Melancholia

Critique
Synopsis/présentation
Melancholia, nouvelle offrande réalisée par Lars Von Trier est une uvre qui peut (lire : sera) essentiellement réfléchie en rapport avec le précédent film controversé du célèbre cinéaste danois; Antichrist. Si nous avons tendance à articuler luvre dun réalisateur autour dune filmographie entière, lidée de ne pas dissocier les deux dernières uvres de Von Trier se justifierait ici par un détachement de plus en plus marqué de ce quil chérissait autrefois, le Dogme 95.
En effet, outre la présence de Charlotte Gainsbourg au générique, Antichrist et Melancholia sont des uvres qui, dans leur introduction respective, expriment un parti-pris pour une esthétique hyperléchée, une première pour le cinéma de Lars Von Trier. Alors que le long-métrage de 2009 souvrait sur une séquence au ralenti offrant les images des ébats dun couple sous la douche, celui de 2011 propose doffrir un avant-goût du récit dont il sera question en affichant des tableaux (des plans) de moments marquants de cette histoire. Ce récit nous invite à suivre les derniers mois sur Terre à travers les yeux de deux personnages féminins : Justine qui est sur le point de se marier et Claire sa sur chez qui sont organisées les festivités. Pendant ce temps, la planète Melancholia se dirige vers la Terre pour une collision imminente.
Le cinéma de Lars Von Trier est extrêmement philosophique. Depuis Les Idiots, le cinéaste danois étudie à travers ses histoires souvent (sinon toujours) tristes lêtre humain. Melancholia ne fait pas exception à cette règle et sattarde cette fois-ci à la question de la mortalité. Il nest dailleurs pas improbable de soutenir la séduisante hypothèse du rapport métaphorique entre les deux planètes et les deux surs. Mais sous ses airs de récit de fin du monde, le film dresse surtout le portrait de deux archétypes. Le premier incarné par le personnage de Justine qui est habitée par une mélancolie lourde et fastidieuse et le deuxième dont le personnage de Claire manifeste les plus grandes caractéristiques : la peur. Toutes les deux réagiront différemment à lapproche de cette fin du monde. Dun côté Justine sera acceptante et accueillera cette finalité comme une délivrance alors que Claire sera prise dune panique des plus effroyables.
Le film de Lars Von Trier manipule aussi très habilement les codes associés au film apocalyptique, genre quil emprunte bien malgré lui. À mille lieues des productions hollywoodiennes, le long-métrage sintéresse au cas de la collision de la planète Melancholia à travers le particulier : une famille. À limage du couple dAntichrist qui senfuit dans le fond des bois, nous observons Justine, Claire, son mari et son fils qui sont isolés dans un château qui semble se situer dans un environnement très européen. Cette sensation disolement renforce lidée de solitude qui se dégage tout au long du film. En effet, curieusement, et ce, malgré tous les moyens économiques dont ils semblent faire preuve (ils habitent dans un château, ils ont payé et organisé le mariage de Justine), Claire et son mari nont jamais recours à la télévision ou au médias pour accéder à linformation. Seule une recherche sur le Web servira à accentuer la crainte de Claire et à créer un lien avec le monde extérieur. Sinon, la famille assiste au spectacle à laide dinstruments optiques (un télescope, etc.). Melancholia, tout comme Antichrist, démontre ainsi son rapport particulier à la nature. Un rapport où tous ces éléments (lair, les chevaux, la forêt) font partie du portrait au même titre que lhomme.
À ceux qui donnait au cinéaste des intentions ou un caractère misogyne à travers son portrait du personnage féminin maléfique dAntichrist, Melancholia sera les faire taire de par la proposition du film de présenter cette histoire de fin du monde à travers les yeux de deux femmes. Les portraits qui en sont dégagés sont complexes, durs mais jamais condescendants, encore moins complaisants. Lentement se dresse lidée que la femme serait plus intéressante, voire même porteuse dune plus grande vérité que lhomme. Même le père est vu soit comme un lâche, soit comme un pervers polygame. En se concentrant sur les deux personnages féminins, la caméra du cinéaste réussit lexploit impossible (et rarissime doit-on lavouer) de lier le particulier à luniversel en passant par un genre féminin. Et pourtant, il faut se rapporter aux uvres précédentes du cinéaste pour constater que cest un parti-pris présent dans chacune de ses uvres, preuve indéniable de sa fascination pour le féminin.
Valant bien plus quune vulgaire et maladroite blague sur Hilter au dernier Festival de Cannes, le dernier film de Lars Von Trier persiste dans la lignée des uvres dépressives et sombres dun cinéaste qui peut désormais se prétendre grand pessimiste. Moins lourd quAntichrist, Melancholia détourne brillamment les codes du film apocalyptique et propose un film qui risque de vous remuer, vous déstabiliser. Cest une uvre à la fois pesante et légère, tranquille et effrayante, belle et cruelle.
Image
Le film est offert au format dimage respectée de 2.35:1 à une résolution de 1080p.
Rendant superbement justice à la facture visuelle du film, le transfert vidéo fait preuve de justesse, de précision et de beauté tant dans la reproduction de textures et de ses détails que dans le niveau de netteté rendu. Hormis un très fin grain cinématographique, limage est claire et nette. Les couleurs sont reproduites avec richesse et précision. La séquence dintroduction, avec son esthétique léchée et lisse, est ainsi impeccablement reproduite alors les premier et deuxième chapitre de luvre le sont tout autant même si lesthétique se rapproche davantage de ce que nous a habitué Lars Von Trier par le passé. Le niveau des noirs est parfaitement géré tandis que les dégradés sont fluides et précis offrant de très belles parties sombres. Ce sont des noirs purs et profonds qui complètent ce superbe transfert.
La partie numérique se sauve de tout défaut apparent.
Son
Deux bandes sons sont offertes sur cette édition au format DTS-HD Master Audio en version originale anglaise et française.
Le mixage DTS-HD de la version originale anglaise est particulièrement saisissant. Alors que lon se serait attendu à une bande son davantage en retrait étant la caméra plutôt intimiste de Lars Von Trier, cest plutôt avec dynamisme et une puissance certaine que nous accueillerons ce mixage. La séquence dintroduction qui est servie sous une musique de Wagner annonce la donne : des basses bien profondes qui serviront à appuyer solidement la trame sonore et les éléments sonores plus lourds et imposants (par exemple les sons de la planète Melancholia à son approche de la Terre, la finale, etc.). De plus, les effets dambiophonie permettent de créer une plus grande immersion en plus dappuyer des moments assez saisissants, que ce soit avec les séquences sous la pluie, le mariage, etc. Le déploiement du champ sonore seffectue sinon de façon classique où les dialogues demeurent constamment et parfaitement intelligibles.
Des sous-titres anglais, français et espagnols sont disponibles.
Suppléments/menus
Sur cette édition nous retrouvons cinq segments. Le premier « About Melancholia (12 :00) » séloigne du documentaire promotionnel typique grâce aux interventions pertinentes et intelligentes de Kirsten Dunst, Charlotte Gainsbourg et surtout Lars Von Trier et Irene Oestrich psychologue où tous discutent des thématiques du film ainsi que des personnages.
« Visual Effects (7 :02)» propose des interventions où Von Trier nous explique timidement comment il a créé certains effets visuels tandis que « The Visual Style (10 :11) » sattarde quant à lui au style de cinéma que Von Trier crée. Par exemple, le cinéaste se défend lors de quelques interventions de causer la nausée avec sa façon de filmer.
« The Universe (4 :25) » est un très court segment où un astrophysicien et le concepteur des effets visuels discutent de la vraisemblance scientifique des évènements qui se déroulent dans le film. Enfin, « HDNET : A look at Melancholia (5 :06) » est un vulgaire ramassis dinterventions déjà présentées dans les segments précédents.
Deux bandes-annonces du film complètent cette section.
Seul regret; l'absence de la piste de commentaires audio de Lars Von Trier que l'on retrouve avec l'édition européenne Blu-ray (et DVD) de Melancholia.
Conclusion
Rejoignant The Tree of Life en terme duvre philosophique de la dernière année, le film de Lars Von Trier est une uvre qui devrait réconcilier les fans du cinéaste danois qui avaient trouvé Antichrist trop violent et trop lourd. Même si elle délaisse lesthétique du dogme le temps dun sublime prologue ultraléché, la caméra de Von Trier demeure à hauteur dhomme livrant un engageant portrait de lhumanité alors quelle coure à sa fin.
Alors que lédition européenne de Melancholia regorge de suppléments riches et pertinents (une piste de commentaire de Lars Von Trier, un documentaire sur Filmbyen, la « ville cinéma créée pour les cinéastes de la nouvelle-vague danoise et co-fondée par Von Trier, lédition présentée ici offre étrangement que des documentaires assez superficiels et disparates. Mais heureusement, le transfert vidéo est magnifique et le mixage DTS-HD absolument renversant!
Melancholia, nouvelle offrande réalisée par Lars Von Trier est une uvre qui peut (lire : sera) essentiellement réfléchie en rapport avec le précédent film controversé du célèbre cinéaste danois; Antichrist. Si nous avons tendance à articuler luvre dun réalisateur autour dune filmographie entière, lidée de ne pas dissocier les deux dernières uvres de Von Trier se justifierait ici par un détachement de plus en plus marqué de ce quil chérissait autrefois, le Dogme 95.
En effet, outre la présence de Charlotte Gainsbourg au générique, Antichrist et Melancholia sont des uvres qui, dans leur introduction respective, expriment un parti-pris pour une esthétique hyperléchée, une première pour le cinéma de Lars Von Trier. Alors que le long-métrage de 2009 souvrait sur une séquence au ralenti offrant les images des ébats dun couple sous la douche, celui de 2011 propose doffrir un avant-goût du récit dont il sera question en affichant des tableaux (des plans) de moments marquants de cette histoire. Ce récit nous invite à suivre les derniers mois sur Terre à travers les yeux de deux personnages féminins : Justine qui est sur le point de se marier et Claire sa sur chez qui sont organisées les festivités. Pendant ce temps, la planète Melancholia se dirige vers la Terre pour une collision imminente.
Le cinéma de Lars Von Trier est extrêmement philosophique. Depuis Les Idiots, le cinéaste danois étudie à travers ses histoires souvent (sinon toujours) tristes lêtre humain. Melancholia ne fait pas exception à cette règle et sattarde cette fois-ci à la question de la mortalité. Il nest dailleurs pas improbable de soutenir la séduisante hypothèse du rapport métaphorique entre les deux planètes et les deux surs. Mais sous ses airs de récit de fin du monde, le film dresse surtout le portrait de deux archétypes. Le premier incarné par le personnage de Justine qui est habitée par une mélancolie lourde et fastidieuse et le deuxième dont le personnage de Claire manifeste les plus grandes caractéristiques : la peur. Toutes les deux réagiront différemment à lapproche de cette fin du monde. Dun côté Justine sera acceptante et accueillera cette finalité comme une délivrance alors que Claire sera prise dune panique des plus effroyables.
Le film de Lars Von Trier manipule aussi très habilement les codes associés au film apocalyptique, genre quil emprunte bien malgré lui. À mille lieues des productions hollywoodiennes, le long-métrage sintéresse au cas de la collision de la planète Melancholia à travers le particulier : une famille. À limage du couple dAntichrist qui senfuit dans le fond des bois, nous observons Justine, Claire, son mari et son fils qui sont isolés dans un château qui semble se situer dans un environnement très européen. Cette sensation disolement renforce lidée de solitude qui se dégage tout au long du film. En effet, curieusement, et ce, malgré tous les moyens économiques dont ils semblent faire preuve (ils habitent dans un château, ils ont payé et organisé le mariage de Justine), Claire et son mari nont jamais recours à la télévision ou au médias pour accéder à linformation. Seule une recherche sur le Web servira à accentuer la crainte de Claire et à créer un lien avec le monde extérieur. Sinon, la famille assiste au spectacle à laide dinstruments optiques (un télescope, etc.). Melancholia, tout comme Antichrist, démontre ainsi son rapport particulier à la nature. Un rapport où tous ces éléments (lair, les chevaux, la forêt) font partie du portrait au même titre que lhomme.
À ceux qui donnait au cinéaste des intentions ou un caractère misogyne à travers son portrait du personnage féminin maléfique dAntichrist, Melancholia sera les faire taire de par la proposition du film de présenter cette histoire de fin du monde à travers les yeux de deux femmes. Les portraits qui en sont dégagés sont complexes, durs mais jamais condescendants, encore moins complaisants. Lentement se dresse lidée que la femme serait plus intéressante, voire même porteuse dune plus grande vérité que lhomme. Même le père est vu soit comme un lâche, soit comme un pervers polygame. En se concentrant sur les deux personnages féminins, la caméra du cinéaste réussit lexploit impossible (et rarissime doit-on lavouer) de lier le particulier à luniversel en passant par un genre féminin. Et pourtant, il faut se rapporter aux uvres précédentes du cinéaste pour constater que cest un parti-pris présent dans chacune de ses uvres, preuve indéniable de sa fascination pour le féminin.
Valant bien plus quune vulgaire et maladroite blague sur Hilter au dernier Festival de Cannes, le dernier film de Lars Von Trier persiste dans la lignée des uvres dépressives et sombres dun cinéaste qui peut désormais se prétendre grand pessimiste. Moins lourd quAntichrist, Melancholia détourne brillamment les codes du film apocalyptique et propose un film qui risque de vous remuer, vous déstabiliser. Cest une uvre à la fois pesante et légère, tranquille et effrayante, belle et cruelle.
Image
Le film est offert au format dimage respectée de 2.35:1 à une résolution de 1080p.
Rendant superbement justice à la facture visuelle du film, le transfert vidéo fait preuve de justesse, de précision et de beauté tant dans la reproduction de textures et de ses détails que dans le niveau de netteté rendu. Hormis un très fin grain cinématographique, limage est claire et nette. Les couleurs sont reproduites avec richesse et précision. La séquence dintroduction, avec son esthétique léchée et lisse, est ainsi impeccablement reproduite alors les premier et deuxième chapitre de luvre le sont tout autant même si lesthétique se rapproche davantage de ce que nous a habitué Lars Von Trier par le passé. Le niveau des noirs est parfaitement géré tandis que les dégradés sont fluides et précis offrant de très belles parties sombres. Ce sont des noirs purs et profonds qui complètent ce superbe transfert.
La partie numérique se sauve de tout défaut apparent.
Son
Deux bandes sons sont offertes sur cette édition au format DTS-HD Master Audio en version originale anglaise et française.
Le mixage DTS-HD de la version originale anglaise est particulièrement saisissant. Alors que lon se serait attendu à une bande son davantage en retrait étant la caméra plutôt intimiste de Lars Von Trier, cest plutôt avec dynamisme et une puissance certaine que nous accueillerons ce mixage. La séquence dintroduction qui est servie sous une musique de Wagner annonce la donne : des basses bien profondes qui serviront à appuyer solidement la trame sonore et les éléments sonores plus lourds et imposants (par exemple les sons de la planète Melancholia à son approche de la Terre, la finale, etc.). De plus, les effets dambiophonie permettent de créer une plus grande immersion en plus dappuyer des moments assez saisissants, que ce soit avec les séquences sous la pluie, le mariage, etc. Le déploiement du champ sonore seffectue sinon de façon classique où les dialogues demeurent constamment et parfaitement intelligibles.
Des sous-titres anglais, français et espagnols sont disponibles.
Suppléments/menus
Sur cette édition nous retrouvons cinq segments. Le premier « About Melancholia (12 :00) » séloigne du documentaire promotionnel typique grâce aux interventions pertinentes et intelligentes de Kirsten Dunst, Charlotte Gainsbourg et surtout Lars Von Trier et Irene Oestrich psychologue où tous discutent des thématiques du film ainsi que des personnages.
« Visual Effects (7 :02)» propose des interventions où Von Trier nous explique timidement comment il a créé certains effets visuels tandis que « The Visual Style (10 :11) » sattarde quant à lui au style de cinéma que Von Trier crée. Par exemple, le cinéaste se défend lors de quelques interventions de causer la nausée avec sa façon de filmer.
« The Universe (4 :25) » est un très court segment où un astrophysicien et le concepteur des effets visuels discutent de la vraisemblance scientifique des évènements qui se déroulent dans le film. Enfin, « HDNET : A look at Melancholia (5 :06) » est un vulgaire ramassis dinterventions déjà présentées dans les segments précédents.
Deux bandes-annonces du film complètent cette section.
Seul regret; l'absence de la piste de commentaires audio de Lars Von Trier que l'on retrouve avec l'édition européenne Blu-ray (et DVD) de Melancholia.
Conclusion
Rejoignant The Tree of Life en terme duvre philosophique de la dernière année, le film de Lars Von Trier est une uvre qui devrait réconcilier les fans du cinéaste danois qui avaient trouvé Antichrist trop violent et trop lourd. Même si elle délaisse lesthétique du dogme le temps dun sublime prologue ultraléché, la caméra de Von Trier demeure à hauteur dhomme livrant un engageant portrait de lhumanité alors quelle coure à sa fin.
Alors que lédition européenne de Melancholia regorge de suppléments riches et pertinents (une piste de commentaire de Lars Von Trier, un documentaire sur Filmbyen, la « ville cinéma créée pour les cinéastes de la nouvelle-vague danoise et co-fondée par Von Trier, lédition présentée ici offre étrangement que des documentaires assez superficiels et disparates. Mais heureusement, le transfert vidéo est magnifique et le mixage DTS-HD absolument renversant!
Qualité vidéo:
4,7/5
Qualité audio:
4,4/5
Suppléments:
2,5/5
Rapport qualité/prix:
4,0/5
Note finale:
4,0/5
Auteur: Frédéric Bouchard
Date de publication: 2012-05-14
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur LG 37LG30, Lecteur Blu-Ray Sony (BDPS350), Récepteur JVC TH-A30
Date de publication: 2012-05-14
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur LG 37LG30, Lecteur Blu-Ray Sony (BDPS350), Récepteur JVC TH-A30