Bling Ring, The

Critique
Synopsis/présentation
Cinquième long-métrage de la réalisatrice Sofia Coppola, The Bling Ring a été présenté en première mondiale en ouverture de la section Un Certain Regard au dernier Festival de Cannes. Bien plus que «la fille à papa», la cinéaste a su, au fil des années, construire une filmographie des plus pertinentes. Ses choix de mise en scène ont rarement fait lunanimité (on pensera évidemment à la bande sonore très « eighties » de Marie-Antoinette), mais son uvre sest néanmoins imposée comme singulière. Elle a pu ainsi obtenir le respect de ses pairs et la reconnaissance de la critique. Un film comme The Bling Ring simpose presque pour une cinéaste comme Coppola. Le sujet à lui seul paraît idéal : le titre qui donne son nom au groupe de sept adolescents de la Californie qui ont effectué des vols dans les domiciles de plusieurs célébrités, dont Paris Hilton et Lindsay Lohan. Le long-métrage de Coppola propose de sattarder sur ces crimes.
Depuis The Virgin Suicides, la cinéaste sintéresse à la question de ladolescence. Période de malaises, de solitude et demprisonnement, elle semble être aussi le lieu de tous les excès. Cest cette Kirsten Dunst que Coppola filmait dans son premier film et cest la même quelle captait dans Marie-Antoinette : une jeune femme ennuyée par une vie contrôlée et monotone qui tentait de compenser par linterdit et les frivolités. Cest précisément dans cette veine que la réalisatrice américaine filme The Bling Ring. En ne laissant jamais ses obsessions quitter lobjectif, la caméra de Coppola sattarde à cette jeunesse ici dans un contexte contemporain. Ces sept adolescents, Rebecca (Katie Chang), Marc (Israel Broussard), Nicki (Emma Watson), Chloe (Claire Julien), Sam (Taissa Farminga) et Emily (Georgia Rock) cambriolent les objets de valeur de leurs célébrités favorites permettant à la cinéaste de poser un regard cynique sur le rêve américain, mais aussi et surtout sur le culte que voue cette jeune génération pour la consommation.
Parce quelle filme ces crimes pendant plus de soixante des quatre-vingt-dix minutes, on a reproché à Coppola son approche répétitive et vide alors que pourtant, la mise en scène épouse précisément les futilités, lennui et la superficialité qui habitent la vie de ces jeunes adultes. Comme Spring Breakers paru plus tôt cette année, The Bling Ring veut montrer la vacuité qui caractérise le monde de ces adolescents. Un univers où les téléphones cellulaires deviennent loutil de linstantanéité, où Facebook sert constamment au « status update » et où les célébrités hollywoodiennes incarnent des idoles. Beaucoup moins éclaté que le film dHarmony Korine, The Bling Ring reste cependant très réaliste. Ancré dans une Californie tangible et actuelle, le long-métrage de Sofia Coppola témoigne dune génération hantée par la construction de limage et de la popularité.
Mais le sujet de prédilection de la cinéaste demeure sans contredit la culture populaire. Elle prend ici les traits des célébrités les plus en vogue chez nos voisins du sud (Hilton, Lohan, Megan Fox, Rachel Bilson, Orlando Bloom, etc.), mais aussi dune trame sonore des plus « in » (Azaelia Banks, M.I.A. Sleigh Bells, Kanye West etc.), pour rendre compte du pouvoir fascinant quelle exerce sur la jeunesse américaine. Coppola montre non seulement la superficialité qui hante ces jeunes, mais aussi la fascination et lattrait pour ces vedettes qui deviennent de véritables miroirs. Lironie de la finale confirme cette hypothèse lorsquune jeune fille de la bande est mise sous les feux de la rampe pour les crimes quelle a commis.
Le propos de Sofia Coppola peut sembler réducteur et plutôt primaire. Malgré lhonnête proposition, The Bling Ring donne limpression dêtre un peu frileux et de demeurer en surface. Pourtant, lorsquelle sintéresse plus sincèrement à ses personnages, comme pour aborder lamitié et ses trahisons, Coppola démontre un talent réel pour filmer les tourments intimes de ladolescence, alors que sa caméra opte souvent pour le côté mondain. La démarche demeure cependant fort intéressante et le tout très divertissant.
Image
Le film est offert au format dimage respectée de 1.85:1 à une résolution de 1080p.
Filmé à partir de la caméra Épic de Red, The Bling Ring profite dun superbe transfert. Les détails et les textures sont reproduits avec précision et permettent ainsi à limage dafficher netteté. Le travail de direction photo signé par le défunt Harris Savides et Christopher Blauvelt est impeccablement rendu. Le style souvent « délavé » des couleurs est reproduit avec justesse. Les tons de peaux demeurent naturels. Les effets de surbrillance sont évités grâce à une bonne gestion des contrastes. Les parties sombres, somme toute assez nombreuses (la plupart des cambriolages ont lieu durant la nuit), sont reproduites avec détails. Cela est dû en grande partie aux dégradés fluides et aux noirs purs et profonds.
La partie numérique se sauve de tout défaut majeur apparent.
Son
Une seule bande son au format DTS-HD Master Audio 5.1 est disponible sur cette édition. Étonnamment, aucun doublage francophone nest offert. Le choix est curieux considérant lenvergure de luvre et de sa réalisatrice.
Le mixage est particulièrement agressif. Si, de prime abord, le genre cinématographique ne se prête pas aux prouesses sonores les plus saisissantes, le potentiel de la bande son DTS-HD permet immersion et dynamisme. Le déploiement du champ sonore seffectue de façon conventionnelle, les ouvertures frontale et latérale servant à entendre la majorité des éléments sonores et les enceintes arrière appuyant subtilement les ambiances. Cest certainement la trame sonore, composée notamment de morceaux de Kanye West, Sleigh Bells, M.I.A et Azaelia Banks, qui engendre le grondement des basses fréquences et des extrêmes graves. Enfin, les dialogues demeurent constamment et parfaitement intelligibles.
Des sous-titres anglais et français sont disponibles.
Suppléments/menus
Seul un documentaire « Making The Bling Ring Featurette (22:51) est offert. Il contient plusieurs extraits de tournage intéressants et des entretiens relativement pertinents des artisans et des acteurs. Divertissant, sans plus.
Il est important de mentionner que lédition américaine du film comprend aussi deux autres segments, dont un sur les vrais cambriolages ayant inspiré le film et un autre animé par nulle autre que Paris Hilton et nous offrant un tour guidé de sa demeure quelle a gentiment prêtée pour les besoins du tournage du film.
Conclusion
Voilà un long-métrage qui entre pertinemment dans la filmographie dune cinéaste qui a prouvé son talent et sa place. Les thèmes chers de Sofia Coppola sont ici bien présents (la célébrité, ladolescence, la culture populaire, la vacuité du quotidien, etc), mais The Bling Ring ne semble pas aller au bout de ses idées. Même si la démarche est parfaitement justifiable, il semble que le film se laisse mollement regarder alors quil devrait plus profondément questionner.
Techniquement très à la hauteur, lédition présente un beau transfert fidèle au travail de direction photo alors que le mixage DTS-HD est dynamique et immersif et ce, malgré le genre cinématographique présenté. On ne pourra que regretter labsence dun doublage français pour une uvre de cette envergure en plus dun simple documentaire « making-of » alors que lédition américaine en offre un peu plus pour son argent.
Cinquième long-métrage de la réalisatrice Sofia Coppola, The Bling Ring a été présenté en première mondiale en ouverture de la section Un Certain Regard au dernier Festival de Cannes. Bien plus que «la fille à papa», la cinéaste a su, au fil des années, construire une filmographie des plus pertinentes. Ses choix de mise en scène ont rarement fait lunanimité (on pensera évidemment à la bande sonore très « eighties » de Marie-Antoinette), mais son uvre sest néanmoins imposée comme singulière. Elle a pu ainsi obtenir le respect de ses pairs et la reconnaissance de la critique. Un film comme The Bling Ring simpose presque pour une cinéaste comme Coppola. Le sujet à lui seul paraît idéal : le titre qui donne son nom au groupe de sept adolescents de la Californie qui ont effectué des vols dans les domiciles de plusieurs célébrités, dont Paris Hilton et Lindsay Lohan. Le long-métrage de Coppola propose de sattarder sur ces crimes.
Depuis The Virgin Suicides, la cinéaste sintéresse à la question de ladolescence. Période de malaises, de solitude et demprisonnement, elle semble être aussi le lieu de tous les excès. Cest cette Kirsten Dunst que Coppola filmait dans son premier film et cest la même quelle captait dans Marie-Antoinette : une jeune femme ennuyée par une vie contrôlée et monotone qui tentait de compenser par linterdit et les frivolités. Cest précisément dans cette veine que la réalisatrice américaine filme The Bling Ring. En ne laissant jamais ses obsessions quitter lobjectif, la caméra de Coppola sattarde à cette jeunesse ici dans un contexte contemporain. Ces sept adolescents, Rebecca (Katie Chang), Marc (Israel Broussard), Nicki (Emma Watson), Chloe (Claire Julien), Sam (Taissa Farminga) et Emily (Georgia Rock) cambriolent les objets de valeur de leurs célébrités favorites permettant à la cinéaste de poser un regard cynique sur le rêve américain, mais aussi et surtout sur le culte que voue cette jeune génération pour la consommation.
Parce quelle filme ces crimes pendant plus de soixante des quatre-vingt-dix minutes, on a reproché à Coppola son approche répétitive et vide alors que pourtant, la mise en scène épouse précisément les futilités, lennui et la superficialité qui habitent la vie de ces jeunes adultes. Comme Spring Breakers paru plus tôt cette année, The Bling Ring veut montrer la vacuité qui caractérise le monde de ces adolescents. Un univers où les téléphones cellulaires deviennent loutil de linstantanéité, où Facebook sert constamment au « status update » et où les célébrités hollywoodiennes incarnent des idoles. Beaucoup moins éclaté que le film dHarmony Korine, The Bling Ring reste cependant très réaliste. Ancré dans une Californie tangible et actuelle, le long-métrage de Sofia Coppola témoigne dune génération hantée par la construction de limage et de la popularité.
Mais le sujet de prédilection de la cinéaste demeure sans contredit la culture populaire. Elle prend ici les traits des célébrités les plus en vogue chez nos voisins du sud (Hilton, Lohan, Megan Fox, Rachel Bilson, Orlando Bloom, etc.), mais aussi dune trame sonore des plus « in » (Azaelia Banks, M.I.A. Sleigh Bells, Kanye West etc.), pour rendre compte du pouvoir fascinant quelle exerce sur la jeunesse américaine. Coppola montre non seulement la superficialité qui hante ces jeunes, mais aussi la fascination et lattrait pour ces vedettes qui deviennent de véritables miroirs. Lironie de la finale confirme cette hypothèse lorsquune jeune fille de la bande est mise sous les feux de la rampe pour les crimes quelle a commis.
Le propos de Sofia Coppola peut sembler réducteur et plutôt primaire. Malgré lhonnête proposition, The Bling Ring donne limpression dêtre un peu frileux et de demeurer en surface. Pourtant, lorsquelle sintéresse plus sincèrement à ses personnages, comme pour aborder lamitié et ses trahisons, Coppola démontre un talent réel pour filmer les tourments intimes de ladolescence, alors que sa caméra opte souvent pour le côté mondain. La démarche demeure cependant fort intéressante et le tout très divertissant.
Image
Le film est offert au format dimage respectée de 1.85:1 à une résolution de 1080p.
Filmé à partir de la caméra Épic de Red, The Bling Ring profite dun superbe transfert. Les détails et les textures sont reproduits avec précision et permettent ainsi à limage dafficher netteté. Le travail de direction photo signé par le défunt Harris Savides et Christopher Blauvelt est impeccablement rendu. Le style souvent « délavé » des couleurs est reproduit avec justesse. Les tons de peaux demeurent naturels. Les effets de surbrillance sont évités grâce à une bonne gestion des contrastes. Les parties sombres, somme toute assez nombreuses (la plupart des cambriolages ont lieu durant la nuit), sont reproduites avec détails. Cela est dû en grande partie aux dégradés fluides et aux noirs purs et profonds.
La partie numérique se sauve de tout défaut majeur apparent.
Son
Une seule bande son au format DTS-HD Master Audio 5.1 est disponible sur cette édition. Étonnamment, aucun doublage francophone nest offert. Le choix est curieux considérant lenvergure de luvre et de sa réalisatrice.
Le mixage est particulièrement agressif. Si, de prime abord, le genre cinématographique ne se prête pas aux prouesses sonores les plus saisissantes, le potentiel de la bande son DTS-HD permet immersion et dynamisme. Le déploiement du champ sonore seffectue de façon conventionnelle, les ouvertures frontale et latérale servant à entendre la majorité des éléments sonores et les enceintes arrière appuyant subtilement les ambiances. Cest certainement la trame sonore, composée notamment de morceaux de Kanye West, Sleigh Bells, M.I.A et Azaelia Banks, qui engendre le grondement des basses fréquences et des extrêmes graves. Enfin, les dialogues demeurent constamment et parfaitement intelligibles.
Des sous-titres anglais et français sont disponibles.
Suppléments/menus
Seul un documentaire « Making The Bling Ring Featurette (22:51) est offert. Il contient plusieurs extraits de tournage intéressants et des entretiens relativement pertinents des artisans et des acteurs. Divertissant, sans plus.
Il est important de mentionner que lédition américaine du film comprend aussi deux autres segments, dont un sur les vrais cambriolages ayant inspiré le film et un autre animé par nulle autre que Paris Hilton et nous offrant un tour guidé de sa demeure quelle a gentiment prêtée pour les besoins du tournage du film.
Conclusion
Voilà un long-métrage qui entre pertinemment dans la filmographie dune cinéaste qui a prouvé son talent et sa place. Les thèmes chers de Sofia Coppola sont ici bien présents (la célébrité, ladolescence, la culture populaire, la vacuité du quotidien, etc), mais The Bling Ring ne semble pas aller au bout de ses idées. Même si la démarche est parfaitement justifiable, il semble que le film se laisse mollement regarder alors quil devrait plus profondément questionner.
Techniquement très à la hauteur, lédition présente un beau transfert fidèle au travail de direction photo alors que le mixage DTS-HD est dynamique et immersif et ce, malgré le genre cinématographique présenté. On ne pourra que regretter labsence dun doublage français pour une uvre de cette envergure en plus dun simple documentaire « making-of » alors que lédition américaine en offre un peu plus pour son argent.
Qualité vidéo:
4,3/5
Qualité audio:
4,2/5
Suppléments:
2,0/5
Rapport qualité/prix:
3,4/5
Note finale:
3,4/5
Auteur: Frédéric Bouchard
Date de publication: 2013-10-20
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur LG 37LG30, Lecteur Blu-Ray Sony (BDPS350), Récepteur JVC TH-A30
Date de publication: 2013-10-20
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur LG 37LG30, Lecteur Blu-Ray Sony (BDPS350), Récepteur JVC TH-A30