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DVDEF

1984

Critique
Synopsis/présentation
Michael Radford est un cinéaste peu prolifique, mais aux talents évidents. Malheureusement pour lui, son adaptation sans concession du très célèbre roman de George Orwell : 1984 (1984), ne rencontra pas les faveurs du grand public. Il ne parviendra jamais à retrouver la maîtrise dont il fit preuve pour ce film, même si une de ses autres oeuvres finira par rencontrer un succès d'estime assez important et plutôt justifié : Il Postino (1994).

1984 respecte très fidèlement la prose d'Orwell. On y suit donc la rebellion progressive d'un individu lambda, Winston Smith (William Hurt), contre la dictature extrême imposée par le régime en place dans son pays, l'Oceania. Le chef du parti au pouvoir est Big Brother, et son portrait orne les murs du Londres en ruines (et fictionnel), où son peuple se dévoue totalement à son service et celui de son parti, l'Agnosc. Tous les océaniens sont en permanence surveillés et toutes relations leur sont inderdites. La pensée individuelle doit même être éradiquée selon le parti, grâce à un nouveau language extrêmement simplifié, censé empêcher l'association d'idées et donc la reflexion personnelle. Cependant, malgré toutes ces règles, W. Smith nouera une relation amoureuse interdite avec Julia (Suzanna Hamilton) qui finira par conduire à leur arrestation. Winston sera alors interrogé et torturé par O'Brien (Richard Burton), un de ses supérieurs.

Le plus grand mérite de cette adaptation est d'être très fidèle au livre et d'avoir refusé le spectaculaire et le sensationnel pour se concentrer sur le message qu'Orwell voulait délivrer. Il faut dire que la veuve de l'écrivain avait posé des conditions très précises concernant cette nouvelle adaptation (après celle de 1956 réalisée par Michael Anderson, et qui lui avait beaucoup déplu). Elle avait donc interdit toute interprétation futuriste avec effets spéciaux et du coup, Milos Forman et Francis Ford Coppola se sont désistés.

Une oeuvre qui peut paraître aride aux non-initiés au livre, cependant c'est un élément essentiel de la puissance du roman. Un film contournant cette spécificité pour vulgariser l'oeuvre l'aurait du même coup dénaturée. La modestie de Radford l'a poussé à se transformer en illustrateur plus qu'en cinéaste. Grâce à cette qualité, cette adaptation est touchante, émouvante et totalement convaincante. Une certaine partie du public a néanmoins du se sentir lésé, croyant voir un film de science-fiction classique alors qu'ils se sont trouvés face à de la politique-fiction adulte et intelligente, leur demandant un effort de reflexion conséquent pour bien en apprécier les subtilités. Cependant, une fois cet effort fourni, vous vous retrouverez plongés dans un univers certes très désagréable mais dont la description est absolument nécessaire pour pouvoir se rendre compte à côté de quel désastre nous sommes passés. Les méthodes décrites par Orwell sont relativement peu éloignées de celles qui sont appliquées par certaines dictatures, et dans une moindre mesure de celles de certaines entreprises à l'échelle mondiale.

John Hurt et Suzanna Hamilton sont absolument remarquables et nous font passer toutes une gamme d'émotions complexes à travers un jeu volontairement très discret (lié au scénario). Le personnage incarné par Richard Burton (dont c'est le dernier rôle) est capital car il est le révélateur de toute l'idéologie du parti, et celui-ci nous offre une prestation glaçante de cynisme détaché et d'inhumanité. M. Radford a poussé le mimétisme avec le roman jusqu'à tourner pendant la période à laquelle Orwell avait imaginé les faits, et qui plus est sur les mêmes lieux (à savoir Londres). La photographie toute en tons désaturés (comme les héros, vidés de leur substance) participe grandement à la sensation dépressive provoquée par le film et qui, malgré son côté peu plaisant, est indispensable pour bien rendre le climat du roman.

A ce titre, la fin du film est d'une noirceur et d'une intensité peu communes sans pour autant qu'il ne s'y produise beaucoup d'évènements. L'horreur y est psychologique, visuelle (mais discrètement) et surtout intellectuelle, ce qui constitue une expérience radicalement différente de ce à quoi le spectateur lambda est habitué.

Une oeuvre passionnante mais âpre, fidèle mais pas assez explicative pour le grand public. M. Radford a réussi une adaptation magistrale (sans sensationalisme aucun) du roman d'Orwell, mais malheureusement a raté une partie de sa mission de vulgarisation car il ne souhaitait pas faire de compromis. Un film donc très exigeant, qui vous replacera dans l'ambiance incroyable du roman mais qui n'arrivera sans doute pas à accrocher ceux qui souhaitent une éxperience agréable. Si vous aimez 1984 (le roman), précipitez-vous sur cette oeuvre étonnante mais intransigeante !! Pour les autres, il vous est conseillé de lire d'abord le roman de façon à saisir tous les tenants et aboutissants de cette oeuvre intelligente, puissante et absolument nécessaire.


Image
Le transfert proposé par cette édition respecte bien le format initial de l'oeuvre: le 1.85:1.

La définition générale est absolument remarquable. On est surpris de trouver un interpositif parfaitement nettoyé sur un film datant des années quatre-vingt et pour lequel aucune restauration effective n'est annoncée. La finesse des détails est impressionnante, rendant l'aspect désespéré et en décrépitude du film encore plus poignant. Les couleurs sont volontairement passées pour exprimer la disparition de toute saveur dans la vie des personnages. Leur rendu est vraiment excellent, renforçant de par sa qualité (naturalité et constance) l'impression de desespoir qui se dégage du film. Le contraste est largement à la hauteur évitant toutes sur-brillances. Le rendu des parties sombres est excellent avec un rendu précis des dégradés.

La partie numérique s'avère d'un niveau aussi bon que celui du reste du transfert. Nous n'avons pas réussi à repérer un seul défaut lié à une quelconque défaillance de l'encodage, à part de très légers fourmillements sur les quelques plans de ciel (et encore, c'est vraiment pour trouver quelque chose).

Un transfert d'une qualité vraiment surprenante et qui rassure au moins sur un plan, la qualité des éditions catalogues a vraiment fait un bond en avant.


Son
La seule bande-son disponible sur cette édition est en Anglais (DD 1.0 mono).

Elle propose une dynamique fort correcte et offre également une présence appréciable (sans pour autant qu'elle soit importante). Sa profondeur est même à classer parmi ce qui se fait de mieux au niveau des bandes-son monophoniques. La très sobre musique de Dominic Muldowney et Eurythmics est bien intégrée au reste de la bande-son, sans jamais provoquer une quelconque perte d'intelligibilité. Tous les effets sont très bien restitués et la subitilité de leur rendu est tout à l'honneur de cette bande-son. Les dialogues sont en permanence parfaitement compréhensibles et ne présentent jamais la moindre trace de saturation ou de parasites. Les basses fréquences sont aussi de la partie et viennent donner le surplus de poids nécessaire à cette bande-son monophonique, de façon à ce que celle-ci ne soit pas trop limitée par son format.

Les sous-titres sont disponibles en Anglais, Français et Espagnol.

Une bande-son qui n'a curieusement pas été retravaillée dans un autre format, ne serait-ce qu'en stéréo. Cependant, sa qualité générale lui permet de pallier sans problème à cette limitation technique. Le film de Michael Radford n'a de toute façon pas besoin de débordements de décibels en multicanaux pour exprimer toute sa force !


Suppléments/menus
Une édition basique que l'on ne peut que déplorer tant il y a matière à suppléments. Cependant, le peu de succès du film lors de sa sortie peut en partie expliquer cette lacune. De plus, l'excellente qualité technique de cette édition compense ce manque. Le meilleur supplément qui soit pour ce film est le fabuleux roman de George Orwell. Il répond à toutes les questions que peut soulever le film dans l'esprit des spectateurs, pour peu que ceux-ci veuillent bien se donner la peine de le lire attentivement et d'y réflechir.



Conclusion
Une édition d'une qualité technique remarquable, légèrement handicapée par une absence totale de suppléments. Cependant, un prix de vente très avantageux compense ce manque et permet à cette édition DVD d'obtenir nos recommendations. Un film âpre et exigeant à l'image du génial roman dont il est l'adaptation fidèle. Il manquera sans aucun doute des éléments aidant à une meilleure compréhension pour les spectateurs n'ayant jamais lu le livre. Ceux-ci seront certainement tentés de s'y pencher après le visonnage du film, dont il s'agit d'un des buts non avoués. Une oeuvre qui vous glacera le sang par son réalisme et l'atrocité de la situation décrite, grâce à une réalisation impeccable, des acteurs formidables et une acuité incroyable sur le véritable fonctionnement des fondements de notre système de vie. Difficile mais totalement indispensable !!


Qualité vidéo:
3,8/5

Qualité audio:
3,4/5

Suppléments:
1,0/5

Rapport qualité/prix:
3,4/5

Note finale:
3,4/5
Auteur: Stefan Rousseau

Date de publication: 2003-03-20

Système utilisé pour cette critique: Projecteur Sharp XV Z9000, Lecteur de DVD Toshiba SD500, Recepteur Denon, Enceintes Triangle, Câbles Banbridge et Real Cable.

Le film

Titre original:
1984

Année de sortie:
1984

Pays:

Genre:

Durée:
110 minutes

Réalisateur (s):

Acteur (s):

Le DVD / Blu-ray

Pochette/couverture:

Distributeur:
MGM

Produit:
DVD

Nombre de disque:
1

Format d'image:
1.85:1

Transfert 16:9:
Oui

Certification THX:
Non

Bande(s)-son:
Anglaise Dolby mono

Sous-titres:
Anglais
Français
Espagnol

Suppéments:
Bande-annonce

Date de parution:
2003-03-04

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