Taxi Driver (Limited Collector's Edition)

Critique
Synopsis/présentation
Martin Scorsese fait partie de la génération des réalisateurs américains ayant fréquenté les écoles de cinéma. Comme Spielberg, Lucas, Coppola, De Palma et bien dautres, Scorsese étudiera sa culture cinématographique pour se modeler un style personnel et renouveler la cinématographie américaine. Certains se sont nourris de films de série B, alors que Scorsese fut marqué par le « film noir » et le cinéma européen, plus particulièrement par la Nouvelle Vague. Taxi Driver est la synthèse de ces deux influences.
Taxi Driver est lune des uvres déterminantes de Martin Scorsese, et même de tout le cinéma américain. Lauréat dune Palme dOr, le film fait connaitre son réalisateur à léchelle internationale. Le chauffeur de taxi dont il est ici question est un insomniaque du nom de Travis Bickle, dont la paranoïa définit la perception du monde. Suite à des déboires sentimentaux, Bickle planifie lassassinat dun politicien, mais doit de changer de cible. Il décide alors de tirer une jeune prostituée des griffes dun souteneur sans scrupule.
Taxi Driver est étroitement lié aux contextes social, politique et économique américains du milieu des années 70. À cette époque, le pays traverse une période particulièrement difficile de son histoire : l'armée vient de quitter honteusement le Viêt Nam, le scandale du Watergate discrédite tout ce que représente la Maison Blanche et le système démocratique. Comme si cela ne suffisait pas, l'économie, stagnante, est rongée par l'inflation. Le scénario de Paul Schrader, un vétéran dans ce domaine, rend admirablement compte de cet appauvrissement. Taxi Driver marque le début dune riche collaboration avec Scorsese qui se poursuivra avec Raging Bull, The Last Temptation of Christ, et Bringing Out the Dead.
Le cinéma commercial repose sur un concept primordial : le principe d'identification. En clair, il s'agit damener le spectateur à s'identifier au personnage principal, jusquà en partager la vision du monde. Dans Taxi Driver, Scorsese place le spectateur face à une contradiction qui court-circuite le processus didentification au protagoniste : il lui donne accès aux pensées racistes et paranoïaques de Bickle, tout en lui présentant la légitimité dagir pour sortir ladolescente du milieu sordide de la prostitution. Cette approche, peu banale, explore le paradoxe du mal qui fait le bien.
Taxi Driver ne donne pas dans la métaphysique. La fusillade finale, dune sauvagerie désordonnée, est tout le contraire des chorégraphies des films daction où le héros, invincible, fait mouche. Le drame ici présenté trouve un écho concret dans les tueries ayant pour cadre les entreprises ou les écoles. Taxi Driver est un film, à la fois lyrique et sauvage, sur laliénation de lhomme.
Image
Nous retrouvons le même transfert que celui de lédition précédente. Limage est au format de 1.85:1 d'après un transfert 16:9. Sur la jaquette du coffret DVD, rien ne mentionne quil sagit dun nouveau transfert numérique. Une comparaison faite avec la première édition permet de constater une différence peu importante. Par contre, linterpositif est nettement plus propre que dans la première édition. Il sagit donc probablement dun nouveau transfert, qui ne se démarque toutefois en rien.
On note, par moments, une très belle saturation des couleurs. Les reflets vus sur la carrosserie, ou leau qui perle sur le pare-brise sont assez réussis. Cependant, au cours de certaines scènes de nuit, la granulosité devient presque gênante, et larrière-plan, tout comme les textures, souffre dinstabilité. De plus, les noirs sont acceptables, sans plus.
En dépit dune conversion ascendante, la définition nest malheureusement pas toujours au top niveau lorsque ce DVD est visionné sur un téléviseur HD. Cest pour cette raison quil serait intéressant de pouvoir se procurer une édition en haute définition.
Son
Ce titre DVD propose deux bandes sonores remastérisées: Dolby Digital 5.1 anglaise et Dolby Digital 5.1 française. Bien que le son soit très bon, nous avons droit, en gros, à un rajeunissement de la bande originale monophonique de 1976. Il ne faut donc pas s'attendre à un espace ambiophonique comparable à une grosse production hollywoodienne, mais il sagit dune des belles réussites de cette nouvelle édition.
Dans lensemble, le centre est nettement plus sollicité que les enceintes arrière. On perçoit cependant de beaux effets ambiophoniques, en particulier pendant les scènes de rue et de foule. Avec ce mixage, la magnifique musique de Bernard Hermann gagne en impact dramatique. Les ingénieurs du son ont eu la bonne idée de répartir les percussions sur les cinq canaux et leffet est très intéressant. Ajoutons quil n'y a aucun problème avec la dynamique et que les dialogues sont un peu plus à lavant : vous naurez aucun problème à les entendre. Somme toute, nous avons droit à un bon travail de restauration.
La bande sonore française est du même niveau, à lexception des voix qui sintègrent moins naturellement dans lenvironnement sonore. Il est quand même heureux que léditeur ait offert une bande sonore 5.1 pour les francophones dAmérique du Nord. En terminant, mentionnons la possibilité dafficher des sous-titres en anglais, en français et en espagnol.
Suppléments/menus
Dentrée de jeu, la jaquette de cette édition souligne le travail original effectué par léquipe de conception. Le menu est animé et de très belle facture. Voilà une édition soignée, conceptuellement cohérente et achevée.
Le premier disque propose deux pistes de commentaires audio : le scénariste Paul Schrader sexprime sur lune, alors que lautre fait entendre les propos de Robert Tolker, professeur en cinéma et en communication. De plus, nous avons droit au scénario original du film. Pendant la lecture de ce scénario, il est possible daller voir la scène pour la comparer avec celle du scénario, ce qui est assez intéressant. La palme revient toutefois à Robert Tolker, dont les commentaires, toujours pertinents et instructifs, constituent un véritable cours de lecture dune uvre cinématographique. Dans un style fluide, vivant et accessible, Tolker démontre comment ce film est dune remarquable cohérence. Voilà qui réjouira hautement les cinéphiles. Schrader, dont les commentaires sont également intéressants, est un peu moins à laise que Tolker, tout en tirant bien son épingle du jeu. Seule ombre au tableau : labsence de commentaires de Scorsese lui-même.
Le deuxième disque constitue la pièce de résistance de cette édition du collectionneur. Il offre plus de deux heures de documents audio-visuels sur Taxi Driver. À lexception du documentaire de tournage, ces films sont optimisés pour un téléviseur 16/9. Le seul bémol a trait aux sous-titres, offerts en japonais, en coréen, en portugais, en espagnol et en anglais. Quil est dommage davoir oublié les francophones! Dautant plus quil existe des sous-titres français pour le film. Dans le monde du DVD, nous ne sommes pas à une incohérence près en matière linguistique
Lédition ici offerte par Columbia Tristar se rapproche fort de ce quest une véritable édition pour collectionneur : elle permet aux cinéphiles dapprofondir leurs connaissances dune uvre cinématographique et de ses principaux artisans. Au fil de tous les documents, les propos tenus sont généralement intelligents et pertinents. En plus de Scorsese, des principaux acteurs, de Schrader et de Tolker, Oliver Stone nous fait aussi grâce de sa présence.
Le documentaire de tournage, dune durée de 70 minutes, est réalisé par Laurent Bouzereau, un vétéran du genre. Il consiste en du matériel datant dil y a quelques années, tout en demeurant encore pertinent. Tous les nouveaux suppléments ont été réalisés par Greg Carson, qui nen est pas non plus à ses premières armes. Ce sont tous des documents audio-visuels récents, produits pour cette édition DVD, et regroupés par thèmes. Voilà du bon travail qui pourra être une référence afin de mieux comprendre les intentions des créateurs de Taxi Driver.
Conclusion
Taxi Driver est un film que tous les amateurs de cinéma devraient posséder dans leur DVDthèque. Du strict point de vue du contenu, il sagit dune très belle édition, et, pour les collectionneurs, dun film marquant de lhistoire du cinéma. À cause des limites techniques du DVD traditionnel, il est dommage que cette édition soit particulièrement insatisfaisante pour ceux qui possèdent un équipement de cinéma maison à la fine pointe de la technologie. Si les performances techniques revêtent une grande importance à vos yeux, il serait préférable dattendre une inévitable édition Blu ray ou HD DVD. Léditeur serait avisé doffrir les mêmes suppléments avec ces dernières éditions.
Martin Scorsese fait partie de la génération des réalisateurs américains ayant fréquenté les écoles de cinéma. Comme Spielberg, Lucas, Coppola, De Palma et bien dautres, Scorsese étudiera sa culture cinématographique pour se modeler un style personnel et renouveler la cinématographie américaine. Certains se sont nourris de films de série B, alors que Scorsese fut marqué par le « film noir » et le cinéma européen, plus particulièrement par la Nouvelle Vague. Taxi Driver est la synthèse de ces deux influences.
Taxi Driver est lune des uvres déterminantes de Martin Scorsese, et même de tout le cinéma américain. Lauréat dune Palme dOr, le film fait connaitre son réalisateur à léchelle internationale. Le chauffeur de taxi dont il est ici question est un insomniaque du nom de Travis Bickle, dont la paranoïa définit la perception du monde. Suite à des déboires sentimentaux, Bickle planifie lassassinat dun politicien, mais doit de changer de cible. Il décide alors de tirer une jeune prostituée des griffes dun souteneur sans scrupule.
Taxi Driver est étroitement lié aux contextes social, politique et économique américains du milieu des années 70. À cette époque, le pays traverse une période particulièrement difficile de son histoire : l'armée vient de quitter honteusement le Viêt Nam, le scandale du Watergate discrédite tout ce que représente la Maison Blanche et le système démocratique. Comme si cela ne suffisait pas, l'économie, stagnante, est rongée par l'inflation. Le scénario de Paul Schrader, un vétéran dans ce domaine, rend admirablement compte de cet appauvrissement. Taxi Driver marque le début dune riche collaboration avec Scorsese qui se poursuivra avec Raging Bull, The Last Temptation of Christ, et Bringing Out the Dead.
Le cinéma commercial repose sur un concept primordial : le principe d'identification. En clair, il s'agit damener le spectateur à s'identifier au personnage principal, jusquà en partager la vision du monde. Dans Taxi Driver, Scorsese place le spectateur face à une contradiction qui court-circuite le processus didentification au protagoniste : il lui donne accès aux pensées racistes et paranoïaques de Bickle, tout en lui présentant la légitimité dagir pour sortir ladolescente du milieu sordide de la prostitution. Cette approche, peu banale, explore le paradoxe du mal qui fait le bien.
Taxi Driver ne donne pas dans la métaphysique. La fusillade finale, dune sauvagerie désordonnée, est tout le contraire des chorégraphies des films daction où le héros, invincible, fait mouche. Le drame ici présenté trouve un écho concret dans les tueries ayant pour cadre les entreprises ou les écoles. Taxi Driver est un film, à la fois lyrique et sauvage, sur laliénation de lhomme.
Image
Nous retrouvons le même transfert que celui de lédition précédente. Limage est au format de 1.85:1 d'après un transfert 16:9. Sur la jaquette du coffret DVD, rien ne mentionne quil sagit dun nouveau transfert numérique. Une comparaison faite avec la première édition permet de constater une différence peu importante. Par contre, linterpositif est nettement plus propre que dans la première édition. Il sagit donc probablement dun nouveau transfert, qui ne se démarque toutefois en rien.
On note, par moments, une très belle saturation des couleurs. Les reflets vus sur la carrosserie, ou leau qui perle sur le pare-brise sont assez réussis. Cependant, au cours de certaines scènes de nuit, la granulosité devient presque gênante, et larrière-plan, tout comme les textures, souffre dinstabilité. De plus, les noirs sont acceptables, sans plus.
En dépit dune conversion ascendante, la définition nest malheureusement pas toujours au top niveau lorsque ce DVD est visionné sur un téléviseur HD. Cest pour cette raison quil serait intéressant de pouvoir se procurer une édition en haute définition.
Son
Ce titre DVD propose deux bandes sonores remastérisées: Dolby Digital 5.1 anglaise et Dolby Digital 5.1 française. Bien que le son soit très bon, nous avons droit, en gros, à un rajeunissement de la bande originale monophonique de 1976. Il ne faut donc pas s'attendre à un espace ambiophonique comparable à une grosse production hollywoodienne, mais il sagit dune des belles réussites de cette nouvelle édition.
Dans lensemble, le centre est nettement plus sollicité que les enceintes arrière. On perçoit cependant de beaux effets ambiophoniques, en particulier pendant les scènes de rue et de foule. Avec ce mixage, la magnifique musique de Bernard Hermann gagne en impact dramatique. Les ingénieurs du son ont eu la bonne idée de répartir les percussions sur les cinq canaux et leffet est très intéressant. Ajoutons quil n'y a aucun problème avec la dynamique et que les dialogues sont un peu plus à lavant : vous naurez aucun problème à les entendre. Somme toute, nous avons droit à un bon travail de restauration.
La bande sonore française est du même niveau, à lexception des voix qui sintègrent moins naturellement dans lenvironnement sonore. Il est quand même heureux que léditeur ait offert une bande sonore 5.1 pour les francophones dAmérique du Nord. En terminant, mentionnons la possibilité dafficher des sous-titres en anglais, en français et en espagnol.
Suppléments/menus
Dentrée de jeu, la jaquette de cette édition souligne le travail original effectué par léquipe de conception. Le menu est animé et de très belle facture. Voilà une édition soignée, conceptuellement cohérente et achevée.
Le premier disque propose deux pistes de commentaires audio : le scénariste Paul Schrader sexprime sur lune, alors que lautre fait entendre les propos de Robert Tolker, professeur en cinéma et en communication. De plus, nous avons droit au scénario original du film. Pendant la lecture de ce scénario, il est possible daller voir la scène pour la comparer avec celle du scénario, ce qui est assez intéressant. La palme revient toutefois à Robert Tolker, dont les commentaires, toujours pertinents et instructifs, constituent un véritable cours de lecture dune uvre cinématographique. Dans un style fluide, vivant et accessible, Tolker démontre comment ce film est dune remarquable cohérence. Voilà qui réjouira hautement les cinéphiles. Schrader, dont les commentaires sont également intéressants, est un peu moins à laise que Tolker, tout en tirant bien son épingle du jeu. Seule ombre au tableau : labsence de commentaires de Scorsese lui-même.
Le deuxième disque constitue la pièce de résistance de cette édition du collectionneur. Il offre plus de deux heures de documents audio-visuels sur Taxi Driver. À lexception du documentaire de tournage, ces films sont optimisés pour un téléviseur 16/9. Le seul bémol a trait aux sous-titres, offerts en japonais, en coréen, en portugais, en espagnol et en anglais. Quil est dommage davoir oublié les francophones! Dautant plus quil existe des sous-titres français pour le film. Dans le monde du DVD, nous ne sommes pas à une incohérence près en matière linguistique
Lédition ici offerte par Columbia Tristar se rapproche fort de ce quest une véritable édition pour collectionneur : elle permet aux cinéphiles dapprofondir leurs connaissances dune uvre cinématographique et de ses principaux artisans. Au fil de tous les documents, les propos tenus sont généralement intelligents et pertinents. En plus de Scorsese, des principaux acteurs, de Schrader et de Tolker, Oliver Stone nous fait aussi grâce de sa présence.
Le documentaire de tournage, dune durée de 70 minutes, est réalisé par Laurent Bouzereau, un vétéran du genre. Il consiste en du matériel datant dil y a quelques années, tout en demeurant encore pertinent. Tous les nouveaux suppléments ont été réalisés par Greg Carson, qui nen est pas non plus à ses premières armes. Ce sont tous des documents audio-visuels récents, produits pour cette édition DVD, et regroupés par thèmes. Voilà du bon travail qui pourra être une référence afin de mieux comprendre les intentions des créateurs de Taxi Driver.
Conclusion
Taxi Driver est un film que tous les amateurs de cinéma devraient posséder dans leur DVDthèque. Du strict point de vue du contenu, il sagit dune très belle édition, et, pour les collectionneurs, dun film marquant de lhistoire du cinéma. À cause des limites techniques du DVD traditionnel, il est dommage que cette édition soit particulièrement insatisfaisante pour ceux qui possèdent un équipement de cinéma maison à la fine pointe de la technologie. Si les performances techniques revêtent une grande importance à vos yeux, il serait préférable dattendre une inévitable édition Blu ray ou HD DVD. Léditeur serait avisé doffrir les mêmes suppléments avec ces dernières éditions.
Qualité vidéo:
3,0/5
Qualité audio:
3,8/5
Suppléments:
4,4/5
Rapport qualité/prix:
4,0/5
Note finale:
3,9/5
Auteur: Sylvain Lafrenière
Date de publication: 2007-08-31
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur Toshiba ACL 42 pouces modèle 42HL196, lecteur DVD Sony DVPNS75H, Connecteur HDMI, récepteur Sony STR-DE945, enceintes Bose
Date de publication: 2007-08-31
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur Toshiba ACL 42 pouces modèle 42HL196, lecteur DVD Sony DVPNS75H, Connecteur HDMI, récepteur Sony STR-DE945, enceintes Bose