Tangerine

Critique
Synopsis/présentation
Rarement une année cinématographique naura autant fait place aux personnages transgenres. Alors que le Toronto International Film Festival (TIFF) a présenté About Ray de Gaby Dellal, où une jeune fille révèle à sa mère et sa grand-mère que son corps devrait être celui dun garçon, et The Danish Girl de Tom Hooper qui vient de prendre laffiche au Québec - qui relate dans les années 30 le changement de sexe de Lily Elbe, la première femme transgenre, cest plutôt Tangerine, projeté en primeur au Festival de Film de Sundance en janvier 2015, qui a marqué les esprits cette année. Non seulement pour son choix dactrices transgenres dans les rôles principaux, mais aussi pour la proposition filmique audacieuse.
Le film suit Sin-Dee (Kitana Kiki Rodriguez) et Alexandra (Mya Taylor), deux travailleuses du sexe, la veille de Noël à Tinseltown. La première vient de terminer une sentence de 28 jours en prison et recherche Chester, son petit ami. Alex lui révèle que pendant son absence, Chester la trompé. En furie, Sin-Dee se donne comme mission déclaircir cette histoire en retrouvant Chester.
Outre lattrait ou la fascination que peut provoquer lembauche de deux actrices transgenres, Tangerine dépasse cette idée primaire de spectacle et offre deux personnages particulièrement attendrissants. Mais surtout, le jeu amateur de Rodriguez et de Taylor confère au film un aspect plus vraisemblable, plus réaliste. Le portrait qui découle de ce milieu quelque peu « trash » parait encore plus juste.
De plus, au-delà de cette attention autour des personnages et des actrices, le cinéaste Sean Baker choisit de dépeindre cet univers à partir dun iPhone 5s. Les images, colorées et magnifiques, demeurent cinématographiques tout en empruntant une dimension documentaire plutôt saisissante. Cest pourtant le montage de Baker, agressif et syncopé qui permet à Tangerine dépouser de manière définitive lenvironnement imprévisible de ses deux sujets.
Il en résulte un film étonnamment très divertissant, oscillant souvent entre drame et comédie. Les personnages colorés et empathiques, les situations grotesques et absurdes la séquence finale réunissant tous les personnages est à ce titre un bijou dhilarité -, et le traitement jamais complaisant ni moralisateur de la caméra font de Tangerine beaucoup plus quun film-évènement. Une fois le malaise que peut provoquer la prémisse de départ passé, le spectateur découvre un univers cruel, mais jamais pathétique. Il y découvre aussi et bien avant toute chose une touchante histoire damitié.
Image
Limage est offerte au format respecté de 2:35:1 daprès un transfert 16:9.
Comme mentionné précédemment, le film a été tourné avec trois iPhone 5s. Et il faut avouer quen plus des « correctifs » apportés en postproduction, la qualité de limage est plutôt remarquable. Malgré quelques effets de flous, limage affiche netteté et précision. Il en va de même pour les détails et les textures qui sont reproduits avec finesse. Le rendu des couleurs est particulièrement éclatant. Le travail sur la lumière (naturelle) du cinéaste Sean S. Baker et de son directeur photo Radium Cheung est immortalisé avec grâce. Les couleurs sont riches et précises. Les tons de peaux demeurent aussi naturels. Tout effet de surbrillance est évité grâce à des contrastes parfaitement gérés. Les parties sombres, prédominantes dans la seconde moitié du film, sont aussi parfaitement rendues. Les dégradés y sont fluides et précis tandis que les noirs font preuve de pureté et de profondeur.
En ce qui concerne la partie numérique, le transfert se sauve de tout défaut majeur apparent.
Son
Une seule bande-son au format Dolby Digital 5.1 en version originale anglaise est offerte.
Consistant en grande partie de prises de son directes, la bande-son fait preuve dune étonnante présence et dun solide dynamisme. Les ouvertures latérale et frontale sont claires et précises tandis que les enceintes arrière appuient adéquatement les ambiances. Elles contribuent également à quelques effets dambiophonie qui assurent une meilleure immersion dans lunivers du film. Les dialogues demeurent généralement intelligibles. Laspect « documentaire » du film rend à certains moments les répliques moins claires, mais il sagit plutôt dun débat lié au style du film et non au transfert. La trame sonore, composée à la fois de morceaux électroniques et dautres classiques par exemple de Beethoven -, sintègre avec énergie au mixage. Cette dernière profite dailleurs des basses fréquences qui lappuient avec une belle profondeur. Le canal dextrêmes graves est sollicité aussi à plusieurs occasions et gronde avec lefficacité appropriée.
Il y a option de sous-titrage en anglais, français et espagnol.
Suppléments/menus
Nous retrouvons dabord « Catching Up with Kiki & Mya : Experiences, Characters and the Big Screen (10:15) » un sympathique et court segment où les deux actrices du film parlent de leur expérience de tournage. Elles abordent aussi le rapport de vraisemblance du film avec le milieu de la prostitution à Los Angeles.
« Walking the Streets : Exploring the Story & Production (18:01) » regroupe les interventions des acteurs, du cinéaste Sean Baker et des artisans. Ils évoquent les différentes étapes de production du film avec beaucoup dinformations.
« Finding the Actors : Completing the Cast of Tangerine (20:35) » est un autre segment très informatif sur la distribution. On sattarde plus particulièrement aux acteurs secondaires. À ce propos, on y découvre la manière dont le choix des acteurs arméniens a été attribué.
Enfin, « Tangerine Visual Style (2:19) » est un court extrait qui présente le style « non professionnel » du film sans trace de postproduction.
La bande-annonce du film complète cette section.
Conclusion
Drôle, quelque peu obscène et touchant, Tangerine a été le chouchou des critiques américaines et pour cause : non seulement il se pose à lavant-garde en mettant en scène deux personnages transgenres à lavant-plan, mais ces ceux-ci sont interprétés par deux actrices transgenres amateures, mais dont le jeu transmet un réalisme déroutant. Il faut saluer également la démarche du cinéaste Sean Baker qui, avec quelques iPhone 5s, a réussi à traduire lunivers de ces deux travailleuses du sexe.
Lédition est techniquement très bonne. Le transfert vidéo rend avec justesse le rendu visuel du film alors que le mixage 5.1 est dynamique et solide. Les suppléments sont très informatifs et permettent de cerner avec plus de précision les conditions de la production. Il sagit certainement dune édition recommandée, dautant plus quune édition en format Blu-ray est également disponible.
Rarement une année cinématographique naura autant fait place aux personnages transgenres. Alors que le Toronto International Film Festival (TIFF) a présenté About Ray de Gaby Dellal, où une jeune fille révèle à sa mère et sa grand-mère que son corps devrait être celui dun garçon, et The Danish Girl de Tom Hooper qui vient de prendre laffiche au Québec - qui relate dans les années 30 le changement de sexe de Lily Elbe, la première femme transgenre, cest plutôt Tangerine, projeté en primeur au Festival de Film de Sundance en janvier 2015, qui a marqué les esprits cette année. Non seulement pour son choix dactrices transgenres dans les rôles principaux, mais aussi pour la proposition filmique audacieuse.
Le film suit Sin-Dee (Kitana Kiki Rodriguez) et Alexandra (Mya Taylor), deux travailleuses du sexe, la veille de Noël à Tinseltown. La première vient de terminer une sentence de 28 jours en prison et recherche Chester, son petit ami. Alex lui révèle que pendant son absence, Chester la trompé. En furie, Sin-Dee se donne comme mission déclaircir cette histoire en retrouvant Chester.
Outre lattrait ou la fascination que peut provoquer lembauche de deux actrices transgenres, Tangerine dépasse cette idée primaire de spectacle et offre deux personnages particulièrement attendrissants. Mais surtout, le jeu amateur de Rodriguez et de Taylor confère au film un aspect plus vraisemblable, plus réaliste. Le portrait qui découle de ce milieu quelque peu « trash » parait encore plus juste.
De plus, au-delà de cette attention autour des personnages et des actrices, le cinéaste Sean Baker choisit de dépeindre cet univers à partir dun iPhone 5s. Les images, colorées et magnifiques, demeurent cinématographiques tout en empruntant une dimension documentaire plutôt saisissante. Cest pourtant le montage de Baker, agressif et syncopé qui permet à Tangerine dépouser de manière définitive lenvironnement imprévisible de ses deux sujets.
Il en résulte un film étonnamment très divertissant, oscillant souvent entre drame et comédie. Les personnages colorés et empathiques, les situations grotesques et absurdes la séquence finale réunissant tous les personnages est à ce titre un bijou dhilarité -, et le traitement jamais complaisant ni moralisateur de la caméra font de Tangerine beaucoup plus quun film-évènement. Une fois le malaise que peut provoquer la prémisse de départ passé, le spectateur découvre un univers cruel, mais jamais pathétique. Il y découvre aussi et bien avant toute chose une touchante histoire damitié.
Image
Limage est offerte au format respecté de 2:35:1 daprès un transfert 16:9.
Comme mentionné précédemment, le film a été tourné avec trois iPhone 5s. Et il faut avouer quen plus des « correctifs » apportés en postproduction, la qualité de limage est plutôt remarquable. Malgré quelques effets de flous, limage affiche netteté et précision. Il en va de même pour les détails et les textures qui sont reproduits avec finesse. Le rendu des couleurs est particulièrement éclatant. Le travail sur la lumière (naturelle) du cinéaste Sean S. Baker et de son directeur photo Radium Cheung est immortalisé avec grâce. Les couleurs sont riches et précises. Les tons de peaux demeurent aussi naturels. Tout effet de surbrillance est évité grâce à des contrastes parfaitement gérés. Les parties sombres, prédominantes dans la seconde moitié du film, sont aussi parfaitement rendues. Les dégradés y sont fluides et précis tandis que les noirs font preuve de pureté et de profondeur.
En ce qui concerne la partie numérique, le transfert se sauve de tout défaut majeur apparent.
Son
Une seule bande-son au format Dolby Digital 5.1 en version originale anglaise est offerte.
Consistant en grande partie de prises de son directes, la bande-son fait preuve dune étonnante présence et dun solide dynamisme. Les ouvertures latérale et frontale sont claires et précises tandis que les enceintes arrière appuient adéquatement les ambiances. Elles contribuent également à quelques effets dambiophonie qui assurent une meilleure immersion dans lunivers du film. Les dialogues demeurent généralement intelligibles. Laspect « documentaire » du film rend à certains moments les répliques moins claires, mais il sagit plutôt dun débat lié au style du film et non au transfert. La trame sonore, composée à la fois de morceaux électroniques et dautres classiques par exemple de Beethoven -, sintègre avec énergie au mixage. Cette dernière profite dailleurs des basses fréquences qui lappuient avec une belle profondeur. Le canal dextrêmes graves est sollicité aussi à plusieurs occasions et gronde avec lefficacité appropriée.
Il y a option de sous-titrage en anglais, français et espagnol.
Suppléments/menus
Nous retrouvons dabord « Catching Up with Kiki & Mya : Experiences, Characters and the Big Screen (10:15) » un sympathique et court segment où les deux actrices du film parlent de leur expérience de tournage. Elles abordent aussi le rapport de vraisemblance du film avec le milieu de la prostitution à Los Angeles.
« Walking the Streets : Exploring the Story & Production (18:01) » regroupe les interventions des acteurs, du cinéaste Sean Baker et des artisans. Ils évoquent les différentes étapes de production du film avec beaucoup dinformations.
« Finding the Actors : Completing the Cast of Tangerine (20:35) » est un autre segment très informatif sur la distribution. On sattarde plus particulièrement aux acteurs secondaires. À ce propos, on y découvre la manière dont le choix des acteurs arméniens a été attribué.
Enfin, « Tangerine Visual Style (2:19) » est un court extrait qui présente le style « non professionnel » du film sans trace de postproduction.
La bande-annonce du film complète cette section.
Conclusion
Drôle, quelque peu obscène et touchant, Tangerine a été le chouchou des critiques américaines et pour cause : non seulement il se pose à lavant-garde en mettant en scène deux personnages transgenres à lavant-plan, mais ces ceux-ci sont interprétés par deux actrices transgenres amateures, mais dont le jeu transmet un réalisme déroutant. Il faut saluer également la démarche du cinéaste Sean Baker qui, avec quelques iPhone 5s, a réussi à traduire lunivers de ces deux travailleuses du sexe.
Lédition est techniquement très bonne. Le transfert vidéo rend avec justesse le rendu visuel du film alors que le mixage 5.1 est dynamique et solide. Les suppléments sont très informatifs et permettent de cerner avec plus de précision les conditions de la production. Il sagit certainement dune édition recommandée, dautant plus quune édition en format Blu-ray est également disponible.
Qualité vidéo:
4,1/5
Qualité audio:
4,0/5
Suppléments:
3,8/5
Rapport qualité/prix:
3,7/5
Note finale:
3,9/5
Auteur: Frédéric Bouchard
Date de publication: 2016-01-02
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur LG 37LG30, Lecteur Blu-Ray Sony (BDPS350), Récepteur JVC TH-A30
Date de publication: 2016-01-02
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur LG 37LG30, Lecteur Blu-Ray Sony (BDPS350), Récepteur JVC TH-A30