Donation, La

Critique
Synopsis/présentation
Dans le paysage cinématographique québécois, Bernard Émond est assurément un cas très à part. Depuis La femme qui boit en 2001, le cinéaste a adopté une démarche auteuriste qui a caractérisé et définit son cinéma. Cest pourtant en 2005, lorsque La neuvaine a pris laffiche que le cinéaste a frappé fort. Gagnant de trois prix au Festival de film de Locarno, cette uvre annoncée comme première dune trilogie sur les vertus théologiales (foi, espoir et charité) brillait par sa mise en scène à la fois contemplative, dépouillée, mais aussi par léconomie des dialogues et la qualité de linterprétation. Le film de Émond servait alors son propos sur la foi en proposant une réflexion sur la vie plutôt que sur la religion.
Le deuxième volet Contre tout espérance, paru 2007 nous est apparu moins maîtrisé dans son propos, mais certainement pas moins dans sa mise en scène. Encore une fois, la caméra dÉmond filme sobrement une femme prise avec un mari mourant et une future mise à pied avec son emploi de téléphoniste. Tout comme dans La neuvaine, le film utilise le flashback pour illustrer les causes du drame dans lequel le personnage joué par Guylaine Tremblay se trouve au début du film. Là où nous avons trouvé que le film manquait daboutissement était dans sa réflexion sur la religion. À deux seules reprises durant le film, dautres personnages nous expliquent que Réjeanne est une femme croyante, mais jamais nous ne sommes témoin de cette foi dans le film. Lorsque arrive la finale et que le film sen remet à cette particularité du personnage qui ne la caractérise pas tant que lon voudrait le croire, on ne peut que demeurer perplexe devant ce dénouement et surtout devant le propos du film.
Heureusement, pour la conclusion de sa trilogie La donation, soit le film qui nous intéresse ici, le scénario de Émond est beaucoup plus cerné et surtout il renoue avec le personnage de Jeanne Dion préalablement présenté dans La neuvaine. Un personnage qui nest cependant pas indispensable de connaître pour apprécier les qualités de cette uvre ci. Outre le personnage de Jeanne, elle présente plusieurs caractéristiques communes avec La neuvaine, notamment la réalisation sobre de Bernard Émond, léconomie de dialogues, mais aussi lhommage aux régions du Québec. Ici, un village dAbitibi sert de paysage, mais aussi de prétexte à parler des liens unissant les gens de cette communauté. En effet, au même titre quelle rencontrait le personnage joué par Patrick Drolet dans La neuvaine et finissait par sapprivoiser et faire la paix avec elle-même, Jeanne devra à Normétal apprendre à faire avec cette autre médecine quelle celle de soigner des êtres humains et pas seulement des corps.
Cest ainsi que le titre du film prend son double sens. À la fois dans le dilemme de Jeanne de devoir succéder au docteur Rainville en acceptant de dévouer sa vie à la médecine et rester en région. À la fois dans ce passage de rôle entre les générations. Et le film dÉmond semble nous dire que cest seulement en région que ce genre de choses est possible. À limage du boulanger qui a abandonné ses études universitaires pour suivre les traces de son paternel. Jeanne doit quand à elle abandonner son poste en ville pour venir vivre en région et ainsi devenir le nouveau médecin de cette petite ville. Et si en Jeanne que le docteur Rainville voit le meilleur potentiel, cest quelle incarne la représentation même dune sainte. Observatrice, déambulante, aidante et humaine, Jeanne est filmée par la caméra dÉmond comme une forme de bonté. Le jeu dÉlise Guilbault est ainsi tout en retenu et en douceur.
Nous remercierons le film de ne pas donner de conclusion définitive à ce conflit si simple, mais pourtant si important. Ce troisième et dernier volet de la trilogie de Bernard Émond sur les vertus théologiales noffre pas de réponse, mais bien une possibilité. Comme dans La neuvaine, il est possible de retrouver foi en la vie, dans La donation, trouver sa place dans ce bas monde est possible. Reste alors à la refuser ou laccepter.
Image
Le film est offert au format dimage respectée de 1.85:1 daprès un transfert en 16:9.
La définition générale de limage est très bonne. Le matériel source était dans un état immaculé puisque aucune anomalie nest perceptible. Seul un grain cinématographique plutôt prononcé est perceptible. Les détails et les textures sont impeccablement reproduits. Limage affiche ainsi une netteté relativement optimale. Lle rendu des couleurs est excellent. Cest donc avec plaisir que nous savourons des couleurs dune richesse et dune fine précision. Les tons de peaux demeurent naturels. Les niveaux de noirs sont très bien gérés évitant tout effet de surbrillance. Tandis que les dégradés sont dune belle fluidité et offrent de sublimes parties sombres. Les noirs sont purs et profonds.
En ce qui concerne la partie numérique, ce transfert sen sort haut la main ne proposant aucun problème majeur apparent.
Son
Seule une bande son au format Dolby Digital 5.1 est disponible sur cette édition en version originale française.
Puisque ce genre de film ne se prête pas à bien des prouesses, le mixage 5.1 se veut donc très en retrait. Le dynamisme est adapté à ce type de production et la présence demeure convaincante et juste. Le déploiement du champ sonore seffectue évidemment de façon limitée. La majorité des éléments sonores passent par lavant, offrant donc une belle ouverture frontale et latérale, alors que les enceintes arrière demeurent réservées à des fins exclusives et très subtiles dambiance. Cela permet tout de même de créer une certaine « profondeur » au mixage si on le compare avec la bande son stéréo. Logiquement, les dialogues demeurent totalement et constamment intelligibles alors que la trame sonore est parfaitement et subtilement au mixage. Lutilisation des basses se veut très rare, mais ces dernières se manifestent tout de même avec une certaine efficacité. Quant au canal dextrêmes graves, son utilisation est inexistante ou presque, donc inutile de sy attarder.
Des sous-titres anglais et français sont disponibles.
Suppléments/menus
Seul est disponible sur cette édition un segment présentant la conférence de Bernard Émond au Rendez-vous du Cinéma Québécois de 2009. Émond se veut toujours passionnant à entendre et à voir montrant un fort charisme et étant un cinéaste « engagé ». Ses interventions se veulent donc intéressantes, pertinentes, mais beaucoup trop courtes.
Nous retrouvons aussi la bande-annonce du film.
Conclusion
La donation clôt de très belle façon la trilogie de Bernard Émond sur les vertus théologiales. Le film se montre comme un véritable ode aux possibilités humaines de la vie en région. Touchant, beau et dur à la fois, cette uvre présente également le délicat problème de la filiation et du passage des valeurs entre les différentes générations. Comme semble nous le montrer cette dernière image du film, il est possible de renouer entre les générations, mais la décision (louverture du film et réelle que génère le dénouement) demeure entre les mains des spectateurs.
Une édition qui est à la hauteur techniquement. Le transfert reproduit fidèlement les paysages, le travail de direction photo et de cadrage de Bernard Emond alors que le mixage 5.1 répond adéquatement au genre de film présenté ici. Nous soulignerons la présence du segment du Rendez-vous du Cinéma Québécois qui savère stimulante. On en redemande encore ! Une édition tout à fait louable et honnête.
Dans le paysage cinématographique québécois, Bernard Émond est assurément un cas très à part. Depuis La femme qui boit en 2001, le cinéaste a adopté une démarche auteuriste qui a caractérisé et définit son cinéma. Cest pourtant en 2005, lorsque La neuvaine a pris laffiche que le cinéaste a frappé fort. Gagnant de trois prix au Festival de film de Locarno, cette uvre annoncée comme première dune trilogie sur les vertus théologiales (foi, espoir et charité) brillait par sa mise en scène à la fois contemplative, dépouillée, mais aussi par léconomie des dialogues et la qualité de linterprétation. Le film de Émond servait alors son propos sur la foi en proposant une réflexion sur la vie plutôt que sur la religion.
Le deuxième volet Contre tout espérance, paru 2007 nous est apparu moins maîtrisé dans son propos, mais certainement pas moins dans sa mise en scène. Encore une fois, la caméra dÉmond filme sobrement une femme prise avec un mari mourant et une future mise à pied avec son emploi de téléphoniste. Tout comme dans La neuvaine, le film utilise le flashback pour illustrer les causes du drame dans lequel le personnage joué par Guylaine Tremblay se trouve au début du film. Là où nous avons trouvé que le film manquait daboutissement était dans sa réflexion sur la religion. À deux seules reprises durant le film, dautres personnages nous expliquent que Réjeanne est une femme croyante, mais jamais nous ne sommes témoin de cette foi dans le film. Lorsque arrive la finale et que le film sen remet à cette particularité du personnage qui ne la caractérise pas tant que lon voudrait le croire, on ne peut que demeurer perplexe devant ce dénouement et surtout devant le propos du film.
Heureusement, pour la conclusion de sa trilogie La donation, soit le film qui nous intéresse ici, le scénario de Émond est beaucoup plus cerné et surtout il renoue avec le personnage de Jeanne Dion préalablement présenté dans La neuvaine. Un personnage qui nest cependant pas indispensable de connaître pour apprécier les qualités de cette uvre ci. Outre le personnage de Jeanne, elle présente plusieurs caractéristiques communes avec La neuvaine, notamment la réalisation sobre de Bernard Émond, léconomie de dialogues, mais aussi lhommage aux régions du Québec. Ici, un village dAbitibi sert de paysage, mais aussi de prétexte à parler des liens unissant les gens de cette communauté. En effet, au même titre quelle rencontrait le personnage joué par Patrick Drolet dans La neuvaine et finissait par sapprivoiser et faire la paix avec elle-même, Jeanne devra à Normétal apprendre à faire avec cette autre médecine quelle celle de soigner des êtres humains et pas seulement des corps.
Cest ainsi que le titre du film prend son double sens. À la fois dans le dilemme de Jeanne de devoir succéder au docteur Rainville en acceptant de dévouer sa vie à la médecine et rester en région. À la fois dans ce passage de rôle entre les générations. Et le film dÉmond semble nous dire que cest seulement en région que ce genre de choses est possible. À limage du boulanger qui a abandonné ses études universitaires pour suivre les traces de son paternel. Jeanne doit quand à elle abandonner son poste en ville pour venir vivre en région et ainsi devenir le nouveau médecin de cette petite ville. Et si en Jeanne que le docteur Rainville voit le meilleur potentiel, cest quelle incarne la représentation même dune sainte. Observatrice, déambulante, aidante et humaine, Jeanne est filmée par la caméra dÉmond comme une forme de bonté. Le jeu dÉlise Guilbault est ainsi tout en retenu et en douceur.
Nous remercierons le film de ne pas donner de conclusion définitive à ce conflit si simple, mais pourtant si important. Ce troisième et dernier volet de la trilogie de Bernard Émond sur les vertus théologiales noffre pas de réponse, mais bien une possibilité. Comme dans La neuvaine, il est possible de retrouver foi en la vie, dans La donation, trouver sa place dans ce bas monde est possible. Reste alors à la refuser ou laccepter.
Image
Le film est offert au format dimage respectée de 1.85:1 daprès un transfert en 16:9.
La définition générale de limage est très bonne. Le matériel source était dans un état immaculé puisque aucune anomalie nest perceptible. Seul un grain cinématographique plutôt prononcé est perceptible. Les détails et les textures sont impeccablement reproduits. Limage affiche ainsi une netteté relativement optimale. Lle rendu des couleurs est excellent. Cest donc avec plaisir que nous savourons des couleurs dune richesse et dune fine précision. Les tons de peaux demeurent naturels. Les niveaux de noirs sont très bien gérés évitant tout effet de surbrillance. Tandis que les dégradés sont dune belle fluidité et offrent de sublimes parties sombres. Les noirs sont purs et profonds.
En ce qui concerne la partie numérique, ce transfert sen sort haut la main ne proposant aucun problème majeur apparent.
Son
Seule une bande son au format Dolby Digital 5.1 est disponible sur cette édition en version originale française.
Puisque ce genre de film ne se prête pas à bien des prouesses, le mixage 5.1 se veut donc très en retrait. Le dynamisme est adapté à ce type de production et la présence demeure convaincante et juste. Le déploiement du champ sonore seffectue évidemment de façon limitée. La majorité des éléments sonores passent par lavant, offrant donc une belle ouverture frontale et latérale, alors que les enceintes arrière demeurent réservées à des fins exclusives et très subtiles dambiance. Cela permet tout de même de créer une certaine « profondeur » au mixage si on le compare avec la bande son stéréo. Logiquement, les dialogues demeurent totalement et constamment intelligibles alors que la trame sonore est parfaitement et subtilement au mixage. Lutilisation des basses se veut très rare, mais ces dernières se manifestent tout de même avec une certaine efficacité. Quant au canal dextrêmes graves, son utilisation est inexistante ou presque, donc inutile de sy attarder.
Des sous-titres anglais et français sont disponibles.
Suppléments/menus
Seul est disponible sur cette édition un segment présentant la conférence de Bernard Émond au Rendez-vous du Cinéma Québécois de 2009. Émond se veut toujours passionnant à entendre et à voir montrant un fort charisme et étant un cinéaste « engagé ». Ses interventions se veulent donc intéressantes, pertinentes, mais beaucoup trop courtes.
Nous retrouvons aussi la bande-annonce du film.
Conclusion
La donation clôt de très belle façon la trilogie de Bernard Émond sur les vertus théologiales. Le film se montre comme un véritable ode aux possibilités humaines de la vie en région. Touchant, beau et dur à la fois, cette uvre présente également le délicat problème de la filiation et du passage des valeurs entre les différentes générations. Comme semble nous le montrer cette dernière image du film, il est possible de renouer entre les générations, mais la décision (louverture du film et réelle que génère le dénouement) demeure entre les mains des spectateurs.
Une édition qui est à la hauteur techniquement. Le transfert reproduit fidèlement les paysages, le travail de direction photo et de cadrage de Bernard Emond alors que le mixage 5.1 répond adéquatement au genre de film présenté ici. Nous soulignerons la présence du segment du Rendez-vous du Cinéma Québécois qui savère stimulante. On en redemande encore ! Une édition tout à fait louable et honnête.
Qualité vidéo:
3,7/5
Qualité audio:
3,4/5
Suppléments:
3,0/5
Rapport qualité/prix:
3,4/5
Note finale:
3,4/5
Auteur: Frédéric Bouchard
Date de publication: 2010-12-01
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur LG 37LG30, Lecteur Blu-Ray Sony (BDPS350), Récepteur JVC TH-A30
Date de publication: 2010-12-01
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur LG 37LG30, Lecteur Blu-Ray Sony (BDPS350), Récepteur JVC TH-A30