Fright Night

Critique
Synopsis/présentation
Reprise du film de Tom Holland datant de 1985, le Fright Night de 2011 nest pas seulement la preuve que les effets visuels sont plus réussis et plus riches ou qu'Hollywood est à court didée. Non, le film de Craig Gillepsie, cinéaste qui a tout de même offert le très touchant Lars and the Real Girl en 2007, exploite les possibilités de la reprise, cest-à-dire actualiser le propos du film de 1985 dans le contexte socio-culturel actuel. Alors que la version originale suggérait fortement une homosexualité refoulée du personnage principal, luvre qui nous intéresse ici transpose littéralement ces sous-entendus sexuels à un autre niveau pour explorer les complexes de la masculinité.
Fright Night est une uvre qui baigne dans un genre codifié. Et dun point de vue strict de règles de cinéma de genre, le film respecte à la lettre toutes celles établies par ce type de films. En effet, en plus dutiliser les effets propres au cinéma dhorreur (sursauts, musique, gore, etc.), Fright Night joue dans les plates-bandes de Twilight. Scénarisé par Marti Noxon dont le curriculum vitae sest surtout construit chez Fox avec Buffy the Vampire Slayer (où elle agissait à titre de productrice exécutive), luvre fonctionne également sur une mythologie établie (celle des vampires). Il faut donner la permission au vampire dentrer chez soi, ils sont sensibles à leau bénite et à la lumière du soleil, et on peut (doit) les tuer avec un pieu dans le cur. Ces codes exploités habilement, Fright Night préfère déconstruire ce qui se révèle être encore aujourdhui le véritable sujet au cur du cinéma dépouvante : lidentité sexuelle.
Le long-métrage de Craig Gillepsie interroge effectivement la masculinité en mettant en scène les questionnements dun adolescent, Charley, qui cherche à passer à lâge adulte. Dun côté, ses inquiétudes sexuelles sont incarnées par la menace que représente Jerry, son nouveau voisin vampire. Bien avant quil napprenne que celui-ci est un vampire, Charley est vite mise au fait de son infériorité masculine face à Jerry. Dans une séquence mémorable au début du film, le vampire réussit à séduire à la fois la mère de Charley (qui trouvait au départ lhomme suspect) et sa petite amie exposant ainsi le complexe et la fascination que le jeune homme éprouve envers Jerry. Car bien avant sa monstruosité et ses dents pointues, cest la masculinité de Jerry qui semble freiner Charley à trouver un certain épanouissement sexuel (lire : coucher avec sa petite amie). Et ce ne sera que lorsque cette menace sera complètement anéantie que le jeune homme pourra assouvir envers ses désirs.
Bien plus quune menace, Jerry représente aussi pour Charley un modèle. Encore une fois parce quil incarne une forme de masculinité mais aussi parce quil est ce qui se rapproche le plus dune figure dhomme dans son entourage. Jerry est donc sexy, viril, indépendant, sûr de lui et attire aisément le regard des femmes autour de lui. Mais puisque le charmant voisin ramène constamment Charley à sa propre infériorité masculine, il se doit de trouver une alternative. Le personnage du magicien Peter Vincent, sorte de mélange entre Criss Angel et Russell Brand, représente cette autre option. Ce dernier vit dans le luxe (un hôtel à Vegas) et nest finalement quillusion et mensonge (il est illusionniste). Pourtant, il incarne ce que Charley refoule depuis le début du film : la figure du « geek » . Cest ce que cache ladolescent à sa copine et ses nouveaux amis, son passé de nerd quil partage avec deux autres amis quil préfère ne pas fréquenter en public.
Lorsque le film se termine, Charley na pas choisi. Il na pas calqué lun des hommes plus que lautre. Il a appris à être lui-même. À ce titre, la structure du film sapparente étrangement à ce que les anglophones appellent « coming of age movie » qui consiste au passage dun personnage adolescent vers lâge adulte. Et le propos du film rapproche curieusement la quête de Charley à celle du « coming out ». Dans son cas, il sagit dassumer son passé « geek » et son impossibilité à incarner une masculinité virile et puissante.
Fright Night est ainsi une reprise franchement intéressante. Il est plutôt rare dassister à une telle déconstruction de lidentité sexuelle dans le cinéma américain populaire. Pourtant, et là est toute la pertinence de cette revisite, ces questionnements ne sont certainement pas innocents à notre société qui fait face à de plus en plus dinterrogations face à lidentité masculine. Rien que pour cela, et aussi parce que cest un savoureux film de vampires, Fright Night est un riche divertissement qui mérite dêtre vu.
Image
Le film est offert au format dimage respectée de 1.78:1 à une résolution de 1080p.
Curieusement, on a beaucoup reproché à ce transfert haute-définition de ne pas être à la hauteur. Tourné originalement en 3D, le film possède une facture visuelle très sombre (il sagit dun film dépouvante, il ne faudrait pas loublier) et cela est rendu de façon satisfaisante. Si une séquence comme celle de la poursuite sur lautoroute peut paraître difficile à suivre, cela est davantage dû à une utilisation maladroite et évidente de lécran vert.
Détails et textures sont reproduits avec richesse de même que les différents dégradés offrant des parties sombres très réussies. Les séquences de jour ne sont pas en reste et elles profitent de couleurs riches et précises alors que les tons de peaux demeurent naturels. Les contrastes sont parfaitement gérés alors que les noirs purs et profonds harmonisent ces nombreuses parties sombres.
La partie numérique se sauve de tout défaut majeur apparent.
Son
Nous retrouvons sur cette édition trois bandes-sons : deux au format Dolby Digital 5.1 en versions française et espagnole, et une au format Dolby TrueHD 7.1 en version originale anglaise. Une piste ''Descriptive Video Service'' qui relate laction du film pour les non-voyants est aussi disponible.
Aucun doute quant à ce mixage 7.1, il est carrément saisissant. Encore une fois épousant à merveille le genre de lépouvante, le mixage fait preuve dun dynamisme à couper le souffle grâce à un déploiement du champ sonore qui immerge complètement le spectateur. Si la majorité des éléments sonores sont entendus grâce aux ouvertures frontale et latérale, les enceintes arrière servent ici à de nombreux effets dambiophonie et de canaux à canaux (par exemple, de larrière vers lavant pour plusieurs éléments sonores). De plus, les basses fréquences et surtout les extrêmes graves grondent avec une profondeur et une efficacité qui mettra à rude épreuve la patience de vos voisins. La trame sonore profite dailleurs habilement de cette profondeur en étant bien appuyé par le canal de basses fréquences. Les dialogues demeurent constamment et parfaitement intelligibles.
Des sous-titres anglais, français et espagnols sont disponibles sur cette édition
Suppléments/menus
Nous retrouvons dabord sur cette édition « Deleted & Extended Scenes (4:51) » un montage de cinq scènes supprimées ou alternatives qui napportent absolument rien au montage final du film si ce nest que de modifier lattitude de certains personnages (Amy la petite amie, par exemple). « Peter Vincent : Come Swim in My Mind (2:09) » est un amusant, mais dispensable segment dans lequel lacteur David Tennant en tant que Peter Vincent se prête à un faux-entretien concernant son spectacle de magie à Las Vegas. « The Official « How To Make a Funny Vampire Movie » Guide (8:04) » est le typique documentaire « making-of ». Sa courte durée fait en sorte quil survole beaucoup denjeux (le personnage de Jerry, le ton du film, etc.) mais de façon plutôt superficielle.
Nous retrouvons ensuite « Squid Man : Extended & Uncut (2:56) » lamusante version allongée du film fantastique de Charley et ses amis ont tourné et dont les personnages font référence dans le film, un segment de prises ratées (3:23) ainsi que le vidéoclip « No One Believes Me » de Kid Cudi (5:21). Ces trois derniers suppléments sont aussi disponibles sur lédition DVD.
Conclusion
Comme bon nombre de reprises de films dhorreur, Fright Night version 2011 risque fort de rencontrer bien des détracteurs. Or, il sagit dune revisite qui à défaut dêtre nécessaire est sincèrement pertinente. Le film déconstruit les mécanismes de la recherche de lidentité sexuelle dun jeune héros qui doit faire face à sa véritable nature. Fright Night est donc lexemple parfait du remake qui doit être visionné et réfléchi non pas en rapport avec luvre qui lui sert de modèle (ou doriginal), mais plutôt en rapport avec son contexte.
Lédition Blu-ray est techniquement excellente. Si le transfert vidéo peut sembler présenter quelques défauts, ils sont attribuables aux méthodes de tournage (effets numériques, écran vert) qui ne sont pas toujours complètement maîtrisées. Sinon, le mixage DTS-HD 7.1 est absolument renversant. Du côté des suppléments, sils sont drôles et divertissants, ils ne sont malheureusement pas toujours pertinents et dun grand intérêt.
Reprise du film de Tom Holland datant de 1985, le Fright Night de 2011 nest pas seulement la preuve que les effets visuels sont plus réussis et plus riches ou qu'Hollywood est à court didée. Non, le film de Craig Gillepsie, cinéaste qui a tout de même offert le très touchant Lars and the Real Girl en 2007, exploite les possibilités de la reprise, cest-à-dire actualiser le propos du film de 1985 dans le contexte socio-culturel actuel. Alors que la version originale suggérait fortement une homosexualité refoulée du personnage principal, luvre qui nous intéresse ici transpose littéralement ces sous-entendus sexuels à un autre niveau pour explorer les complexes de la masculinité.
Fright Night est une uvre qui baigne dans un genre codifié. Et dun point de vue strict de règles de cinéma de genre, le film respecte à la lettre toutes celles établies par ce type de films. En effet, en plus dutiliser les effets propres au cinéma dhorreur (sursauts, musique, gore, etc.), Fright Night joue dans les plates-bandes de Twilight. Scénarisé par Marti Noxon dont le curriculum vitae sest surtout construit chez Fox avec Buffy the Vampire Slayer (où elle agissait à titre de productrice exécutive), luvre fonctionne également sur une mythologie établie (celle des vampires). Il faut donner la permission au vampire dentrer chez soi, ils sont sensibles à leau bénite et à la lumière du soleil, et on peut (doit) les tuer avec un pieu dans le cur. Ces codes exploités habilement, Fright Night préfère déconstruire ce qui se révèle être encore aujourdhui le véritable sujet au cur du cinéma dépouvante : lidentité sexuelle.
Le long-métrage de Craig Gillepsie interroge effectivement la masculinité en mettant en scène les questionnements dun adolescent, Charley, qui cherche à passer à lâge adulte. Dun côté, ses inquiétudes sexuelles sont incarnées par la menace que représente Jerry, son nouveau voisin vampire. Bien avant quil napprenne que celui-ci est un vampire, Charley est vite mise au fait de son infériorité masculine face à Jerry. Dans une séquence mémorable au début du film, le vampire réussit à séduire à la fois la mère de Charley (qui trouvait au départ lhomme suspect) et sa petite amie exposant ainsi le complexe et la fascination que le jeune homme éprouve envers Jerry. Car bien avant sa monstruosité et ses dents pointues, cest la masculinité de Jerry qui semble freiner Charley à trouver un certain épanouissement sexuel (lire : coucher avec sa petite amie). Et ce ne sera que lorsque cette menace sera complètement anéantie que le jeune homme pourra assouvir envers ses désirs.
Bien plus quune menace, Jerry représente aussi pour Charley un modèle. Encore une fois parce quil incarne une forme de masculinité mais aussi parce quil est ce qui se rapproche le plus dune figure dhomme dans son entourage. Jerry est donc sexy, viril, indépendant, sûr de lui et attire aisément le regard des femmes autour de lui. Mais puisque le charmant voisin ramène constamment Charley à sa propre infériorité masculine, il se doit de trouver une alternative. Le personnage du magicien Peter Vincent, sorte de mélange entre Criss Angel et Russell Brand, représente cette autre option. Ce dernier vit dans le luxe (un hôtel à Vegas) et nest finalement quillusion et mensonge (il est illusionniste). Pourtant, il incarne ce que Charley refoule depuis le début du film : la figure du « geek » . Cest ce que cache ladolescent à sa copine et ses nouveaux amis, son passé de nerd quil partage avec deux autres amis quil préfère ne pas fréquenter en public.
Lorsque le film se termine, Charley na pas choisi. Il na pas calqué lun des hommes plus que lautre. Il a appris à être lui-même. À ce titre, la structure du film sapparente étrangement à ce que les anglophones appellent « coming of age movie » qui consiste au passage dun personnage adolescent vers lâge adulte. Et le propos du film rapproche curieusement la quête de Charley à celle du « coming out ». Dans son cas, il sagit dassumer son passé « geek » et son impossibilité à incarner une masculinité virile et puissante.
Fright Night est ainsi une reprise franchement intéressante. Il est plutôt rare dassister à une telle déconstruction de lidentité sexuelle dans le cinéma américain populaire. Pourtant, et là est toute la pertinence de cette revisite, ces questionnements ne sont certainement pas innocents à notre société qui fait face à de plus en plus dinterrogations face à lidentité masculine. Rien que pour cela, et aussi parce que cest un savoureux film de vampires, Fright Night est un riche divertissement qui mérite dêtre vu.
Image
Le film est offert au format dimage respectée de 1.78:1 à une résolution de 1080p.
Curieusement, on a beaucoup reproché à ce transfert haute-définition de ne pas être à la hauteur. Tourné originalement en 3D, le film possède une facture visuelle très sombre (il sagit dun film dépouvante, il ne faudrait pas loublier) et cela est rendu de façon satisfaisante. Si une séquence comme celle de la poursuite sur lautoroute peut paraître difficile à suivre, cela est davantage dû à une utilisation maladroite et évidente de lécran vert.
Détails et textures sont reproduits avec richesse de même que les différents dégradés offrant des parties sombres très réussies. Les séquences de jour ne sont pas en reste et elles profitent de couleurs riches et précises alors que les tons de peaux demeurent naturels. Les contrastes sont parfaitement gérés alors que les noirs purs et profonds harmonisent ces nombreuses parties sombres.
La partie numérique se sauve de tout défaut majeur apparent.
Son
Nous retrouvons sur cette édition trois bandes-sons : deux au format Dolby Digital 5.1 en versions française et espagnole, et une au format Dolby TrueHD 7.1 en version originale anglaise. Une piste ''Descriptive Video Service'' qui relate laction du film pour les non-voyants est aussi disponible.
Aucun doute quant à ce mixage 7.1, il est carrément saisissant. Encore une fois épousant à merveille le genre de lépouvante, le mixage fait preuve dun dynamisme à couper le souffle grâce à un déploiement du champ sonore qui immerge complètement le spectateur. Si la majorité des éléments sonores sont entendus grâce aux ouvertures frontale et latérale, les enceintes arrière servent ici à de nombreux effets dambiophonie et de canaux à canaux (par exemple, de larrière vers lavant pour plusieurs éléments sonores). De plus, les basses fréquences et surtout les extrêmes graves grondent avec une profondeur et une efficacité qui mettra à rude épreuve la patience de vos voisins. La trame sonore profite dailleurs habilement de cette profondeur en étant bien appuyé par le canal de basses fréquences. Les dialogues demeurent constamment et parfaitement intelligibles.
Des sous-titres anglais, français et espagnols sont disponibles sur cette édition
Suppléments/menus
Nous retrouvons dabord sur cette édition « Deleted & Extended Scenes (4:51) » un montage de cinq scènes supprimées ou alternatives qui napportent absolument rien au montage final du film si ce nest que de modifier lattitude de certains personnages (Amy la petite amie, par exemple). « Peter Vincent : Come Swim in My Mind (2:09) » est un amusant, mais dispensable segment dans lequel lacteur David Tennant en tant que Peter Vincent se prête à un faux-entretien concernant son spectacle de magie à Las Vegas. « The Official « How To Make a Funny Vampire Movie » Guide (8:04) » est le typique documentaire « making-of ». Sa courte durée fait en sorte quil survole beaucoup denjeux (le personnage de Jerry, le ton du film, etc.) mais de façon plutôt superficielle.
Nous retrouvons ensuite « Squid Man : Extended & Uncut (2:56) » lamusante version allongée du film fantastique de Charley et ses amis ont tourné et dont les personnages font référence dans le film, un segment de prises ratées (3:23) ainsi que le vidéoclip « No One Believes Me » de Kid Cudi (5:21). Ces trois derniers suppléments sont aussi disponibles sur lédition DVD.
Conclusion
Comme bon nombre de reprises de films dhorreur, Fright Night version 2011 risque fort de rencontrer bien des détracteurs. Or, il sagit dune revisite qui à défaut dêtre nécessaire est sincèrement pertinente. Le film déconstruit les mécanismes de la recherche de lidentité sexuelle dun jeune héros qui doit faire face à sa véritable nature. Fright Night est donc lexemple parfait du remake qui doit être visionné et réfléchi non pas en rapport avec luvre qui lui sert de modèle (ou doriginal), mais plutôt en rapport avec son contexte.
Lédition Blu-ray est techniquement excellente. Si le transfert vidéo peut sembler présenter quelques défauts, ils sont attribuables aux méthodes de tournage (effets numériques, écran vert) qui ne sont pas toujours complètement maîtrisées. Sinon, le mixage DTS-HD 7.1 est absolument renversant. Du côté des suppléments, sils sont drôles et divertissants, ils ne sont malheureusement pas toujours pertinents et dun grand intérêt.
Qualité vidéo:
4,4/5
Qualité audio:
4,7/5
Suppléments:
3,0/5
Rapport qualité/prix:
4,0/5
Note finale:
4,0/5
Auteur: Frédéric Bouchard
Date de publication: 2012-01-22
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur LG 37LG30, Lecteur Blu-Ray Sony (BDPS350), Récepteur JVC TH-A30
Date de publication: 2012-01-22
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur LG 37LG30, Lecteur Blu-Ray Sony (BDPS350), Récepteur JVC TH-A30