Spring

Critique
Synopsis/présentation
Projeté en première au Festival de Film de Toronto en 2014, ce deuxième long métrage de Justin Benson et Aaron Moorhead contribue à une nouvelle tendance du cinéma dhorreur américain, amorcée avec It Follows de David Robert Mitchell, où une caméra plus posée et empreinte dune certaine nostalgie permet doffrir aux amateurs du genre une alternative constituée dun réel cinéma dauteur, assurant finalement au cinéma dépouvante un respect amplement et depuis longtemps mérité.
Spring raconte lhistoire dEvan (Lou Taylor Pucci), un jeune Américain qui a sacrifié sa vie pour demeurer au chevet de sa mère cancéreuse. Au lendemain du décès de cette dernière, le jeune homme prend lavion pour lItalie où il fait la rencontre de la séduisante et mystérieuse Louise (Nadia Hilker). Alors quune chimie sinstalle entre les deux, Evan va découvrir que Louise cache un très étonnant secret.
De cette prémisse familière et convenue, les deux cinéastes construisent un récit aux antipodes de ce que lon pourrait attendre du genre. Leur caméra met en place confortablement lidylle entre les deux amoureux avant de faire basculer le récit avec la révélation de Louise. Benson et Moorhead assument pleinement le cliché de « lAméricain en Europe qui tombe amoureux dune belle étrangère » et le rende subversif avec juste assez de sensibilité et daudace pour créer deux personnages extrêmement attachants et une mythologie fort fascinante.
Le nom de Richard Linklater qui revient souvent pour citer les influences des deux réalisateurs nest pas anodin. Spring rappelle beaucoup plus Before Sunrise et Before Sunset du cinéaste culte plutôt quHostel dEli Roth. Cest la structure axée sur les échanges et lintimité partagées entre ces deux inconnus qui intéresse Benson et Moorhead, bien davantage que le danger potentiel que peut représenter Louise. Si la première partie du film peut paraître plus lente et plus insaisissable, la deuxième partie qui fait suite à la découverte du secret de Louise déstabilise et stimule la réflexion. Puis, lentement, les liens se resserrent, lintimité se précise et lorsque la conclusion arrive, le spectateur est bouleversé. Les deux cinéastes sont visiblement de grands romantiques. Et même si Spring rappelle les Let the Right One In du genre, il parvient à se distinguer par une vision singulière, axée sur lexpérience humaine où lhorreur devient le catalyseur des possibilités, dun renouveau.
Image
Le film est offert au format dimage respectée de 2.40:1 daprès une résolution de 1080p.
Le film ayant été tourné en numérique, limage affiche une définition générale des plus remarquables. Détails et textures sont reproduits avec finesse et précision tandis que le rendu des couleurs reproduit fidèlement les intentions des cinéastes. Ces dernières demeurent justes, pleinement saturées et ne présentant aucun problème de débordement. Les paysages dItalie ainsi que le travail de direction photo de Moorhead sur la lumière naturelle sont ici brillamment reproduits. Les contrastes sont parfaitement gérés et tout effet de surbrillance est ainsi évité. Les dégradés sont fluides et précis offrant des parties sombres dignement reproduites. Des noirs purs et profonds complètent ce transfert.
La partie numérique se sauve de tout défaut majeur apparent.
Son
Une bande son au format Dolby TrueHD 5.1 est offerte en version originale anglaise.
Le mixage évolue ici en retrait. Malgré un environnement sonore discret, le dynamisme est bien et la présence fort convaincante. Le déploiement du champ sonore seffectue de manière assez conventionnelle : les ouvertures frontale et latérale sont claires tandis que les enceintes arrière appuient convenablement les ambiances. Elles proposent même de saisissants effets dambiophonie, notamment lors des séquences de « transformation » de Louise où les sons de craquement, où la viscosité des corps est perceptible. Les dialogues demeurent constamment et parfaitement audibles alors que la trame sonore signée par Jimmy LaValle sintègre merveilleusement au mixage. Les basses fréquences sont entendues à quelques occasions et grondent avec la profondeur appropriée. Le canal dextrêmes graves se manifeste, quant à lui, de manière complètement anecdotique.
Il y a option de sous-titrage en anglais et en espagnol.
Suppléments/menus
Nous retrouvons dabord une piste de commentaires audio animée par les deux réalisateurs Justin Benson et Aaron Moorhead. Les interventions du duo demeurent toujours pertinentes mettant surtout laccent sur le travail des comédiens, sur la construction des scènes et sur leurs intentions.
Un fascinant documentaire « The Making of SPRING (1:10:11) » se démarque du lot. Composé dentretiens, mais aussi dextraits de tournage, ce documentaire fait le tour complet des différentes étapes de la production du film, du scénario jusquà la postproduction en passant par le tournage, le repérage, etc.
Deux scènes supprimées (3:44) sont aussi offertes, mais ne sont en fait que des versions allongées de séquences déjà présentes dans le montage final.
Viennent ensuite une série de courts segments : « SFX Case Studies (1:22) » retrace la construction dune séquence où les effets spéciaux sont le plus réussis, « Proof of Concept (2:16) » est un sketch conçu par Benson et Moorhead destiné à convaincre les producteurs dinvestir dans leur projet, « Alternate Ending (3:45) » est en fait une célébration comique de la fin de tournage, « Toronto Film Festival Promo (1:26) » est un autre segment promotionnel développé par les deux cinéastes et qui démontrent leur côté humoristique, « Note (1 :56) » est une sorte de bêtisier dune séquence où le personnage dEvan remet une note à Louise, « The Talented Mr. Evan (1 :33) » est un clin doeil au film The Talented Mr.Ripley, « Angelo, the Worst Farmer (2:05) » où lon critique les techniques agricoles dAngelo, personnage du film qui héberge Evan, « Wankster Girlfriend Monologue » est la tirade dun des personnages brièvement aperçu dans les premières minutes du film, et « Evan Ti Odio (3:59)» où un villageois nommé Filippo devient le rival dEvan, en noir et blanc !
Conclusion
Émouvant, intriguant et juste assez horrifiant, Spring est un long métrage que les amateurs de cinéma dhorreur plus modeste, voire dauteur, ne voudrons pas manquer. Les cinéastes Justin Benson et Aaron Moorhear proposent une vision assez unique qui empruntent à plusieurs grands noms du cinéma et transcendent ces références pour proposer un récit aux accents romantiques particulièrement bouleversant.
Techniquement remarquable, lédition reproduit les intentions des cinéastes tant dans la photographie travaillée en lumière naturelle que dans lenvironnement sonore subtil. Les suppléments sont nombreux et surtout informatifs et pertinents, en plus de montrer le sens de lhumour décapant des deux réalisateurs. Voilà une superbe édition parfaitement recommandable.
Projeté en première au Festival de Film de Toronto en 2014, ce deuxième long métrage de Justin Benson et Aaron Moorhead contribue à une nouvelle tendance du cinéma dhorreur américain, amorcée avec It Follows de David Robert Mitchell, où une caméra plus posée et empreinte dune certaine nostalgie permet doffrir aux amateurs du genre une alternative constituée dun réel cinéma dauteur, assurant finalement au cinéma dépouvante un respect amplement et depuis longtemps mérité.
Spring raconte lhistoire dEvan (Lou Taylor Pucci), un jeune Américain qui a sacrifié sa vie pour demeurer au chevet de sa mère cancéreuse. Au lendemain du décès de cette dernière, le jeune homme prend lavion pour lItalie où il fait la rencontre de la séduisante et mystérieuse Louise (Nadia Hilker). Alors quune chimie sinstalle entre les deux, Evan va découvrir que Louise cache un très étonnant secret.
De cette prémisse familière et convenue, les deux cinéastes construisent un récit aux antipodes de ce que lon pourrait attendre du genre. Leur caméra met en place confortablement lidylle entre les deux amoureux avant de faire basculer le récit avec la révélation de Louise. Benson et Moorhead assument pleinement le cliché de « lAméricain en Europe qui tombe amoureux dune belle étrangère » et le rende subversif avec juste assez de sensibilité et daudace pour créer deux personnages extrêmement attachants et une mythologie fort fascinante.
Le nom de Richard Linklater qui revient souvent pour citer les influences des deux réalisateurs nest pas anodin. Spring rappelle beaucoup plus Before Sunrise et Before Sunset du cinéaste culte plutôt quHostel dEli Roth. Cest la structure axée sur les échanges et lintimité partagées entre ces deux inconnus qui intéresse Benson et Moorhead, bien davantage que le danger potentiel que peut représenter Louise. Si la première partie du film peut paraître plus lente et plus insaisissable, la deuxième partie qui fait suite à la découverte du secret de Louise déstabilise et stimule la réflexion. Puis, lentement, les liens se resserrent, lintimité se précise et lorsque la conclusion arrive, le spectateur est bouleversé. Les deux cinéastes sont visiblement de grands romantiques. Et même si Spring rappelle les Let the Right One In du genre, il parvient à se distinguer par une vision singulière, axée sur lexpérience humaine où lhorreur devient le catalyseur des possibilités, dun renouveau.
Image
Le film est offert au format dimage respectée de 2.40:1 daprès une résolution de 1080p.
Le film ayant été tourné en numérique, limage affiche une définition générale des plus remarquables. Détails et textures sont reproduits avec finesse et précision tandis que le rendu des couleurs reproduit fidèlement les intentions des cinéastes. Ces dernières demeurent justes, pleinement saturées et ne présentant aucun problème de débordement. Les paysages dItalie ainsi que le travail de direction photo de Moorhead sur la lumière naturelle sont ici brillamment reproduits. Les contrastes sont parfaitement gérés et tout effet de surbrillance est ainsi évité. Les dégradés sont fluides et précis offrant des parties sombres dignement reproduites. Des noirs purs et profonds complètent ce transfert.
La partie numérique se sauve de tout défaut majeur apparent.
Son
Une bande son au format Dolby TrueHD 5.1 est offerte en version originale anglaise.
Le mixage évolue ici en retrait. Malgré un environnement sonore discret, le dynamisme est bien et la présence fort convaincante. Le déploiement du champ sonore seffectue de manière assez conventionnelle : les ouvertures frontale et latérale sont claires tandis que les enceintes arrière appuient convenablement les ambiances. Elles proposent même de saisissants effets dambiophonie, notamment lors des séquences de « transformation » de Louise où les sons de craquement, où la viscosité des corps est perceptible. Les dialogues demeurent constamment et parfaitement audibles alors que la trame sonore signée par Jimmy LaValle sintègre merveilleusement au mixage. Les basses fréquences sont entendues à quelques occasions et grondent avec la profondeur appropriée. Le canal dextrêmes graves se manifeste, quant à lui, de manière complètement anecdotique.
Il y a option de sous-titrage en anglais et en espagnol.
Suppléments/menus
Nous retrouvons dabord une piste de commentaires audio animée par les deux réalisateurs Justin Benson et Aaron Moorhead. Les interventions du duo demeurent toujours pertinentes mettant surtout laccent sur le travail des comédiens, sur la construction des scènes et sur leurs intentions.
Un fascinant documentaire « The Making of SPRING (1:10:11) » se démarque du lot. Composé dentretiens, mais aussi dextraits de tournage, ce documentaire fait le tour complet des différentes étapes de la production du film, du scénario jusquà la postproduction en passant par le tournage, le repérage, etc.
Deux scènes supprimées (3:44) sont aussi offertes, mais ne sont en fait que des versions allongées de séquences déjà présentes dans le montage final.
Viennent ensuite une série de courts segments : « SFX Case Studies (1:22) » retrace la construction dune séquence où les effets spéciaux sont le plus réussis, « Proof of Concept (2:16) » est un sketch conçu par Benson et Moorhead destiné à convaincre les producteurs dinvestir dans leur projet, « Alternate Ending (3:45) » est en fait une célébration comique de la fin de tournage, « Toronto Film Festival Promo (1:26) » est un autre segment promotionnel développé par les deux cinéastes et qui démontrent leur côté humoristique, « Note (1 :56) » est une sorte de bêtisier dune séquence où le personnage dEvan remet une note à Louise, « The Talented Mr. Evan (1 :33) » est un clin doeil au film The Talented Mr.Ripley, « Angelo, the Worst Farmer (2:05) » où lon critique les techniques agricoles dAngelo, personnage du film qui héberge Evan, « Wankster Girlfriend Monologue » est la tirade dun des personnages brièvement aperçu dans les premières minutes du film, et « Evan Ti Odio (3:59)» où un villageois nommé Filippo devient le rival dEvan, en noir et blanc !
Conclusion
Émouvant, intriguant et juste assez horrifiant, Spring est un long métrage que les amateurs de cinéma dhorreur plus modeste, voire dauteur, ne voudrons pas manquer. Les cinéastes Justin Benson et Aaron Moorhear proposent une vision assez unique qui empruntent à plusieurs grands noms du cinéma et transcendent ces références pour proposer un récit aux accents romantiques particulièrement bouleversant.
Techniquement remarquable, lédition reproduit les intentions des cinéastes tant dans la photographie travaillée en lumière naturelle que dans lenvironnement sonore subtil. Les suppléments sont nombreux et surtout informatifs et pertinents, en plus de montrer le sens de lhumour décapant des deux réalisateurs. Voilà une superbe édition parfaitement recommandable.
Qualité vidéo:
4,5/5
Qualité audio:
4,3/5
Suppléments:
4,0/5
Rapport qualité/prix:
4,1/5
Note finale:
4,1/5
Auteur: Frédéric Bouchard
Date de publication: 2015-07-18
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur LG 37LG30, Lecteur Blu-Ray Sony (BDPS350), Récepteur JVC TH-A30
Date de publication: 2015-07-18
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur LG 37LG30, Lecteur Blu-Ray Sony (BDPS350), Récepteur JVC TH-A30