Deliverance (Deluxe Edition)

Critique
Synopsis/présentation
Depuis 1965, John Boorman a tourné 18 longs métrages. Nous lui devons entre autres Hell in the Pacific (1968), Zardoz (1974), The Emerald Forest (1985), et Hope and Glory (1987). Il connaît le succès grâce à Excalibur (1981), aujourdhui devenu un film culte. Il ny a quune seule ombre au tableau de cette filmographie : Exorcist II: The Heretic (1977). Le film qui nous intéresse aujourdhui, Deliverance (1972), est, de loin, luvre la plus forte et la plus percutante de la carrière de Boorman. La première édition DVD était, à tous points de vue, médiocre. Une réédition digne de ce classique simposait et la voici enfin.
Deliverance est ladaptation du roman de James Dickey (1923-1997), qui en signe également le scénario. Le film sattarde principalement sur la deuxième partie du roman qui relate la descente de la rivière, et minimise les tensions existant entre les quatre protagonistes. Deliverance raconte l'expédition de quatre banlieusards (Ed - Jon Voight), Lewis - Burt Reynolds, Bobby - Ned Beatty et Drew - Ronny Cox) sur une rivière condamnée par la construction d'un barrage hydro-électrique. Cette descente de rivière deviendra une véritable descente aux enfers. Le week-end tournera mal lorsque nos aventuriers rencontreront des montagnards particulièrement vicieux et belliqueux, quils réussiront à éliminer. Cette horrible expérience marquera toutefois les survivants à jamais.
Deliverance a très bien vieilli. Cela sexplique principalement par le caractère intemporel du récit. Cette descente de rivière pourrait avoir lieu aujourdhui, de la même manière et avec le même équipement. De plus, la réalisation classique et très maîtrisée de Boorman permet à cette uvre de garder toute son intensité. Ajoutons que les images saisissantes de Vilmos Zsigmond nont rien perdu de leur impact, même après 35 ans.
Avec Deliverance, Boorman fait preuve de culot. Son long métrage sapparente à un film dhorreur dont la logique narrative utilise le schéma de la transgression/agression. Dans ce type de récit, le ou les personnages transgressent un ou plusieurs interdits (souvent à caractère sexuel) et subissent lagression mortelle dun déviant, dun monstre ou de la nature. Ceux qui survivent à lexpérience en gardent des séquelles. Idéologiquement, la fonction de lagresseur est celle dun fossoyeur des basses uvres : en somme, il exécute un sale travail, pour le compte dune majorité morale incapable de sen charger. Boorman renvoie néanmoins cette idéologie aux représentants de lAmérique blanche et majoritaire, ce qui fait toute la force de Deliverance.
Le pivot de lagression est la fameuse scène où Bobby est violé par le montagnard. De façon symbolique, on y évoque la corruption de la société par la nature de lhomme. Cest la rivière qui terminera luvre de la vengeance contre des hommes qui la violent eux-mêmes, pour assurer leur bien-être artificiel. En cela, Deliverance fait encore aujourdhui écho aux revendications des mouvements écologiques qui réclament plus dattention à légard de lenvironnement. Nous participons à une transgression planétaire qui risque de nous faire disparaître de la surface de la Terre.
Image
Le DVD offre une image au formatde 2.35:1 d'après un transfert 16:9. Linterpositif est impeccable : il ne montre aucun signe dusure. Le transfert numérique est très convenable, compte tenu des limitations du format DVD standard; comparé à la première édition, il est nettement supérieur, à tous points de vue. Limage de Vilmos Zsigmond est toutefois très acide, ce qui diminue limpact des couleurs et le contraste de limage. Au cinéma, ce choix esthétique est intéressant : il est cependant plus difficile à rendre en format vidéo. Malgré cela, léditeur a fait un bon travail de transfert numérique.
Limage numérique offre une assez bonne résolution : elle propose un bon niveau de détails et comporte peu de traces de compression. Leffet lustré des visages des acteurs est particulièrement bien reproduit par la numérisation. Les couleurs ne sont pas éclatantes, mais elles sont naturelles, avec un beau rendu des nuances de chair et surtout de vert, la couleur prédominante.
Compte tenu de lesthétique originale du film, le contraste est très bon, bien quil ne soit pas très prononcé. Limage présente un bon relief, avec des noirs suffisamment solides et profonds. Le seul moment où limage passe moins bien est la scène de lescalade se poursuivant de nuit, au cours de laquelle Ed traque le second agresseur. Limage originale du film a subi un tirage photographique particulier. Limage est désaturée, ce qui passe assez mal avec ce transfert DVD. Hormis cela, limage de cette édition de luxe est tout à fait recommandable.
Son
L'édition Warner offre deux bandes sonores : une bande anglaise Dolby Digital 5.1 et une bande française Dolby mono 1.0. Les sous-titres sont offerts en espagnol, en anglais et en français. Signalons que la jaquette ne fait mention que des sous-titres espagnols.
La version anglaise est un modèle de restauration. Les ingénieurs du son qui ont travaillé à ce remixage ne sont pas tombés dans le piège de l'enflure sonore. La grande aération des plans sonores donne énormément de nuance et de précision à la bande sonore. Même dans les scènes où le tumulte de la rivière est à son paroxysme, le son reste totalement intelligible, sans perdre de son impact dramatique. La dynamique est excellente et les graves sont justes et puissantes. Par le fait même, le film gagne en puissance à ton tour.
Comparée à la bande sonore anglaise, la bande française fait office de parent pauvre. Elle est monophonique et le son est nettement moins intéressant, car il est comprimé et sans nuances. Sa principale qualité demeure le rendu de dialogues intelligibles. Heureusement, des sous-titres français nous permettent de profiter de la bande sonore anglaise Dolby Digital 5.1.
Suppléments/menus
Comme cest le cas des éditions spéciales, les suppléments sont nombreux et de bonne facture. Pour lessentiel, ils consistent en cinq documents. À lexception dun seul, tous sont réalisés par Laurent Bouzereau, le spécialiste incontesté du supplément DVD. Ces quatre documentaires sont : The Beginning (16 43), The Journey (13 03), Betraying the River (14 36) et Delivered (10 36). Le dernier document, qui sintitule The Dangerous World of Deliverance (10 12), consiste en un film promotionnel techniquement médiocre relatant le tournage de Deliverance.
Dans le cas de films de répertoire comme Deliverance, les suppléments doivent permettre aux cinéphiles de mieux comprendre ou dapprofondir luvre. Ils doivent situer le film dans le contexte historique de la production. Bouzereau atteint ici cet objectif en offrant au spectateur une très intéressante porte dentrée pour tirer pleinement plaisir du film de Boorman.
Bouzereau offre un travail soigné, bien documenté, très bien réalisé, et touche à tous les aspects de la réalisation du film. Des cinq documents, Betraying the River, qui porte sur la scène du viol, est particulièrement intéressant. Voilà du beau travail.
Avec cette édition, Boorman nous livre des commentaires audio généreux et vivants, presque sans interruptions. Il accorde une grande importance à laspect technique de sa réalisation. Cela est crucial, car le tournage de Deliverance na pas été de tout repos et représentait, à lépoque, un réel défi. En bref, ce supplément est intéressant et instructif.
Le dernier supplément est la classique bande annonce du film. Nous ignorons si elle est originale, mais elle vaut le détour : elle est au format respecté (16:9) et limage est de bonne qualité.
Conclusion
En comparaison avec lédition précédente, Warner nous offre vraiment une édition de luxe de ce grand classique du cinéma américain dont laction se déroule après la guerre du Vietnam. Limage et le son sont nettement supérieurs et redonnent à cette uvre sa cruelle beauté. En terminant, soulignons que le DVD offre des documents intéressants sur le film et sur sa création. Ceux qui désirent connaître ou approfondir une uvre cinématographique percutante et encore dactualité chercheront à se procurer cette édition qui enrichira leur DVDthèque.
Depuis 1965, John Boorman a tourné 18 longs métrages. Nous lui devons entre autres Hell in the Pacific (1968), Zardoz (1974), The Emerald Forest (1985), et Hope and Glory (1987). Il connaît le succès grâce à Excalibur (1981), aujourdhui devenu un film culte. Il ny a quune seule ombre au tableau de cette filmographie : Exorcist II: The Heretic (1977). Le film qui nous intéresse aujourdhui, Deliverance (1972), est, de loin, luvre la plus forte et la plus percutante de la carrière de Boorman. La première édition DVD était, à tous points de vue, médiocre. Une réédition digne de ce classique simposait et la voici enfin.
Deliverance est ladaptation du roman de James Dickey (1923-1997), qui en signe également le scénario. Le film sattarde principalement sur la deuxième partie du roman qui relate la descente de la rivière, et minimise les tensions existant entre les quatre protagonistes. Deliverance raconte l'expédition de quatre banlieusards (Ed - Jon Voight), Lewis - Burt Reynolds, Bobby - Ned Beatty et Drew - Ronny Cox) sur une rivière condamnée par la construction d'un barrage hydro-électrique. Cette descente de rivière deviendra une véritable descente aux enfers. Le week-end tournera mal lorsque nos aventuriers rencontreront des montagnards particulièrement vicieux et belliqueux, quils réussiront à éliminer. Cette horrible expérience marquera toutefois les survivants à jamais.
Deliverance a très bien vieilli. Cela sexplique principalement par le caractère intemporel du récit. Cette descente de rivière pourrait avoir lieu aujourdhui, de la même manière et avec le même équipement. De plus, la réalisation classique et très maîtrisée de Boorman permet à cette uvre de garder toute son intensité. Ajoutons que les images saisissantes de Vilmos Zsigmond nont rien perdu de leur impact, même après 35 ans.
Avec Deliverance, Boorman fait preuve de culot. Son long métrage sapparente à un film dhorreur dont la logique narrative utilise le schéma de la transgression/agression. Dans ce type de récit, le ou les personnages transgressent un ou plusieurs interdits (souvent à caractère sexuel) et subissent lagression mortelle dun déviant, dun monstre ou de la nature. Ceux qui survivent à lexpérience en gardent des séquelles. Idéologiquement, la fonction de lagresseur est celle dun fossoyeur des basses uvres : en somme, il exécute un sale travail, pour le compte dune majorité morale incapable de sen charger. Boorman renvoie néanmoins cette idéologie aux représentants de lAmérique blanche et majoritaire, ce qui fait toute la force de Deliverance.
Le pivot de lagression est la fameuse scène où Bobby est violé par le montagnard. De façon symbolique, on y évoque la corruption de la société par la nature de lhomme. Cest la rivière qui terminera luvre de la vengeance contre des hommes qui la violent eux-mêmes, pour assurer leur bien-être artificiel. En cela, Deliverance fait encore aujourdhui écho aux revendications des mouvements écologiques qui réclament plus dattention à légard de lenvironnement. Nous participons à une transgression planétaire qui risque de nous faire disparaître de la surface de la Terre.
Image
Le DVD offre une image au formatde 2.35:1 d'après un transfert 16:9. Linterpositif est impeccable : il ne montre aucun signe dusure. Le transfert numérique est très convenable, compte tenu des limitations du format DVD standard; comparé à la première édition, il est nettement supérieur, à tous points de vue. Limage de Vilmos Zsigmond est toutefois très acide, ce qui diminue limpact des couleurs et le contraste de limage. Au cinéma, ce choix esthétique est intéressant : il est cependant plus difficile à rendre en format vidéo. Malgré cela, léditeur a fait un bon travail de transfert numérique.
Limage numérique offre une assez bonne résolution : elle propose un bon niveau de détails et comporte peu de traces de compression. Leffet lustré des visages des acteurs est particulièrement bien reproduit par la numérisation. Les couleurs ne sont pas éclatantes, mais elles sont naturelles, avec un beau rendu des nuances de chair et surtout de vert, la couleur prédominante.
Compte tenu de lesthétique originale du film, le contraste est très bon, bien quil ne soit pas très prononcé. Limage présente un bon relief, avec des noirs suffisamment solides et profonds. Le seul moment où limage passe moins bien est la scène de lescalade se poursuivant de nuit, au cours de laquelle Ed traque le second agresseur. Limage originale du film a subi un tirage photographique particulier. Limage est désaturée, ce qui passe assez mal avec ce transfert DVD. Hormis cela, limage de cette édition de luxe est tout à fait recommandable.
Son
L'édition Warner offre deux bandes sonores : une bande anglaise Dolby Digital 5.1 et une bande française Dolby mono 1.0. Les sous-titres sont offerts en espagnol, en anglais et en français. Signalons que la jaquette ne fait mention que des sous-titres espagnols.
La version anglaise est un modèle de restauration. Les ingénieurs du son qui ont travaillé à ce remixage ne sont pas tombés dans le piège de l'enflure sonore. La grande aération des plans sonores donne énormément de nuance et de précision à la bande sonore. Même dans les scènes où le tumulte de la rivière est à son paroxysme, le son reste totalement intelligible, sans perdre de son impact dramatique. La dynamique est excellente et les graves sont justes et puissantes. Par le fait même, le film gagne en puissance à ton tour.
Comparée à la bande sonore anglaise, la bande française fait office de parent pauvre. Elle est monophonique et le son est nettement moins intéressant, car il est comprimé et sans nuances. Sa principale qualité demeure le rendu de dialogues intelligibles. Heureusement, des sous-titres français nous permettent de profiter de la bande sonore anglaise Dolby Digital 5.1.
Suppléments/menus
Comme cest le cas des éditions spéciales, les suppléments sont nombreux et de bonne facture. Pour lessentiel, ils consistent en cinq documents. À lexception dun seul, tous sont réalisés par Laurent Bouzereau, le spécialiste incontesté du supplément DVD. Ces quatre documentaires sont : The Beginning (16 43), The Journey (13 03), Betraying the River (14 36) et Delivered (10 36). Le dernier document, qui sintitule The Dangerous World of Deliverance (10 12), consiste en un film promotionnel techniquement médiocre relatant le tournage de Deliverance.
Dans le cas de films de répertoire comme Deliverance, les suppléments doivent permettre aux cinéphiles de mieux comprendre ou dapprofondir luvre. Ils doivent situer le film dans le contexte historique de la production. Bouzereau atteint ici cet objectif en offrant au spectateur une très intéressante porte dentrée pour tirer pleinement plaisir du film de Boorman.
Bouzereau offre un travail soigné, bien documenté, très bien réalisé, et touche à tous les aspects de la réalisation du film. Des cinq documents, Betraying the River, qui porte sur la scène du viol, est particulièrement intéressant. Voilà du beau travail.
Avec cette édition, Boorman nous livre des commentaires audio généreux et vivants, presque sans interruptions. Il accorde une grande importance à laspect technique de sa réalisation. Cela est crucial, car le tournage de Deliverance na pas été de tout repos et représentait, à lépoque, un réel défi. En bref, ce supplément est intéressant et instructif.
Le dernier supplément est la classique bande annonce du film. Nous ignorons si elle est originale, mais elle vaut le détour : elle est au format respecté (16:9) et limage est de bonne qualité.
Conclusion
En comparaison avec lédition précédente, Warner nous offre vraiment une édition de luxe de ce grand classique du cinéma américain dont laction se déroule après la guerre du Vietnam. Limage et le son sont nettement supérieurs et redonnent à cette uvre sa cruelle beauté. En terminant, soulignons que le DVD offre des documents intéressants sur le film et sur sa création. Ceux qui désirent connaître ou approfondir une uvre cinématographique percutante et encore dactualité chercheront à se procurer cette édition qui enrichira leur DVDthèque.
Qualité vidéo:
4,0/5
Qualité audio:
4,3/5
Suppléments:
4,1/5
Rapport qualité/prix:
3,9/5
Note finale:
4,1/5
Auteur: Sylvain Lafrenière
Date de publication: 2008-01-15
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur NTSC Toshiba 32 pouces, Récepteur Sony STR-DE945, Lecteur DVD Sony DVP-S360, enceintes Energy, câbles Cable Accoustic Research
Date de publication: 2008-01-15
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur NTSC Toshiba 32 pouces, Récepteur Sony STR-DE945, Lecteur DVD Sony DVP-S360, enceintes Energy, câbles Cable Accoustic Research