August: Osage County

Critique
Synopsis/présentation
Ayant causé beaucoup de bruits avant sa première mondiale au Festival International du Film de Toronto en 2013, August : Osage County a attisé la curiosité de plusieurs cinéphiles et de la presse dabord et avant tout pour son choix dacteur cinq étoiles. Composé dune brochette dinterprètes du calibre de Chris Cooper, Ewan McGregor, Abigail Breslin, Benedict Cumberbatch, Juliette Lewis, Margo Martindale et Dermot Mulroney, le film réunit en plus pour la première fois devant la même caméra deux des actrices les plus influentes du cinéma américain des vingt-cinq dernières années : mesdames Meryl Streep et Julia Roberts. Au-delà de sa distribution scintillante, ce deuxième film du réalisateur John Wells (The Company Men (2010)) propose dadapter la pièce de théâtre de Tracy Letts, gagnant du prix Pulitzer, au cinéma. Suite à la mort du paternel (Sam Shepard), une famille se réunit pour consoler la femme du défunt, Violet, atteinte dun cancer.
Cette prémisse plutôt simpliste cache pourtant, comme il est courant au théâtre, son lot de rebondissements. Lintérêt de cette histoire réside certainement dans ses personnages, électrons dune famille dysfonctionnelle à la fois exemplaire et pitoyable. Les revirements de situation systématiques sont savoureux, les répliques assassines sont jouissives et les personnages plus cruels les uns que les autres. Le ton est donné, le long-métrage de Wells jongle habilement entre des séquences dune intensité dramatique soutenue et des tirades dun humour noir qui fait mouche à tous les coups.
En revanche, le film peine à faire oublier quil a jadis été joué sur les planches. Cest dailleurs le reproche le plus évident que lon peut faire au film. Même si lidée de mandater lauteur de la pièce pour écrire le scénario pouvait sembler être une bonne idée, le long-métrage trahit constamment ses origines. Closer (2004) de Mike Nichols et mettant en vedette Julia Roberts ! - empruntait la même démarche et parvenait à saffranchir plus distinctement de ses racines théâtrales. Ici, la caméra de Wells néchappe pas à un traitement caractérisé par un désolant classicisme et un effacement presque complet derrière limposant texte de Letts. Cela dit, cette éternelle problématique liée à la question de ladaptation natteint pas le long-métrage viscéralement et un réel effort de mise en scène est senti de la part de Wells, particulièrement dans les séquences dextérieurs ou encore dans ce moment danthologie quest la fameuse scène du diner en famille.
Bien ironiquement, ce sont ces acteurs, ceux-là mêmes sur qui Harvey et Bob Weinstein ont tout misé pour faire la promotion du film, qui brillent de tous les feux dans cette cacophonie familiale. Si Martindale et Roberts se distinguent particulièrement du lot, cest sans surprise que Streep vole la vedette en offrant un véritable spectacle de sa performance. Le personnage quelle incarne, une veuve aigrie, malade, droguée et sans pitié, est en quelque sorte le dernier archétype quelle navait pas encore exploré au cours de sa carrière. Certes, beaucoup ont jugé sévèrement lexubérance de son jeu, mais la composition demeure réussie et la transformation totale au point où on en arrive à oublier quil sagit de lactrice la plus adulée dHollywood.
Image
Le film est offert au format dimage respectée de 2.40:1 à une résolution de 1080p.
Tourné en 35mm, le film est ici reproduit avec une somptueuse beauté et une justesse des plus exemplaires. Un subtil grain cinématographique est perceptible à lécran répliquant les conditions de projection cinéma. Détails et textures sont également reproduits avec finesse et précision. Les visages des acteurs, plus particulièrement, sont reproduits dans toutes leurs subtilités. Les couleurs sont riches et justes rendant justice au très beau travail de direction photo (tant pour les plans extérieurs ensoleillés que les séquences à lintérieur plus sombres). Les contrastes sont parfaitement gérés et évitent les effets de surbrillance. Comme mentionné, les parties sombres sont impeccablement reproduites grâce à des noirs purs et profonds et à des dégradés fluides et précis.
La partie numérique de ce transfert se sauve de tout défaut majeur apparent.
Son
Une bande son en version originale anglaise est offerte au format DTS-HD Master Audio 5.1. Deux autres bandes sons au format Dolby Digital 5.1 sont disponibles en versions française et espagnole.
Luvre étant dotée dun univers sonore qui évolue plutôt en retrait, cest logiquement par sa subtilité que se définit le mixage DTS-HD 5.1. Dun dynamisme approprié étant donné le genre de film présenté ici, le champ sonore se déploie de manière conventionnelle avec les ouvertures frontale et latérale laissant entendre clairement la majorité des éléments sonores. Les enceintes arrière appuient de façon très discrète les ambiances alors que la plupart des scènes se déroulent à lintérieur. Malgré tout, les quelques moments passés à lextérieur (notamment une scène se déroulant durant la nuit) font preuve deffets dambiophonie qui permettent dapporter une belle profondeur au mixage. Les dialogues, élément prédominant de cette bande son, sont évidemment et logiquement intelligibles et ce, à tout moment. La trame sonore sintègre avec efficacité au mixage et profite du support des basses fréquences qui grondent à quelques reprises. Lemploi du canal dextrêmes graves se révèle, quant à lui, complètement anecdotique.
Il y a option de sous-titrage en anglais, français et espagnol.
Suppléments/menus
Nous retrouvons dabord une piste de commentaires audio animée par le cinéaste John Wells et le directeur de la photographie Adriano Goldman. La présence de deux intervenants permet évidemment des échanges plus dynamiques, mais surtout des interventions très informatives sur le tournage. Ce sont souvent des détails techniques qui ponctuent cette pertinente piste de commentaires.
« The Making-Of August : Osage County (19:45) » est un montage de divers entrevues de la part des artisans, du cineaste, de lauteur et des acteurs du film. Proposé comme un « making-of », il offre le point de vue (biaisé) de tous sur le travail du réalisateur, le tournage, la production, la post-production et sur les personnages du film.
Viennent ensuite cinq scènes supprimées quil est possible de visionner avec les toujours pertinents commentaires de John Wells et son directeur photo Adriano Goldman. Leur intérêt est plutôt relatif et elles napportent que très peu au montage final.
Enfin, nous retrouvons « On Writing with Tracy Letts (7:39) » un segment qui sintéresse à lauteur de la pièce et du scénario. Ses interventions assez intéressantes concernent surtout ses influences, sa façon de travailler et de construire ses personnages.
Conclusion
uvre qui procure à la fois un profond malaise et un plaisir jouissif,August : Osage County ne parvient jamais à véritablement simposer face à son matériel source. Même si le cinéaste John Wells maîtrise bien lart de raconter une histoire et si lalternance entre la comédie et le drame lui sied parfaitement, les véritables stars de ce long-métrage sont Meryl Streep, Julia Roberts et le texte de Tracy Letts.
Lédition est techniquement excellente. Le transfert vidéo est admirable de beauté en plus de reproduire avec finesse les conditions cinéma tandis que le mixage DTS-HD, même sil est limité par le genre de films présenté ici, se déploie en subtilité et élégance. Les suppléments sont étonnamment très intéressants, particulièrement la piste de commentaires audio qui se révèle être très informative. Voilà une édition parfaitement recommandable.
Ayant causé beaucoup de bruits avant sa première mondiale au Festival International du Film de Toronto en 2013, August : Osage County a attisé la curiosité de plusieurs cinéphiles et de la presse dabord et avant tout pour son choix dacteur cinq étoiles. Composé dune brochette dinterprètes du calibre de Chris Cooper, Ewan McGregor, Abigail Breslin, Benedict Cumberbatch, Juliette Lewis, Margo Martindale et Dermot Mulroney, le film réunit en plus pour la première fois devant la même caméra deux des actrices les plus influentes du cinéma américain des vingt-cinq dernières années : mesdames Meryl Streep et Julia Roberts. Au-delà de sa distribution scintillante, ce deuxième film du réalisateur John Wells (The Company Men (2010)) propose dadapter la pièce de théâtre de Tracy Letts, gagnant du prix Pulitzer, au cinéma. Suite à la mort du paternel (Sam Shepard), une famille se réunit pour consoler la femme du défunt, Violet, atteinte dun cancer.
Cette prémisse plutôt simpliste cache pourtant, comme il est courant au théâtre, son lot de rebondissements. Lintérêt de cette histoire réside certainement dans ses personnages, électrons dune famille dysfonctionnelle à la fois exemplaire et pitoyable. Les revirements de situation systématiques sont savoureux, les répliques assassines sont jouissives et les personnages plus cruels les uns que les autres. Le ton est donné, le long-métrage de Wells jongle habilement entre des séquences dune intensité dramatique soutenue et des tirades dun humour noir qui fait mouche à tous les coups.
En revanche, le film peine à faire oublier quil a jadis été joué sur les planches. Cest dailleurs le reproche le plus évident que lon peut faire au film. Même si lidée de mandater lauteur de la pièce pour écrire le scénario pouvait sembler être une bonne idée, le long-métrage trahit constamment ses origines. Closer (2004) de Mike Nichols et mettant en vedette Julia Roberts ! - empruntait la même démarche et parvenait à saffranchir plus distinctement de ses racines théâtrales. Ici, la caméra de Wells néchappe pas à un traitement caractérisé par un désolant classicisme et un effacement presque complet derrière limposant texte de Letts. Cela dit, cette éternelle problématique liée à la question de ladaptation natteint pas le long-métrage viscéralement et un réel effort de mise en scène est senti de la part de Wells, particulièrement dans les séquences dextérieurs ou encore dans ce moment danthologie quest la fameuse scène du diner en famille.
Bien ironiquement, ce sont ces acteurs, ceux-là mêmes sur qui Harvey et Bob Weinstein ont tout misé pour faire la promotion du film, qui brillent de tous les feux dans cette cacophonie familiale. Si Martindale et Roberts se distinguent particulièrement du lot, cest sans surprise que Streep vole la vedette en offrant un véritable spectacle de sa performance. Le personnage quelle incarne, une veuve aigrie, malade, droguée et sans pitié, est en quelque sorte le dernier archétype quelle navait pas encore exploré au cours de sa carrière. Certes, beaucoup ont jugé sévèrement lexubérance de son jeu, mais la composition demeure réussie et la transformation totale au point où on en arrive à oublier quil sagit de lactrice la plus adulée dHollywood.
Image
Le film est offert au format dimage respectée de 2.40:1 à une résolution de 1080p.
Tourné en 35mm, le film est ici reproduit avec une somptueuse beauté et une justesse des plus exemplaires. Un subtil grain cinématographique est perceptible à lécran répliquant les conditions de projection cinéma. Détails et textures sont également reproduits avec finesse et précision. Les visages des acteurs, plus particulièrement, sont reproduits dans toutes leurs subtilités. Les couleurs sont riches et justes rendant justice au très beau travail de direction photo (tant pour les plans extérieurs ensoleillés que les séquences à lintérieur plus sombres). Les contrastes sont parfaitement gérés et évitent les effets de surbrillance. Comme mentionné, les parties sombres sont impeccablement reproduites grâce à des noirs purs et profonds et à des dégradés fluides et précis.
La partie numérique de ce transfert se sauve de tout défaut majeur apparent.
Son
Une bande son en version originale anglaise est offerte au format DTS-HD Master Audio 5.1. Deux autres bandes sons au format Dolby Digital 5.1 sont disponibles en versions française et espagnole.
Luvre étant dotée dun univers sonore qui évolue plutôt en retrait, cest logiquement par sa subtilité que se définit le mixage DTS-HD 5.1. Dun dynamisme approprié étant donné le genre de film présenté ici, le champ sonore se déploie de manière conventionnelle avec les ouvertures frontale et latérale laissant entendre clairement la majorité des éléments sonores. Les enceintes arrière appuient de façon très discrète les ambiances alors que la plupart des scènes se déroulent à lintérieur. Malgré tout, les quelques moments passés à lextérieur (notamment une scène se déroulant durant la nuit) font preuve deffets dambiophonie qui permettent dapporter une belle profondeur au mixage. Les dialogues, élément prédominant de cette bande son, sont évidemment et logiquement intelligibles et ce, à tout moment. La trame sonore sintègre avec efficacité au mixage et profite du support des basses fréquences qui grondent à quelques reprises. Lemploi du canal dextrêmes graves se révèle, quant à lui, complètement anecdotique.
Il y a option de sous-titrage en anglais, français et espagnol.
Suppléments/menus
Nous retrouvons dabord une piste de commentaires audio animée par le cinéaste John Wells et le directeur de la photographie Adriano Goldman. La présence de deux intervenants permet évidemment des échanges plus dynamiques, mais surtout des interventions très informatives sur le tournage. Ce sont souvent des détails techniques qui ponctuent cette pertinente piste de commentaires.
« The Making-Of August : Osage County (19:45) » est un montage de divers entrevues de la part des artisans, du cineaste, de lauteur et des acteurs du film. Proposé comme un « making-of », il offre le point de vue (biaisé) de tous sur le travail du réalisateur, le tournage, la production, la post-production et sur les personnages du film.
Viennent ensuite cinq scènes supprimées quil est possible de visionner avec les toujours pertinents commentaires de John Wells et son directeur photo Adriano Goldman. Leur intérêt est plutôt relatif et elles napportent que très peu au montage final.
Enfin, nous retrouvons « On Writing with Tracy Letts (7:39) » un segment qui sintéresse à lauteur de la pièce et du scénario. Ses interventions assez intéressantes concernent surtout ses influences, sa façon de travailler et de construire ses personnages.
Conclusion
uvre qui procure à la fois un profond malaise et un plaisir jouissif,August : Osage County ne parvient jamais à véritablement simposer face à son matériel source. Même si le cinéaste John Wells maîtrise bien lart de raconter une histoire et si lalternance entre la comédie et le drame lui sied parfaitement, les véritables stars de ce long-métrage sont Meryl Streep, Julia Roberts et le texte de Tracy Letts.
Lédition est techniquement excellente. Le transfert vidéo est admirable de beauté en plus de reproduire avec finesse les conditions cinéma tandis que le mixage DTS-HD, même sil est limité par le genre de films présenté ici, se déploie en subtilité et élégance. Les suppléments sont étonnamment très intéressants, particulièrement la piste de commentaires audio qui se révèle être très informative. Voilà une édition parfaitement recommandable.
Qualité vidéo:
4,5/5
Qualité audio:
4,2/5
Suppléments:
3,5/5
Rapport qualité/prix:
3,8/5
Note finale:
3,9/5
Auteur: Frédéric Bouchard
Date de publication: 2014-05-11
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur LG 37LG30, Lecteur Blu-Ray Sony (BDPS350), Récepteur JVC TH-A30
Date de publication: 2014-05-11
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur LG 37LG30, Lecteur Blu-Ray Sony (BDPS350), Récepteur JVC TH-A30