Bubba Ho-Tep

Critique
Synopsis/présentation
De nos jours, produire un film est plus facile que cela ne la jamais été. Autrefois réservé à une élite, lunivers du cinéma apparaît de plus en plus accessible grâce à toutes les technologies qui sont disponibles à moindre coût pour le commun des mortels. Lavènement du numérique y est évidemment pour quelque chose. De plus en plus répandues et bon marché, les caméras numériques professionnelles ainsi que les outils de montage non-linéaire (tel Final Cut) permettent à quiconque de réaliser une uvre très potable avec un minimum de budget. Dautant plus que de nos jours, la conception deffets spéciaux est nettement moins coûteuse et laborieuse quautrefois. Mais évidemment, un minimum de savoir est requis pour réaliser une uvre digne de ce nom. D'un autre côté, si produire un film à très petit budget savère relativement facile, la distribution en salles des longs-métrages est aujourdhui plus que jamais réservée aux plus choyés. À une époque où les films soi-disant indépendants sont produits à coups de plusieurs millions, un véritable film dauteur indépendant dà peine un million peine à se trouver un distributeur, même sil sagit de mettre le film à laffiche dans quelques salles seulement. Pour eux, seul le profit importe et manifestement ils nont aucune foi envers des petites uvres qui sortent de lordinaire. Ironiquement, un film budgété à un million est certainement plus facile à rentabiliser quune production à trente millions. Pour obtenir la visibilité souhaitée et parfois méritée, ces petits films indépendants doivent se rabattre à linternet pour faire connaître leurs mérites et ensuite opter pour une distribution directe en format DVD, où il sombrera très vite dans loubli.
Prenez un film comme Bubba Ho-Tep par exemple. Le film, produit au coût dà peine plus dun million par le réalisateur et scénariste Don Coscarelli, na jamais pu se trouver un distributeur malgré la notoriété du réalisateur auprès de son public cible (il a créé la série-culte Phantasm) et, surtout, malgré la présence au générique de Bruce Campbell, icône pour toute une génération de cinéphiles. Le sujet du film était tout simplement trop éclectique pour quun producteur veuille sen approcher. Condamné à errer de festivals en festivals, dans lesquels le film sest lentement bâti une réputation grâce à un bouche-à-oreille favorable, le film a finalement pris laffiche dans quelques cinémas de répertoire nord-américains, dont la plupart dentre eux ont été obligés dacheter eux-mêmes leur copie plutôt que de la louer ! En lespace dun an, Bubba Ho-Tep sest rapidement mérité le statut de film-culte, faisant presque salle comble partout où il passait. Constatant finalement le potentiel du film, la MGM acheta les droits de parution de lédition DVD du film. Il était peut-être un peu tard pour soutenir le film et lintérêt de la MGM aurait certainement été apprécié plusieurs mois auparavant, mais dans les circonstances cette édition DVD est la bienvenue et permettra certainement au film datteindre un public plus large.
Pour ceux qui ne connaissent pas lhistoire de Bubba Ho-Tep, voici :
souffrant darthrite et dun cancer du pénis, Elvis attend patiemment la mort, confiné dans un lit dune maison de retraite miteuse au Texas. Mais quand une momie vieille de 3000 ans se met à décimer les bénéficiaires de la maison de retraite en leur suçant lâme à travers l'anus, Elvis décide de prendre les choses en main. Il sassocie avec John F. Kennedy, qui vit incognito dans la pension sous les traits dun noir, pour combattre la momie et défendre leurs âmes.
Oui, oui, vous avez bien lu. Telle est lintrigue de ce film délirant, original et franchement savoureux. Mais attention, malgré lapparente vulgarité de certains éléments (le cancer, le lieu dextraction de l'âme ), Bubba Ho-Tep ne verse jamais dans le mauvais goût et la scatologie. En fait, considérant son sujet et ses tendances à lhorreur, le film fait preuve dune belle retenue et évite la facilité graphique. La violence nest jamais crue et est plus souvent suggérée, et les éléments plus délicats comme le cancer ou la succion dâme ne sont mentionnés que par les dialogues. On saperçoit bien vite que les intentions du réalisateur nétaient pas de faire un film dhorreur typé et à lhumour décadent. Loriginalité du récit est telle quil nest nul besoin de verser dans la surenchère pour faire de Bubba Ho-Tep un film extravagant. En fait, le réalisateur nous prend littéralement par surprise après quelques minutes seulement en allant dans une direction totalement opposée aux conventions du genre. Coscarelli relègue les éléments dhorreur à larrière-plan pour en faire véritablement une métaphore sur la vieillesse et la peur de la mort. Toute lattention est mise sur le personnage dElvis, déchu et humilié par son cancer. Il attend patiemment la mort, nostalgique des jours meilleurs. Il cherche désespérément la rédemption, un salut digne non pas de sa popularité mais de tout être humain. Ces éléments, Coscarelli les exploitent non sans loufoquerie, mais dabord et avant tout avec une sensibilité désarmante. Le climat de mélancolie qui berce lintrospection de Elvis est magnifiquement exploité par une narration hors champ ainsi quune géniale trame-sonore empreinte de nostalgie. Pour Elvis et son camarade JFK, la momie symbolise la mort qui est à leur trousse. Leur combat contre la momie, aussi débile soit-il, est en réalité leur dernier combat contre linévitable destin qui les attend.
Bien entendu, au-delà de cette métaphore Bubba Ho-Tep renferme quelques moments comiques hilarants ainsi que certaines scènes dhorreurs bien troussées. Le film ne tente pas de cacher ses racines de série-B et les exploite au contraire avec fierté et dérision. Les amateurs de ce genre qui a fait la renommée de Bruce Campbell apprécieront sûrement le style parfois guignol de son personnage (comme ses attaques de Karaté), tandis que les autres se surprendront de la sensibilité avec laquelle lacteur interprète les tribulations de ce Elvis vieillissant. Bubba Ho-Tep est un film original comme il nen a jamais été fait auparavant, et exploité avec une réelle profondeur et un véritable soucis dauthenticité. Que voilà lune des plus belle surprise que le cinéma nous ait offert depuis des lustres, peu importe ce quen diront les critiques coincés.
Image
Bubba Ho-Tep est offert au format respecté de 1.85:1 et ce, bien entendu, daprès un transfert 16:9. Dans lensemble, la qualité du transfert est très bonne..
Notons en tout premier lieu que pour compenser un manque déclairage, les artisans du film ont employé une pellicule très sensible de 800 ASA pour le tournage. Il en résulte un léger grain , omniprésent et, incidemment, un rendu très doux (soft) de limage. Ces caractéristiques sont évidentes dans ce transfert, rendant du même coup les détails un peu moins précis quà laccoutumée. La définition tire néanmoins le maximum de netteté possible et présente les détails avec une certaine subtilité. Le rendu des couleurs est quant à lui de très bon niveau. Pour accentuer la lourdeur et la tristesse des lieux, les couleurs ont été volontairement dé-saturées. Ces couleurs ternes ont été correctement restituées et ne trahissent aucun débordement ni de fourmillement (chroma noise). Aussi, les teintes de peau ont une apparence des plus naturelle. Le contraste apparaît parfois un peu bas et aurait eu intérêt à être accentué, particulièrement dans les séquences intérieures. Le niveau des noirs est quant à lui parfaitement bien ajusté et ne fluctue jamais. Les noirs présentent une pureté et une profondeur tout à fait honnête mais qui nest pas totalement exempte de fourmillement, aussi subtil soit-il. Les parties sombres montrent des dégradés qui bloquent occasionnellement.
Curieusement, linterpositif employé pour le transfert nétait pas dans le meilleur des états. Les points blancs ainsi que les égratignures y sont récurrents et parfois même agaçants. Peut-être est-ce imputable à une manipulation négligée de linterpositif résultant du budget dérisoire du film ? Heureusement, la partie numérique apparaît sans faille. La numérisation est irréprochable, et le transfert ne trahi aucun défaut de compression.
Son
Cette édition ne nous offre quune seule et unique bande-son, en langue anglaise évidemment, et de format Dolby Digital 5.1. Considérant que le film ne sest jamais mérité de distribution en salles digne de ce nom ni même de promotion au Québec, il en va de sois quun doublage français nait pas été produit. Pour compenser cette lacune, la MGM a cependant inclus des sous-titres français ainsi quanglais et espagnols.
Pour un film de cette envergure, le moins que lon puisse dire est que ce mixage est étonnant et savère certainement digne des bandes-son produites pour les films à gros budget. La dynamique est d'un bon niveau. Le mixage manifeste une belle présence tout au long du film ainsi quune profondeur tout à fait honnête, sans être exceptionnelle. Le champ-sonore tire profit de tous les canaux disponibles pour ainsi créer un environnement crédible et vivant. La séparation des canaux est relativement précise et ne souffre daucune bavure. Les canaux d'ambiophonies sont régulièrement sollicités (mais sans insistance) pour créer une ambiance crédible et inquiétante, particulièrement dans la pension de vieillesse. Plusieurs effets localisés aussi subtils quagressifs sont intégrés. La musique se déploie de tous les canaux, toute en subtilité et en nuances. Il sagit véritablement du point fort de cette bande-son.
La reproduction des dialogues est problématique, le son variant de très net à très sourd, de parfaitement intelligible à étouffé. Agaçant. Lenregistrement de la voix hors champ bénéficie dun meilleur traitement et manifeste une bonne présence. Les basses sont omniprésentes et profondes, tandis que l'usage de canal .1 (LFE) est bien géré.
Suppléments/menus
Pour cette édition portant lappellation «Collectors Edition », la MGM a manifestement fait beaucoup deffort pour produire des suppléments intelligents et pertinents qui devraient ravir les amateurs du film.
Vous retrouverez tout dabord une piste de commentaires audio animée par le réalisateur Don Coscarelli accompagné de Bruce Campbell. Ceux qui ont déjà écouté une piste animée par Campbell ne seront certainement pas déçus par cette piste puisquon y retrouve toutes les grandes qualités qui font de lacteur un animateur hors pair. Sa bonne humeur, son humour, son articulation sont toujours au rendez-vous, faisant de cette piste lune des plus captivantes depuis des lustres. Campbell ne se contente pas ici de raconter son expérience de tournage mais agit également à titre de meneur puisquil pose constamment des questions au réalisateur. La production du film est ainsi analysée sous plusieurs angles et lintérêt est constant. Une piste à ne pas manquer.
Une deuxième piste est aussi offerte, celle-ci animée par Elvis lui-même ! En fait, il sagit évidemment de Bruce Campbell personnifiant le « King » et commentant le film comme sil ne lavait jamais vu. Il sagit évidemment de cabotinage, il y a quelques bon gags mais cette piste sessouffle, hélas, rapidement.
Autre supplément à ne pas manquer, un excellent documentaire de 47 minutes simplement intitulé The Making of Bubba Ho-Tep. Ce documentaire est divisé en quatre segments, chacun traitant dun sujet différent. Intelligemment produit et monté, ce dernier couvre lessentielle de la production du film, que ce soit lécriture du scénario ou la distribution du film, en passant par le tournage et la composition de la musique, etc. Tous les principaux artisans du film y vont de leurs commentaires. Le documentaire, qui offre quelques très bons moments filmés en coulisses, ne se prend jamais trop au sérieux tout en sachant éviter le piège de la complaisance. Du très bon boulot.
Vous retrouverez ensuite trois scènes coupées, dont deux offrent des commentaires optionnels de Bruce Campbell et Don Coscarelli. Ces scènes sont dun intérêt limité et naurait fait que ralentir le rythme du film, leur retrait est pleinement justifié. À écouter surtout pour les pistes de commentaires qui les accompagnent.
Sensuit une lecture de la nouvelle ayant inspirée le film et lue par lauteur de la nouvelle lui-même. Dune durée totalisant tout près de 11 minutes, cette lecture en voix hors champ est agrémentée dimages du film. Ce supplément est intéressant, mais de pouvoir lire nous-même une version textuelle de la novelle aurait été bien plus stimulant.
Finalement, en plus dun vidéoclip de la pièce-thème du film interprétée par le compositeur Brian Tyler, cette édition comprend une bande-annonce, une publicité télévisée et une galerie contenant plus de 50 photographies. À noter également quun très joli livret de 12 pages est inclus dans le boîtier, et lequel comprend une lettre rédigée par Bruce Campbell. Un complément qui est certes le bienvenu.
Conclusion
On ne saurait trop vous encourager à donner sa chance à Bubba Ho-Tep. Il sagit sans aucun doute de lexpérience cinématographique la plus étrange, la plus originale et peut-être même la plus satisfaisante quil nous ait été donné de voir depuis des lustres. À découvrir absolument, si le cur vous en dit. Dautant plus que cette édition DVD livre la marchandise sur tous les tableaux, à commencer par sa très bonne qualité dimage. Mieux encore, le mixage sonore na absolument rien à envier aux méga-productions hollywoodiennes, si ce nest une meilleure prise de son Les suppléments sont quant à eux nombreux, étoffés et très pertinents, ce qui nest pas chose courante de nos jours.
De nos jours, produire un film est plus facile que cela ne la jamais été. Autrefois réservé à une élite, lunivers du cinéma apparaît de plus en plus accessible grâce à toutes les technologies qui sont disponibles à moindre coût pour le commun des mortels. Lavènement du numérique y est évidemment pour quelque chose. De plus en plus répandues et bon marché, les caméras numériques professionnelles ainsi que les outils de montage non-linéaire (tel Final Cut) permettent à quiconque de réaliser une uvre très potable avec un minimum de budget. Dautant plus que de nos jours, la conception deffets spéciaux est nettement moins coûteuse et laborieuse quautrefois. Mais évidemment, un minimum de savoir est requis pour réaliser une uvre digne de ce nom. D'un autre côté, si produire un film à très petit budget savère relativement facile, la distribution en salles des longs-métrages est aujourdhui plus que jamais réservée aux plus choyés. À une époque où les films soi-disant indépendants sont produits à coups de plusieurs millions, un véritable film dauteur indépendant dà peine un million peine à se trouver un distributeur, même sil sagit de mettre le film à laffiche dans quelques salles seulement. Pour eux, seul le profit importe et manifestement ils nont aucune foi envers des petites uvres qui sortent de lordinaire. Ironiquement, un film budgété à un million est certainement plus facile à rentabiliser quune production à trente millions. Pour obtenir la visibilité souhaitée et parfois méritée, ces petits films indépendants doivent se rabattre à linternet pour faire connaître leurs mérites et ensuite opter pour une distribution directe en format DVD, où il sombrera très vite dans loubli.
Prenez un film comme Bubba Ho-Tep par exemple. Le film, produit au coût dà peine plus dun million par le réalisateur et scénariste Don Coscarelli, na jamais pu se trouver un distributeur malgré la notoriété du réalisateur auprès de son public cible (il a créé la série-culte Phantasm) et, surtout, malgré la présence au générique de Bruce Campbell, icône pour toute une génération de cinéphiles. Le sujet du film était tout simplement trop éclectique pour quun producteur veuille sen approcher. Condamné à errer de festivals en festivals, dans lesquels le film sest lentement bâti une réputation grâce à un bouche-à-oreille favorable, le film a finalement pris laffiche dans quelques cinémas de répertoire nord-américains, dont la plupart dentre eux ont été obligés dacheter eux-mêmes leur copie plutôt que de la louer ! En lespace dun an, Bubba Ho-Tep sest rapidement mérité le statut de film-culte, faisant presque salle comble partout où il passait. Constatant finalement le potentiel du film, la MGM acheta les droits de parution de lédition DVD du film. Il était peut-être un peu tard pour soutenir le film et lintérêt de la MGM aurait certainement été apprécié plusieurs mois auparavant, mais dans les circonstances cette édition DVD est la bienvenue et permettra certainement au film datteindre un public plus large.
Pour ceux qui ne connaissent pas lhistoire de Bubba Ho-Tep, voici :
souffrant darthrite et dun cancer du pénis, Elvis attend patiemment la mort, confiné dans un lit dune maison de retraite miteuse au Texas. Mais quand une momie vieille de 3000 ans se met à décimer les bénéficiaires de la maison de retraite en leur suçant lâme à travers l'anus, Elvis décide de prendre les choses en main. Il sassocie avec John F. Kennedy, qui vit incognito dans la pension sous les traits dun noir, pour combattre la momie et défendre leurs âmes.
Oui, oui, vous avez bien lu. Telle est lintrigue de ce film délirant, original et franchement savoureux. Mais attention, malgré lapparente vulgarité de certains éléments (le cancer, le lieu dextraction de l'âme ), Bubba Ho-Tep ne verse jamais dans le mauvais goût et la scatologie. En fait, considérant son sujet et ses tendances à lhorreur, le film fait preuve dune belle retenue et évite la facilité graphique. La violence nest jamais crue et est plus souvent suggérée, et les éléments plus délicats comme le cancer ou la succion dâme ne sont mentionnés que par les dialogues. On saperçoit bien vite que les intentions du réalisateur nétaient pas de faire un film dhorreur typé et à lhumour décadent. Loriginalité du récit est telle quil nest nul besoin de verser dans la surenchère pour faire de Bubba Ho-Tep un film extravagant. En fait, le réalisateur nous prend littéralement par surprise après quelques minutes seulement en allant dans une direction totalement opposée aux conventions du genre. Coscarelli relègue les éléments dhorreur à larrière-plan pour en faire véritablement une métaphore sur la vieillesse et la peur de la mort. Toute lattention est mise sur le personnage dElvis, déchu et humilié par son cancer. Il attend patiemment la mort, nostalgique des jours meilleurs. Il cherche désespérément la rédemption, un salut digne non pas de sa popularité mais de tout être humain. Ces éléments, Coscarelli les exploitent non sans loufoquerie, mais dabord et avant tout avec une sensibilité désarmante. Le climat de mélancolie qui berce lintrospection de Elvis est magnifiquement exploité par une narration hors champ ainsi quune géniale trame-sonore empreinte de nostalgie. Pour Elvis et son camarade JFK, la momie symbolise la mort qui est à leur trousse. Leur combat contre la momie, aussi débile soit-il, est en réalité leur dernier combat contre linévitable destin qui les attend.
Bien entendu, au-delà de cette métaphore Bubba Ho-Tep renferme quelques moments comiques hilarants ainsi que certaines scènes dhorreurs bien troussées. Le film ne tente pas de cacher ses racines de série-B et les exploite au contraire avec fierté et dérision. Les amateurs de ce genre qui a fait la renommée de Bruce Campbell apprécieront sûrement le style parfois guignol de son personnage (comme ses attaques de Karaté), tandis que les autres se surprendront de la sensibilité avec laquelle lacteur interprète les tribulations de ce Elvis vieillissant. Bubba Ho-Tep est un film original comme il nen a jamais été fait auparavant, et exploité avec une réelle profondeur et un véritable soucis dauthenticité. Que voilà lune des plus belle surprise que le cinéma nous ait offert depuis des lustres, peu importe ce quen diront les critiques coincés.
Image
Bubba Ho-Tep est offert au format respecté de 1.85:1 et ce, bien entendu, daprès un transfert 16:9. Dans lensemble, la qualité du transfert est très bonne..
Notons en tout premier lieu que pour compenser un manque déclairage, les artisans du film ont employé une pellicule très sensible de 800 ASA pour le tournage. Il en résulte un léger grain , omniprésent et, incidemment, un rendu très doux (soft) de limage. Ces caractéristiques sont évidentes dans ce transfert, rendant du même coup les détails un peu moins précis quà laccoutumée. La définition tire néanmoins le maximum de netteté possible et présente les détails avec une certaine subtilité. Le rendu des couleurs est quant à lui de très bon niveau. Pour accentuer la lourdeur et la tristesse des lieux, les couleurs ont été volontairement dé-saturées. Ces couleurs ternes ont été correctement restituées et ne trahissent aucun débordement ni de fourmillement (chroma noise). Aussi, les teintes de peau ont une apparence des plus naturelle. Le contraste apparaît parfois un peu bas et aurait eu intérêt à être accentué, particulièrement dans les séquences intérieures. Le niveau des noirs est quant à lui parfaitement bien ajusté et ne fluctue jamais. Les noirs présentent une pureté et une profondeur tout à fait honnête mais qui nest pas totalement exempte de fourmillement, aussi subtil soit-il. Les parties sombres montrent des dégradés qui bloquent occasionnellement.
Curieusement, linterpositif employé pour le transfert nétait pas dans le meilleur des états. Les points blancs ainsi que les égratignures y sont récurrents et parfois même agaçants. Peut-être est-ce imputable à une manipulation négligée de linterpositif résultant du budget dérisoire du film ? Heureusement, la partie numérique apparaît sans faille. La numérisation est irréprochable, et le transfert ne trahi aucun défaut de compression.
Son
Cette édition ne nous offre quune seule et unique bande-son, en langue anglaise évidemment, et de format Dolby Digital 5.1. Considérant que le film ne sest jamais mérité de distribution en salles digne de ce nom ni même de promotion au Québec, il en va de sois quun doublage français nait pas été produit. Pour compenser cette lacune, la MGM a cependant inclus des sous-titres français ainsi quanglais et espagnols.
Pour un film de cette envergure, le moins que lon puisse dire est que ce mixage est étonnant et savère certainement digne des bandes-son produites pour les films à gros budget. La dynamique est d'un bon niveau. Le mixage manifeste une belle présence tout au long du film ainsi quune profondeur tout à fait honnête, sans être exceptionnelle. Le champ-sonore tire profit de tous les canaux disponibles pour ainsi créer un environnement crédible et vivant. La séparation des canaux est relativement précise et ne souffre daucune bavure. Les canaux d'ambiophonies sont régulièrement sollicités (mais sans insistance) pour créer une ambiance crédible et inquiétante, particulièrement dans la pension de vieillesse. Plusieurs effets localisés aussi subtils quagressifs sont intégrés. La musique se déploie de tous les canaux, toute en subtilité et en nuances. Il sagit véritablement du point fort de cette bande-son.
La reproduction des dialogues est problématique, le son variant de très net à très sourd, de parfaitement intelligible à étouffé. Agaçant. Lenregistrement de la voix hors champ bénéficie dun meilleur traitement et manifeste une bonne présence. Les basses sont omniprésentes et profondes, tandis que l'usage de canal .1 (LFE) est bien géré.
Suppléments/menus
Pour cette édition portant lappellation «Collectors Edition », la MGM a manifestement fait beaucoup deffort pour produire des suppléments intelligents et pertinents qui devraient ravir les amateurs du film.
Vous retrouverez tout dabord une piste de commentaires audio animée par le réalisateur Don Coscarelli accompagné de Bruce Campbell. Ceux qui ont déjà écouté une piste animée par Campbell ne seront certainement pas déçus par cette piste puisquon y retrouve toutes les grandes qualités qui font de lacteur un animateur hors pair. Sa bonne humeur, son humour, son articulation sont toujours au rendez-vous, faisant de cette piste lune des plus captivantes depuis des lustres. Campbell ne se contente pas ici de raconter son expérience de tournage mais agit également à titre de meneur puisquil pose constamment des questions au réalisateur. La production du film est ainsi analysée sous plusieurs angles et lintérêt est constant. Une piste à ne pas manquer.
Une deuxième piste est aussi offerte, celle-ci animée par Elvis lui-même ! En fait, il sagit évidemment de Bruce Campbell personnifiant le « King » et commentant le film comme sil ne lavait jamais vu. Il sagit évidemment de cabotinage, il y a quelques bon gags mais cette piste sessouffle, hélas, rapidement.
Autre supplément à ne pas manquer, un excellent documentaire de 47 minutes simplement intitulé The Making of Bubba Ho-Tep. Ce documentaire est divisé en quatre segments, chacun traitant dun sujet différent. Intelligemment produit et monté, ce dernier couvre lessentielle de la production du film, que ce soit lécriture du scénario ou la distribution du film, en passant par le tournage et la composition de la musique, etc. Tous les principaux artisans du film y vont de leurs commentaires. Le documentaire, qui offre quelques très bons moments filmés en coulisses, ne se prend jamais trop au sérieux tout en sachant éviter le piège de la complaisance. Du très bon boulot.
Vous retrouverez ensuite trois scènes coupées, dont deux offrent des commentaires optionnels de Bruce Campbell et Don Coscarelli. Ces scènes sont dun intérêt limité et naurait fait que ralentir le rythme du film, leur retrait est pleinement justifié. À écouter surtout pour les pistes de commentaires qui les accompagnent.
Sensuit une lecture de la nouvelle ayant inspirée le film et lue par lauteur de la nouvelle lui-même. Dune durée totalisant tout près de 11 minutes, cette lecture en voix hors champ est agrémentée dimages du film. Ce supplément est intéressant, mais de pouvoir lire nous-même une version textuelle de la novelle aurait été bien plus stimulant.
Finalement, en plus dun vidéoclip de la pièce-thème du film interprétée par le compositeur Brian Tyler, cette édition comprend une bande-annonce, une publicité télévisée et une galerie contenant plus de 50 photographies. À noter également quun très joli livret de 12 pages est inclus dans le boîtier, et lequel comprend une lettre rédigée par Bruce Campbell. Un complément qui est certes le bienvenu.
Conclusion
On ne saurait trop vous encourager à donner sa chance à Bubba Ho-Tep. Il sagit sans aucun doute de lexpérience cinématographique la plus étrange, la plus originale et peut-être même la plus satisfaisante quil nous ait été donné de voir depuis des lustres. À découvrir absolument, si le cur vous en dit. Dautant plus que cette édition DVD livre la marchandise sur tous les tableaux, à commencer par sa très bonne qualité dimage. Mieux encore, le mixage sonore na absolument rien à envier aux méga-productions hollywoodiennes, si ce nest une meilleure prise de son Les suppléments sont quant à eux nombreux, étoffés et très pertinents, ce qui nest pas chose courante de nos jours.
Qualité vidéo:
3,7/5
Qualité audio:
3,9/5
Suppléments:
3,8/5
Rapport qualité/prix:
3,8/5
Note finale:
3,8/5
Auteur: Yannick Savard
Date de publication: 2004-06-22
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur NTSC 4:3 Sony Trinitron Wega KV-32S42, Récepteur Pioneer VSX-D509, Lecteur DVD Pioneer DVL-909, enceintes Bose, câbles Monster Cable.
Date de publication: 2004-06-22
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur NTSC 4:3 Sony Trinitron Wega KV-32S42, Récepteur Pioneer VSX-D509, Lecteur DVD Pioneer DVL-909, enceintes Bose, câbles Monster Cable.