Amy

Critique
Synopsis/présentation
Amy Winehouse, chanteuse à la voix rauque et aux accents soul devenus à la fois une starlette pop idolâtrée et le sujet de prédilection de journaux à potins, est tragiquement décédée à 27 ans suite à intoxication de substances alcooliques à Camden dans le nord de Londres. Objet de fascination pour plusieurs, icône jazz pour dautres, la jeune vedette a marqué limaginaire populaire par sa musique, son look et ses déboires. Comment rendre justice à la fois au personnage, à la femme, mais aussi à la voix quétait Winehouse ? La réponse, juste et déchirante, provient dAsif Kapadia (Senna). Il a fait dAmy, un film-évènement, réussissant à le propulser au rang de documentaire anglais le plus rentable de lhistoire.
Acclamé mondialement par la critique, mais décrié par les proches de la chanteuse notamment son père qui dénonce férocement son rôle dans cette « version » de lhistoire le long métrage propose de retracer le parcours de la jeune femme de ses débuts à 14 ans jusquà sa triste mort le 23 juillet 2011. Pour y parvenir, le cinéaste utilise un stratège simple et qui déploie son efficacité en subtilité : les interventions sont données par la voix. Aucun visage, aucune silhouette, sauf celles ayant jouées des rôles de premier plan dans le destin de Winehouse, que des entretiens téléphoniques enregistrés ou des conversations captées par un magnétophone. Lessentiel demeure. Malgré tous les ragots, malgré le drame, malgré le sombre dessein, cest la chanteuse et personne dautre qui est au cur du récit que raconte Kapadia.
Son film sattarde beaucoup sur les problèmes de toxicomanie de la jeune femme. Les images que présente le réalisateur sont souvent jumeler à un discours terrible rendant la tragédie de Winehouse encore plus déchirante. La séquence où la chanteuse remporte un prix Grammy devant son entourage juxtaposé au témoignage de sa copine qui révèle que Winehouse sennuyait sans les drogues à ce moment est un exemple bouleversant du quotidien qui pesait sur elle.
Ce qui se dessine au fil du récit est la désolante impuissance dune jeune femme devant une célébrité quelle redoutait depuis le début et qui la dévore sous nos yeux. Les responsables sont multiples, mais ne sont pas définitifs. Sans nécessairement pointer du doigt un parti ou lautre, le cinéaste démontre plutôt que personne ne veut accepter le blâme de cette perte. Mais Kapadia ne joue pas du tout au moraliste. Bien au contraire, il expose la sombre ironie de ce parcours. Et labsurdité de cette déchéance.
Ultimement, Kapadia célèbre Amy Winehouse. Il noublie jamais de rappeler le talent brut quelle représentait aux yeux de plusieurs. Son écriture passionnée, torturée et expiatoire est aussi soulignée de même que cette voix inimitable qui habite tout le documentaire tel un trésor perdu. Si on parle dAmy comme du documentaire de lannée, cest que le réalisateur a réussi à pénétrer au-delà du mythe. Il propose un portrait dune jeune femme immensément talentueuse, qui na pu vaincre lemprise de ses pervers démons.
Image
Limage est offerte au format respecté de 1:85:1 à une résolution de 1080p.
Naturellement, les sources dimages varient à tout moment. Vidéos amateurs, extraits télévisuels, moments captés en coulisses ou plus simplement un gros plan sur une photo, la qualité de limage nest jamais la même. Si par moments limage trahit son origine vidéo ou amateure par un rendu peu attrayant ou encore un grain très prononcé, le transfert reproduit néanmoins laspect hétéroclite du documentaire, choix intentionnel du cinéaste. Les détails et les textures sont alors reproduits avec la précision appropriée alors que le rendu des couleurs est généralement excellent. Encore une fois, si ces dernières suggèrent des tonalités « délavées », il sagit bel et bien de situations liées au matériel source et non pas au transfert. Les effets de surbrillance sont évités grâce à des contrastes parfaitement gérés. Les parties sombres sont aussi très bien rendues, selon le cas. Les noirs sont purs et profonds alors que les dégradés demeurent fluides et précis.
Aucun défaut majeur à signaler en ce qui concerne la partie numérique du transfert.
Son
Une seule bande son au Master Audio DTS-HD en version originale anglaise est disponible.
Tout comme le transfert vidéo, le mixage reproduit une variété de sources sonores. Conversations téléphoniques, extraits dentretiens ou encore souvenirs captés, la bande son reproduit avec fidélité ces divers moments. Cela confère à lensemble un dynamisme maîtrisé. Le déploiement du champ sonore se limite cependant et souvent aux ouvertures frontale et latérale. Par contre, lors de certains moments, les enceintes arrière parviennent à faire davantage quappuyer très sobrement les ambiances. Les dialogues demeurent constamment et parfaitement intelligibles tandis que la trame sonore (les morceaux, mais aussi les performances de Winehouse) sintègre harmonieusement au mixage. Cette dernière profite dailleurs des basses fréquences qui grondent avec une profondeur certaine. Quant au canal dextrêmes graves, son utilisation est complètement anecdotique.
Il y a option de sous-titrage en anglais et en français.
Suppléments/menus
Nous retrouvons dabord une piste de commentaires audio animée par le réalisateur Asif Kapadia, le producteur James Gay-Rees et le monteur Chris King. Tous les trois demeurent pertinents dans leurs interventions, précisant notamment la genèse du projet, doù proviennent certaines photos ainsi que leur fascination pour leur sujet. Cest pourtant Kapadia qui offre les moments les plus intéressants, justifiant souvent ses choix artistiques et confirmant son amour sincère pour la chanteuse.
Nous retrouvons aussi « Previously unseen footage (32 :37) » qui agit comme un montage de scènes supprimées. En effet, le segment qui peut être visionné en six parties offre des moments inédits non présentés dans le long métrage, comme par exemple un enregistrement dAmy Winehouse avec le groupe Massive Attack.
Il y a aussi la possibilité de visionner « Metropolis Studio Performance (14:07) » qui, comme son titre lindique, est une session acoustique captée en 2006 où Winehouse chante « Rehab », « Love is a Losing Game » et « You Know Im No Good ». Les trois morceaux peuvent être visionnés séparément.
Enfin, disponible uniquement sur lédition Blu-ray est un montage dentretiens avec yasiin bey, Mark Ronson, Salaam Remi et Joois Holland (53:51). Très émouvants, chacun se souvient de sa rencontre avec la chanteuse, témoignent du personnage, relatent des anecdotes et soulignent aussi son immense talent
Conclusion
Tragique, déchirant et terriblement émouvant, Amy
Lédition reproduit les contraintes posées par les différentes sources dimages et de son. Le transfert vidéo ainsi que le mixage DTS-HD brillent alors par leur fidélité. Les suppléments, nombreux et très pertinents, contribuent à préciser les intentions derrière luvre et à réaffirmer le talent dAmy Winehouse.
Amy Winehouse, chanteuse à la voix rauque et aux accents soul devenus à la fois une starlette pop idolâtrée et le sujet de prédilection de journaux à potins, est tragiquement décédée à 27 ans suite à intoxication de substances alcooliques à Camden dans le nord de Londres. Objet de fascination pour plusieurs, icône jazz pour dautres, la jeune vedette a marqué limaginaire populaire par sa musique, son look et ses déboires. Comment rendre justice à la fois au personnage, à la femme, mais aussi à la voix quétait Winehouse ? La réponse, juste et déchirante, provient dAsif Kapadia (Senna). Il a fait dAmy, un film-évènement, réussissant à le propulser au rang de documentaire anglais le plus rentable de lhistoire.
Acclamé mondialement par la critique, mais décrié par les proches de la chanteuse notamment son père qui dénonce férocement son rôle dans cette « version » de lhistoire le long métrage propose de retracer le parcours de la jeune femme de ses débuts à 14 ans jusquà sa triste mort le 23 juillet 2011. Pour y parvenir, le cinéaste utilise un stratège simple et qui déploie son efficacité en subtilité : les interventions sont données par la voix. Aucun visage, aucune silhouette, sauf celles ayant jouées des rôles de premier plan dans le destin de Winehouse, que des entretiens téléphoniques enregistrés ou des conversations captées par un magnétophone. Lessentiel demeure. Malgré tous les ragots, malgré le drame, malgré le sombre dessein, cest la chanteuse et personne dautre qui est au cur du récit que raconte Kapadia.
Son film sattarde beaucoup sur les problèmes de toxicomanie de la jeune femme. Les images que présente le réalisateur sont souvent jumeler à un discours terrible rendant la tragédie de Winehouse encore plus déchirante. La séquence où la chanteuse remporte un prix Grammy devant son entourage juxtaposé au témoignage de sa copine qui révèle que Winehouse sennuyait sans les drogues à ce moment est un exemple bouleversant du quotidien qui pesait sur elle.
Ce qui se dessine au fil du récit est la désolante impuissance dune jeune femme devant une célébrité quelle redoutait depuis le début et qui la dévore sous nos yeux. Les responsables sont multiples, mais ne sont pas définitifs. Sans nécessairement pointer du doigt un parti ou lautre, le cinéaste démontre plutôt que personne ne veut accepter le blâme de cette perte. Mais Kapadia ne joue pas du tout au moraliste. Bien au contraire, il expose la sombre ironie de ce parcours. Et labsurdité de cette déchéance.
Ultimement, Kapadia célèbre Amy Winehouse. Il noublie jamais de rappeler le talent brut quelle représentait aux yeux de plusieurs. Son écriture passionnée, torturée et expiatoire est aussi soulignée de même que cette voix inimitable qui habite tout le documentaire tel un trésor perdu. Si on parle dAmy comme du documentaire de lannée, cest que le réalisateur a réussi à pénétrer au-delà du mythe. Il propose un portrait dune jeune femme immensément talentueuse, qui na pu vaincre lemprise de ses pervers démons.
Image
Limage est offerte au format respecté de 1:85:1 à une résolution de 1080p.
Naturellement, les sources dimages varient à tout moment. Vidéos amateurs, extraits télévisuels, moments captés en coulisses ou plus simplement un gros plan sur une photo, la qualité de limage nest jamais la même. Si par moments limage trahit son origine vidéo ou amateure par un rendu peu attrayant ou encore un grain très prononcé, le transfert reproduit néanmoins laspect hétéroclite du documentaire, choix intentionnel du cinéaste. Les détails et les textures sont alors reproduits avec la précision appropriée alors que le rendu des couleurs est généralement excellent. Encore une fois, si ces dernières suggèrent des tonalités « délavées », il sagit bel et bien de situations liées au matériel source et non pas au transfert. Les effets de surbrillance sont évités grâce à des contrastes parfaitement gérés. Les parties sombres sont aussi très bien rendues, selon le cas. Les noirs sont purs et profonds alors que les dégradés demeurent fluides et précis.
Aucun défaut majeur à signaler en ce qui concerne la partie numérique du transfert.
Son
Une seule bande son au Master Audio DTS-HD en version originale anglaise est disponible.
Tout comme le transfert vidéo, le mixage reproduit une variété de sources sonores. Conversations téléphoniques, extraits dentretiens ou encore souvenirs captés, la bande son reproduit avec fidélité ces divers moments. Cela confère à lensemble un dynamisme maîtrisé. Le déploiement du champ sonore se limite cependant et souvent aux ouvertures frontale et latérale. Par contre, lors de certains moments, les enceintes arrière parviennent à faire davantage quappuyer très sobrement les ambiances. Les dialogues demeurent constamment et parfaitement intelligibles tandis que la trame sonore (les morceaux, mais aussi les performances de Winehouse) sintègre harmonieusement au mixage. Cette dernière profite dailleurs des basses fréquences qui grondent avec une profondeur certaine. Quant au canal dextrêmes graves, son utilisation est complètement anecdotique.
Il y a option de sous-titrage en anglais et en français.
Suppléments/menus
Nous retrouvons dabord une piste de commentaires audio animée par le réalisateur Asif Kapadia, le producteur James Gay-Rees et le monteur Chris King. Tous les trois demeurent pertinents dans leurs interventions, précisant notamment la genèse du projet, doù proviennent certaines photos ainsi que leur fascination pour leur sujet. Cest pourtant Kapadia qui offre les moments les plus intéressants, justifiant souvent ses choix artistiques et confirmant son amour sincère pour la chanteuse.
Nous retrouvons aussi « Previously unseen footage (32 :37) » qui agit comme un montage de scènes supprimées. En effet, le segment qui peut être visionné en six parties offre des moments inédits non présentés dans le long métrage, comme par exemple un enregistrement dAmy Winehouse avec le groupe Massive Attack.
Il y a aussi la possibilité de visionner « Metropolis Studio Performance (14:07) » qui, comme son titre lindique, est une session acoustique captée en 2006 où Winehouse chante « Rehab », « Love is a Losing Game » et « You Know Im No Good ». Les trois morceaux peuvent être visionnés séparément.
Enfin, disponible uniquement sur lédition Blu-ray est un montage dentretiens avec yasiin bey, Mark Ronson, Salaam Remi et Joois Holland (53:51). Très émouvants, chacun se souvient de sa rencontre avec la chanteuse, témoignent du personnage, relatent des anecdotes et soulignent aussi son immense talent
Conclusion
Tragique, déchirant et terriblement émouvant, Amy
Lédition reproduit les contraintes posées par les différentes sources dimages et de son. Le transfert vidéo ainsi que le mixage DTS-HD brillent alors par leur fidélité. Les suppléments, nombreux et très pertinents, contribuent à préciser les intentions derrière luvre et à réaffirmer le talent dAmy Winehouse.
Qualité vidéo:
4,1/5
Qualité audio:
3,9/5
Suppléments:
4,0/5
Rapport qualité/prix:
3,8/5
Note finale:
3,9/5
Auteur: Frédéric Bouchard
Date de publication: 2015-11-26
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur LG 37LG30, Lecteur Blu-Ray Sony (BDPS350), Récepteur JVC TH-A30
Date de publication: 2015-11-26
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur LG 37LG30, Lecteur Blu-Ray Sony (BDPS350), Récepteur JVC TH-A30