'on tient compte de deux formats de projection, si ce n'est trois. Dans la plupart des productions, et ce encore actuellement, afin
de sauver des coùts en post-production, le cadreur (et rarement le réalisateur) compose une image où il tient compte du 1.33:1 et du 1.85:1, par exemple. (on installe un masque transparent dans la visée de la caméra qui combine les différents formats, d'où un nombre souvent effarant de lignes pointillées et pleines sur le retour vidéo.
D'un point de vue artistique cela explique que depuis quelques années, l'action se situe au centre de l'écran. De ce fait, on retrouve sur les bords de cadre une information qu'on peut laisser tomber sans que cela nuise
à l'action. On remarquera aussi que les hauteurs de cadre en souffrent. Dans un film projeté au format de 1.85:1, l'espace au dessus des têtes est moindre que sur la même image diffusée en 1.33:1.
L'exemple ci-dessous est tiré du film Dogma et vous donne un aperçu de cette technique. D'abord, l'image telle que vue au cinéma en format 2.35:1 et l'image telle que vue sur le transfert plein écran 4:3 du film.
Un autre moyen de présenter une image panoramique sur un écran de format 4:3 est la recomposition de l'image électroniquement. Cette technique a été utilisée pour le film A Bug's Life. Lorsque le transfert 4:3 plein écran du film fut préparé, l'image a carrémment été recomposée. Dans l'exemple ci-dessous, vous verrez que le personnage de droite a été rapproché de celui de gauche. Aucun élément important de l'image n'ést tronqué. A Bug's Life est le seul exemple de film ou cette technique de transfert plein écran fut utilisée. Bien évidemment, seulement un film dont les images ont été générées numériquement peut être adapté à ce type de transfert.
Un long chemin?
Si pour les passionnés de DVD un transfert présentant un film dans son format d'image original est normal, il n'en va pas ainsi de tous. Un important travail d'éducation reste à faire auprès du grand public. Vous seriez surpris des réactions de gens qui, visionnant un transfert panoramique, sont agacés par les barres noires, plusieurs ayant l'impression de ne pas profiter entièrement de leur téléviseur. Certes, un transfert panoramique n'occupe pas tout l'écran d'un téléviseur 4:3, mais l'intégralité de l'image est conservée.
Il faut souligner le travail d'éducation fait par quelques studios, dont MGM et Fox qui, images à l'appui, expliquent sur leurs produits vidéo widescreen l'avantage de ce type de transfert.
L'avènement de la télévision haute définition, dont le format d'écran est 16:9, un format beaucoup plus près de ceux utilisés au cinéma, amenuisera cette impression de ne pas profiter de son matériel au maximum. Cependant, d'ici le moment ou les téléviseurs 16:9 seront la norme, il doit être encore souvent expliqué ce que donne de plus un transfert panoramique.