Violette

Critique
Synopsis/présentation
Le film biographique est une arme à double tranchant. Lorsquun cinéaste veut sattarder à la vie dun personnage célèbre de notre histoire, il est déchiré devant le choix dêtre fidèle aux faits ou encore de créer une uvre singulière et plus libre. Lorsque le deuxième cas est favorisé, ce sont des films plus déstabilisants, comme Gainsbourg, vie héroïque (2010) de Joann Sfar, auxquels nous avons droit. Mais lorsque les metteurs en scène sont un peu plus frileux, les résultats sont plus anonymes, mais ironiquement plaisent à un plus grand nombre de spectateurs. Le cas de Violette de Martin Provost est particulièrement intéressant puisque luvre propose une vision sensible et intime des évènements entourant la percée tardive dune auteure mésestimée de la littérature.
Divisé en chapitres, le film de Provost sintéresse aux débuts littéraires de Violette Leduc durant laprès-guerre alors quelle vit une troublante relation avec Maurice Sachs, écrivain homosexuel. Après des adieux déchirants, elle fait la rencontre de Simone de Beauvoir. Sen suit une relation passionnée et intense qui durera toute leur vie : dun côté, Leduc, prise daffection pour la célèbre auteure, et de lautre, de Beauvoir fascinée par le talent dune femme profondément blessée par la vie. Si la caméra du réalisateur français capte avec beaucoup de finesse les déchirements intérieurs de Violette, cest la relation ambiguë entre les deux femmes qui fascine le plus. La ténacité de de Beauvoir à bousculer et convaincre sa protégée que ses douloureuses expériences serviront à son écriture ainsi que les puissants sentiments de Leduc envers la célèbre auteure assurent à la fois leur longue collaboration, mais démontrent également le nécessaire apport de chacune pour lautre.
Le film de Provost prend également certaines libertés par rapport aux faits pour mieux appuyer la relation entre Leduc et de Beauvoir, notamment en ce qui concerne leur première rencontre. Cela a aussi pour effet de préciser la nature plus sombre de lhéroïne. Car Violette est un long-métrage plutôt obscur où la principale protagoniste tente non seulement de trouver un sens à ce malheur (le blâme de la mère, elle est née bâtarde, etc.), mais où elle semble condamnée du paradis de la reconnaissance. Certes, le film nous apprend que ses pairs (Jean Genet, Jean Cocteau et Jacques Guérin, notamment) lont fidèlement supporté, mais que la rencontre avec le public fut plus laborieuse. Et cest justement ce que luvre tente de faire ici, rendre sa juste place à une auteure oubliée de lhistoire de la littérature. Cest aussi pourquoi Provost termine son film sur le triomphe de Leduc lors de la parution de La bâtarde, paru en 1964. Il va même jusquà terminer son film sur un plan, lumineux, de son héroïne assise devant lhorizon ensoleillé, le crayon à la main, prête à écrire, à perpétuer son uvre.
Image
Le film est offert à un format dimage respectée de 1:85:1 daprès un transfert 16:9.
La définition générale de limage est excellente. Les détails et les textures (notamment les vêtements dépoque) sont reproduits avec fidélité et précision. Le rendu des couleurs, principalement composées de tons plus froids et gris, est impeccablement reproduit. Même les couleurs plus chaudes, dont quelques plans extérieurs ou de paysages, sont splendides. Les effets de surbrillance sont complètement évités grâce à des contrastes parfaitement gérés. Les parties sombres, relativement nombreuses, sont reproduites avec précision grâces à des noirs purs et intenses et à des dégradés fluides.
Aucun défaut numérique majeur nest à signaler.
Son
Une seule bande-son au format Dolby Digital 5.1 en version originale française est offerte avec cette édition.
Le mixage 5.1 est plutôt en retrait. Malgré cela, il fait preuve de présence et dun dynamisme adéquat. Le déploiement du champ sonore seffectue évidemment de manière très conventionnelle : les ouvertures frontale et latérale servent à entendre la grande majorité des éléments sonores tandis que les enceintes arrière appuient subtilement les ambiances. Même si les quelques effets dambiophonie sont discrets, ils apportent néanmoins une certaine profondeur à la bande son, particulièrement en ce qui a trait aux ambiances extérieures. Les dialogues sont clairs et intelligibles alors que la trame sonore sintègre avec finesse au mixage. Les basses fréquences sont employées à quelques reprises et grondent avec lefficacité et la profondeur appropriées. Quant aux extrêmes graves, leur emploi est complètement anecdotique.
Il ny a aucune option de sous-titrage disponible.
Suppléments/menus
Malheureusement, aucun supplément nest offert sur cette édition.
Conclusion
Après Séraphine, le cinéaste Martin Provost accouche avec Violette dun portrait sensible et touchant dune des romancières les plus sous-estimées du siècle dernier. Même si le long-métrage est porté par une certaine noirceur, cest le rapport complexe entre Simone de Beauvoir et lhéroïne qui permet de culminer vers la lumière, mais aussi dêtre témoin dune fascinante relation nuancée par la caméra toujours du réalisateur.
Lédition est techniquement bien. Le transfert vidéo est de toute beauté tandis que le mixage 5.1 reproduit avec fidélité lambiance sonore du film en plus dapporter une belle profondeur au tout, notamment en ce qui concerne les ambiances dextérieures. Il demeure décevant de constater labsence de suppléments et de constater la simplicité du menu DVD (seul un lien possible pour visionner le film est accessible). Pourtant, luvre représente une belle curiosité et devrait suffire à justifier lachat de cette édition.
Le film biographique est une arme à double tranchant. Lorsquun cinéaste veut sattarder à la vie dun personnage célèbre de notre histoire, il est déchiré devant le choix dêtre fidèle aux faits ou encore de créer une uvre singulière et plus libre. Lorsque le deuxième cas est favorisé, ce sont des films plus déstabilisants, comme Gainsbourg, vie héroïque (2010) de Joann Sfar, auxquels nous avons droit. Mais lorsque les metteurs en scène sont un peu plus frileux, les résultats sont plus anonymes, mais ironiquement plaisent à un plus grand nombre de spectateurs. Le cas de Violette de Martin Provost est particulièrement intéressant puisque luvre propose une vision sensible et intime des évènements entourant la percée tardive dune auteure mésestimée de la littérature.
Divisé en chapitres, le film de Provost sintéresse aux débuts littéraires de Violette Leduc durant laprès-guerre alors quelle vit une troublante relation avec Maurice Sachs, écrivain homosexuel. Après des adieux déchirants, elle fait la rencontre de Simone de Beauvoir. Sen suit une relation passionnée et intense qui durera toute leur vie : dun côté, Leduc, prise daffection pour la célèbre auteure, et de lautre, de Beauvoir fascinée par le talent dune femme profondément blessée par la vie. Si la caméra du réalisateur français capte avec beaucoup de finesse les déchirements intérieurs de Violette, cest la relation ambiguë entre les deux femmes qui fascine le plus. La ténacité de de Beauvoir à bousculer et convaincre sa protégée que ses douloureuses expériences serviront à son écriture ainsi que les puissants sentiments de Leduc envers la célèbre auteure assurent à la fois leur longue collaboration, mais démontrent également le nécessaire apport de chacune pour lautre.
Le film de Provost prend également certaines libertés par rapport aux faits pour mieux appuyer la relation entre Leduc et de Beauvoir, notamment en ce qui concerne leur première rencontre. Cela a aussi pour effet de préciser la nature plus sombre de lhéroïne. Car Violette est un long-métrage plutôt obscur où la principale protagoniste tente non seulement de trouver un sens à ce malheur (le blâme de la mère, elle est née bâtarde, etc.), mais où elle semble condamnée du paradis de la reconnaissance. Certes, le film nous apprend que ses pairs (Jean Genet, Jean Cocteau et Jacques Guérin, notamment) lont fidèlement supporté, mais que la rencontre avec le public fut plus laborieuse. Et cest justement ce que luvre tente de faire ici, rendre sa juste place à une auteure oubliée de lhistoire de la littérature. Cest aussi pourquoi Provost termine son film sur le triomphe de Leduc lors de la parution de La bâtarde, paru en 1964. Il va même jusquà terminer son film sur un plan, lumineux, de son héroïne assise devant lhorizon ensoleillé, le crayon à la main, prête à écrire, à perpétuer son uvre.
Image
Le film est offert à un format dimage respectée de 1:85:1 daprès un transfert 16:9.
La définition générale de limage est excellente. Les détails et les textures (notamment les vêtements dépoque) sont reproduits avec fidélité et précision. Le rendu des couleurs, principalement composées de tons plus froids et gris, est impeccablement reproduit. Même les couleurs plus chaudes, dont quelques plans extérieurs ou de paysages, sont splendides. Les effets de surbrillance sont complètement évités grâce à des contrastes parfaitement gérés. Les parties sombres, relativement nombreuses, sont reproduites avec précision grâces à des noirs purs et intenses et à des dégradés fluides.
Aucun défaut numérique majeur nest à signaler.
Son
Une seule bande-son au format Dolby Digital 5.1 en version originale française est offerte avec cette édition.
Le mixage 5.1 est plutôt en retrait. Malgré cela, il fait preuve de présence et dun dynamisme adéquat. Le déploiement du champ sonore seffectue évidemment de manière très conventionnelle : les ouvertures frontale et latérale servent à entendre la grande majorité des éléments sonores tandis que les enceintes arrière appuient subtilement les ambiances. Même si les quelques effets dambiophonie sont discrets, ils apportent néanmoins une certaine profondeur à la bande son, particulièrement en ce qui a trait aux ambiances extérieures. Les dialogues sont clairs et intelligibles alors que la trame sonore sintègre avec finesse au mixage. Les basses fréquences sont employées à quelques reprises et grondent avec lefficacité et la profondeur appropriées. Quant aux extrêmes graves, leur emploi est complètement anecdotique.
Il ny a aucune option de sous-titrage disponible.
Suppléments/menus
Malheureusement, aucun supplément nest offert sur cette édition.
Conclusion
Après Séraphine, le cinéaste Martin Provost accouche avec Violette dun portrait sensible et touchant dune des romancières les plus sous-estimées du siècle dernier. Même si le long-métrage est porté par une certaine noirceur, cest le rapport complexe entre Simone de Beauvoir et lhéroïne qui permet de culminer vers la lumière, mais aussi dêtre témoin dune fascinante relation nuancée par la caméra toujours du réalisateur.
Lédition est techniquement bien. Le transfert vidéo est de toute beauté tandis que le mixage 5.1 reproduit avec fidélité lambiance sonore du film en plus dapporter une belle profondeur au tout, notamment en ce qui concerne les ambiances dextérieures. Il demeure décevant de constater labsence de suppléments et de constater la simplicité du menu DVD (seul un lien possible pour visionner le film est accessible). Pourtant, luvre représente une belle curiosité et devrait suffire à justifier lachat de cette édition.
Qualité vidéo:
4,0/5
Qualité audio:
3,7/5
Suppléments:
0,0/5
Rapport qualité/prix:
3,2/5
Note finale:
3,0/5
Auteur: Frédéric Bouchard
Date de publication: 2014-06-12
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur LG 37LG30, Lecteur Blu-Ray Sony (BDPS350), Récepteur JVC TH-A30
Date de publication: 2014-06-12
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur LG 37LG30, Lecteur Blu-Ray Sony (BDPS350), Récepteur JVC TH-A30