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Metro-Goldwyn-Mayer

Dossier

Metro-Goldwyn-Mayer, également connu sous l'acronyme MGM, fut jadis LE studio hollywoodien le plus puissant des "Majors de la Big Five" (MGM, Paramount, Warner Bros., Fox et RKO) et ce, durant près de vingt ans, soit de 1930 à 1950. Cependant, cette période de gloire et de prospérité s'estompa abruptement, alors que les bilans financiers de la MGM se calculèrent au crayon rouge. La MGM s'effrita inexorablement pendant près de trente ans, culminant par l'arrêt de sa production cinématographique en 1973 et le démantèlement de ses acquisitions dans les années 1980. Au cours de la décennie 90, MGM fit l'objet de nombreuses transactions. De là, le studio fut presque acculé à la faillite, privé de capitaux et des droits d'exploitation de son propre catalogue cinématographique. Mais comment la Metro-Goldwyn-Mayer a-t-elle pu en arriver là?


L'âge d'or de la Metro-Goldwyn-Mayer
Fils d'immigrants juifs autrichien, Marcus Loew fut l'un des plus importants propriétaires de salles de cinéma au début du siècle. En 1912, son entreprise, la Loew's Theatrical Enterprises, possédait déjà plus de 400 salles de projection aux États-Unis. Soucieux de conserver un flot constant de productions cinématographiques pour sa chaîne grandissante, Loew acheta, en 1920, la Metro Pictures Corporation, une firme de production et de distribution contrôlée par Nicholas M. Schenck. Par la suite, soit en 1924, il consolida ses actifs en acquérant la Goldwyn Pictures Corporation, fondée par Samuel Goldwyn, et la Louis B. Mayer Pictures, crée par Louis B. Mayer. Dès lors, Marcus Loew fusionna ses trois nouvelles acquisitions, formant ainsi la Metro-Goldwyn-Mayer (MGM), et dont la compagnie-mère devint Loew's Inc.. Loew nomma N.M. Schenck à la direction de la maison de production, alors que L.B. Mayer assura la vice-présidence. Irving Thalberg fut chargé de superviser la production. Pour sa part, Samuel Goldwyn préféra bâtir une nouvelle entreprise indépendante des grands studios, la Samuel Goldwyn Inc.. Le premier président exécutif de la MGM, N.M. Schenck, comprit rapidement la raison d'être de ce nouveau studio, lui appliquant une vocation de pourvoyeur de films pour les cinémas Loew's. La méthode de production cinématographique de la MGM refléta la philosophie administrative conservatrice adoptée par Schenck. Dès ses débuts, la MGM fut cataloguée comme " le studio de cristal ", produisant surtout des films facile d'accès, mettant en vedette notamment Greta Garbo et Norma Shearer. Si l'on peut reprocher le côté tape-à-l'œil des productions de cette époque, les films produits attiraient néanmoins les foules dans les salles de la Loew's, générant subséquemment des profits impressionnants pour la MGM.
La rentabilité du studio ayant été établie, MGM put s'employer, dès le début des années trente, à élargir son répertoire cinématographique, période communément appelée l'âge d'or de la MGM. Le studio produisit des films d'aventure (la série Tarzan, 1932-1942), des comédies légères (Laurel et Hardy) et des satires burlesques (Marx Brothers). La sélection d'acteurs employée par la MGM changea également; fini les stars plus grandes que nature, la tendance allant plutôt vers des personnalités plus près du grand public (Joan Crawford, Jean Harlow, Marie Dressler, Spencer Tracy et Clark Gable, etc.).
L'année 1939 fut l'une des plus lucratives pour la MGM, celle-ci produisant deux de ses trois plus grands succès, soit Wizard of Oz et Gone with the Wind, tous deux réalisés par Victor Fleming. À cette époque, MGM représente le studio le plus influent d'Hollywood, produisant en moyenne 40 films par année.


1940 : le début du déclin
Les années 40 virent l'avènement du cinéma couleur, la MGM s'empressant de s'associer au procédé Technicolor. En plus de produire de nombreuses comédies musicales, dont Meet Me in St-Louis (1944), MGM investit dans son département d'animation, employant le talentueux Tex Avery, père de Chilly-Willy the Penguin, Droopy the Dog et Whistling Wolf. La Seconde Guerre Mondiale affecta sensiblement la MGM; sa moyenne de films s'abaissa à 30 par année.


Un dur coup à Metro-Goldwyn-Mayer
Un coup dur s'abattit sur la Metro-Goldwyn-Mayer en 1948, alors que Cour Suprême des États-Unis adopta un décret connu sous le nom de Paramount Decision. Ce jugement ordonna à la Paramount, la MGM, la Warner, la RKO et la 20th Century-Fox de se départir de leurs salles de cinéma. La Cour estima qu'en contrôlant la production, la distribution et l'exploitation des films en salles (intégration verticale), ces cinq studios pratiquaient un monopole. De plus, leurs pratiques coercitives et restrictives furent qualifiées de nuisibles envers le développement des plus petits studios (les Minors; Universal, Columbia et United Artists) qui ne possédaient aucune salle. Les studios se conformèrent à cette décision au début des années 50; l'âge d'or d'Hollywood tirait à sa fin...
Loew's Inc. (société-mère de MGM) fut l'une des dernières à se soumettre à cet ordre de la Cour. Après de longues batailles judiciaires, Loew's, à bout de souffle, renonça finalement au contrôle de la MGM en 1959. Loew's conserva ses salles de cinéma, mais laissa la MGM dans un piètre état financier. Louis B. Mayer ayant été congédié en 1951, le poste vacant de vice-président fut comblé par Dore Schary, celui-ci s'empressant d'introduire des valeurs sociales et morales aux productions de la MGM. Le bref règne de Schary ne mit cependant pas terme à l'hémorragie financière de la compagnie, perdant de surcroît son président Schenck en 1955. De nombreux membres de la haute direction tentèrent vainement leur chance à la barre de l'entreprise, que ce soit comme président ou vice-président. Il n'en résulta qu'une série de luttes administratives qui affaiblit grandement à la MGM.
Malgré les déboires de la MGM, quelques films d'importances furent produits; Singin' In the Rain (1952, le troisième plus grand film du studio), Jailhouse Rock (1957, Elvis Presley), la reprise de Ben-Hur (1959) et Doctor Zhivago (1965). Au début des années 60, MGM produisait en moyenne une vingtaine de films par année.


La fin d'un géant
En 1969, MGM fut acheté par le magnat de l'aviation Kirk Kerkorian, celui-ci voulant acquérir simplement le logo du lion rugissant afin de l'apposer sur son nouvel hôtel de Las Vegas... Du même coup, Kerkorian donna à l'entreprise une nouvelle orientation, celle de l'hôtellerie et de la télévision, délaissant ainsi les productions cinématographiques.
Metro-Goldwyn-Mayer poursuivit tout de même à tourner quelques films, ses ressources financières restreintes l'obligeant à se limiter à des films à petit budget. À l'exception de sa populaire trilogie Shaft (1971, 1972 et 1973), MGM ne parvint pas à produire des titres prisés par la critique et le public. Finalement, MGM, le géant des studios d'autrefois, abandonna en octobre 1973 toute production cinématographique.


La valse des transactions
La flamme vacillante de MGM se raviva en 1980, alors que son propriétaire Kirk Kerkorian la divisa en deux entités : l'empire hôtelier et la compagnie cinématographique. Afin de faciliter la restructuration de la division cinéma, Kerkorian acquit la United Artists, un autre studio hollywoodien, dont la prolifique (et lucrative) série James Bond permit à MGM de survivre pendant encore près de dix ans. Voyant que la compagnie, maintenant nommée MGM-UA, ne parvenait pas à renaître de ses cendres malgré l'injection de nouveaux capitaux, Kerkorian entreprit le démantèlement des acquis de la MGM-UA.
Kerkorian vendit donc à rabais le terrain de tournage extérieur (back lot) de la MGM au groupe Lorimar-Telepictures, ainsi que la division complète MGM-UA au magnat de la câblodistribution Ted Turner. Quelques années plus tard, soit en 1986, Ted Turner revendit la MGM-UA à Kirk Kerkorian, en prenant cependant soin de conserver les droits d'exploitation des films de la compagnie. Lorsque Warner Bros. acheta sa compagnie (TNT),Ted Turner restitua le catalogue pré-1986 à la MGM. Ayant regagné son catalogue, MGM fit l'objet de nombreuses transactions, passant ainsi de Kerkorian à Qintex, une compagnie de télédiffusion australienne, en 1989, puis de Qintex aux financiers italiens Giancarlo Parretti et Florio Fiorini du groupe Pathé Communications Corporation, l'année suivante. Cette dernière transaction (1,33 milliards de dollars), due être approuvée par le Crédit Lyonnais Néerlandais, puisque Pathé ne détenait pas les fonds requis pour l'achat. Afin d'amoindrir le prêt consenti par la maison de crédit, Pathé vendit les droits d'exploitation des titres de la MGM à Warner Bros. Home Video pour une période de 12 années et demie et ce, au coût ridicule de 125 millions de dollars. Pathé ne pouvant rembourser l'argent emprunté, le Crédit Lyonnais Néerlandais, agissant comme créancier, reprit possession de la MGM en mai 1992, puis la vendit en octobre 1996 à un conglomérat de télédifusseurs (Tracinda, Seven Network Limited et P&F Acquisition Corp.) et dont Kirk Kerkorian fait parti...
Maintenant connu sous le nom de MGM Studios, la compagnie a su rééquilibrer ses finances depuis cette dernière transaction et ce, malgré le fait qu'elle demeurait toujours sous l'emprise de Warner Bros., cette dernière contrôlant les droits d'exploitation vidéo de ses titres. En plus de ne pouvoir établir elle-même les stratégies marketing de son catalogue, MGM a dû verser à Warner entre 350 et 450 millions de dollars en redevances.


Reprise du catalogue
Contre toutes attentes, MGM Studios annonça, en mars 1999, la récupération d'une partie de son catalogue. Ainsi, au coût de 225 millions de dollars, MGM acheta de Warner les droits d'exploitation de son catalogue de titres post-1986, délaissant ainsi les films réalisés avant 1986 (environ 2 950 titres), notamment Citizen Kane, Wizard of Oz et Gone with the Wind. En revanche, MGM récupéra les droits sur tous les films produits après 1986 (Blown Away, Spaceballs, Thelma & Louise), en plus de conserver les droits sur le catalogue d'Orion Pictures (Silence of the Lambs, RoboCop) , PolyGram (Kalifornia, Shallow Grave), et United Artists (Rocky, 12 Angry Men, James Bond), un total d'environ 1 150 films.


MGM et le format DVD
L'avènement du format DVD au printemps 97 fut source de frustration pour la MGM. Privée des droits d'exploitation de son catalogue, MGM ne pu établir ses propres stratégies de mise en marché DVD. Warner, propriétaire de ce catalogue, fut donc responsable de la conception et la promotion des titres de ce studio. C'est d'ailleurs pourquoi les titres MGM de cette époque furent proposés dans un boîtier de type cartonné (snapper case), emballage ayant toujours été favorisé par la Warner. Insatisfaite par ces contraintes, MGM alla même jusqu'à signer une lettre d'entente avec le conglomérat supportant le défunt format DIVX, technologie auquelle Warner s'était farouchement opposée. Depuis le rachat final de son catalogue post-1986, transaction complétée en février 2000, MGM contrôle elle-même la mise en marché de ses produits en format DVD via sa division MGM Home Entertainment. Aux Etats-Unis, MGM possède son propre réseau de distribution, alors qu'au Canada, les produits MGM sont distribués par Warner Canada.
Afin de se dissocier significativement des décisions antérieures de la Warner, MGM Home Entertainment adopta le boîtier de type plastique (Keep case) pour ses sorties DVD. Blown Away constitue un exemple typique des changements survenus chez MGM; la première édition de ce titre parue chez Warner (1997-2000) était proposée dans un boîtier de type cartonné. Lorsque que MGM reprit le contrôle de son catalogue post-1986, le même titre fut réoffert dans un boîtier plastique (Keep Case). Depuis la fin 2000, MGM met en marché les titres de son catalogue à un rythme effréné. Il arrive parfois que plus de trente nouveaux titres soient offerts en un seul mois. Cela n'est pas sans hasard, le DVD représente pour la MGM une source de revenus non négligeables qui consolide les assises financières de l'entreprise. La qualité de ces éditions varie énormément : certains titres ne sont pas anamorphosés, d'autres ont été produits avec de vieux interpositifs analogiques, tandis que d'autres n'offrent aucun supplément. Cependant, la majorité de ces éditions sont proposées à un coût modeste. Les éditions spéciales mises en marché par ce studio ne sont pas légion; on pourrait inclure dans ce lot la série James Bond, Some Like it Hot et Hannibal. Tout comme pour la qualité des titres DVD de la MGM, la position de cette compagnie à l'égard du français fut inconsistante. Sous l'égide de Warner, les éditions MGM offraient du français. Lorsque MGM reprit le contrôle de son catalogue (début 2000), le français n'était plus de mise. Probablement suite à des pressions de Warner Canada, distributeur des titres MGM sur ce territoire, les bandes sonores françaises sont réapparues à la fin de l'an 2000. Depuis cette date, la majorité des éditions de ce studio proposent des bandes sonores françaises.


Vers des temps meilleurs?
L'histoire de la Metro-Goldwyn-Mayer démontre bien que le système des Majors n'est pas automatiquement gage de succès. Ce studio qui était à une certaine époque le plus influent d'Hollywood (et de l'industrie) a presque disparu au cours des années soixante-dix. La ronde des achats, ventes et transactions a quasiment acculé ce studio à la faillite.
Il faudra du temps pour estomper les frasques du passé. Si la situation financière de l'entreprise a été stabilisée, la bataille n'est pas encore gagnée, quoique l'avenir lui semble favorable.


Auteur: Alexandre Caron
Date de publication: 01/05/2003
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