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DVDEF

Fountain, The (WS)

Critique
Synopsis/présentation
Darren Aronofski est clairement à nos yeux l’un des nouveaux talents les plus prometteurs et passionnants du cinéma actuel après les réussite frappantes que furent Pi et Requiem for a dream. Et donc inutile de dire à quel point nous attendions la sortie de son nouvel opus, tout en sachant clairement qu’il serait sans aucun doute surprenant et d’autan plus impossible à «prédire » que son sujet annoncé à la fois vaste et simple.
Nous avons donc suivi avec un peu de tristesse les déboires de production du cinéaste qui à vu, sur une période avoisinant les 5 ans, ses stars principales quitter le projet (Brad Pitt et Cate Blanchett), son budget réduit drastiquement et donc la possibilité de réaliser son film selon ses ambitions et sa vision initiale s’envoler en fumée. Mais un artiste porteur d’une vision personnelle est presque toujours quelqu’un de fascinant dans sa capacité à porter un projet compliqué, exigeant jusqu’a sa réalisation quitte à devoir revoir sa copie tout en se restant fidèle.

Et Aronofski s’est battu de toutes ses forces (utilisant le statut culte de ses deux premières oeuvre) pour que son projet voit finalement le jour, allant jusqu’a créer un bande-dessinée (un graphic novel pour être plus précis) qui reflète au plus prêt son projet initial. Grâce à sa persévérance et son travail (réécriture du scénario pour un budget beaucoup plus léger), il a réussi à retrouver un financement et un acteur principal susceptible d’assurer une certaine rentabilité au film sur son seul nom en la personne de Hugh Jackman. Heureusement l’acteur n’est pas seulement "bankable" mais aussi talentueux et désireux de s’impliquer dans un projet original et exigeant. Face à lui le réalisateur a engagé sa belle et talentueuse femme, Rachel Weisz qui lui a certainement offert une liberté artistique supplémentaire ainsi qu’une substantielle économie sur le cachet de son actrice principale.

The Fountain est donc un projet extrêmement ambitieux et il fallait bien un réalisateur et créateur atypique et doué comme Aronofski pour le mener à bien contre vents et marées. Car il est en effet difficile de trouver une oeuvre plus atypique au sein du cinéma hollywoodien actuel si ce n’est l’autre immense réussite de l’année dernière qu’est Children of Men.
En effet, oser aborder un sujet à la fois aussi universel mais aussi peu traité que la mort (et plus précisément l’attitude face à la mort), le deuil, la volonté toujours présente de l’humanité d’accéder à la vie éternelle à travers le mythe de la fontaine de jouvence, l’histoire d’un couple confronté à une maladie mortelle et celle difficilement qualifiable d’un immortel du futur qui va finalement accéder à la mort puis lac renaissance parait totalement insensé et courageux pour les uns, pédant et risible pour les autres. Vous aurez bien compris que nous penchons sans restrictions dans le premier camp et que par conséquent notre chronique n’a rien d’objectif mais que comme dans beaucoup d’oeuvres décalées et ambitieuses, de projets à la fois amples et très proches, il convient de savoir à l’avance la nature de l’oeuvre ainsi que son style de traitement (ou alors de n’en rien savoir et faire confiance à l’artiste) afin d’aborder le film dans les dispositions nécessaires à son appréciation.
Bien sur le traitement cinématographique radical d’Aronofski, qui compose son film comme une suite de moments forts basés sur des idées et des sensations universelles (et non une histoire proprement dite) se rapproche plus d’une sorte de traité philosophique ou du moins de sa vision des choses concernant un sujet essentiel à la condition humaine, la mort, qu’a une histoire vue et revue qui prendrait pour prétexte de départ un tel sujet. La grande force du film est donc d’oser, d’oser adopter une démarche autre, éminemment personnelle pour parler d’un sujet qui touche tout le monde et que l’humanité se refuse désespérément à voir en face depuis ses débuts. Aronofski n’a pas la prétention d’y apporter une réponse, bien au contraire puisque ce sont d’innombrables questions métaphysique qui assaillent le spectateur qui a accepté de s’embarquer dans le trip philosophique et sensoriel proposé par le cinéaste jusqu’a sa fin.
La mise en scène d’Aronofski est donc une fois de plus dans sa carrière le moteur du film ainsi que son âme puisque si le cinéaste cultive un goût pour les gros plans et le montage parallèle, il adapte totalement son travail à son sujet offre de nombreux plans, mouvement de caméra et effets spéciaux d’une beauté et d’une émotion renversante. En effet, la ou Pi était ambitieux mais résolument agressif et fort heureusement non religieux, ; Requiem for a dream était une plongée éprouvante dans l’enfer de l’addiction et d’une réalité déprimante dans son implacable mise à jour de la vacuité et l’échec de la réalité d’un certain rêve américain ; The Fountain est au travers de sa thématique mortifère une oeuvre d’une intensité et d’une positivité troublantes, véritable fable sur la seule vérité qui illumine ou au contraire terni nos vie, notre condition de mortels (ou même plus au vu du sublime final, notre besoin de mortalité pour mieux renaître).

Encore une fois le cinéaste a débarrassé son oeuvre de toute religiosité sous jacente et a placé sa vision et son ressenti personnel au centre de tout. Certes beaucoup jugerons cela mégalomaniaque mais malgré cela, Aronofski touche à l’essentiel et n’assène aucune leçon. Le trip qu’est The Fountain demande donc de l’abnégation de spectateur puisqu’en tant que tel vous serez totalement pris en charge par le cinéaste d’un bout à l’autre. Cependant, c’est vous qui ressentirez et apporterez forcément votre conception de la vie et votre vision de cette conclusion qui nous attend tous. Si vous restez donc à l’écart du film, à distance, vous serez certainement pris d’ennui et de rires parfois lors des séquences sublimes mais « casses gueules », telles le yoga sur fond d’étoile d’un Hugh Jackman mystique. Pour ceux qui se seront laissés emporter par la beauté tétanisante des images, le rythme hypnotisant de la mise en scène, l’intensité frémissantes des scènes les plus fortes ainsi que la sublime musique de Clint Mansell, nous vous garantissons un voyage à nul autre pareil, un vrai trip métaphysique, puissant et exigeant qui vous laissera à coup sur un souvenir impérissable de spectateur et une foule de questionnements essentiels.

Nous reconnaissons volontiers qu’il s’agit donc d’une oeuvre très radicale dont la construction basée sur la répétition des motifs et formes afin de mieux interroger les notions de mémoire, donc d’immortalité et au final de vacuité de nos existences comme de leur essentialité dans le fonctionnement de l’univers pourra au choix fasciner, interroger, laisser dubitatif ou carrément narquois mais certainement pas indifférent et c’est bien cela l’essentiel. Nous avons conscience de l’aspect passionné de notre chronique mais il est rare qu’une oeuvre nous touche aussi personnellement et nous devons avouer qu’après A scanner darkly de Linklater et Children of Men de Cuaron, The Fountain est le troisième film portant touchant à un sujet essentiel mais difficilement palpable, purement cinématographique dans sa forme à être réalisé par un réalisateur de la « nouvelle génération ». Cela nous redonne espoir dans un cinéma qui était à notre grand regret plutôt moribond depuis le début du siècle et prouve ainsi que de grands artistes sont toujours présents, augurant de nouvelles expériences cinématiques passionnantes pour le futur.





Image
L’image est proposée au format respecté de 1.85 :1 d’après un transfert 16:9.

La définition générale est bonne mais dans l’ensemble un peu décevant pour un film aussi récent. L’interpositif est très propre et ne laisse apparaitre aucune trace de points, traits ou poussières et le grain parfois visible est clairement la volonté du chef opérateur et du réalisateur.
Les couleurs peuvent parfois paraîtrent passés et d’autres fois incroyablement vibrantes et sont le résultat d’une photo énormément travaillée et au final sublime. Elles sont donc justes, peu constantes (mais cela est expliqué juste au dessus) et toujours de bien à parfaitement saturées.
Le contraste est lui aussi parfaitement géré et extrêmement important dans ce film.
Les scènes sombres du film sont sujette à caution étant donné qu’il est évident à leur vision que les intentions du chef opérateur était de rendre un climat le plus réaliste possible et donc extrêmement sombre. Tellement sombre d’ailleurs que les ¾ de l’image sont parfois dans le noir complet. Fort heureusement les noirs nous ont parus purs et profonds, même si perfectibles et donc occasionnant parfois des aplats sans nuances.
La partie numérique par contre est en retrait au niveau qualitatif puisque certes l’image très complexe du film est difficile à bien reproduire mais également le travail de compression est souvent visible, occasionnant un résultat parfois indigne du film et certainement en dessous de la qualité générale à laquelle la Warner nous à habitués.

Un transfert de qualité générale satisfaisante et qui se tire dans l’ensemble la main haute d’une tache très difficile. Cependant nous ne pouvons que fustiger le manque d’intérêt flagrant de la Warner pour ce DVD puisque les défauts que nous avons à lui reprocher, à a savoir une compression trop souvent très visible est directement imputable à l’éditeur. Nous ne pouvons qu’attendre avec impatience de tester le HD-DVD de ce film afin de voir si les mêmes soucis y sont présents et donc si la Warner à un peu bâclé la version DVD de ce film sublime comme nous le craignons.




Son
Les deux bandes-son proposées sur cette édition sont respectivement en Anglais (Dolby Digital 5.1) et Français (Dolby Digital 5.1).

La bande-son anglaise est d’une dynamique remarquable et sur toute la durée du métrage. Sa présence et sa spatialité sont exceptionnelles lorsque la situation l’exige.
La superbe musique de Clint Mansell est impeccablement restituée sans aucune limitation dans le haut ou le bas du spectre. Elle est par ailleurs et logiquement, parfaitement intégrée au reste de la bande-son.
Les enceintes arrière sont superbement utilisées lors de nombreuses scènes ou les effets d’ambiance et le rendu musical deviennent vraiment remarquables. Mais elles savent aussi se montrer silencieuse lorsque le réalisateur et son ingénieur du son le décident, du très bel ouvrage.
Les dialogues sont en permanence parfaitement intelligibles et aucune traces de parasites ou distorsions ne sont audibles et ce même a volume très élevé.
Les basses fréquences sont elles aussi impeccablement gérées, portant le rendu musical vers des sommets et appuyant les scènes les plus intenses du film de la plus belles façon qui soit.

La bande-son française est presque aussi bonne que son homologue anglaise mais nous déplorons toujours un doublage qui malgré ses qualités n’arrive pas à retranscrire l’émotion véhiculée par les acteurs dans leurs superbes performances.

Les sous titres sont disponibles en Anglais, Français et Espagnol.

Une bande-son de très haut niveau qui permet d’apprécier au maximum le formidable travail sur le son de Darren Aronofski et son ingénieur du son.



Suppléments/menus
Un ensemble de suppléments forcément décevants de par leur distance par rapport au film et leur aspect incomplet.
Premièrement le gros manque se fait sentir au niveau d’un commentaire audio d’Aronofski qui aurait pu, comme sur celui de Requiem for a dream, détailler aussi bien ses envies que ses intentions que les émotions qu’il a tenté de faire ressentir tout en détaillant les aspects techniques.
En lieu et place de cela nous est proposé un documentaire intitulé « Death and Rebirth » (63:39). Il est divisé en 6 parties:”Australia (7:38)”, “The 21st Century (10:19)”, “Spain 16th Century (13:27)”, “New Spain (9:57)”, “The Endless Field (7:08)”, “The Future (15:10)”. Le problème majeur de ces documentaires est l’absence de point de vue et de regard critique et analytique sur le film puisqu’il s’agit plus d’une camera enregistrant les déclarations furtives et sensations de plateau plus que d’un segment construit à la Laurent Bouzzereau et il faut bien avouer qui si nous l’avons tout de même regardé avec intérêt suite à la fascination provoquée par le film, il nous à clairement laissé sur notre faim.
Une superbe bande-annonce totalement dans l’esprit du film est également offerte.

Gageons que le film gagnera ses galons d’oeuvre à part et adulée par un certain nombre de cinéphiles dont nous sommes, et que par conséquent il aura un jour les honneurs de l’édition spéciale qu’il mérite amplement. En attendant la Warner à assuré un peu plus que le minimum syndical mais est loin d’être à la hauteur de sa réputation sur ce coup la.





Conclusion
Une édition aux qualités audio remarquables mais dont la partie vidéo montre des défauts pas loin d’être inadmissibles pour un DVD actuel d’un film récent dont le réalisateur est qui plus est un perfectionniste de la qualité visuelle. Les suppléments sont corrects mais l’oeuvre méritait un travail tout autre.
En conclusion nous conseillons l’achat du DVD car le film est une oeuvre unique, puissante ambitieuse et qui vous transportera dans des contrées rarement explorées au cinéma pour peur que vous acceptiez de l’accueillir avec l’esprit et prêts au trip auquel elle vous convie.
Cependant nous ne pouvons qu’espérer que l’édition HD-DVD comble les défauts numériques présents sur le DVD et améliore l’image comme le son. En ce qui concerne des suppléments haut de gamme nous sommes persuadés qu’il faut attendre une réédition qui viendra un jour.

The Fountain est une oeuvre à part un film qui touche à des sujets universels abordés de façon inhabituelle et désirant clairement entraîner son spectateur dans un vrai trip, non seulement visuel et sonore mais principalement émotionnel, philosophique et métaphysique des plus passionnants. Cependant nous devons prévenir les spectateurs les plus cartésiens ou les plus attentifs à la narration que fidèle à son système de mise en scène Aronofski vous emporte et vous oblige à le suivre ce qui signifie que le film peut s’avérer très déroutant voire totalement agaçant si l’on accepte pas de se plier à son rythme, sa construction et ses ambitions. Pour ceux qui se prêterons au jeu et y seront sensible le voyage sera totalement prenant et absolument inoubliable et nous vous assurons que le film sera dans votre esprit pendant longtemps et que les questions qu’il pose n’ont pas finies de vous hanter.



Qualité vidéo:
3,2/5

Qualité audio:
4,2/5

Suppléments:
3,5/5

Rapport qualité/prix:
3,6/5

Note finale:
3,9/5
Auteur: Stefan Rousseau

Date de publication: 2007-07-04

Système utilisé pour cette critique: Projecteur Sharp XV Z9000, Lecteur de DVD Toshiba SD500, Recepteur Denon, Enceintes Triangle, Câbles Banbridge et Real Cable.

Le film

Titre original:
Fountain, The

Année de sortie:
2006

Pays:

Genre:

Durée:
96 minutes

Réalisateur (s):

Acteur (s):

Le DVD / Blu-ray

Pochette/couverture:

Distributeur:
Warner Bros.

Produit:
DVD

Nombre de disque:
1 DVD-9 (simple face, double couche)

Format d'image:
1.85:1

Transfert 16:9:
Oui

Certification THX:
Non

Bande(s)-son:
Anglaise Dolby Digital 5.1
Française Dolby Digital 5.1

Sous-titres:
Anglais
Français
Espagnol

Suppéments:
Documentaires, Bande-Annonce

Date de parution:
2007-05-15

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