Buffalo Soldiers

Critique
Synopsis/présentation
Il y a peu de chance que vous ayez entendu parler d'un film comme Buffalo Soldiers. Pas étonnant, le film est littéralement passé en coup de vent dans les quelques salles de cinémas où il a été distribués à lété 2003. Cela ne fait pas de Buffalo Soldiers un mauvais film pour autant, bien au contraire. En fait, il est à parier que si le film avait vu le jour ne serait-ce qu'une dizaine d'années plus tôt, son sort aurait été bien différent. Mais voilà, le contexte socio-politique actuel fait en sorte que des films comme celui-ci dérangent. Pendant près de deux ans, la maison Miramax (qui aurait acquis les droits de distribution le 10 septembre 2001 ) na cessé de repousser la distribution en salles du film, ne sachant visiblement pas quoi en faire. Pour éviter un malaise, Miramax a choisi dopter pour une distribution à très petite échelle, question de passer inaperçu. Dommage, mais néanmoins compréhensible lorsqu'on apprend que la seule présence du poster original dans les cinémas avait soulevé bon nombres de protestations de la part de différents groupes. Sur le poster, on voyait lacteur Joaquin Phoenix poser devant un drapeau américain dont les étoiles avaient été remplacées par des signes de dollars. Les artisans du film se sont vus injustement accusés dêtre anti-américains ou anti-patriotiques, allez savoir. Le film ayant dores et déjà été condamné avant même sa sortie, Miramax l'a simplement abandonné à son sort
Il est vrai que le sujet du film est on ne peut plus délicat, surtout par les temps qui courent. L'histoire raconte comment des soldats américains basés en Allemagne de lOuest en 1989 sadonnent à des activités illicites pour tuer l'ennui et arrondir leurs fins de mois. Le portrait de larmée est cynique à souhait et nous montre des soldats sans conscience ni morale qui sont prêts à tout pour senrichir sur le dos des Forces Armées. Un portrait aussi sombre nallait définitivement pas de pair avec l'image du vaillant soldat que tentait de véhiculer la politique américaine pour amadouer lopinion publique quant à l'invasion de l'Irak. Le patriotisme aveugle qu'inspire larmée américaine en prenait également pour son rhume. Mais doit-on condamner toute uvre qui ose aller à contre-courrant ? Doit-on proscrire toute critique, aussi caricaturale et satyrique soit-elle, qui confronte les idéaux ? Un film comme Buffalo Soldiers aurait dû avoir sa chance. Les réactions nauraient probablement pas été aussi vives quappréhendées de toute façon. Buffalo Soldiers nest pas une attaque, ni une condamnation. Il sagit dune satyre, dune critique teintée dhumour noir d'un groupe qui n'est pas sans faille. Le portrait qui s'en dégage nest pas applicable à la généralité, mais à des cas isolés. Tout au plus le film donne-t-il une perspective différente du métier de soldat, qui est évidemment sujette à discussions et argumentations. Et le message que le film nous offre nest pas tant anti-américain ou anti-armée, que anti-guerre. De toute façon, Three Kings navait pas fait pire il y a quelques années, sans quaucun remous ne soient créés.
Quoi qu'il en soit, si la perspective présentée dans Buffalo Soldiers est fascinante, elle nen fait pas un film parfait pour autant. Les auteurs du film auraient eu intérêt à approfondir leurs personnages, à commencer par celui de Joaquin Phoenix. Il est difficile de s'identifier à un protagoniste qui manque de nuance. Sa personnalité apparaît quelque peu simpliste et parfois même incohérente. Heureusement que la bouille sympathique de Phoenix nous le rend un tant soit peu aimable. Il en va de même pour la plupart des autres personnages du film. Leurs motivations sont confuses et mal esquissées. On reprochera également au film de conclure sur une fausse note maladroite. Mais où diable voulait-on en venir avec cette fin ? Les auteurs ont-il négligés certains aspects du scénario en se fiant uniquement à leur sujet ? Peut-être bien, car il est vrai que le sujet du film à lui-seul vaut le coup dil et pousse à la réflexion. Voilà bien une qualité de plus en plus rare au cinéma.
Image
L'image du film est ici présentée au format respecté de 2.35:1 et ce, daprès un transfert 16:9. La qualité de ce transfert est très bonne sans toutefois être excellente.
Tout d'abord, l'interpositif employé pour le transfert trahi quelques faiblesses. Il n'est pas rare de voir apparaître quelques égratignures et points blancs sur l'image. Ces défauts sont toutefois assez mineurs et peu distrayants. L'image paraît nette et bien définie. Les détails et textures sont correctement reproduits. À peine quelques plans semblent un peu moins précis. L'étalonnage des couleurs est tout à fait contrôlé. Les couleurs volontairement ternes et délavées du film sont fidèlement restituées. Dans les circonstances, leur saturation est adéquate. On ne remarque aucune bavure ni aucun dé-balancement chromatique. Les tons de peau versent quelque peu vers le magenta maisce problème passe relativement inaperçu. Bizarrement le contraste semble un peu faible... Les dégradés sont relativement précis et subtils. Les noirs, un peu plaqués, sont nets et profonds.
La partie numérique du transfert est pratiquement sans problèmes.
Son
Deux bandes-son Dolby Digital 5.1 nous sont offertes : l'une anglaise et l'autre française. Seuls des sous-titres anglais sont disponibles.
Ces deux mixages offrent une dynamique et une présence franchement impressionnante, surtout pour un film au budget aussi limité. Se déployant de toutes les enceintes, le champ-sonore a une profondeur tout à fait enviable. Les différents éléments sonores sont précisément positionnés. Les canaux arrières sont intelligemment mis a contributions. Tantôt elles proposent de subtiles ambiances, tantôt elles bombardent deffets sonores localisés fort efficaces. La trame sonore est fort bien intégrée à l'ensemble, et est ici rendue aves fidélité. Le timbre des voix est naturel et l'intelligibilité des dialogues de pose aucun problème.
Les basses sont bien présentes et ici correctement reproduites. Le canal .1 (LFE) offre des extrêmes graves profondes et intenses. Saluons l'usage du canal .1 jamais fait abusivement.
Suppléments/menus
Seulement trois suppléments sont offerts avec cette édition. Eh non, la bande-annonce originale ne fait pas partie du nombre
La piste de commentaires audio animée par le réalisateur Gregor Jordan est très intéressante. L'homme est articulé, cohérent et bien structuré. Il n'y a aucun temps mort ni aucune envolée interminable sur des anecdotes de tournage sans intérêt. Il nous explique plutôt les démarches qui lont menés au tournage et nous décrit explicitement comment le film a été tournée. Dans lensemble, les informations partagées sont intéressantes mais nous aurions aimé que le réalisateur aborde davantage les difficultés rencontrées par le film au moment de sa distribution.
Vous retrouverez ensuite deux documentaires. Le premier, intitulé Beyound The Iron Curtain (5 mins.) est absolument sans intérêt. Il sagit dun très bref segment promotionnel qui ne fait rien dautre que résumer lhistoire. Le deuxième, Anatomy of a Scene (24 mins.) est beaucoup plus intéressant. Produit par le Sundance Channel, ce documentaire gravite presque entièrement autour d'une seule et même scène du film. On y explique son importance dans le récit puis on décortique chaque élément entourant sa création : scénarisation, tournage, montage, etc. Il s'agit dune analyse concise et pertinente de la production dune scène clé du film, un ouvrage des plus fascinant.
Conclusion
Buffalo Soldiers est loin dêtre un chef d'uvre, mais il s'agit dun film qui mérite d'être découvert et apprécié à sa juste valeur. Rarement le cinéma américain se permet-il de critiquer de façon aussi cinglante les Forces Armées. Le message est on ne peut plus clair, comme en témoigne ce plan où des soldats marchent sur un drapeau américain dessiné au sol Techniquement parlant, cette édition offre une qualité d'image de bon niveau ainsi qu'un mixage sonore qui sans être percutant est efficace.
Les suppléments sont malheureusement peu nombreux, mais l'intérêt de la piste de commentaires audio et du documentaire produit par Sundance Channel compense quelque peu pour cette lacune.
Il y a peu de chance que vous ayez entendu parler d'un film comme Buffalo Soldiers. Pas étonnant, le film est littéralement passé en coup de vent dans les quelques salles de cinémas où il a été distribués à lété 2003. Cela ne fait pas de Buffalo Soldiers un mauvais film pour autant, bien au contraire. En fait, il est à parier que si le film avait vu le jour ne serait-ce qu'une dizaine d'années plus tôt, son sort aurait été bien différent. Mais voilà, le contexte socio-politique actuel fait en sorte que des films comme celui-ci dérangent. Pendant près de deux ans, la maison Miramax (qui aurait acquis les droits de distribution le 10 septembre 2001 ) na cessé de repousser la distribution en salles du film, ne sachant visiblement pas quoi en faire. Pour éviter un malaise, Miramax a choisi dopter pour une distribution à très petite échelle, question de passer inaperçu. Dommage, mais néanmoins compréhensible lorsqu'on apprend que la seule présence du poster original dans les cinémas avait soulevé bon nombres de protestations de la part de différents groupes. Sur le poster, on voyait lacteur Joaquin Phoenix poser devant un drapeau américain dont les étoiles avaient été remplacées par des signes de dollars. Les artisans du film se sont vus injustement accusés dêtre anti-américains ou anti-patriotiques, allez savoir. Le film ayant dores et déjà été condamné avant même sa sortie, Miramax l'a simplement abandonné à son sort
Il est vrai que le sujet du film est on ne peut plus délicat, surtout par les temps qui courent. L'histoire raconte comment des soldats américains basés en Allemagne de lOuest en 1989 sadonnent à des activités illicites pour tuer l'ennui et arrondir leurs fins de mois. Le portrait de larmée est cynique à souhait et nous montre des soldats sans conscience ni morale qui sont prêts à tout pour senrichir sur le dos des Forces Armées. Un portrait aussi sombre nallait définitivement pas de pair avec l'image du vaillant soldat que tentait de véhiculer la politique américaine pour amadouer lopinion publique quant à l'invasion de l'Irak. Le patriotisme aveugle qu'inspire larmée américaine en prenait également pour son rhume. Mais doit-on condamner toute uvre qui ose aller à contre-courrant ? Doit-on proscrire toute critique, aussi caricaturale et satyrique soit-elle, qui confronte les idéaux ? Un film comme Buffalo Soldiers aurait dû avoir sa chance. Les réactions nauraient probablement pas été aussi vives quappréhendées de toute façon. Buffalo Soldiers nest pas une attaque, ni une condamnation. Il sagit dune satyre, dune critique teintée dhumour noir d'un groupe qui n'est pas sans faille. Le portrait qui s'en dégage nest pas applicable à la généralité, mais à des cas isolés. Tout au plus le film donne-t-il une perspective différente du métier de soldat, qui est évidemment sujette à discussions et argumentations. Et le message que le film nous offre nest pas tant anti-américain ou anti-armée, que anti-guerre. De toute façon, Three Kings navait pas fait pire il y a quelques années, sans quaucun remous ne soient créés.
Quoi qu'il en soit, si la perspective présentée dans Buffalo Soldiers est fascinante, elle nen fait pas un film parfait pour autant. Les auteurs du film auraient eu intérêt à approfondir leurs personnages, à commencer par celui de Joaquin Phoenix. Il est difficile de s'identifier à un protagoniste qui manque de nuance. Sa personnalité apparaît quelque peu simpliste et parfois même incohérente. Heureusement que la bouille sympathique de Phoenix nous le rend un tant soit peu aimable. Il en va de même pour la plupart des autres personnages du film. Leurs motivations sont confuses et mal esquissées. On reprochera également au film de conclure sur une fausse note maladroite. Mais où diable voulait-on en venir avec cette fin ? Les auteurs ont-il négligés certains aspects du scénario en se fiant uniquement à leur sujet ? Peut-être bien, car il est vrai que le sujet du film à lui-seul vaut le coup dil et pousse à la réflexion. Voilà bien une qualité de plus en plus rare au cinéma.
Image
L'image du film est ici présentée au format respecté de 2.35:1 et ce, daprès un transfert 16:9. La qualité de ce transfert est très bonne sans toutefois être excellente.
Tout d'abord, l'interpositif employé pour le transfert trahi quelques faiblesses. Il n'est pas rare de voir apparaître quelques égratignures et points blancs sur l'image. Ces défauts sont toutefois assez mineurs et peu distrayants. L'image paraît nette et bien définie. Les détails et textures sont correctement reproduits. À peine quelques plans semblent un peu moins précis. L'étalonnage des couleurs est tout à fait contrôlé. Les couleurs volontairement ternes et délavées du film sont fidèlement restituées. Dans les circonstances, leur saturation est adéquate. On ne remarque aucune bavure ni aucun dé-balancement chromatique. Les tons de peau versent quelque peu vers le magenta maisce problème passe relativement inaperçu. Bizarrement le contraste semble un peu faible... Les dégradés sont relativement précis et subtils. Les noirs, un peu plaqués, sont nets et profonds.
La partie numérique du transfert est pratiquement sans problèmes.
Son
Deux bandes-son Dolby Digital 5.1 nous sont offertes : l'une anglaise et l'autre française. Seuls des sous-titres anglais sont disponibles.
Ces deux mixages offrent une dynamique et une présence franchement impressionnante, surtout pour un film au budget aussi limité. Se déployant de toutes les enceintes, le champ-sonore a une profondeur tout à fait enviable. Les différents éléments sonores sont précisément positionnés. Les canaux arrières sont intelligemment mis a contributions. Tantôt elles proposent de subtiles ambiances, tantôt elles bombardent deffets sonores localisés fort efficaces. La trame sonore est fort bien intégrée à l'ensemble, et est ici rendue aves fidélité. Le timbre des voix est naturel et l'intelligibilité des dialogues de pose aucun problème.
Les basses sont bien présentes et ici correctement reproduites. Le canal .1 (LFE) offre des extrêmes graves profondes et intenses. Saluons l'usage du canal .1 jamais fait abusivement.
Suppléments/menus
Seulement trois suppléments sont offerts avec cette édition. Eh non, la bande-annonce originale ne fait pas partie du nombre
La piste de commentaires audio animée par le réalisateur Gregor Jordan est très intéressante. L'homme est articulé, cohérent et bien structuré. Il n'y a aucun temps mort ni aucune envolée interminable sur des anecdotes de tournage sans intérêt. Il nous explique plutôt les démarches qui lont menés au tournage et nous décrit explicitement comment le film a été tournée. Dans lensemble, les informations partagées sont intéressantes mais nous aurions aimé que le réalisateur aborde davantage les difficultés rencontrées par le film au moment de sa distribution.
Vous retrouverez ensuite deux documentaires. Le premier, intitulé Beyound The Iron Curtain (5 mins.) est absolument sans intérêt. Il sagit dun très bref segment promotionnel qui ne fait rien dautre que résumer lhistoire. Le deuxième, Anatomy of a Scene (24 mins.) est beaucoup plus intéressant. Produit par le Sundance Channel, ce documentaire gravite presque entièrement autour d'une seule et même scène du film. On y explique son importance dans le récit puis on décortique chaque élément entourant sa création : scénarisation, tournage, montage, etc. Il s'agit dune analyse concise et pertinente de la production dune scène clé du film, un ouvrage des plus fascinant.
Conclusion
Buffalo Soldiers est loin dêtre un chef d'uvre, mais il s'agit dun film qui mérite d'être découvert et apprécié à sa juste valeur. Rarement le cinéma américain se permet-il de critiquer de façon aussi cinglante les Forces Armées. Le message est on ne peut plus clair, comme en témoigne ce plan où des soldats marchent sur un drapeau américain dessiné au sol Techniquement parlant, cette édition offre une qualité d'image de bon niveau ainsi qu'un mixage sonore qui sans être percutant est efficace.
Les suppléments sont malheureusement peu nombreux, mais l'intérêt de la piste de commentaires audio et du documentaire produit par Sundance Channel compense quelque peu pour cette lacune.
Qualité vidéo:
3,6/5
Qualité audio:
3,9/5
Suppléments:
2,5/5
Rapport qualité/prix:
3,3/5
Note finale:
3,3/5
Auteur: Yannick Savard
Date de publication: 2004-02-19
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur NTSC 4:3 Sony Trinitron Wega KV-32S42, Récepteur Pioneer VSX-D509, Lecteur DVD Pioneer DVL-909, enceintes Bose, câbles Monster Cable.
Date de publication: 2004-02-19
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur NTSC 4:3 Sony Trinitron Wega KV-32S42, Récepteur Pioneer VSX-D509, Lecteur DVD Pioneer DVL-909, enceintes Bose, câbles Monster Cable.