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DVDEF

Zatoichi le samurai (Collection Signature)

Critique
Synopsis/présentation
Tiré d'une série de romans de Kan Shimozawa, le personnage de Zatoichi, le samouraï aveugle, a été le héros d'une très longue série de films (bien plus que les James Bond) mettant en vedette l'acteur Shintarô Katsu. En acceptant le défi de créer un nouveau film mettant en scène ce personnage, Takeshi Kitano (qui tient aussi le rôle titre, sous son pseudonyme habituel en tant qu'acteur, Beat Takeshi) s'attelait à une tâche plutôt difficile. En choisissant de changer radicalement l'aspect du personnage, Kitano s'est affranchi de bien des contraintes, ce qui lui a permis de réinventer le mythe à sa guise.

Dès l'ouverture du film, les personnages principaux nous sont dévoilés par une série de scènes plutôt violentes. On découvre ainsi Ichi/Zatôichi, le masseur aveugle, qui cache dans sa canne un sabre redoutablement affûté dont il se sert avec une précision effrayante malgré sa cécité. Les geishas Osei (Daigorô Tachibana) et Okinu (Yuuko Daike) sont de toute évidence sur un sanglant chemin de vengeance. Quand au ronin Hattori Genosuke (Tadanobu Asano), sa lame semble aussi redoutable que celle de Zatôichi.
Ces personnages arrivent simultanément dans une ville mise en coupe réglée par différents gangs de bandits sans pitié. Zatôichi, sous son déguisement de masseur aveugle, va se retrouver hébergé par la tante Oumé (Michiyo Ookusu) et son neveu Shinkichi, avec qui il va se lier d'amitié, tout en semblant poursuivre un but qui lui est propre. Genosuke, quand à lui, va se mettre au service de Ginzo, un des plus redoutables des chefs de gangs locaux, au grand dam de sa femme Oshino, qui troue le métier de garde du corps de gangster peu honorable.

Alternant des scènes relativement calmes (dans la taverne, dans la maison de jeu ou chez la tante Oumé), des scènes musicales étonnantes où les actions d'ouvriers (dans les champs ou sur un chantier) suivent un rythme parfaitement adapté à la trame sonore, et des scènes de combat rapides et sanglantes, Zatôichi est construit comme un long crescendo. Les scènes musicales sont de plus en plus impressionnantes, tout comme les combats qui deviennent de plus en plus meurtriers et sanglants alors qu'on avance dans l'intrigue. Comme toujours chez Kitano, le côté dramatique de l'histoire est allégé par des scènes comiques qui viennent soulager la tension. Le voisin débile (qui rêve de devenir samouraï) de la tante Oumé fait ainsi plusieurs apparitions, la surprise de la première étant ensuite accusée par un comique de répétition.
La mise en scène totalement maîtrisée et stylisée est mise en avant grâce à un montage des plus efficaces. Les scènes mettant en parallèle le présent et le passé des deux geishas en sont des exemple tout à fait brillants. Le découpage des scènes de combat est lui aussi particulièrement efficace. Celles-ci, très stylisées, sont d'une rapidité qui rappelle nettement plus celles de Kill Bill vol.2 que les chorégraphies aériennes de Hero.
L'interprétation est elle aussi très solide. Beat Takeshi est parfait dans le rôle du samouraï aveugle dont les capacités ahurissantes en combat s'accompagnent d'une simplicité à toute épreuve. La grande liberté que laisse Kitano aux autres acteurs du film s'avère payante, les acteurs s'avérant tous très convaincants.

Cette mise en scène exemplaire et la montée vers l'impressionnante finale du film font de ce Zatôichi nouveau un film très divertissant et réussi, qui, contrairement à d'autres films pourtant très réussis du même réalisateur, a rencontré un succès mérité aussi bien au Japon que dans le reste du monde. Il a obtenu, entre autres distinctions, les prix du public aux festivals de Venise et de Toronto.


Image
L'image de cette édition est au format respecté de 1.85:1 d'après un transfert 16:9.

Disons-le tout de suite, ce transfert s'avère assez décevant pour une édition portant le label "Signature". La définition est d'un assez bon niveau, les détails et les textures étant correctement rendues, sans atteindre les limites des possibilités offertes par le format. Les couleurs s'avèrent dans l'ensemble assez riches, mais leur saturation laisse parfois à désirer. Les multiples giclements de sang ajoutés numériquement dans les scènes de combat ont parfois un côté terne qui trahit hélas leur côté artificiel. On appréciera tout de même qu'aucun débordement ne soit à déplorer du côté de la chrominance.

Le contraste et la brillance (niveau des noirs) sont par contre très bien réglés, et ne viennent subir aucune fluctuation durant la durée du film. Les scènes de nuit et les parties sombres des images bénéficient donc d'un rendu tout à fait cohérent avec le reste du film.

C'est au niveau numérique que le plus gros reproche est à faire. Si les parasites de compression sont assez rares et discrets pour ne pas gêner la vision du film, il en est tout autrement de la surdéfinition des contours. Celle-ci est d'un niveau éxagéré, au point d'en être visible et même évidente sur un téléviseur classique à balayage entrelacé. Sur un moniteur à balayage progressif ou sur un projecteur, cela devient tout simplement agacant, et donne à l'image un aspect "vidéo" artificiel. Cet artifice, qui est absolument inutile, est à proscrire. Il est très surprenant de le voir ici autant exagéré.


Son
Les trois bandes-son qu'on trouve sur le premier disque (celui qui contient le film, le second étant réservé aux suppléments) de cette édition (version originale japonaise et doublages français et anglais) sont toutes proposées au format Dolby Digital 5.1. Des sous-titres anglais et français ont offerts pour les amateurs de version originale.

C'est la version originale japonaise qui est le sujet de cette critique. La dynamique est ici d'un très bon niveau, et ce mixage offre une présence et une profondeur très appréciables. Le champ sonore s'avère plutôt immersif, grâce à une utilisation tout à fait maîtrisée et judicieuse des canaux d'ambiophonie, que ce soit pour des ambiances ou pour les scènes les plus démonstratives, secondée par une séparation des canaux d'un niveau tout à fait digne du format utilisé. Les effets de transition s'avèrent eux aussi d'une grande efficacité.

Les différents éléments composant cette bande-son sont fort bien intégrés. On notera que les effets sonores, quelquefois impressionnants mais toujours relativement réalistes, sont très loin des excès que l'on a pu entendre dans les Kill Bill de Tarantino. La trame sonore est impeccablement intégrée, ce qui s'avère absolument crucial dans certaines scènes où les effets sonores se retrouvent judicieusement intégrés à la musique, ce qui donne un effet franchement impressionnant. Les dialogues sont eux aussi impeccablement intégrés, at s'avèrent toujours intelligibles.

Les basses fréquences sont bien entendu de la partie (là encore sans atteindre les excès de certains films Hollywoodiens), secondées lorsque nécessaire par une utilisation limitée mais judicieuse du canal réservé aux extrêmes-graves (.1 ou LFE).


Suppléments/menus
Les suppléments sont assez nombreux et conséquents, c'est pourquoi ils sont offerts sur un second disque. Il est à noter que des sous-titres anglais et français sont proposés sur tous ces suppléments, car bien évidemment de nombreuses phrases sont dites en japonais.

Le premier segment Master Class in Paris (32:20), est une longue entrevue publique de Takeshi Kitano ayant eu lieu dans un magasin FNAC à Paris. Animé par Laurent Cotillon (rédacteur en chef d'un magazine de cinéma français), l'entreve couvre autant la carrière de Kitano que la création du film qui nous intéresse. Les questions du public s'avèrent elles aussi relativement pertinentes. Ce segment relativement original est le seul du dissque a être proposé en 16:9.

Le documentaire The Making of Zatoichi (39:52) sur le tournage, produit lui aussi en France, aurait pu être intéressant si la diction du narrateur n'avait pas été aussi morne et ennuyeuse. Le texte du commentaire de ce segment s'avère lui aussi assez terne, et le tout semble un peu brouillon.

Les entrevues avec les acteurs et l'équipe de production (52:03), seul supplément de ce disque produit au Japon, sont relativement intéressantes, car elles permettent d'avoir le point de vue de nombreux intervenants sur les facettes du travail effectué pendant la production de cette oeuvre.

La bande-annonce (2:30 au total pour les deux versions) est à déconseiller à ceux qui n'ont pas encore vu le film. Les autres riront de la nullité de celle-ci, manifestement créée par un distributeur américain totalement méprisant à la fois de l'oeuvre et de son public. La version française, qui suit, n'est qu'une traduction littérale de cette épouvantable bande-annonce américaine.

Le disque contient aussi une galerie de photos. La mise en page (ou plutôt en écran) est jolie mais hélas les photos sont trop petites.



Conclusion
Ce nouveau Zatôichi revu et corrigé à la sauce Kitano est un film très divertissant, qui réussit à être aussi impressionnant que Kill Bill. Les scènes de combat et de musique qui émaillent le film s'avèrent être un spectacle tout à fait ravissant.

Cet excellent film est hélas gâché par une édition dont la qualité d'image n'est pas du niveau de la collection "Signature". C'est d'autant plus dommage que le son est de bonne facture et les suppléments plutôt nombreux et relativement intéressants.


Qualité vidéo:
2,9/5

Qualité audio:
3,9/5

Suppléments:
3,7/5

Rapport qualité/prix:
3,5/5

Note finale:
3,7/5
Auteur: François Schneider

Date de publication: 2005-02-07

Système utilisé pour cette critique:

Le film

Titre original:
Zatôichi

Année de sortie:
2003

Pays:

Genre:

Durée:
116 minutes

Réalisateur (s):

Acteur (s):

Le DVD / Blu-ray

Pochette/couverture:

Distributeur:
Films Séville

Produit:
DVD

Nombre de disque:
2 DVD-9 (simple face, double couche)

Format d'image:
1.85:1

Transfert 16:9:
Oui

Certification THX:
Non

Bande(s)-son:
Japonaise Dolby Digital 5.1
Française Dolby Digital 5.1
Anglaise Dolby Digital 5.1

Sous-titres:
Anglais
Français

Suppéments:
Segments (Classe des maîtres à Paris - 32min./Documentaire sur le tournage (Making of) 40 min./Entrevue avec les acteurs et l’équipe de production 50 min.), galerie de bandes-annonces

Date de parution:
2004-12-07

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