Paramount
L'emblème de la Paramount Pictures n'a pas beaucoup changé depuis les débuts du studio au temps du cinéma muet: celle de la montagne enneigée autour de laquelle gravite une auréole d'étoiles blanches. Reconnu comme un des Majors hollywoodiens, Paramount est l'un des studios les plus ancien de l'industrie. L'un de ses fondateurs, Adolph Zukor, s'est d'ailleurs éteint à l'âge de 103 ans, en 1976. Si la Paramount peut se targuer d'avoir survécu aussi longtemps, le développement de l'entrerpise connu cependant de nombreux obstacles (faillite et fermeture du studio en 1933, décret Paramount de 1948, échec du Vistavision, etc.)...
Origines et premières fusions
W.W. Hodkinson, ancien administrateur de la General Film Company, fonda en 1914 la Paramount Pictures Corporation dans le but de distribuer des films produits par d'autres compagnies. À cette époque, la Paramount détenait, notamment, les droits d'exploitation des films de la Jesse L. Lasky Feature Play Company, fondée en 1913 par Jesse L. Lasky, Samuel Goldfish (qui devait devenir plus tard Goldwyn) et Cecil B. De Mille. De plus, la Paramount Pictures Corporation distribuait les films produits par la Famous Players Film Company, institution de renom bâtie en 1912 par l'ancien fourreur Adolph Zukor. En 1916, les deux compagnies de production fusionnèrent et devint la Famous Players / Lasky. Cette dernière absorba la Paramount Pictures Corporation. La première tâche de la nouvelle entreprise fut d'étendre son réseau de salles aux États-Unis. Ainsi, dès 1919, le groupe Famous Players / Lasky fit l'acquisition de nombreuses salles de projection en plus de s'afférer à d'intenses réorganisations internes. Ceci eut pour conséquence l'augmentation croissante du nombre de films produits sous la bannière Paramount Pictures. En 1927, la compagnie devient la Paramount Famous Lasky Corporation, et, en 1930, modifia à nouveau son nom commercial pour la Paramount Publix Corporation. Signe de conflits à la direction, ces modifications fréquentes culminèrent avec la faillite de l'entreprise en 1933. Cependant, de ses cendres et de sa réorganisation renaîtra en 1935 la Paramount Pictures, Inc..
Premières productions; les années 30
A l'époque du muet, la Paramount devient la plus grande compagnie de production et de distribution de films. Déjà en 1925, l'entreprise avait connu deux énormes succès, soit The Covered Wagon (J. Cruze, 1923) et The Ten Commandments (C. B. De Mille, 1923). Cette période d'opulence vit l'avènement de B. P. Schulberg en tant que chef de production. Grâce à son dynamisme, la Paramount ne fit qu'accumuler les succès. De plus, Schulberg mis sous contrats des auteurs comme D.W. Griffith et Enrich von Stroheim, et des acteurs (trices) comme Pola Negri, Rudolph Valentino et Gloria Swanson. Schulberg misa également sur la venue de nouveaux talents, tels que Clara Bow, Claudette Colbert, Gary Cooper et Marlene Dietrich. Les origines européennes de bon nombre de personnalités sous contrat à la Paramount (Josef von Sternberg, Ernst Lubitsch, Emil Jannings, Maurice Chevalier, Harry d'Abbadie d'Arrast) concrétisa son statut du plus européen des studios américains. Suite au départ de Schulberg en 1932, à la faillite de 1933 et à la réorganisation interne qui suivit, Ernst Lubitsch supervisa la production jusqu'en 1937, alors que Barney Balaban (propriétaire de la chaîne de salles Balaban et Katz) fut nommé à la tête de l'entreprise.
Les années quarante, les années du succès
Une vague américaine déferla sur le studio au début des années quarante. À ces grands acteurs européens s'ajoutèrent les Bob Hope, Bing Crosby, Dorothy Lamour, Veronica Lake, Alan Ladd et Paulette Goddard. Si cette présence accrue d'américains à l'écran assura le succès de la Paramount, un certain crédit se doit d'être également rendu à la compétence des cinéastes Cecil B. De Mille (Union Pacific (1939), North West Mounted Police (1940), Unconquered (1947)) et Preston Sturges, ce dernier ayant assuré la réalisation d'une série de comédies à succès (The Great McGinty (1940), The Lady Eve (1941), The Miracle of Morgan's Creek (1944)). La seconde moitié des années 40 fut marquée par l'arrivée de Hal B. Wallis à la Paramount. Ancien grand producteur de la Warner Brothers devenu indépendant, Wallis poursuivit la veine des succès cinématographiques, engageant les populaires Burt Lancaster, Kirk Douglas, Dean Martin, Jerry Lewis (dont les comédies assurèrent des revenus constant au studio au cours des années 50) et Elvis Presley.
Le décret Paramount (1948)
Accusé par la Cour Suprême des États-Unis de violer la loi antitrust en étant propriétaires des moyens de production, de distribution et d'exploitation des films, Paramount se vit dans l'obligation de se départir de ses salles de projection, sa principale source de revenus. Le même sort fut réservé aux quatre autres Majors, soit MGM, RKO, Twentieth Century-Fox et Warner Bros.. Leurs pratiques coercitives et restrictives allant à l'encontre de l'exploitation des films des Minors qui ne possédaient pas de salles furent à l'origine de ce décret connu sous le nom de la Paramount Decision. Le studio se plia à l'ordre du plus haut tribunal américain en 1951. De là, Paramount ne put qu'investir dans la production et la distribution de films, ce qu'elle fit selon une stratégie fort conservatrice. De plus, ses ententes avec les indépendants lui permit de surmonter cette dure épreuve, tout en conservant son titre de Major.
CinemaScope vs VistaVision : à la conquête du panoramique...
La Paramount fit ses premiers essais en Technicolor dès 1936, notamment dans The Trail of the Lonesome Pine de Henry Hathaway. Afin de concurrencer l'avènement du CinemaScope chez Twenthieth Century-Fox, un procédé d'écran large, la Paramount indroduisit, en 1954, la VistaVision. Moins spectaculaire mais d'une grande qualité, la VistaVision sera entre autres préconisée par le cinéaste Alfred Hitchcock dans les films To Catch a Thief (1955) et North by Northwest (1959). Environ 120 films seront réalisés en VistaVision, comparativement à près de 1000 en CinemaScope. Le scope aura finalement raison de la VistaVision.
De nos jours, le procédé VistaVision semble renaître de ses cendres. Bien que désuète, la technologie est utilisée pour le tournage de certains effets spéciaux (effects shots), notamment dans les films The Abyss (1989), Apollo 13 (1995), Contact (1997), The Matrix (1999) et Pearl Harbor (2001).
Nouvelle administration
Les années 50-60 furent marquées par quelques succès, dont Gunfight at the O.K. Corral (1957) et Becket (1964). Ainsi, à l'automne de 1966, la Paramount fut acheté par le conglomérat Gulf & Western au coût de 125 millions de dollars américains. Charles Bluhdorn occupa le poste de président et nomma son ancien attaché de presse, Martin S. Davis, à la tête du bureau de New York. Bluhdorn engagea également l'acteur Robert Evans, ce dernier détenant le mandat de revitaliser le studio de l'avenue Melrose en Californie. Son mandat fut à demi rempli; Evans connu de lourds échecs avec les sorties de Darling Lili (1970) avec Rock Hudson et Julie Andrews et Paint Your Wagon (1969) mettant en vedette Clint Eastwood et Lee Marvin. Cependant, Evans se reprit avec The Godfather (1972) de Francis Ford Coppola, ce qui permit à la Paramount de regarnir ces coffres.
Sous la gouverne de Barry Diller et, par la suite, Frank Mancuso, pendant les années fin 70-80, Paramount sut produire des succès, dont Grease (1978), Saturday Night Fever (1977) et la série Star Trek. En 1989, le nom Gulf & Western fut abandonné au profit de Paramount Communications, Inc.. Sous ce terme générique se rassemblaient un très grand nombre d'activités ayant trait à l'audio-visuel : la télévision, l'édition, la distribution, etc..
Le Groupe Viacom
En 1994, le groupe Viacom, spécialisé dans la communication, s'empara de la Paramount Communications, Inc. pour la somme de 9,7 milliards de dollars. Le groupe Viacom est aujourd'hui composé de plusieurs compagnies, dont CBS, MTV, Nickelodeon, VH1, UPN, TNN: The National Network, CMT: Country Music Television, Showtime, Blockbuster et Simon & Schuster.
Paramount et le DVD
Paramount Pictures possède son propre réseau de distribution couvrant tout le territoire nord-américain, la Paramount Home Entertainment. En plus des produits de la Paramount Pictures, cette division est également responsable de la mise en marché des titres Paramount Classics, Nickelodeon Movies et MTV Films. En ce qui a trait à la distribution internationale de ses films, Paramount fait appel aux services de la United International Pictures (UIP), dont 33% des parts appartiennent au groupe Viacom. À titre comparatif, Paramount Pictures possède un catalogue se chiffrant à plus de 2 500 films, alors que celui de la Paramount Home Entertainment en compte plutôt 1 350.
En ce qui a trait au DVD, Paramount fut l'un des derniers studios (avec la 20th Century Fox et Dreamworks SKG) à emboîter le pas à cette nouvelle technologie. Le DVD ayant été lancé en Amérique du Nord en avril 1997, ce n'est que le 10 août 1998 que Paramount Home Entertainment annonca son support au format. Deux premières vagues de titres DVD furent annoncées cette journée, soit Star Trek : First Contact, Face/Off, The Saint, Kiss the Girls et Twilight (6 octobre 1998), puis Top Gun, Clear and Present Danger, Primal Fear, Odd Couple II et finalement, In & Out (20 octobre 1998).
Bien que de nombreux titres soient aujourd'hui offerts en format DVD par Paramount Home Entertainement, certains points faibles ne peuvent être passés sous silence. Ainsi, trois principaux reproches sont généralement associés aux titres de ce studio.
D'abord, Paramount tarda d'offrir des transferts anamorphiques. Bien que cette situation fut corrigé au cours de l'année 2000, de nombreux titres de leur catalogue ont fait l'objet de transferts non-anamorphiques, que l'on pense à Titanic, Deep Impact, Event Horizon ou Mission: Impossible. Il est logique de penser que des rééditions de ces titres paraîtront d'ici les prochaines années afin de corriger cette lacune. De surcroît, Paramount a la mauvaise habitude de ne pas indiquer le format d'image exact du film (ex.: 1.85:1, 2.35:1). La jaquette ne porte généralement que la mention "Widescreen Version" à l'endos.
Le second reprroche adressé à ce studio concerne les suppléments offerts. Ce studio semble rébarbatif à offrir plus que des courts segments promotionels (featurette) ou entrevues simplistes. Bien que quelques éditions offrent des pistes de commentaires audio, Paramount aurait tout avantage à proposer des suppléments plus attrayants et étoffés (documentaires de qualité, scènes retranchées au montage ou fins alternatives). L'inclusion d'une bande-son secondaire DTS ne serait pas non plus à dédaigner... Cependant, Paramount semble se réajuster au marché en proposant depuis la fin de l'été 2001 des éditions spéciales de ces titrees d'importances (The Godfather I-II-III et Forrest Gump).
Enfin, le troisième et dernier repproche se rapporte au prix de ventes des produits de cette compagnie. Des sept principaux studios américains producteurs de DVD, Paramount remporte le titre des DVD les plus onéreux. Comparativement aux éditions standards de MGM, Warner et Fox coûtant environ 15-25$ CA, les titres de Paramount se chiffrent plutôt au coût de 30-35$ CA. Même certaines éditions spéciales des compétiteurs (Hannibal, par exemple) sont moins coûteuses que les titres réguliers de Paramount. Une politique à revoir absolument...
Point positif, le sceau Paramount Home Entertainment assure la présence d'une bande française sur l'édition DVD, et ce même pour les premiers titres du studio. Paramount va même jusqu'à inclure des sous-titres français pour les suppléments, une première pour les studios américains.
Conclusion
"Si c'est un bon film, c'est un Paramount" disait la célèbre phrase publicitaire des années trente. Plutôt prétentieux, force est d'avouer que ce slogan s'approche quelque peu de la réalité. De façon générale, la qualité de la production du studio s'est élevée au-dessus de la moyenne. Au fil des ans, des cinéastes comme De Mille, Hitchcock, Sternberg, Lubitsch, Sturges, Coppola, Zemeckis ont assuré la réussite de Paramount.
L'aspect très lêché des films est devenu une caractérisitique commune des films produits par la Paramount et ce, des années quarante aux années quatre-vingt-dix. Aujourd'hui, l'avenir de la Paramount s'ouvre, entre autres, sur la télévision, la production de films, l'édition et la distribution. Sans contredit, un géant du passé ayant su conserver, et même améliorer, son statut de chef de file de l'industrie cinématographique américaine.