Amour

Critique
Synopsis/présentation
uvre mondialement acclamée, encensée, admirée et couronnée (Palme dOr à Cannes, Oscar du meilleur film en langue étrangère, Golden Globe du meilleur film étranger pour ne nommer que ces prix), Amour, onzième long-métrage du cinéaste autrichien Michael Haneke, a été consacré meilleur film de lannée 2012 par bien des critiques avant même sa sortie québécoise au tout début 2013. Mettant en scène un vieux couple composé de Georges (Jean-Louis Trintignant) et Anne (Emmanuelle Riva), le film souvre sur des policiers pénétrant de force dans leur appartement, découvrant le corps de la dame, couchée dans son lit un bouquet de fleurs placée entre ses mains. Retour en arrière : les deux assistent au concert dun ancien élève dAnne, autrefois professeure de piano. De retour à la maison, lors dun petit déjeuner, Anne est victime dun accident vasculaire cérébral. À partir de ce moment, la vie rangée des deux amoureux va prendre une toute autre tournure.
Réputé pour une filmographie où il a souvent choqué et où la question du médium lui permettait de réfléchir le cinéma telle une philosophie, Haneke délaisse, avec Amour, toute structure fragmentaire pour simplifier son récit à deux personnages et à un seul espace. Le huit clos conféré par la caméra du réalisateur braque lattention entièrement sur le drame qui bouleverse le couple. Le langage cinématographique demeure toujours sobre chez le cinéaste : les longs plans de caméra fixe, la composition de limage symétrique et le la brutalité des séquences. Mis à part quelques scènes de rêve, lune cauchemardesque, une autre fantasmée, lautre, située en fin de parcours, demeurant très ambigüe, Haneke se met entièrement au service du réalisme de son histoire belle et terrible. Car, comme le personnage dAnne le mentionne à son époux : « limagination et la réalité sont deux choses qui ont très peu à voir en commun ».
Alors que lon a souvent reproché au cinéaste la froideur de sa caméra, cest curieusement lémotion qui lintéresse ici. Derrière les horreurs que Haneke nous montre, la dureté des évènements et le destin cruel et inévitable présenté, cest le dévouement et labandon total dun homme prêt à tout pour sa femme dépérissante qui percute. Car oui, même si le réalisateur autrichien propose une uvre plus dépouillée, les images de sa caméra demeurent souvent dures et insoutenables. La nature choquante dHaneke nest finalement jamais très loin. Amour nous ébranle, nous bouleverse, nous émeut parce que cette impitoyable dégradation du corps (et de lesprit) nous rappelle à la fois le passé (des parents ou des grands-parents) et le douloureux destin qui nous attend tous, la mort. Linterchangeabilité correspondant au nom des deux protagonistes principaux, récurrents dans pratiquement tous les films du cinéaste, prend ici un sens plus évident que jamais. Georges et Anne Laurent peuvent être chacun dentre nous.
À travers cette descente aux enfers, il est effectivement possible dy voir poindre un peu de lumière. Haneke veut bien nous confirmer que cest cet amour auquel le titre fait référence qui triomphe. Les derniers instants du film, mélancoliques et silencieux, montrent la solitude éprouvée par ceux qui restent, mais aussi lhéritage laissé par ceux qui sont partis. De la sorte, nous ne ressortons pas indemnes dAmour. Lambivalence de cette finale donne au spectateur le choix de se souvenir des siens de la façon dont il veut. Par une approche toujours aussi rigide et méthodique, Haneke a accouché de son film le plus accessible. La démarche du cinéaste, qui laisse bien des gens divisés, a curieusement ici fait lunanimité. Peut-être est-ce le sujet universel de la mort, le réalisme des images filmées par le réalisateur autrichien ou encore le jeu irréprochable des légendes que sont Trintignant et Riva, une chose demeure pourtant certaine : impossible de rester de glace.
Image
Le film est offert au format dimage respectée de 1.85:1 à une résolution de 1080p.
Le transfert vidéo est excellent. Limage affiche une netteté impeccable reproduisant détails et textures avec précision. Le rendu des couleurs est tout aussi irréprochable présentant des couleurs riches, vibrantes et précises. Le travail de direction photo de Darius Khondji pour obtenir des images claires et dapparence « naturelles » est parfaitement reproduit. Le niveau des noirs est correctement réglée. Les parties sombres sont superbement reproduites grâces à des dégradés fluides et précis et à des noirs purs et profonds.
La partie numérique se sauve de tout défaut majeur apparent.
Son
Une seule bande-son au format DTS-HD Master Audio 5.1 en version originale française est offerte.
Comme pour tout film dHaneke où lunivers sonore évolue en retrait, le mixage DTS-HD se déploie tout en subtilité. Les ouvertures frontale et latérale laissent entendre la grande majorité des éléments sonores alors que les enceintes arrière appuient délicatement les ambiances. Lenvironnement du film se limitant à un huit clos, les quelques effets dambiophonie se font alors discrets, mais réussis. Le tout confère au mixage un dynamisme certain mais évidemment limité par le genre de film proposé. Les dialogues demeurent constamment et parfaitement intelligibles alors que la trame sonore, constituée exclusivement dextraits dun morceau de Schubert, sintègre superbement à la bande son. Lemploi des basses fréquences se fait très rare, plus profond et senti lors du tout premier plan alors que les policiers pénètrent dans lappartement. Les extrêmes graves sont encore moins sollicitées pour ne pas dire jamais.
Des sous-titres anglais sont disponibles.
Suppléments/menus
Nous retrouvons dabord « Making of Amour (24:42) » un documentaire sur le tournage du film. Nous est révélé que lappartement de Georges et Anne a été entièrement construit pour les besoins du film. Des interventions du cinéaste ainsi que des acteurs Jean-Louis Trintignant, Emmanuelle Riva et Isabelle Huppert nous informent également leur relation de travail très méthodique et précise. Quelques séquences des essais de Riva sont également présentées.
Puis, est aussi disponible « Q&A with Director Michael Haneke (38:55) », un « question / réponse » supervisé par le critique Elvis Mitchell devant une audience à Los Angeles. Haneke sexprime en allemand pendant quun traducteur fait connaître les réponses en anglais à Mitchell et son auditoire. Les interventions sont plutôt intéressantes sattardant au style du cinéaste, à sa carrière, mais aussi et surtout au choix de Trintigant et de Riva dans les rôles principaux.
Enfin, nous retrouvons la bande-annonce du film.
Conclusion
uvre acclamée et adorée, Amour est un long-métrage qui, contrairement à ce quil prétend, entre en parfaitement cohérence avec la filmographie dun cinéaste cérébral et méthodique. En concentrant son récit sur deux personnages et un seul lieu, Michael Haneke pose son microscope sur le lien cruel et déchirant qui unit une femme malade et son époux dévoué à son chevet. Pour une rare fois, lémotion qui se dégage de la caméra du cinéaste autrichien nest pas que composée daversion.
Bien que cette édition Blu-ray fournie par Sony soit en tout point admirable, elle est malheureusement non disponible au public canadien. Alors que des uvres primées comme De rouille et dos et No ont bénéficié dune sortie canadienne en format Blu-ray, il est étonnant, voire même irritant que la Palme dOr et lOscar du meilleur film étranger de 2012 ne connaisse quune sortie DVD ici, prouvant la condescendance, le manque de respect et de considération de Sony pour le marché au Canada. Les consommateurs devront sen remettre au magasinage en ligne pour obtenir cette édition et ainsi boycotter lédition DVD pour faire comprendre au studio leur décision totalement inappropriée.
uvre mondialement acclamée, encensée, admirée et couronnée (Palme dOr à Cannes, Oscar du meilleur film en langue étrangère, Golden Globe du meilleur film étranger pour ne nommer que ces prix), Amour, onzième long-métrage du cinéaste autrichien Michael Haneke, a été consacré meilleur film de lannée 2012 par bien des critiques avant même sa sortie québécoise au tout début 2013. Mettant en scène un vieux couple composé de Georges (Jean-Louis Trintignant) et Anne (Emmanuelle Riva), le film souvre sur des policiers pénétrant de force dans leur appartement, découvrant le corps de la dame, couchée dans son lit un bouquet de fleurs placée entre ses mains. Retour en arrière : les deux assistent au concert dun ancien élève dAnne, autrefois professeure de piano. De retour à la maison, lors dun petit déjeuner, Anne est victime dun accident vasculaire cérébral. À partir de ce moment, la vie rangée des deux amoureux va prendre une toute autre tournure.
Réputé pour une filmographie où il a souvent choqué et où la question du médium lui permettait de réfléchir le cinéma telle une philosophie, Haneke délaisse, avec Amour, toute structure fragmentaire pour simplifier son récit à deux personnages et à un seul espace. Le huit clos conféré par la caméra du réalisateur braque lattention entièrement sur le drame qui bouleverse le couple. Le langage cinématographique demeure toujours sobre chez le cinéaste : les longs plans de caméra fixe, la composition de limage symétrique et le la brutalité des séquences. Mis à part quelques scènes de rêve, lune cauchemardesque, une autre fantasmée, lautre, située en fin de parcours, demeurant très ambigüe, Haneke se met entièrement au service du réalisme de son histoire belle et terrible. Car, comme le personnage dAnne le mentionne à son époux : « limagination et la réalité sont deux choses qui ont très peu à voir en commun ».
Alors que lon a souvent reproché au cinéaste la froideur de sa caméra, cest curieusement lémotion qui lintéresse ici. Derrière les horreurs que Haneke nous montre, la dureté des évènements et le destin cruel et inévitable présenté, cest le dévouement et labandon total dun homme prêt à tout pour sa femme dépérissante qui percute. Car oui, même si le réalisateur autrichien propose une uvre plus dépouillée, les images de sa caméra demeurent souvent dures et insoutenables. La nature choquante dHaneke nest finalement jamais très loin. Amour nous ébranle, nous bouleverse, nous émeut parce que cette impitoyable dégradation du corps (et de lesprit) nous rappelle à la fois le passé (des parents ou des grands-parents) et le douloureux destin qui nous attend tous, la mort. Linterchangeabilité correspondant au nom des deux protagonistes principaux, récurrents dans pratiquement tous les films du cinéaste, prend ici un sens plus évident que jamais. Georges et Anne Laurent peuvent être chacun dentre nous.
À travers cette descente aux enfers, il est effectivement possible dy voir poindre un peu de lumière. Haneke veut bien nous confirmer que cest cet amour auquel le titre fait référence qui triomphe. Les derniers instants du film, mélancoliques et silencieux, montrent la solitude éprouvée par ceux qui restent, mais aussi lhéritage laissé par ceux qui sont partis. De la sorte, nous ne ressortons pas indemnes dAmour. Lambivalence de cette finale donne au spectateur le choix de se souvenir des siens de la façon dont il veut. Par une approche toujours aussi rigide et méthodique, Haneke a accouché de son film le plus accessible. La démarche du cinéaste, qui laisse bien des gens divisés, a curieusement ici fait lunanimité. Peut-être est-ce le sujet universel de la mort, le réalisme des images filmées par le réalisateur autrichien ou encore le jeu irréprochable des légendes que sont Trintignant et Riva, une chose demeure pourtant certaine : impossible de rester de glace.
Image
Le film est offert au format dimage respectée de 1.85:1 à une résolution de 1080p.
Le transfert vidéo est excellent. Limage affiche une netteté impeccable reproduisant détails et textures avec précision. Le rendu des couleurs est tout aussi irréprochable présentant des couleurs riches, vibrantes et précises. Le travail de direction photo de Darius Khondji pour obtenir des images claires et dapparence « naturelles » est parfaitement reproduit. Le niveau des noirs est correctement réglée. Les parties sombres sont superbement reproduites grâces à des dégradés fluides et précis et à des noirs purs et profonds.
La partie numérique se sauve de tout défaut majeur apparent.
Son
Une seule bande-son au format DTS-HD Master Audio 5.1 en version originale française est offerte.
Comme pour tout film dHaneke où lunivers sonore évolue en retrait, le mixage DTS-HD se déploie tout en subtilité. Les ouvertures frontale et latérale laissent entendre la grande majorité des éléments sonores alors que les enceintes arrière appuient délicatement les ambiances. Lenvironnement du film se limitant à un huit clos, les quelques effets dambiophonie se font alors discrets, mais réussis. Le tout confère au mixage un dynamisme certain mais évidemment limité par le genre de film proposé. Les dialogues demeurent constamment et parfaitement intelligibles alors que la trame sonore, constituée exclusivement dextraits dun morceau de Schubert, sintègre superbement à la bande son. Lemploi des basses fréquences se fait très rare, plus profond et senti lors du tout premier plan alors que les policiers pénètrent dans lappartement. Les extrêmes graves sont encore moins sollicitées pour ne pas dire jamais.
Des sous-titres anglais sont disponibles.
Suppléments/menus
Nous retrouvons dabord « Making of Amour (24:42) » un documentaire sur le tournage du film. Nous est révélé que lappartement de Georges et Anne a été entièrement construit pour les besoins du film. Des interventions du cinéaste ainsi que des acteurs Jean-Louis Trintignant, Emmanuelle Riva et Isabelle Huppert nous informent également leur relation de travail très méthodique et précise. Quelques séquences des essais de Riva sont également présentées.
Puis, est aussi disponible « Q&A with Director Michael Haneke (38:55) », un « question / réponse » supervisé par le critique Elvis Mitchell devant une audience à Los Angeles. Haneke sexprime en allemand pendant quun traducteur fait connaître les réponses en anglais à Mitchell et son auditoire. Les interventions sont plutôt intéressantes sattardant au style du cinéaste, à sa carrière, mais aussi et surtout au choix de Trintigant et de Riva dans les rôles principaux.
Enfin, nous retrouvons la bande-annonce du film.
Conclusion
uvre acclamée et adorée, Amour est un long-métrage qui, contrairement à ce quil prétend, entre en parfaitement cohérence avec la filmographie dun cinéaste cérébral et méthodique. En concentrant son récit sur deux personnages et un seul lieu, Michael Haneke pose son microscope sur le lien cruel et déchirant qui unit une femme malade et son époux dévoué à son chevet. Pour une rare fois, lémotion qui se dégage de la caméra du cinéaste autrichien nest pas que composée daversion.
Bien que cette édition Blu-ray fournie par Sony soit en tout point admirable, elle est malheureusement non disponible au public canadien. Alors que des uvres primées comme De rouille et dos et No ont bénéficié dune sortie canadienne en format Blu-ray, il est étonnant, voire même irritant que la Palme dOr et lOscar du meilleur film étranger de 2012 ne connaisse quune sortie DVD ici, prouvant la condescendance, le manque de respect et de considération de Sony pour le marché au Canada. Les consommateurs devront sen remettre au magasinage en ligne pour obtenir cette édition et ainsi boycotter lédition DVD pour faire comprendre au studio leur décision totalement inappropriée.
Qualité vidéo:
4,5/5
Qualité audio:
4,0/5
Suppléments:
3,0/5
Rapport qualité/prix:
3,8/5
Note finale:
3,5/5
Auteur: Frédéric Bouchard
Date de publication: 2013-08-19
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur LG 37LG30, Lecteur Blu-Ray Sony (BDPS350), Récepteur JVC TH-A30
Date de publication: 2013-08-19
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur LG 37LG30, Lecteur Blu-Ray Sony (BDPS350), Récepteur JVC TH-A30