Queen, The
Critique
Synopsis/présentation
Après tous les nombreux téléfilms qui ont suivis la mort de la princesse Diana, le 31 août 1997, lidée den faire à nouveau lobjet dun film pouvait laisser perplexe. Mais puisque cest le réalisateur britannique Stephen Frears qui saccapare de cette tâche, on ne pouvait que se réjouir. Si le cinéaste est connu surtout pour sa grande finesse et son sens du réalisme, sa filmographie montre quil sintéresse aussi souvent à certaines périodes socio-historiques. Parmi ses uvres les plus marquantes, on notera, entre autres, Dangerous Liaisons (1988), High Fidelity (2000) et Dirty Pretty Things (2002). Mais même si la réputation du réalisateur nest plus à faire, The Queen risque fort de devenir son uvre la plus signifiante, en plus de le consacrer comme un très grand réalisateur.
Retour en arrière jusquà lété 1997 où Tony Blair (Michael Sheen) est élu comme premier ministre en Angleterre. Bien évidemment, il devra travailler avec la Reine Elizabeth II (Helen Mirren) qui demeure plutôt froide et hostile envers lui. Puis, le 31 août, cest le drame. À Paris, la princesse Diana et son amant Dodi Al-Fayed sont tués dans un accident de voiture alors quils étaient poursuivis par une bande de paparazzis. La Reine décide alors de gérer laffaire en privé, ne faisant aucune déclaration publique et ne manifestant aucune réaction quelconque quant au décès de « la princesse du peuple ». Durant la semaine suivant ce drame, Tony Blair sauvera la monarchie en convaincant, de peine et de misère, la Reine de montrer au peuple quelle se soucie de la mort de celle qui jadis appartenait à la famille royale.
La principale réussite de The Queen est dans ce souci de vraisemblance. Non seulement dans la reconstitution des évènements de cette semaine qui a failli être destructrice pour la monarchie, mais également parce que Frears utilise de nombreuses images darchives pour illustrer ces évènements. Nous revoyons ainsi des images de foule, des témoignages et bien sûr, la princesse. Le cinéaste réussit, grâce à cette brillante utilisation des images darchives, à la faire revivre. Il ne faut pas se méprendre néanmoins, ce nest pas un film sur la princesse Diana, mais bien sur Elizabeth II. Frears nous présente ces évènements du point de vue de la Reine et de celui du premier ministre Tony Blair. Ainsi, le cinéaste se permet d'explorer judicieusement la relation qui les unie tous les deux. Bien que tout les oppose au départ, la Reine devra mettre son hostilité et sa froideur de côté et faire confiance à son nouveau premier ministre pour sauver la face de la monarchie. À ce propos, la dernière image du film est très lourde de sens : Blair et Elizabeth sen vont marcher et parler dans les jardins de Buckingham Palace.
Lautre réussite majeure du réalisateur est davoir rendu cet emblème, ce symbole quest la Reine, humaine. Elle nest plus une image détestable, mais bien un être à part entière. Les choix quelle fait deviennent compréhensibles et justifiables et les raisons de son entêtement à rester neutre devant le décès de la princesse deviennent soudainement plus claires. Frears la présente comme une femme qui a toujours vécu selon le protocole royal et qui a toujours caché ses émotions afin de vouloir servir honorablement son peuple. En adoptant son point de vue, Frears rend donc le personnage complexe, nuancé et attachant et à ce titre, Helen Mirren (récipiendaire de lOscar de la meilleure actrice en 2007) est absolument parfaite dans le rôle en seffaçant totalement derrière le personnage. Un autre élément particulier du film de Frears est sa judicieuse utilisation de lhumour typiquement « british ». Cet humour permet damener une certaine légèreté à plusieurs situations et de créer une forme dironie lors de certains autres moments. On pensera à la première rencontre officielle entre la Reine, Blair et sa femme ou encore au simple fait que la Reine doit sasseoir dans son salon devant son téléviseur pour connaître les détails concernant laccident de la princesse.
The Queen propose donc un regard nouveau et assez original sur le gouvernement britannique ainsi que sur la mort de la princesse Diana. Le réalisateur Stephen Frears a réussit lexploit de mêler un souci du réalisme et de vraisemblance de faits historiques avec la présentation dun personnage complexe et touchant (la scène avec le cerf est particulièrement marquante et insuffle au récit une dimension presque mystique) qui, au départ, ne représentait quune image unidimensionnelle. Nous avons donc ici un film brillant, nuancé et riche que nous vous recommandons énormément.
Image
Le film est offert au format dimage respectée de 1:85:1 daprès un transfert 16:9.
La définition générale est excellente. Puisquil sagit dune production récente, linterpositif employé était visiblement dans un très bel état puisque hormis un subtil grain cinématographique, limage présentée est dune netteté exemplaire. De plus, lutilisation des images darchive sont impeccablement rendues notamment grâce à un grain plus prononcé ou encore un aspect « video » des plus remarquablement rendus. On remarquera aussi un niveau de détails et de textures plus quadmirable. En ce qui concerne le rendu des couleurs, encore une fois, le tout est superbe. Ces dernières sont riches, précises, pleinement saturées et ne présentent aucun problème de débordement. Il est donc possible ici dadmirer pleinement plusieurs plans magnifiques présentant les paysages de la Balmoral. Il ny aura rien à reprocher non plus aux contrastes, parfaitement gérés, évitant ainsi toute forme de brillance. Les dégradés, quant à eux, sont fluides et précis offrant de splendides parties sombres. Les noirs demeurent purs et profonds. Finalement, en ce qui concerne la partie numérique, on notera une très légère suraccentuation des contours, mais rien de trop perturbant. Un transfert beau et honnête, donc, qui sert parfaitement la facture visuelle du film.
Son
Cette édition offre deux bandes sons, anglaise et française, au format Dolby Digital 5.1. Cest le mixage anglais qui a été employé pour cette critique.
Bien évidemment, The Queen est un film qui privilégie surtout les dialogues, il ne faut donc pas être très surpris de constater que le dynamisme de cette bande son est plutôt limité. Malgré cela, cette dernière fait preuve dune présence correcte et dune certaine spatialité. En ce qui concerne le déploiement du champ sonore, aucune surprise. La majorité de laction et des dialogues passent par les canaux avant et sont supportés très discrètement par les enceintes arrière qui agissent ici exclusivement à des fins dambiance. Les effets dambiophonie se font donc très rares. Sinon, les dialogues demeurent évidemment parfaitement et constamment audibles alors que la très belle trame sonore de Alexandre Desplat sintègre avec subtilité au mixage. Quant aux basses, elles sont sollicitées à quelques occasions, surtout pour mieux supporter cette dite trame sonore de façon très efficace. Lutilisation du canal dextrêmes graves se veut, par contre, beaucoup plus anecdotique. Bref, une bande son correcte et fidèle au film quelle sert.
Des sous-titres anglais et français sont disponibles.
Suppléments/menus
Nous retrouvons deux pistes de commentaires audio. La première est animée par le réalisateur Stephen Frears et le scénariste Peter Morgan. Bien que les deux hommes semblent partager une franche camaraderie, leurs interventions sont assez limitées. Elles se composent de banales anecdotes ou encore de commentaires sur les décors ou les costumes. Sinon, Morgan est celui des deux qui commente le plus et dont les interventions sont un peu plus pertinentes. La deuxième piste de commentaires est animée par lhistorien Robert Lacey également auteur du livre Majesty. Tout le contraire de la précédente, lhistorien est absolument passionnant et passionné. Lhomme connaît visiblement son sujet et offre une fascinante étude du film par rapport aux faits et à la politique britannique du moment. On regrettera seulement les quelques temps morts où lauteur ne commente pas.
«The Making of The Queen (19:23)» est un intéressant documentaire sur la production du film. Divisé en trois parties, il se concentre surtout sur la perception des acteurs face à leurs personnages, au personnage de la Reine elle-même et finalement sur la reconstruction des évènements de la semaine suivant la mort de la princesse Diana. Bien quallant à lessentiel de la production de ce film, il aurait été intéressant daller un peu en profondeur encore dans les interventions, surtout celles du réalisateur. Des sous-titres anglais sont disponibles lors du visionnement de ce documentaire.
Conclusion
The Queen est un film extrêmement intéressant. Il humanise une femme trop souvent réduite à une image souveraine en plus de reconstituer les évènements dun phénomène sociopolitique des plus marquants de façon très vraisemblable. La performance dHelen Mirren et des autres comédiens contribue grandement à ce souci de vraisemblance et à la richesse de cette uvre.
Le film est servi par une édition très acceptable. Le transfert est fidèle aux différentes factures visuelles du film et la bande son est somme toute très correcte, même si elle demeure un peu en retrait. En ce qui concerne les suppléments, on aurait aimé en avoir davantage, mais la piste de commentaires audio de lauteur et historien Robert Lacey pourrait se suffire à elle-elle. Nous recommanderons alors cette édition pour luvre dabord et avant tout.
Après tous les nombreux téléfilms qui ont suivis la mort de la princesse Diana, le 31 août 1997, lidée den faire à nouveau lobjet dun film pouvait laisser perplexe. Mais puisque cest le réalisateur britannique Stephen Frears qui saccapare de cette tâche, on ne pouvait que se réjouir. Si le cinéaste est connu surtout pour sa grande finesse et son sens du réalisme, sa filmographie montre quil sintéresse aussi souvent à certaines périodes socio-historiques. Parmi ses uvres les plus marquantes, on notera, entre autres, Dangerous Liaisons (1988), High Fidelity (2000) et Dirty Pretty Things (2002). Mais même si la réputation du réalisateur nest plus à faire, The Queen risque fort de devenir son uvre la plus signifiante, en plus de le consacrer comme un très grand réalisateur.
Retour en arrière jusquà lété 1997 où Tony Blair (Michael Sheen) est élu comme premier ministre en Angleterre. Bien évidemment, il devra travailler avec la Reine Elizabeth II (Helen Mirren) qui demeure plutôt froide et hostile envers lui. Puis, le 31 août, cest le drame. À Paris, la princesse Diana et son amant Dodi Al-Fayed sont tués dans un accident de voiture alors quils étaient poursuivis par une bande de paparazzis. La Reine décide alors de gérer laffaire en privé, ne faisant aucune déclaration publique et ne manifestant aucune réaction quelconque quant au décès de « la princesse du peuple ». Durant la semaine suivant ce drame, Tony Blair sauvera la monarchie en convaincant, de peine et de misère, la Reine de montrer au peuple quelle se soucie de la mort de celle qui jadis appartenait à la famille royale.
La principale réussite de The Queen est dans ce souci de vraisemblance. Non seulement dans la reconstitution des évènements de cette semaine qui a failli être destructrice pour la monarchie, mais également parce que Frears utilise de nombreuses images darchives pour illustrer ces évènements. Nous revoyons ainsi des images de foule, des témoignages et bien sûr, la princesse. Le cinéaste réussit, grâce à cette brillante utilisation des images darchives, à la faire revivre. Il ne faut pas se méprendre néanmoins, ce nest pas un film sur la princesse Diana, mais bien sur Elizabeth II. Frears nous présente ces évènements du point de vue de la Reine et de celui du premier ministre Tony Blair. Ainsi, le cinéaste se permet d'explorer judicieusement la relation qui les unie tous les deux. Bien que tout les oppose au départ, la Reine devra mettre son hostilité et sa froideur de côté et faire confiance à son nouveau premier ministre pour sauver la face de la monarchie. À ce propos, la dernière image du film est très lourde de sens : Blair et Elizabeth sen vont marcher et parler dans les jardins de Buckingham Palace.
Lautre réussite majeure du réalisateur est davoir rendu cet emblème, ce symbole quest la Reine, humaine. Elle nest plus une image détestable, mais bien un être à part entière. Les choix quelle fait deviennent compréhensibles et justifiables et les raisons de son entêtement à rester neutre devant le décès de la princesse deviennent soudainement plus claires. Frears la présente comme une femme qui a toujours vécu selon le protocole royal et qui a toujours caché ses émotions afin de vouloir servir honorablement son peuple. En adoptant son point de vue, Frears rend donc le personnage complexe, nuancé et attachant et à ce titre, Helen Mirren (récipiendaire de lOscar de la meilleure actrice en 2007) est absolument parfaite dans le rôle en seffaçant totalement derrière le personnage. Un autre élément particulier du film de Frears est sa judicieuse utilisation de lhumour typiquement « british ». Cet humour permet damener une certaine légèreté à plusieurs situations et de créer une forme dironie lors de certains autres moments. On pensera à la première rencontre officielle entre la Reine, Blair et sa femme ou encore au simple fait que la Reine doit sasseoir dans son salon devant son téléviseur pour connaître les détails concernant laccident de la princesse.
The Queen propose donc un regard nouveau et assez original sur le gouvernement britannique ainsi que sur la mort de la princesse Diana. Le réalisateur Stephen Frears a réussit lexploit de mêler un souci du réalisme et de vraisemblance de faits historiques avec la présentation dun personnage complexe et touchant (la scène avec le cerf est particulièrement marquante et insuffle au récit une dimension presque mystique) qui, au départ, ne représentait quune image unidimensionnelle. Nous avons donc ici un film brillant, nuancé et riche que nous vous recommandons énormément.
Image
Le film est offert au format dimage respectée de 1:85:1 daprès un transfert 16:9.
La définition générale est excellente. Puisquil sagit dune production récente, linterpositif employé était visiblement dans un très bel état puisque hormis un subtil grain cinématographique, limage présentée est dune netteté exemplaire. De plus, lutilisation des images darchive sont impeccablement rendues notamment grâce à un grain plus prononcé ou encore un aspect « video » des plus remarquablement rendus. On remarquera aussi un niveau de détails et de textures plus quadmirable. En ce qui concerne le rendu des couleurs, encore une fois, le tout est superbe. Ces dernières sont riches, précises, pleinement saturées et ne présentent aucun problème de débordement. Il est donc possible ici dadmirer pleinement plusieurs plans magnifiques présentant les paysages de la Balmoral. Il ny aura rien à reprocher non plus aux contrastes, parfaitement gérés, évitant ainsi toute forme de brillance. Les dégradés, quant à eux, sont fluides et précis offrant de splendides parties sombres. Les noirs demeurent purs et profonds. Finalement, en ce qui concerne la partie numérique, on notera une très légère suraccentuation des contours, mais rien de trop perturbant. Un transfert beau et honnête, donc, qui sert parfaitement la facture visuelle du film.
Son
Cette édition offre deux bandes sons, anglaise et française, au format Dolby Digital 5.1. Cest le mixage anglais qui a été employé pour cette critique.
Bien évidemment, The Queen est un film qui privilégie surtout les dialogues, il ne faut donc pas être très surpris de constater que le dynamisme de cette bande son est plutôt limité. Malgré cela, cette dernière fait preuve dune présence correcte et dune certaine spatialité. En ce qui concerne le déploiement du champ sonore, aucune surprise. La majorité de laction et des dialogues passent par les canaux avant et sont supportés très discrètement par les enceintes arrière qui agissent ici exclusivement à des fins dambiance. Les effets dambiophonie se font donc très rares. Sinon, les dialogues demeurent évidemment parfaitement et constamment audibles alors que la très belle trame sonore de Alexandre Desplat sintègre avec subtilité au mixage. Quant aux basses, elles sont sollicitées à quelques occasions, surtout pour mieux supporter cette dite trame sonore de façon très efficace. Lutilisation du canal dextrêmes graves se veut, par contre, beaucoup plus anecdotique. Bref, une bande son correcte et fidèle au film quelle sert.
Des sous-titres anglais et français sont disponibles.
Suppléments/menus
Nous retrouvons deux pistes de commentaires audio. La première est animée par le réalisateur Stephen Frears et le scénariste Peter Morgan. Bien que les deux hommes semblent partager une franche camaraderie, leurs interventions sont assez limitées. Elles se composent de banales anecdotes ou encore de commentaires sur les décors ou les costumes. Sinon, Morgan est celui des deux qui commente le plus et dont les interventions sont un peu plus pertinentes. La deuxième piste de commentaires est animée par lhistorien Robert Lacey également auteur du livre Majesty. Tout le contraire de la précédente, lhistorien est absolument passionnant et passionné. Lhomme connaît visiblement son sujet et offre une fascinante étude du film par rapport aux faits et à la politique britannique du moment. On regrettera seulement les quelques temps morts où lauteur ne commente pas.
«The Making of The Queen (19:23)» est un intéressant documentaire sur la production du film. Divisé en trois parties, il se concentre surtout sur la perception des acteurs face à leurs personnages, au personnage de la Reine elle-même et finalement sur la reconstruction des évènements de la semaine suivant la mort de la princesse Diana. Bien quallant à lessentiel de la production de ce film, il aurait été intéressant daller un peu en profondeur encore dans les interventions, surtout celles du réalisateur. Des sous-titres anglais sont disponibles lors du visionnement de ce documentaire.
Conclusion
The Queen est un film extrêmement intéressant. Il humanise une femme trop souvent réduite à une image souveraine en plus de reconstituer les évènements dun phénomène sociopolitique des plus marquants de façon très vraisemblable. La performance dHelen Mirren et des autres comédiens contribue grandement à ce souci de vraisemblance et à la richesse de cette uvre.
Le film est servi par une édition très acceptable. Le transfert est fidèle aux différentes factures visuelles du film et la bande son est somme toute très correcte, même si elle demeure un peu en retrait. En ce qui concerne les suppléments, on aurait aimé en avoir davantage, mais la piste de commentaires audio de lauteur et historien Robert Lacey pourrait se suffire à elle-elle. Nous recommanderons alors cette édition pour luvre dabord et avant tout.
Qualité vidéo:
4,1/5
Qualité audio:
3,4/5
Suppléments:
3,4/5
Rapport qualité/prix:
3,4/5
Note finale:
3,5/5
Auteur: Frédéric Bouchard
Date de publication: 2007-06-18
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur Toshiba 27A43C, Récepteur JVC TH-A30
Date de publication: 2007-06-18
Système utilisé pour cette critique: Téléviseur Toshiba 27A43C, Récepteur JVC TH-A30