Toi

Critique
Synopsis/présentation
Linfidélité semble être un thème qui intéresse beaucoup les cinéastes québécois. Après Horloge biologique de Ricardo Trogi, Les trois petits cochons de Patrick Huard qui peignaient un portrait somme toute léger, mais peu flatteur de la gente masculine, cest au tour du troisième long métrage du cinéaste François Delisle, Toi, daborder ce thème, mais cette-ci, dun point de vue féminin. Il dresse le portrait dune femme, Michèle, partagée entre son mari et collègue de travail Paul et son fils, qui décide de vivre une intense liaison avec Thomas, un musicien. Michèle décide donc, un soir, de tout abandonner : son mari, sa carrière et son fils, pour aller vivre avec Thomas.
En plus de présenter ladultère sous langle dun personnage féminin, François Delisle se distingue des films de Trogi et de Huard aussi et surtout pour son approche diamétralement auteuriste, cest donc dire, quà prime abord, Toi nest pas pour le même public que les deux autres uvres. Cest ce qui fait la grande force du long-métrage de Delisle, soit son choix daborder de plein front son personnage tourmenté et torturé. Il dresse ainsi un portrait complexe et plutôt dense de la femme adultère, car visiblement, pour Delisle ladultère se vit aussi chez lautre sexe. Et ce thème de ladultère ne devient finalement quun prétexte à une étude de caractère grâce au personnage de Michèle. Cette femme qui abandonne tous ses repères dans le but de vivre sa passion au maximum et ainsi profiter des changements majeurs dans sa vie sengouffrera encore davantage dans ses tourments lorsquelle se rendra compte que son amant ne peut lui offrir ce quelle désir. Delisle nous offre donc une vision assez pessimiste de cette quête de liberté chez son personnage féminin. Une quête intérieure qui ne semble pas trouver dissue, mais qui profite néanmoins dune lueur despoir lors de la scène finale, dramatiquement très intense.
Pour ce qui est de la mise en scène, Delisle y va dune réalisation très sobre laissant ses plans parler deux-mêmes. Totalement à lopposé du ton quil empruntait pour son filmer son Le bonheur est une chanson triste, le cinéaste (qui scénarise et produit également) emprunte la voie du drame intimiste et il faut avouer quil sait capter de grands moments démotions, notamment la discussion de Michèle avec son fils au téléphone ou encore les derniers moments entre Michèle et Thomas qui ne sont que quelques exemples du savoir-faire de Delisle. Le seul reproche que lon pourrait lui faire est davoir brisé le rythme de son uvre en intégrant quelques « numéros musicaux » dÈve Cournoyer. Nous ne jugeons pas ici les qualités artistiques de ces chansons, mais elles ne sont pas du tout dans le même ton que luvre dégage et empêche le film datteindre une certaine forme dhomogéneité.
Pour arriver à ce résultat, Delisle ny serait jamais parvenu sans Anne-Marie Cadieux. La comédienne sabandonne corps et âme (cest le cas de le dire) pour les besoins de son personnage. Il ne serait pas surprenant quelle ne soit pas sortie complètement indemne dune telle composition. Dailleurs, Delisle, ayant déjà travaillé avec lactrice sur Le bonheur est une chanson triste, aurait pensé à elle en écrivant le scénario, ce qui explique grandement la justesse et lintensité du jeu de lactrice. Les seconds rôles sont aussi très bien soutenus par Laurent Lucas et Marc Béland qui incarnent des personnages qui ne sont pas aussi unidimensionnels que lon pourrait sembler le croire au départ.
Toi est donc une uvre à découvrir pour tous ceux qui sintéressent au cinéma dauteur québécois, un cinéma en marge et qui, bien que méprisé par un certain public, traite de problèmes de société bien réels et actuels tout comme le fait le cinéma grand public. Il le fait peut-être dune manière moins divertissante et moins accessible, mais pas nécessairement de manière moins efficace et moins prenante.
Image
Le film est offert au format dimage respectée de 2.35:1 daprès un transfert 16:9.
La définition générale de limage est très bonne. Limage affiche une belle netteté malgré un grain assez prononcé dû à l'emploi du numérique pour le tournage du film. Le niveau de détails et de textures offert est irréprochable alors que le rendu des couleurs est également plus que satisfaisant. Ces dernières sont riches, précises, bien délimitées et ne démontrent aucun problème de saturation ou de débordement. Les tons de peaux (ces dernières étant ici très présentes à limage) demeurent naturels. Les contrastes, eux, sont très bien gérés, évitant tout effet de brillance quelconque. Quant aux dégradés, ils sont fluides et précis donnant ainsi à admirer de superbes parties sombres. Finalement, nous retrouvons des noirs purs et intenses. Du côté numérique, le transfert sen sort tout de même assez bien malgré quelques signes de compression évidents, soit un fourmillement se confondant subtilement au grain de limage.
Son
Deux bandes sons sont disponibles sur cette édition, toutes deux au format Dolby Digital 5.1 et offerte en version originale française.
Le dynamisme est tout à fait adapté pour ce type de films (drame intimiste) et la présence est plus que convaincante. Le déploiement du champ sonore seffectue de façon subtile et élégante en misant surtout sur les ouvertures frontale et latérale et en laissant les enceintes arrière supporter très subtilement les ambiances. Ainsi, il nest donc pas étonnant de noter de très rares effets dambiophonie qui sont tout de même réussis. Les dialogues sont logiquement toujours et parfaitement audibles. La trame sonore nest pas intégrée avec la plus grande des subtilités, mais assurément avec une grande efficacité. Étonnamment, les basses grondent à plusieurs reprises, notamment pour mieux appuyer la trame sonore (musique techno, chansons dÈve Cournoyer) et les ambiances extérieures, notamment les rumeurs de ville. Elles le font avec une grande profondeur et une solide efficacité. Toujours avec surprise, le canal dextrêmes graves se manifeste aussi à quelques occasions pour mieux supporter les ambiances de ville (elles nauront jamais semblé aussi bruyantes et fortes) et ce, avec efficacité.
Des sous-titres anglais sont disponibles.
Suppléments/menus
Pour ce qui est des suppléments, nous retrouvons dabord le documentaire « Sur le tournage de Toi (10:29)» réalisé par Jean-François Cassy. Il nous donne accès au tournage dune poignée de scènes du film. Cest aussi un documentaire assez objectif au sens où la caméra se contente de filmer le tournage sans capter les interventions des artisans du film, excepté à une reprise où le comédien Marc Béland se moque gentiment du comédien Laurent Lucas. Un peu court, mais assez intéressant. Vient ensuite un vidéoclip (4:27) dans lequel on nous présente Ève Cournoyer interpréter la chanson Didier, entendue dans le film. Finalement, nous retrouvons la bande-annonce du film. Une section un peu maigre, mais relativement intéressante.
Conclusion
Avec Toi, le cinéaste François Delisle vient de se confirmer une place de choix parmi les cinéastes dauteurs québécois. Son uvre aborde de façon dramatiquement très intense le thème de la quête existentielle en dressant un portait intimiste dun personnage complexe et qui est loin dêtre irréprochable, le tout porté par le jeu bouleversant de la comédienne Anne-Marie Cadieux.
Lédition proposée ici est très honnête. Le transfert vidéo, bien que perfectible, est beau et rend bien les images du film. La bande son est étonnamment très dynamique et très appuyée (pour le type de films présenté ici tout de même), ce qui nest pas nécessairement une mauvaise chose. Et finalement, les suppléments sont peu nombreux, mais le documentaire sur les coulisses du tournage est intéressant, divertissant et mérite donc une certaine attention. Mais la principale raison de lachat de cette édition doit tout de même demeurer luvre dabord et avant tout, raison tout à fait louable !
Linfidélité semble être un thème qui intéresse beaucoup les cinéastes québécois. Après Horloge biologique de Ricardo Trogi, Les trois petits cochons de Patrick Huard qui peignaient un portrait somme toute léger, mais peu flatteur de la gente masculine, cest au tour du troisième long métrage du cinéaste François Delisle, Toi, daborder ce thème, mais cette-ci, dun point de vue féminin. Il dresse le portrait dune femme, Michèle, partagée entre son mari et collègue de travail Paul et son fils, qui décide de vivre une intense liaison avec Thomas, un musicien. Michèle décide donc, un soir, de tout abandonner : son mari, sa carrière et son fils, pour aller vivre avec Thomas.
En plus de présenter ladultère sous langle dun personnage féminin, François Delisle se distingue des films de Trogi et de Huard aussi et surtout pour son approche diamétralement auteuriste, cest donc dire, quà prime abord, Toi nest pas pour le même public que les deux autres uvres. Cest ce qui fait la grande force du long-métrage de Delisle, soit son choix daborder de plein front son personnage tourmenté et torturé. Il dresse ainsi un portrait complexe et plutôt dense de la femme adultère, car visiblement, pour Delisle ladultère se vit aussi chez lautre sexe. Et ce thème de ladultère ne devient finalement quun prétexte à une étude de caractère grâce au personnage de Michèle. Cette femme qui abandonne tous ses repères dans le but de vivre sa passion au maximum et ainsi profiter des changements majeurs dans sa vie sengouffrera encore davantage dans ses tourments lorsquelle se rendra compte que son amant ne peut lui offrir ce quelle désir. Delisle nous offre donc une vision assez pessimiste de cette quête de liberté chez son personnage féminin. Une quête intérieure qui ne semble pas trouver dissue, mais qui profite néanmoins dune lueur despoir lors de la scène finale, dramatiquement très intense.
Pour ce qui est de la mise en scène, Delisle y va dune réalisation très sobre laissant ses plans parler deux-mêmes. Totalement à lopposé du ton quil empruntait pour son filmer son Le bonheur est une chanson triste, le cinéaste (qui scénarise et produit également) emprunte la voie du drame intimiste et il faut avouer quil sait capter de grands moments démotions, notamment la discussion de Michèle avec son fils au téléphone ou encore les derniers moments entre Michèle et Thomas qui ne sont que quelques exemples du savoir-faire de Delisle. Le seul reproche que lon pourrait lui faire est davoir brisé le rythme de son uvre en intégrant quelques « numéros musicaux » dÈve Cournoyer. Nous ne jugeons pas ici les qualités artistiques de ces chansons, mais elles ne sont pas du tout dans le même ton que luvre dégage et empêche le film datteindre une certaine forme dhomogéneité.
Pour arriver à ce résultat, Delisle ny serait jamais parvenu sans Anne-Marie Cadieux. La comédienne sabandonne corps et âme (cest le cas de le dire) pour les besoins de son personnage. Il ne serait pas surprenant quelle ne soit pas sortie complètement indemne dune telle composition. Dailleurs, Delisle, ayant déjà travaillé avec lactrice sur Le bonheur est une chanson triste, aurait pensé à elle en écrivant le scénario, ce qui explique grandement la justesse et lintensité du jeu de lactrice. Les seconds rôles sont aussi très bien soutenus par Laurent Lucas et Marc Béland qui incarnent des personnages qui ne sont pas aussi unidimensionnels que lon pourrait sembler le croire au départ.
Toi est donc une uvre à découvrir pour tous ceux qui sintéressent au cinéma dauteur québécois, un cinéma en marge et qui, bien que méprisé par un certain public, traite de problèmes de société bien réels et actuels tout comme le fait le cinéma grand public. Il le fait peut-être dune manière moins divertissante et moins accessible, mais pas nécessairement de manière moins efficace et moins prenante.
Image
Le film est offert au format dimage respectée de 2.35:1 daprès un transfert 16:9.
La définition générale de limage est très bonne. Limage affiche une belle netteté malgré un grain assez prononcé dû à l'emploi du numérique pour le tournage du film. Le niveau de détails et de textures offert est irréprochable alors que le rendu des couleurs est également plus que satisfaisant. Ces dernières sont riches, précises, bien délimitées et ne démontrent aucun problème de saturation ou de débordement. Les tons de peaux (ces dernières étant ici très présentes à limage) demeurent naturels. Les contrastes, eux, sont très bien gérés, évitant tout effet de brillance quelconque. Quant aux dégradés, ils sont fluides et précis donnant ainsi à admirer de superbes parties sombres. Finalement, nous retrouvons des noirs purs et intenses. Du côté numérique, le transfert sen sort tout de même assez bien malgré quelques signes de compression évidents, soit un fourmillement se confondant subtilement au grain de limage.
Son
Deux bandes sons sont disponibles sur cette édition, toutes deux au format Dolby Digital 5.1 et offerte en version originale française.
Le dynamisme est tout à fait adapté pour ce type de films (drame intimiste) et la présence est plus que convaincante. Le déploiement du champ sonore seffectue de façon subtile et élégante en misant surtout sur les ouvertures frontale et latérale et en laissant les enceintes arrière supporter très subtilement les ambiances. Ainsi, il nest donc pas étonnant de noter de très rares effets dambiophonie qui sont tout de même réussis. Les dialogues sont logiquement toujours et parfaitement audibles. La trame sonore nest pas intégrée avec la plus grande des subtilités, mais assurément avec une grande efficacité. Étonnamment, les basses grondent à plusieurs reprises, notamment pour mieux appuyer la trame sonore (musique techno, chansons dÈve Cournoyer) et les ambiances extérieures, notamment les rumeurs de ville. Elles le font avec une grande profondeur et une solide efficacité. Toujours avec surprise, le canal dextrêmes graves se manifeste aussi à quelques occasions pour mieux supporter les ambiances de ville (elles nauront jamais semblé aussi bruyantes et fortes) et ce, avec efficacité.
Des sous-titres anglais sont disponibles.
Suppléments/menus
Pour ce qui est des suppléments, nous retrouvons dabord le documentaire « Sur le tournage de Toi (10:29)» réalisé par Jean-François Cassy. Il nous donne accès au tournage dune poignée de scènes du film. Cest aussi un documentaire assez objectif au sens où la caméra se contente de filmer le tournage sans capter les interventions des artisans du film, excepté à une reprise où le comédien Marc Béland se moque gentiment du comédien Laurent Lucas. Un peu court, mais assez intéressant. Vient ensuite un vidéoclip (4:27) dans lequel on nous présente Ève Cournoyer interpréter la chanson Didier, entendue dans le film. Finalement, nous retrouvons la bande-annonce du film. Une section un peu maigre, mais relativement intéressante.
Conclusion
Avec Toi, le cinéaste François Delisle vient de se confirmer une place de choix parmi les cinéastes dauteurs québécois. Son uvre aborde de façon dramatiquement très intense le thème de la quête existentielle en dressant un portait intimiste dun personnage complexe et qui est loin dêtre irréprochable, le tout porté par le jeu bouleversant de la comédienne Anne-Marie Cadieux.
Lédition proposée ici est très honnête. Le transfert vidéo, bien que perfectible, est beau et rend bien les images du film. La bande son est étonnamment très dynamique et très appuyée (pour le type de films présenté ici tout de même), ce qui nest pas nécessairement une mauvaise chose. Et finalement, les suppléments sont peu nombreux, mais le documentaire sur les coulisses du tournage est intéressant, divertissant et mérite donc une certaine attention. Mais la principale raison de lachat de cette édition doit tout de même demeurer luvre dabord et avant tout, raison tout à fait louable !
Qualité vidéo:
3,5/5
Qualité audio:
3,5/5
Suppléments:
3,0/5
Rapport qualité/prix:
3,3/5
Note finale:
3,2/5
Auteur: Frédéric Bouchard
Date de publication: 2008-01-29
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur Toshiba 27A43C, Récepteur JVC TH-A30
Date de publication: 2008-01-29
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur Toshiba 27A43C, Récepteur JVC TH-A30