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DVDEF

Thing, The (Collector's Edition)

Critique
Synopsis/présentation
The Thing est à nos yeux la plus grande réussite de John Carpenter et le seul film de studio où il a eu les coudées franches et a pu agir à sa guise. Le film nous conte l'histoire d'un groupe de scientifiques et techniciens perdus dans une station de recherche dans le grand Nord. Ces 12 personnes vont se retrouver confrontées à une menace terrifiante dont la grand particularité est de n'avoir aucune forme précise, de prendre l'apparence de n'importe quel être vivant pour assurer sa survie. La tension va aller crescendo, le monstre ayant pris l'apparence de certains membres du groupe. La paranoïa et la peur sont alors le pain quotidien de ces hommes qui n'ont peut-être plus que l'apparence d'êtres humains.

Carpenter a intelligemment choisi de s'éloigner d'un simple remake du film éponyme de Nyby et Hawks (The Thing from another World, 1951) en revenant à une version du roman de Jonh W Campbell Jr. Ainsi contrairement à la version de 1951 parasitée par une intrigue amoureuse inutile, Carpenter réalise un film "d'hommes" qui se concentre uniquement sur la tension générée par la présence de 12 individus enfermés dans une station assez spartiate et coupée du monde extérieur. Chaque héros est potentiellement aussi important que les autres (même si MacReady joué par Kurt Russell domine le film), et l'intelligence de Carpenter est d'avoir su éviter les personnages caricaturaux. Cette absence de héros dominant lui permet de travailler la tension latente au sein du groupe de façon réaliste et absolument séparée de l'arrivée du monstre. Lorsque celui-ci fera son apparition, il va logiquement exacerber les relations, non seulement à cause du danger potentiel qu'il représente mais aussi et surtout du fait qu'il est indécelable, ayant pris l'apparence de certains des scientifiques sans qu'aucun signe extérieur soit décelable. Cette finesse psychologique permet à Carpenter de travailler remarquablement l'ambiance angoissante et tendue de son film, renforcée par la musique lancinante et stressante de Ennio Morricone. Ce dernier change son style habituel pour s'adapter à celui des bandes-son des autres oeuvres de Carpenter, que ce dernier compose habituellement lui-même. L'avantage d'avoir un grand musicien est que celui-ci est capable de tirer le meilleur du système Carpenter en y amenant un sens de la variation subtile et un tempo de qualité largement supérieure aux compositions habituelles du réalisateur et par là même, cette musique devient un personnage à part entière du film.

L'unité de lieu et de temps permet à Carpenter d'offrir une oeuvre qui recèle d'une tension interne absolument incroyable et qui resiste à plusieurs visionnages et à la connaissance de l'intrigue. Le spectateur est forcé, comme les personnages, dans une quête de la vérité qui une fois de plus passe par l'oubli des apparences. Les questions qui découlent de la présence d'un monstre invisible capable de se fondre dans le groupe, sans signes distinctifs extérieurs, sont souvent troublantes et applicables à tout un chacun, ce qui renforce encore la puissance du film. Carpenter est célèbre pour ses cadres somptueux en 2.35:1 et force est de reconnaître qu'avec Halloween, The Thing est le film où cette figure de style s'avère la plus payante et pour tout dire indispensable. Une image aussi large lui permet de truffer ses cadres de détails à priori sans importance mais qui prennent un relief tout particulier du fait de cette ambiance paranoïaque, aussi bien dans le film que dans l'esprit du spectateur. C'est d'ailleurs l'un des rares films du réalisateur à poser des questions philosophiques sur l'apparence, l'humanité, qui amènent une profondeur souvent incompatible avec ce type d'oeuvres.

Mais toute cette science du récit, de la mise en scène et de la psychologie des personnages aurait une saveur bien moindre sans les effets spéciaux absolument géniaux de Rob Bottin. Celui-ci, alors tout jeune, a travaillé comme un damné (voir suppléments) pendant une année pour arriver à un résultat absolument unique et jamais égalé depuis. La créature n'ayant pas une apparence définie, Bottin s'en donne à coeur joie pour créer les transformations les plus incroyables et grotesques, s'inspirant parfois d'oeuvres picturales fantastiques ou non (Sir Francis Bacon ou Gustave Doré pour les plus évidents) pour aboutir à un résultat inoubliable.
Le grotesque est souvent une arme à double tranchant car mal maîtrisée, les résultats provoqués par des effets spéciaux de ce style peuvent provoquer des rires désastreux pour l'oeuvre alors que c'est la peur qui était visée. Bottin et Carpenter ont donc travaillé de concert pour donner le maximum d'efficacité à toutes les scènes comportant le monste et ses apparitions, et le moins que l'on puisse dire est que leur mission a été remplie en tous points.

Hormis Kurt Russel, aucun acteur n'est une star et cette relative banalité des acteurs aide grandement à l'identification du spectateur et à la crédibilité de l'oeuvre qui confronte des personnes "normales" avec des situations totalement extraordinaires. Les visages tendus, suspicieux des différents personnages resteront gravés à coup sur dans la mémoire de tout ceux qui voient ce film.

Voici donc un immense film fantastique qui joue autant sur la suggestion que le "montré" et en cela il s'agit d'un film rare. Nous vous conseillons bien évidemment son visionnage le soir dans le noir et dans ce cas nous vous garantissons des frissons comme rarement vous en aurez ressenti pour un film dont le sujet est tout autant l'humain que l'inhumain.


Image
L'image est proposée au format respecté d'après un transfert 16:9.

La définition générale est d'un excellent niveau surtout si l'on tient compte du fait que le film date de 1982. L'interpositif est très propre et à part en de très rares occasions, aucun défaut assez important pour être relevé n'est présent. Sur quelques passages du grain est toujours présent, ce qui confère à l'ensemble un rendu très cinéma sans jamais perturber le plaisir du visionnage. Les couleurs si particulières du film (du à son lieu de tournage et aux options conjointes de Carpenter et Dean Cundey) sont parfaitement rendues, restituant bien l'atmosphère étouffante voulue. Elles sont justes, constantes, sans débordements aucuns et presque parfaitement saturées. Le contreste est lui aussi bien géré et évite toutes les brillances. Les nombreuses scènes sombres du film sont agréablement restituées grâce à l'action combinée du contraste et des noirs, purs et profonds.

La partie numérique est exempte de reproches, ne générant aucun défaut susceptible d'être relevé dans ces lignes. Un transfert qui marque une amélioration vraiment sensible par rapport aux précédentes éditions du film, sans pour autant atteindre le niveau des meilleures remasterisations.


Son
Les bandes-son disponibles sur cette édition sont respectivement en Anglais (Dolby Digital 5.1) et Français (Dolby 2.0 surround).

La dynamique de la bande-son anglaise est correcte mais on se serait attendu à une plage plus étendue. Sa présence et sa spatialité souffrent des mêmes remarques. La superbe et angoissante musique de Ennio Morricone est très bien rendue, même si des améliorations sont clairement possibles. Elle est qui plus est parfaitement intégrée au reste de la bande-son. Les enceintes arrières sont assez peu utilisées mais toujours de façon intelligente. Le reproche vient surtout du manque de dynamique et d'ampleur sur les effets d'explosion et avouons là aussi, d'une utilisation qui aurait pu être optimisée avec un nouveau remixage profitant des dernières avancées en la matière. Les dialogues sont en permanence parfaitement intelligibles et aucune trace de parasites ou distortions suffisamment importante pour être notifiée n'est à déplorer. Les basses fréquences sont bien présentes mais elles manquent toutefois de profondeur par rapport aux meilleurs remixages actuels. Les sous-titres sont disponibles en Anglais, Français et Espagnol.

Une bande-son qui s'avère satisfaisante mais qui au contraire de l'image ne marque aucune amélioration vis à vis de l'ancienne édition est c'est bien dommage. En effet si le résultat est plaisant, les techniques de remixage ont considérablement évolué depuis le premier remixage de la bande-son de The Thing et il ne fait nul doute qu'un travail à ce niveau donnerait actuellement des résultats remarquables et qui serviraient le film. Il est dommage que beaucoup de studios s'arrêtent en route et lors d'une édition collector ne proposent qu'un des deux éléments majeurs (son et image) soit remis à neuf.


Suppléments/menus
Une section très complète et passionnante, à laquelle il ne manque qu'un effort de présentation et de modernisation pour être quasi parfaite.

Le commentaire audio de Carpenter et Russell transpire la passion, l'amitié et l'évocation de souvenirs très plaisants pour les deux intervenants. L'ensemble est riche en anecdotes de tournage et nous renseigne au final assez bien sur les intentions de Carpenter. Le documentaire de 80 minutes "The Terror takes shape" est tout simplement l'un des mieux construits et l'un des plus passionnants qui nous ait été donné de voir, un modèle du genre que nous ne pouvons que vivement vous conseiller. Le reste des suppléments est un ensemble complet de divers éléments d'archives, séparés en diverses catégories : effets spéciaux, des galeries de photos, des croquis préparatoires, des éléments de production, des filmographies et pour finir les traditionelles bandes-annonces. Le seul reproche que l'on peut faire à cette partie est que la présentation des divers éléments est restée la même que sur l'édition spéciale en laserdisc. L'interactivité et la présentation des suppléments a énormément évolué depuis l'arrivée du DVD et il est fort dommage que la Universal n'ait jugé bon de retravailler la présentation, qui du coup se révèle assez fastidieuse et trop statique. A noter une jacquette et des menus que nous trouvons assez ratés et qui malheureusement temoignent du peu d'intérêt que le studio semble avoir prêté à la réédition de ce film qui méritait d'autres efforts.

Des suppléments passionnants et complets qui éclairent remarquablement le film mais qui souffrent d'une présentation datée.



Conclusion
Une Collector's Edition en demi-teinte en tant que telle, du fait du peu de différences qu'elle présente avec la précédente édition, cependant la qualité du nouveau transfert et surtout l'amélioration par rapport au précédent justifie à eux seuls l'achat de cette nouvelle édition.

The Thing est devenu avec le temps un film référence et c'est un cas assez rare de remake qui reste d'un avis généralement unanime supérieur au film de Christian Nyby et Howard Hawks. Carpenter a su tirer profit des moyens qui ont été mis à sa disposition et offre une oeuvre tendue et terrifiante qui est une sorte de quintessence de son style.


Qualité vidéo:
3,9/5

Qualité audio:
3,4/5

Suppléments:
3,6/5

Rapport qualité/prix:
3,2/5

Note finale:
3,5/5
Auteur: Stefan Rousseau

Date de publication: 2005-01-13

Système utilisé pour cette critique: Projecteur Sharp XV Z9000, Lecteur de DVD Toshiba SD500, Recepteur Denon, Enceintes Triangle, Câbles Banbridge et Real Cable.

Le film

Titre original:
Thing, The

Année de sortie:
1982

Pays:

Genre:

Durée:
109 minutes

Réalisateur (s):

Acteur (s):

Le DVD / Blu-ray

Pochette/couverture:

Distributeur:
Universal

Produit:
DVD

Nombre de disque:
1 DVD-9 (simple face, double couche)

Format d'image:
2.35:1

Transfert 16:9:
Oui

Certification THX:
Non

Bande(s)-son:
Anglaise Dolby Digital 5.1
Française Dolby 2.0 Surround

Sous-titres:
Anglais
Français
Espagnol

Suppéments:
Documentaire, nombreux documents d'archive (photos, storyboards, scènes coupées), bandes annonce

Date de parution:
2004-10-26

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