Angels in America

Critique
Synopsis/présentation
Il fût un temps où les films produits pour le télévision étaient souvent des uvres de commandes sans intérêt et destinés uniquement à boucher des trous dans les cases horaires de diffuseurs, mais ce temps est aujourdhui révolu. Il faut dire que lavénement des chaînes privées payantes telle que la HBO y est pour quelque chose. Grâce à sa clientèle qui ne cesse de croître, la chaîne en question bénéficie dun budget de plus en plus impressionnant quelle investie dans la production duvres coûteuse et de qualité. Pensez par exemple aux mini-séries From the Earth to the Moon ou encore à Band of Brothers. La création de telles séries aurait été impensable pour un diffuseur national comme NBC, qui dépend beaucoup trop de cotes découtes et, incidemment, des publicités. Chez HBO, les frais dabonnement garantissent un revenu pour la chaîne, qui nest donc pas contrainte par lidée dun manque à gagner au même titre que ses concurrents. Qui plus est, comme la HBO nest pas assujettie aux mêmes règlements de censures que les autres canaux américains, il en résulte une plus grande liberté quant au contenu de leurs émissions. Cest grâce à ces avantages donc que la HBO peut se permette de produire des monuments épiques tel que Angels in America, un gigantesque télé-film de près de 6 heures adapté dune pièce récipiendaire du prix Pulitzer et réalisé par le vétéran Mike Nichols. Que voilà une uvre titanesque qui naurait jamais pu voir le jour, sous cette forme du moins, au grand écran. La télévision, par le biais de la HBO, aura donc permis à cette vaste chronique de voir le jour sans contrainte de temps (donc de contenu) et avec des moyens techniques (lire budget) tout aussi appréciable que nimporte quel long-métrage cinématographique.
Difficile de résumer une histoire dont la durée approche les six heures en quelques lignes seulement. En fait, même la pochette du DVD ne sen donne pas la peine. Disons simplement que cette vaste chronique sattarde au destin dune série de personnages qui sont, de près ou de loin, affectés par la maladie du Sida au courant des années 80. Dans ladversité, certains de ces personnages, dont les destins sentrecroisent, sont sujets à détranges visions dans lesquelles leur apparaît un ange
Ce bref résumé ne rend évidemment pas justice à la complexité de cette chronique. Il faut réellement se plonger dans le visionnement du film, qui nest manifestement pas aussi exigent que la durée ou le sujet laurait laissé croire, pour en apprécier toutes les facettes et toute lintensité. Bien plus quun portrait mélodramatique des conséquences de la maladie du Sida, cette chronique se veut un tableau subtilement nuancé de la vie nord-américaine. Tout nest pas noir ou blanc dans Angels in America, et les paradoxes et autres travers de la société nord-américaine sont dépeintes avec une réelle acuitée. En fait, la maladie du Sida apparaît un peu comme un prétexte, ou mieux encore un symbole qui représente une crise ou un bouleversement dont le film observe les conséquences sur ses protagonistes. Une observation qui se veut à la fois très réaliste mais aussi ludique, ou mieux, poétique de par ses envolées angéliques. Des envolées qui agaceront peut-être les plus athées de par les références directes au Christianisme mais dont on ne saurait reprocher un discours biblique appuyé.
Adapté dune pièce de théâtre qui a connu un succès retentissant, raflant plusieurs prix Tony ainsi que le prix Pulitzer, Angels in America a été transposé au petit écran par lauteur même de la pièce originale, Tony Kushner. Si lon peut reprocher à ce dernier davoir failli à la tâche dépurer son récit (la durée de six heures peut sembler un tantinet complaisante), force est dadmettre que la transposition de lunivers théâtrale à celui fort différent de la télévision ou du cinéma est franchement réussie. Il faut dire quil sest allié les services de vétérans aguerris, en particulier en ce qui concerne le réalisateur Mike Nichols. Il y avait longtemps que Nichols ne nous avais proposé une mise en scène aussi inspirée et maîtrisée. La virtuosité et la précision de la réalisation nous laissent croire que le cinéaste a retrouvé les instincts qui lanimaient en début de carrière, tandis quil nous offrait ses meilleures uvres. Il sagit manifestement dun beau retour pour le vétéran. Qui plus est, Nichols et Kushner se sont entourés de comédiens on ne peut plus talentueux en les personnes de Al Pacino, Meryl Streep, Patrick Wilson, Jeffrey Wright et Emma Thompson. Une distribution de tout premier ordre, dun calibre à faire pâlir denvie toute méga-production cinématographique. Aucun talent na été gaspillé, faisant de Angels in America une production de très haut calibre qui fut dailleurs récompensé de bon nombre de prix Golden Globes et de Emmy lors des dernières cérémonies respectives. Une uvre à ne pas manquer.
Image
Angels in America est présenté au format respecté de 1.78:1 et daprès un transfert 16:9.
La définition générale est excellente et présente une image parfaitement nette et très précise. Seuls quelques rares séquences souffrent darrières-plans légèrement moins bien définis, mais autrement les moindres détails sont subtilement représentés. Le rendu des couleurs est pratiquement irréprochable. La saturation est bien ajustée et ne fluctue jamais. Les couleurs, à la fois riches et naturelles (malgré quelques éclairages très stylisés), sont parfaitement restituées. On ne remarque aucun débordement dans le cercle chromatique. Les teintes de peau ont une apparence naturelle en tout temps. Le contraste est bien géré et évite toute brillance. Le niveau des noirs varie entre les 7,5 et les 10 IRE, ce qui est tout à fait adéquat. Les noirs sont par ailleurs nets et profonds, exempts de tout fourmillement et de toute dominante chromatique involontaire. Les parties denses profitent dun rendu honorable, présentants des dégradés généralement précis. Seuls quelques rares passages sombres souffrent de dégradés moins précis qui bloquent.
La partie numérique du transfert est tout à fait à la hauteur et ne génère aucun défaut de compression ou de numérisation quel quil soit. Les vidéophiles les plus pointilleux remarqueront peut-être une très légère sur-accentuation des contours mais celle-ci nest jamais évidente au point dagacer.
Son
Cette édition propose un total de quatre mixages : deux en anglais (Dolby Digital 5.1 / 2.0 Surround), un en français (Dolby 2.0 Surround) et le dernier en espagnol (Dolby 2.0 Surround). Des sous-titres anglais et espagnols sont également disponibles.
La bande-son multi-canal anglaise étonne de par sa grande dynamique ainsi que sa présence. Pour un téléfilm de ce genre, on se serait attendu à moins, mais voilà que nos attentes sont largement dépassées. Le champ-sonore se déploie avec une profondeur admirable à travers tous les canaux disponibles pour créer un environnement naturel et immersif. Lintégration des éléments sonores est précise, subtile et surtout, sans bavure. Les canaux dambiophonies sont constamment sollicités pour intégrer avec subtilité des effets dambiances ou encore la trame-sonore. Certains effets localisés ainsi que des transitions de canaux efficaces et crédibles font une apparition plus sporadique mais toujours appropriée.
Les dialogues sont naturels et parfaitement intelligibles en tout temps, mais par contre on ne peut en dire autant de la netteté. Il arrive parfois quune légère distorsion se fasse entendre dans les plus hautes fréquences. Il sagit cependant dun défaut très mineur. La magnifique trame-sonore de Thomas Newman est subtilement intégrée à lenvironnement, et ce avec une présence et une profondeur juste. Les basses sont bien gérés, toutes profondes et mordantes quelles sont. Le canal .1 (LFE) est plus discret mais appuis les effets sonores le requérant (par exemple le tonnerre) avec une efficacité honorable.
Suppléments/menus
Il ny a absolument aucun supplément quel quil soit sur cette édition. Dommage, un bon documentaire retraçant les origines de luvre et détaillant sa transition du théâtre à la télévision aurait été plus quapprécié.
Conclusion
De par sa durée et son sujet, le visionnement de Angels in America demande du temps et de la concentration mais le moins que lon puisse dire, cest que cette uvre en vaut sans aucun doute la peine. Il sagit dune uvre majeure quil serait dommage de manquer.
Techniquement, cette édition livre la marchandise quant à la qualité dimage et du son. Dans un cas comme dans lautre le résultat est quasi-irréprochable et na rien à envier aux méga-productions hollywoodiennes. Malheureusement, cest au niveau des suppléments que cette édition déçoit puisquil ny a rien à se mettre sous la dent. Peut-être dans une future ré-édition ? En attendant, le prix relativement élevé de cette édition pourrait en rebuter quelques uns...
Il fût un temps où les films produits pour le télévision étaient souvent des uvres de commandes sans intérêt et destinés uniquement à boucher des trous dans les cases horaires de diffuseurs, mais ce temps est aujourdhui révolu. Il faut dire que lavénement des chaînes privées payantes telle que la HBO y est pour quelque chose. Grâce à sa clientèle qui ne cesse de croître, la chaîne en question bénéficie dun budget de plus en plus impressionnant quelle investie dans la production duvres coûteuse et de qualité. Pensez par exemple aux mini-séries From the Earth to the Moon ou encore à Band of Brothers. La création de telles séries aurait été impensable pour un diffuseur national comme NBC, qui dépend beaucoup trop de cotes découtes et, incidemment, des publicités. Chez HBO, les frais dabonnement garantissent un revenu pour la chaîne, qui nest donc pas contrainte par lidée dun manque à gagner au même titre que ses concurrents. Qui plus est, comme la HBO nest pas assujettie aux mêmes règlements de censures que les autres canaux américains, il en résulte une plus grande liberté quant au contenu de leurs émissions. Cest grâce à ces avantages donc que la HBO peut se permette de produire des monuments épiques tel que Angels in America, un gigantesque télé-film de près de 6 heures adapté dune pièce récipiendaire du prix Pulitzer et réalisé par le vétéran Mike Nichols. Que voilà une uvre titanesque qui naurait jamais pu voir le jour, sous cette forme du moins, au grand écran. La télévision, par le biais de la HBO, aura donc permis à cette vaste chronique de voir le jour sans contrainte de temps (donc de contenu) et avec des moyens techniques (lire budget) tout aussi appréciable que nimporte quel long-métrage cinématographique.
Difficile de résumer une histoire dont la durée approche les six heures en quelques lignes seulement. En fait, même la pochette du DVD ne sen donne pas la peine. Disons simplement que cette vaste chronique sattarde au destin dune série de personnages qui sont, de près ou de loin, affectés par la maladie du Sida au courant des années 80. Dans ladversité, certains de ces personnages, dont les destins sentrecroisent, sont sujets à détranges visions dans lesquelles leur apparaît un ange
Ce bref résumé ne rend évidemment pas justice à la complexité de cette chronique. Il faut réellement se plonger dans le visionnement du film, qui nest manifestement pas aussi exigent que la durée ou le sujet laurait laissé croire, pour en apprécier toutes les facettes et toute lintensité. Bien plus quun portrait mélodramatique des conséquences de la maladie du Sida, cette chronique se veut un tableau subtilement nuancé de la vie nord-américaine. Tout nest pas noir ou blanc dans Angels in America, et les paradoxes et autres travers de la société nord-américaine sont dépeintes avec une réelle acuitée. En fait, la maladie du Sida apparaît un peu comme un prétexte, ou mieux encore un symbole qui représente une crise ou un bouleversement dont le film observe les conséquences sur ses protagonistes. Une observation qui se veut à la fois très réaliste mais aussi ludique, ou mieux, poétique de par ses envolées angéliques. Des envolées qui agaceront peut-être les plus athées de par les références directes au Christianisme mais dont on ne saurait reprocher un discours biblique appuyé.
Adapté dune pièce de théâtre qui a connu un succès retentissant, raflant plusieurs prix Tony ainsi que le prix Pulitzer, Angels in America a été transposé au petit écran par lauteur même de la pièce originale, Tony Kushner. Si lon peut reprocher à ce dernier davoir failli à la tâche dépurer son récit (la durée de six heures peut sembler un tantinet complaisante), force est dadmettre que la transposition de lunivers théâtrale à celui fort différent de la télévision ou du cinéma est franchement réussie. Il faut dire quil sest allié les services de vétérans aguerris, en particulier en ce qui concerne le réalisateur Mike Nichols. Il y avait longtemps que Nichols ne nous avais proposé une mise en scène aussi inspirée et maîtrisée. La virtuosité et la précision de la réalisation nous laissent croire que le cinéaste a retrouvé les instincts qui lanimaient en début de carrière, tandis quil nous offrait ses meilleures uvres. Il sagit manifestement dun beau retour pour le vétéran. Qui plus est, Nichols et Kushner se sont entourés de comédiens on ne peut plus talentueux en les personnes de Al Pacino, Meryl Streep, Patrick Wilson, Jeffrey Wright et Emma Thompson. Une distribution de tout premier ordre, dun calibre à faire pâlir denvie toute méga-production cinématographique. Aucun talent na été gaspillé, faisant de Angels in America une production de très haut calibre qui fut dailleurs récompensé de bon nombre de prix Golden Globes et de Emmy lors des dernières cérémonies respectives. Une uvre à ne pas manquer.
Image
Angels in America est présenté au format respecté de 1.78:1 et daprès un transfert 16:9.
La définition générale est excellente et présente une image parfaitement nette et très précise. Seuls quelques rares séquences souffrent darrières-plans légèrement moins bien définis, mais autrement les moindres détails sont subtilement représentés. Le rendu des couleurs est pratiquement irréprochable. La saturation est bien ajustée et ne fluctue jamais. Les couleurs, à la fois riches et naturelles (malgré quelques éclairages très stylisés), sont parfaitement restituées. On ne remarque aucun débordement dans le cercle chromatique. Les teintes de peau ont une apparence naturelle en tout temps. Le contraste est bien géré et évite toute brillance. Le niveau des noirs varie entre les 7,5 et les 10 IRE, ce qui est tout à fait adéquat. Les noirs sont par ailleurs nets et profonds, exempts de tout fourmillement et de toute dominante chromatique involontaire. Les parties denses profitent dun rendu honorable, présentants des dégradés généralement précis. Seuls quelques rares passages sombres souffrent de dégradés moins précis qui bloquent.
La partie numérique du transfert est tout à fait à la hauteur et ne génère aucun défaut de compression ou de numérisation quel quil soit. Les vidéophiles les plus pointilleux remarqueront peut-être une très légère sur-accentuation des contours mais celle-ci nest jamais évidente au point dagacer.
Son
Cette édition propose un total de quatre mixages : deux en anglais (Dolby Digital 5.1 / 2.0 Surround), un en français (Dolby 2.0 Surround) et le dernier en espagnol (Dolby 2.0 Surround). Des sous-titres anglais et espagnols sont également disponibles.
La bande-son multi-canal anglaise étonne de par sa grande dynamique ainsi que sa présence. Pour un téléfilm de ce genre, on se serait attendu à moins, mais voilà que nos attentes sont largement dépassées. Le champ-sonore se déploie avec une profondeur admirable à travers tous les canaux disponibles pour créer un environnement naturel et immersif. Lintégration des éléments sonores est précise, subtile et surtout, sans bavure. Les canaux dambiophonies sont constamment sollicités pour intégrer avec subtilité des effets dambiances ou encore la trame-sonore. Certains effets localisés ainsi que des transitions de canaux efficaces et crédibles font une apparition plus sporadique mais toujours appropriée.
Les dialogues sont naturels et parfaitement intelligibles en tout temps, mais par contre on ne peut en dire autant de la netteté. Il arrive parfois quune légère distorsion se fasse entendre dans les plus hautes fréquences. Il sagit cependant dun défaut très mineur. La magnifique trame-sonore de Thomas Newman est subtilement intégrée à lenvironnement, et ce avec une présence et une profondeur juste. Les basses sont bien gérés, toutes profondes et mordantes quelles sont. Le canal .1 (LFE) est plus discret mais appuis les effets sonores le requérant (par exemple le tonnerre) avec une efficacité honorable.
Suppléments/menus
Il ny a absolument aucun supplément quel quil soit sur cette édition. Dommage, un bon documentaire retraçant les origines de luvre et détaillant sa transition du théâtre à la télévision aurait été plus quapprécié.
Conclusion
De par sa durée et son sujet, le visionnement de Angels in America demande du temps et de la concentration mais le moins que lon puisse dire, cest que cette uvre en vaut sans aucun doute la peine. Il sagit dune uvre majeure quil serait dommage de manquer.
Techniquement, cette édition livre la marchandise quant à la qualité dimage et du son. Dans un cas comme dans lautre le résultat est quasi-irréprochable et na rien à envier aux méga-productions hollywoodiennes. Malheureusement, cest au niveau des suppléments que cette édition déçoit puisquil ny a rien à se mettre sous la dent. Peut-être dans une future ré-édition ? En attendant, le prix relativement élevé de cette édition pourrait en rebuter quelques uns...
Qualité vidéo:
4,0/5
Qualité audio:
4,0/5
Suppléments:
0,0/5
Rapport qualité/prix:
3,2/5
Note finale:
3,0/5
Auteur: Yannick Savard
Date de publication: 2004-10-03
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur NTSC Widescreen 16:9 Toshiba TheaterWide TW40F80, Récepteur certifié THX-Ultra, THX-EX, Dolby Digital 6.1, DTS-ES Discrete Denon AVR-4802, Lecteur DVD-Audio / DVD-Video Toshiba SD-4700, enceintes PSB et central Paradigm Reference, câbles Monster Cable (calibre 12).
Date de publication: 2004-10-03
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur NTSC Widescreen 16:9 Toshiba TheaterWide TW40F80, Récepteur certifié THX-Ultra, THX-EX, Dolby Digital 6.1, DTS-ES Discrete Denon AVR-4802, Lecteur DVD-Audio / DVD-Video Toshiba SD-4700, enceintes PSB et central Paradigm Reference, câbles Monster Cable (calibre 12).