In the Cut (Rated)

Critique
Synopsis/présentation
La sexualité semble être un thème cher à Jane Campion. De The Piano à In the Cut, en passant par Holy Smoke et Portrait of a Lady, la réalisatrice en a fait son sujet de prédilection. À chaque fois, le récit était un pur prétexte à explorer l'épanouissement sexuel de ses héroïnes. Dans tous ces films également, cet épanouissement provoque du même coup un grand chamboulement. Dans The Piano, la jeune femme muette apprenait le désir et la sensualité au bras d'un amant. Plus tard, elle en payait le prix de par le bras vengeur de son mari cocufié. Portrait of a Lady nous montrait comment l'équilibre psychologique dune femme était dévasté par la révélation de ses fantasmes érotiques. La protagoniste de Holy Smoke était quant à elle fortement ébranlée par sa rencontre torride avec son «curateur». Dans In the Cut, le personnage de Meg Ryan redécouvre sa sexualité aux bras dun homme louche quelle soupçonne dêtre un meurtrier...
Le résumé du film tient en quelques mots et témoigne en quelque sorte de la minceur du récit: une enseignante timide sengage dans une relation torride avec un policier à la recherche d'un tueur en série. Le reste de lhistoire ainsi que la conclusion sont assez prévisibles et télégraphiés. Mais qu'importe, puisque lintérêt du film réside ailleurs
In the Cut, cest l'exploration de lépanouissement sexuel dune femme troublée et froide davantage quun thriller policier. En fait, l'intrigue policière apparaît très rapidement secondaire, voir carrément superficielle. Les éléments de lenquête sont obscurs et confus. La menace du tueur en série n'est pas du tout exploitée et ne crée absolument aucune tension. Les personnages secondaires mâles sont dramatiquement unidimensionnels et sont tous prétextes à être suspects. Par exemple, le rôle de Kevin Bacon se limite à quelques rares apparitions de quelques minutes dont la seule utilité est d'en faire un danger potentiel pour la protagoniste. L'effet est complètement raté Lorsque enfin lidentité du tueur nous est dévoilée, notre indifférence est complète. D'abord parce que le «punch» était prévisible longtemps davance, et ensuite parce que rendu à ce stade, la réalisatrice avait depuis longtemps mise de côté l'enquête policière au profit de l'étude psychologique de son personnage principal. Visiblement, Jane Campion est plus à laise avec l'étude de murs quavec le polar...
Heureusement, la révolution intérieure du personnage interprétée par Meg Ryan est franchement bien montrée. Sa relation sulfureuse avec le flic ténébreux (Mark Ruffalo, excellent) donne lieu à de profonds chamboulements dans la vie de la jeune femme. Ses valeurs, ses murs et ses idéaux sen retrouvent remis en question. Insécure face à ces renversements, lhéroïne doutera tour à tour de la sincérité de ses propres émotions ainsi que de celle de son amant. Incapable de se livrer en toute confiance à ses pulsions sexuelles, mais néanmoins séduite par la découverte de lérotisme, elle ira de lavant dans sa relation avec le flic quelle soupçonne pourtant dêtre le meurtrier en question. Le tourment vécu par la jeune femme est efficacement illustré par la réalisation de Jane Campion. Les images baignent dans un climat onirique et poétique fascinant. La caméra nerveuse exploite à merveille le tumulte émotionnel du personnage. Les couleurs chaudes de la photographie créent un environnement lascif pour la sexualité torride. Campion exploite avec une grande maîtrise le langage cinématographique de façon à jeter un regard expressionniste sur la psychologie de son personnage. Dommage toutefois quelle na pas su tirer profit de son intrigue policière, qui nest finalement quun faire-valoir simpliste.
À noter que lédition critiquée est la version dite «rated», cest à dire la version telle que présentée au cinéma. Une autre édition portant la mention «uncut » est également disponible, cette dernière offrant quelques minutes de scènes additionnelles. Autrement, ces deux éditions sont techniquement identiques.
Image
Le film est présenté dans le format respecté de 1.85:1 et daprès un transfert 16:9.
Dans un parfait état, linterpositif employé pour le transfert ne souffre daucune anomalie quelle quelle soit. L'image apparaît nette et particulièrement bien définie. Tous les détails, même les plus subtils, sont reproduits avec une grande précision. Les textures ne manquent jamais de finesse ou de subtilité. Le rendu des couleurs est très fidèle aux effets de styles employés par le directeur photo. Si la naturalité est difficile à évaluer, nous pouvons affirmer que les couleurs sont bien restituées et correctement saturées. Les dominantes chaudes sont riches et exemptes de tout fourmillement (chroma noise). Il ny a aucun débordement à déplorer. Limage est correctement contrastée et le niveau des noirs est parfaitement ajusté. Les parties denses offrent des dégradés subtils et toujours précis. Les noirs sont purs, nets et ne trahissent aucun fourmillement.
La partie numérique du transfert est elle-aussi sans faille. Aucun défaut de compression nest à déplorer. Le transfert souffre malheureusement dune sur-accentuation des contours parfois évidente qui finit par agacer. Il sagit cependant du seul véritable défaut de ce transfert qui autrement serait presque parfait.
Son
Deux bandes Dolby Digital 5.1 sont offertes, soit lune en français et lautre en anglais. Des sous-titres dans les deux mêmes langues sont également disponibles.
Ce film mise davantage sur les ambiances et les dialogues que sur les effets chocs attribuables aux thrillers policiers conventionnels. Incidemment, ce mixage ne se prête pas tellement aux débordements sonores et brille au contraire par sa subtilité et sa retenue. La dynamique est néanmoins surprenante et tire profit des possibilités du spectre sonore. Lenvironnement offre une belle profondeur et une présence des plus convenable dans les circonstances. Le champ-sonore se déploie majoritairement des enceintes avants, avec prédominance du canal central pour les dialogues. Ceux-ci sont dailleurs très naturels et toujours intelligibles. La séparation des canaux est fluide, précise et sans bavure. Les canaux d'ambiophonie sont sollicitées modérément pour intégrer la musique, mais aussi pour reproduire de subtils effets dambiance. Les rares transitions sonores sont crédibles et bien exécutées. Lintégration de la trame-sonore est efficace, fidèle et toute en retenue.
Les basses fréquences sont omniprésentes mais jamais agressives (ou agressantes). Le canal .1 (LFE) est utilisé sporadiquement pour appuyer quelques moments de tension, sans plus.
Suppléments/menus
Cette édition nest pas particulièrement généreuse en terme de supplément,
Vous retrouverez tout dabord une piste de commentaires audio animée par la réalisatrice Jane Campion et la productrice Laurie Parker. Si le ton de cette piste apparaît vite monotone, les informations partagées par les deux femmes sont néanmoins intéressantes. Elles commentent plusieurs aspects techniques du long-métrage comme par exemple la photographie, la direction artistique et la musique. Les propos sont cohérents et pertinents.
Une court documentaire simplement intitulé In the Cut : Behind the Scenes (15 min) est également offert. Malgré sa trop courte durée, ce segment est plutôt intéressant et aborde plusieurs aspects de la production du film de façon concise. Les intervenants ne gaspillent par leur temps à simplement résumer lintrigue du film. Ils partagent leur vision du film et la façon dont ils ont approché leur travail. Seuls quelques moments de félicitations complaisantes entre les membres de léquipe jettent une ombre sur lintérêt de ce documentaire.
Frannie Averys Slang Dictionary (2 min) est un montage étrange expliquant la signification de certains mots ou expressions « urbains » employés dans le film. Dun intérêt moyen
Finalement, quelques bandes-annonces complètent cette édition.
Conclusion
In the Cut n'est certainement pas un film pour tous les publics. Les admirateurs de Jane Campion y trouveront peut-être leur compte, mais ceux à la recherche d'un thriller policier devraient passer leur tour. Techniquement, cette édition est à la hauteur des standards du marché. La qualité dimage est excellente, tandis que le mixage sonore est entièrement au service du film. Les suppléments sont pas contre peu nombreux, mais doit-on en vouloir à la Columbia Tristar considérant le potentiel commercial limité de ce film ?
La sexualité semble être un thème cher à Jane Campion. De The Piano à In the Cut, en passant par Holy Smoke et Portrait of a Lady, la réalisatrice en a fait son sujet de prédilection. À chaque fois, le récit était un pur prétexte à explorer l'épanouissement sexuel de ses héroïnes. Dans tous ces films également, cet épanouissement provoque du même coup un grand chamboulement. Dans The Piano, la jeune femme muette apprenait le désir et la sensualité au bras d'un amant. Plus tard, elle en payait le prix de par le bras vengeur de son mari cocufié. Portrait of a Lady nous montrait comment l'équilibre psychologique dune femme était dévasté par la révélation de ses fantasmes érotiques. La protagoniste de Holy Smoke était quant à elle fortement ébranlée par sa rencontre torride avec son «curateur». Dans In the Cut, le personnage de Meg Ryan redécouvre sa sexualité aux bras dun homme louche quelle soupçonne dêtre un meurtrier...
Le résumé du film tient en quelques mots et témoigne en quelque sorte de la minceur du récit: une enseignante timide sengage dans une relation torride avec un policier à la recherche d'un tueur en série. Le reste de lhistoire ainsi que la conclusion sont assez prévisibles et télégraphiés. Mais qu'importe, puisque lintérêt du film réside ailleurs
In the Cut, cest l'exploration de lépanouissement sexuel dune femme troublée et froide davantage quun thriller policier. En fait, l'intrigue policière apparaît très rapidement secondaire, voir carrément superficielle. Les éléments de lenquête sont obscurs et confus. La menace du tueur en série n'est pas du tout exploitée et ne crée absolument aucune tension. Les personnages secondaires mâles sont dramatiquement unidimensionnels et sont tous prétextes à être suspects. Par exemple, le rôle de Kevin Bacon se limite à quelques rares apparitions de quelques minutes dont la seule utilité est d'en faire un danger potentiel pour la protagoniste. L'effet est complètement raté Lorsque enfin lidentité du tueur nous est dévoilée, notre indifférence est complète. D'abord parce que le «punch» était prévisible longtemps davance, et ensuite parce que rendu à ce stade, la réalisatrice avait depuis longtemps mise de côté l'enquête policière au profit de l'étude psychologique de son personnage principal. Visiblement, Jane Campion est plus à laise avec l'étude de murs quavec le polar...
Heureusement, la révolution intérieure du personnage interprétée par Meg Ryan est franchement bien montrée. Sa relation sulfureuse avec le flic ténébreux (Mark Ruffalo, excellent) donne lieu à de profonds chamboulements dans la vie de la jeune femme. Ses valeurs, ses murs et ses idéaux sen retrouvent remis en question. Insécure face à ces renversements, lhéroïne doutera tour à tour de la sincérité de ses propres émotions ainsi que de celle de son amant. Incapable de se livrer en toute confiance à ses pulsions sexuelles, mais néanmoins séduite par la découverte de lérotisme, elle ira de lavant dans sa relation avec le flic quelle soupçonne pourtant dêtre le meurtrier en question. Le tourment vécu par la jeune femme est efficacement illustré par la réalisation de Jane Campion. Les images baignent dans un climat onirique et poétique fascinant. La caméra nerveuse exploite à merveille le tumulte émotionnel du personnage. Les couleurs chaudes de la photographie créent un environnement lascif pour la sexualité torride. Campion exploite avec une grande maîtrise le langage cinématographique de façon à jeter un regard expressionniste sur la psychologie de son personnage. Dommage toutefois quelle na pas su tirer profit de son intrigue policière, qui nest finalement quun faire-valoir simpliste.
À noter que lédition critiquée est la version dite «rated», cest à dire la version telle que présentée au cinéma. Une autre édition portant la mention «uncut » est également disponible, cette dernière offrant quelques minutes de scènes additionnelles. Autrement, ces deux éditions sont techniquement identiques.
Image
Le film est présenté dans le format respecté de 1.85:1 et daprès un transfert 16:9.
Dans un parfait état, linterpositif employé pour le transfert ne souffre daucune anomalie quelle quelle soit. L'image apparaît nette et particulièrement bien définie. Tous les détails, même les plus subtils, sont reproduits avec une grande précision. Les textures ne manquent jamais de finesse ou de subtilité. Le rendu des couleurs est très fidèle aux effets de styles employés par le directeur photo. Si la naturalité est difficile à évaluer, nous pouvons affirmer que les couleurs sont bien restituées et correctement saturées. Les dominantes chaudes sont riches et exemptes de tout fourmillement (chroma noise). Il ny a aucun débordement à déplorer. Limage est correctement contrastée et le niveau des noirs est parfaitement ajusté. Les parties denses offrent des dégradés subtils et toujours précis. Les noirs sont purs, nets et ne trahissent aucun fourmillement.
La partie numérique du transfert est elle-aussi sans faille. Aucun défaut de compression nest à déplorer. Le transfert souffre malheureusement dune sur-accentuation des contours parfois évidente qui finit par agacer. Il sagit cependant du seul véritable défaut de ce transfert qui autrement serait presque parfait.
Son
Deux bandes Dolby Digital 5.1 sont offertes, soit lune en français et lautre en anglais. Des sous-titres dans les deux mêmes langues sont également disponibles.
Ce film mise davantage sur les ambiances et les dialogues que sur les effets chocs attribuables aux thrillers policiers conventionnels. Incidemment, ce mixage ne se prête pas tellement aux débordements sonores et brille au contraire par sa subtilité et sa retenue. La dynamique est néanmoins surprenante et tire profit des possibilités du spectre sonore. Lenvironnement offre une belle profondeur et une présence des plus convenable dans les circonstances. Le champ-sonore se déploie majoritairement des enceintes avants, avec prédominance du canal central pour les dialogues. Ceux-ci sont dailleurs très naturels et toujours intelligibles. La séparation des canaux est fluide, précise et sans bavure. Les canaux d'ambiophonie sont sollicitées modérément pour intégrer la musique, mais aussi pour reproduire de subtils effets dambiance. Les rares transitions sonores sont crédibles et bien exécutées. Lintégration de la trame-sonore est efficace, fidèle et toute en retenue.
Les basses fréquences sont omniprésentes mais jamais agressives (ou agressantes). Le canal .1 (LFE) est utilisé sporadiquement pour appuyer quelques moments de tension, sans plus.
Suppléments/menus
Cette édition nest pas particulièrement généreuse en terme de supplément,
Vous retrouverez tout dabord une piste de commentaires audio animée par la réalisatrice Jane Campion et la productrice Laurie Parker. Si le ton de cette piste apparaît vite monotone, les informations partagées par les deux femmes sont néanmoins intéressantes. Elles commentent plusieurs aspects techniques du long-métrage comme par exemple la photographie, la direction artistique et la musique. Les propos sont cohérents et pertinents.
Une court documentaire simplement intitulé In the Cut : Behind the Scenes (15 min) est également offert. Malgré sa trop courte durée, ce segment est plutôt intéressant et aborde plusieurs aspects de la production du film de façon concise. Les intervenants ne gaspillent par leur temps à simplement résumer lintrigue du film. Ils partagent leur vision du film et la façon dont ils ont approché leur travail. Seuls quelques moments de félicitations complaisantes entre les membres de léquipe jettent une ombre sur lintérêt de ce documentaire.
Frannie Averys Slang Dictionary (2 min) est un montage étrange expliquant la signification de certains mots ou expressions « urbains » employés dans le film. Dun intérêt moyen
Finalement, quelques bandes-annonces complètent cette édition.
Conclusion
In the Cut n'est certainement pas un film pour tous les publics. Les admirateurs de Jane Campion y trouveront peut-être leur compte, mais ceux à la recherche d'un thriller policier devraient passer leur tour. Techniquement, cette édition est à la hauteur des standards du marché. La qualité dimage est excellente, tandis que le mixage sonore est entièrement au service du film. Les suppléments sont pas contre peu nombreux, mais doit-on en vouloir à la Columbia Tristar considérant le potentiel commercial limité de ce film ?
Qualité vidéo:
4,0/5
Qualité audio:
3,6/5
Suppléments:
2,5/5
Rapport qualité/prix:
3,5/5
Note finale:
3,4/5
Auteur: Yannick Savard
Date de publication: 2004-03-04
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur NTSC 4:3 Sony Trinitron Wega KV-32S42, Récepteur Pioneer VSX-D509, Lecteur DVD Pioneer DVL-909, enceintes Bose, câbles Monster Cable.
Date de publication: 2004-03-04
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur NTSC 4:3 Sony Trinitron Wega KV-32S42, Récepteur Pioneer VSX-D509, Lecteur DVD Pioneer DVL-909, enceintes Bose, câbles Monster Cable.