Snowpiercer

Critique
Synopsis/présentation
Pour la petite histoire, Snowpiercer a eu droit à un accouchement difficile. Les frères Weinstein ont acquis les droits en 2012. Après les premières projections en Corée du sud en 2013, les deux producteurs ont exigé de modifier le montage final du cinéaste Bong Joon-Ho, prétextant que le film nétait pas présentable à un public nord-américain. Lentêtement du réalisateur et la passion des admirateurs qui ont signé une pétition en ligne ont permis la distribution du film en territoire américain, mais en sortie limitée. Ici, il na été projeté quau Cinéma du Parc. De plus, quelques semaines plus tard, les cinéphiles pouvaient visionner le film en vidéo sur demande, où il a fait exploser les records de téléchargements, prouvant lengouement réel autour de luvre.
Basé sur la bande dessinée Le Transperçeneige de Jacques Lob, Benjamin Legrand et Jean-Marc Rochette, le long métrage de Bong propose un monde post-apocalyptique où un hiver éternel confine les derniers survivants de la planète dans un train qui roule sans fin autour du monde. Grâce à un tirage au sort, chaque passager hérite dune place dans les wagons, les moins chanceux sont à larrière à vivre de manière pitoyable alors que dautres font la fête, se nourrissent de sushis et sont aux petits soins. Curtis (Chris Evans) fait partie de la queue du train et prévoit, en compagnie de ses acolytes Edgar (Jamie Bell) et Gilliam (John Hurt), de déjouer la sécurité pour rejoindre la locomotive du train de perturber lordre établi par Wilford (Ed Harris) le concepteur et propriétaire du train.
Visuellement, le cinéaste coréen na rien perdu de son flair et confirme son amour sincère et palpable pour les univers de science-fiction. Faisant suite à lexcellent The Host (2006) et au drame plus introspectif Mother (2009), Gong fait incursion à Hollywood en demeurant en parfait contrôle de son uvre. Sans dévoiler les surprises qui attendent Curtis et sa bande au fur et à mesure quils avancent vers la locomotive, on peut comprendre les frères Weinstein davoir été un peu frileux devant les nombreux risques que prend le film. Dun autre côté, sans lobstination du cinéaste, Snowpiercer saffranchit considérablement du créneau américain tout en bénéficiant de ses moyens. En effet, derrière la distribution impressionnante (Tilda Swinton, Octavia Spencer et Song Kang-Ho vu dans The Host rejoignent Evans, Bell, Hurt et Harris) et les scènes daction assez violentes se cache une uvre aux zones grises bien dessinées. Curtis, ce héros quon a destiné au rôle de meneur dhommes, nest pas aussi irréprochable quil y parait. Cela est sans compter sur lévidente, mais percutante allégorie du train comme symbole du monde moderne. À ce titre, Bong nhésite pas à expliciter les questions inhérentes à sa prémisse fascinante, particulièrement dans ce terrible face-à-face qui sert de dénouement.
Lesthétique léchée du cinéaste et la violence soutenue du long métrage ont par contre létrange effet, tout comme cétait le cas avec The Host, de limiter Snowpiercer à un « film de genre ». Ce serait évidemment réducteur de prétendre que Bong Joon-Ho cherchait à néblouir que le cinéphile. Le cinéaste offre une uvre hybride, où clairement son style demeure léché, contemplatif et parfaitement sans jamais faire dans le tape-à-lil comme ça pourrait être le cas avec un certain Michael Bay et où ce sont ses personnages colorés et complexes qui proposent une réelle alternative aux productions américaines mercantiles ce qui, de toute évidence, était le souhait des frères Weinstein : dénaturer luvre dun cinéaste unique.
Image
Le film est offert au format dimage respectée de 1:85:1 à une résolution de 1080p.
Voilà un magnifique transfert. Le budget limité de la production ne transparaît jamais. La définition générale de limage est tout simplement exceptionnelle. Toujours nette, limage affiche précision dans la reproduction des détails et des textures. Même si la première partie se déroule dans lobscurité et que ce sont les tons de gris qui priment, les parties sombres sont reproduites avec précision. Les noirs sont purs et profonds tandis que les dégradés sont fluides. Les couleurs plus vives et les paysages hivernaux, davantage présents dans la deuxième partie du film, sont reproduits avec autant de richesse et de précision alors que les tons de peaux demeurent naturels. Il ny a non plus aucun problème de surbrillance à noter, les contrastes demeurant parfaitement gérés.
En ce qui concerne la partie numérique, aucun défaut majeur nest à signaler.
Son
Trois bandes son au format DTS-HD Master Audio 5.1 sont offertes sur cette édition, lune en version originale anglaise, une autre en version française et une dernière en version coréenne.
Tout comme le transfert vidéo, le mixage DTS-HD original est époustouflant. Dynamique, énergique et excitant, la bande son offre une expérience immersive et intense. Outre le déploiement classique du champ sonore qui laisse entendre la majorité des éléments sonores à travers les ouvertures frontale et latérale, les enceintes arrière font plus quappuyer les ambiances. Les nombreux effets dambiophonie sont saisissants et prenants, plongeant le spectateur dès les premiers instants dans lunivers de ce train. Évidemment, les basses fréquences grondent à plusieurs occasions, notamment grâce aux sons des locomotives, mais aussi aux scènes daction et à la solide trame sonore. Il en va de même pour les extrêmes graves qui sont surtout sollicitées durant ces séquences plus violentes. Enfin, les dialogues demeurent constamment et parfaitement intelligibles.
Il y a option de sous-titrage en anglaise et en français.
Suppléments/menus
Puisque le cinéaste ne parle que le coréen, la piste de commentaires audio offerte sur le premier disque est animée par Scott Weinberg du site Geek Nation. Cinq intervenants sont rejoints par téléphone et discutent avec lui du film : James Rocchi de MSN Movies, William Goss de Austin Chronicles, Drew Mcweeny de Hitfix.com, Jennifer Yamato de Deadline et Peter S. Hall de Movies.com. Les cinq critiques sont très enthousiastes par rapport au film et commentent tour à tour sur différents aspects. Il sagit néanmoins dune piste un peu inhabituelle dans sa « structure », mais particulièrement intéressante.
Sur le deuxième disque, nous retrouvons dabord « Transperceneige : From the Blank Page to the Screen (54:27) » un documentaire pertinent et très informatif sur la génèse du film, où on traite aussi du passage de la bande-dessinée vers lécran ainsi que les intentions du cinéaste Bong Joon-Ho.
« The Birth of Snowpiercer (15:02) » se concentre surtout sur la production du film, son tournage, limportance de lhistoire, les décors. Un peu plus court, il demeure néanmoins intéressant.
« The Caracters (13:08) » comme son nom lindique propose de jeter un regard sur les différents personnages du film grâce aux entretiens des principaux acteurs du film.
Nous retrouvons également « Animated Prologue (4:31) », qui est un montage animée qui présente la montée à bord des personnages dans le train, « Chris Evans & Tilda Swinton on Snowpiercer (4:40), de facture plus promotionnelle où les deux acteurs donnent leur impression sur le film et leurs personnages, et enfin « The Train Brought to Life : Behind the Scenes of a Special Screening (8:06) » qui propose de jeter un coup de dil un peu superficiel sur la projection spéciale du film précédé par un tour de train.
Cest une galerie dimages conçues par différents artistes qui complètent cette généreuse section.
Conclusion
Assurément l'une des oeuvres les plus attendues et les plus fascinantes de l'année, Snowpiercer est le prétexte idéal pour acclamer le cinéaste coréen Bong Joon Ho comme un des grands de ce monde. Son long métrage, consolidant drame philosophique et fresque hollywoodienne épique, est la preuve irréfutable qu'il est possible d'offrir du divertissement intelligent de grande qualité, pourvu que le réalisateur conserve la liberté totale sur son oeuvre...
Voilà une édition techniquement excellente : le transfert vidéo est sublime et rend avec justesse le travail sur l'image alors que le mixage DTS-HD reproduit avec dynamisme et grâce l'univers du train. Les suppléments sont nombreux et intéressants, surtout la piste de commentaires audio où les différentes critiques analysent avec conviction le film. À ne pas manquer.
Pour la petite histoire, Snowpiercer a eu droit à un accouchement difficile. Les frères Weinstein ont acquis les droits en 2012. Après les premières projections en Corée du sud en 2013, les deux producteurs ont exigé de modifier le montage final du cinéaste Bong Joon-Ho, prétextant que le film nétait pas présentable à un public nord-américain. Lentêtement du réalisateur et la passion des admirateurs qui ont signé une pétition en ligne ont permis la distribution du film en territoire américain, mais en sortie limitée. Ici, il na été projeté quau Cinéma du Parc. De plus, quelques semaines plus tard, les cinéphiles pouvaient visionner le film en vidéo sur demande, où il a fait exploser les records de téléchargements, prouvant lengouement réel autour de luvre.
Basé sur la bande dessinée Le Transperçeneige de Jacques Lob, Benjamin Legrand et Jean-Marc Rochette, le long métrage de Bong propose un monde post-apocalyptique où un hiver éternel confine les derniers survivants de la planète dans un train qui roule sans fin autour du monde. Grâce à un tirage au sort, chaque passager hérite dune place dans les wagons, les moins chanceux sont à larrière à vivre de manière pitoyable alors que dautres font la fête, se nourrissent de sushis et sont aux petits soins. Curtis (Chris Evans) fait partie de la queue du train et prévoit, en compagnie de ses acolytes Edgar (Jamie Bell) et Gilliam (John Hurt), de déjouer la sécurité pour rejoindre la locomotive du train de perturber lordre établi par Wilford (Ed Harris) le concepteur et propriétaire du train.
Visuellement, le cinéaste coréen na rien perdu de son flair et confirme son amour sincère et palpable pour les univers de science-fiction. Faisant suite à lexcellent The Host (2006) et au drame plus introspectif Mother (2009), Gong fait incursion à Hollywood en demeurant en parfait contrôle de son uvre. Sans dévoiler les surprises qui attendent Curtis et sa bande au fur et à mesure quils avancent vers la locomotive, on peut comprendre les frères Weinstein davoir été un peu frileux devant les nombreux risques que prend le film. Dun autre côté, sans lobstination du cinéaste, Snowpiercer saffranchit considérablement du créneau américain tout en bénéficiant de ses moyens. En effet, derrière la distribution impressionnante (Tilda Swinton, Octavia Spencer et Song Kang-Ho vu dans The Host rejoignent Evans, Bell, Hurt et Harris) et les scènes daction assez violentes se cache une uvre aux zones grises bien dessinées. Curtis, ce héros quon a destiné au rôle de meneur dhommes, nest pas aussi irréprochable quil y parait. Cela est sans compter sur lévidente, mais percutante allégorie du train comme symbole du monde moderne. À ce titre, Bong nhésite pas à expliciter les questions inhérentes à sa prémisse fascinante, particulièrement dans ce terrible face-à-face qui sert de dénouement.
Lesthétique léchée du cinéaste et la violence soutenue du long métrage ont par contre létrange effet, tout comme cétait le cas avec The Host, de limiter Snowpiercer à un « film de genre ». Ce serait évidemment réducteur de prétendre que Bong Joon-Ho cherchait à néblouir que le cinéphile. Le cinéaste offre une uvre hybride, où clairement son style demeure léché, contemplatif et parfaitement sans jamais faire dans le tape-à-lil comme ça pourrait être le cas avec un certain Michael Bay et où ce sont ses personnages colorés et complexes qui proposent une réelle alternative aux productions américaines mercantiles ce qui, de toute évidence, était le souhait des frères Weinstein : dénaturer luvre dun cinéaste unique.
Image
Le film est offert au format dimage respectée de 1:85:1 à une résolution de 1080p.
Voilà un magnifique transfert. Le budget limité de la production ne transparaît jamais. La définition générale de limage est tout simplement exceptionnelle. Toujours nette, limage affiche précision dans la reproduction des détails et des textures. Même si la première partie se déroule dans lobscurité et que ce sont les tons de gris qui priment, les parties sombres sont reproduites avec précision. Les noirs sont purs et profonds tandis que les dégradés sont fluides. Les couleurs plus vives et les paysages hivernaux, davantage présents dans la deuxième partie du film, sont reproduits avec autant de richesse et de précision alors que les tons de peaux demeurent naturels. Il ny a non plus aucun problème de surbrillance à noter, les contrastes demeurant parfaitement gérés.
En ce qui concerne la partie numérique, aucun défaut majeur nest à signaler.
Son
Trois bandes son au format DTS-HD Master Audio 5.1 sont offertes sur cette édition, lune en version originale anglaise, une autre en version française et une dernière en version coréenne.
Tout comme le transfert vidéo, le mixage DTS-HD original est époustouflant. Dynamique, énergique et excitant, la bande son offre une expérience immersive et intense. Outre le déploiement classique du champ sonore qui laisse entendre la majorité des éléments sonores à travers les ouvertures frontale et latérale, les enceintes arrière font plus quappuyer les ambiances. Les nombreux effets dambiophonie sont saisissants et prenants, plongeant le spectateur dès les premiers instants dans lunivers de ce train. Évidemment, les basses fréquences grondent à plusieurs occasions, notamment grâce aux sons des locomotives, mais aussi aux scènes daction et à la solide trame sonore. Il en va de même pour les extrêmes graves qui sont surtout sollicitées durant ces séquences plus violentes. Enfin, les dialogues demeurent constamment et parfaitement intelligibles.
Il y a option de sous-titrage en anglaise et en français.
Suppléments/menus
Puisque le cinéaste ne parle que le coréen, la piste de commentaires audio offerte sur le premier disque est animée par Scott Weinberg du site Geek Nation. Cinq intervenants sont rejoints par téléphone et discutent avec lui du film : James Rocchi de MSN Movies, William Goss de Austin Chronicles, Drew Mcweeny de Hitfix.com, Jennifer Yamato de Deadline et Peter S. Hall de Movies.com. Les cinq critiques sont très enthousiastes par rapport au film et commentent tour à tour sur différents aspects. Il sagit néanmoins dune piste un peu inhabituelle dans sa « structure », mais particulièrement intéressante.
Sur le deuxième disque, nous retrouvons dabord « Transperceneige : From the Blank Page to the Screen (54:27) » un documentaire pertinent et très informatif sur la génèse du film, où on traite aussi du passage de la bande-dessinée vers lécran ainsi que les intentions du cinéaste Bong Joon-Ho.
« The Birth of Snowpiercer (15:02) » se concentre surtout sur la production du film, son tournage, limportance de lhistoire, les décors. Un peu plus court, il demeure néanmoins intéressant.
« The Caracters (13:08) » comme son nom lindique propose de jeter un regard sur les différents personnages du film grâce aux entretiens des principaux acteurs du film.
Nous retrouvons également « Animated Prologue (4:31) », qui est un montage animée qui présente la montée à bord des personnages dans le train, « Chris Evans & Tilda Swinton on Snowpiercer (4:40), de facture plus promotionnelle où les deux acteurs donnent leur impression sur le film et leurs personnages, et enfin « The Train Brought to Life : Behind the Scenes of a Special Screening (8:06) » qui propose de jeter un coup de dil un peu superficiel sur la projection spéciale du film précédé par un tour de train.
Cest une galerie dimages conçues par différents artistes qui complètent cette généreuse section.
Conclusion
Assurément l'une des oeuvres les plus attendues et les plus fascinantes de l'année, Snowpiercer est le prétexte idéal pour acclamer le cinéaste coréen Bong Joon Ho comme un des grands de ce monde. Son long métrage, consolidant drame philosophique et fresque hollywoodienne épique, est la preuve irréfutable qu'il est possible d'offrir du divertissement intelligent de grande qualité, pourvu que le réalisateur conserve la liberté totale sur son oeuvre...
Voilà une édition techniquement excellente : le transfert vidéo est sublime et rend avec justesse le travail sur l'image alors que le mixage DTS-HD reproduit avec dynamisme et grâce l'univers du train. Les suppléments sont nombreux et intéressants, surtout la piste de commentaires audio où les différentes critiques analysent avec conviction le film. À ne pas manquer.
Qualité vidéo:
4,7/5
Qualité audio:
4,6/5
Suppléments:
4,0/5
Rapport qualité/prix:
4,2/5
Note finale:
4,3/5
Auteur: Frédéric Bouchard
Date de publication: 2014-11-23
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur LG 37LG30, Lecteur Blu-Ray Sony (BDPS350), Récepteur JVC TH-A30
Date de publication: 2014-11-23
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur LG 37LG30, Lecteur Blu-Ray Sony (BDPS350), Récepteur JVC TH-A30