Scanner Darkly, A

Critique
Synopsis/présentation
Philip K Dick, lun des romanciers les plus importants, originaux et influents du 20 éme siécle à été comme il se doit prit dassaut par Hollywood depuis le années 80.
Dick est décédé juste avant la sortie de Blade Runner au cinéma et na malheureusement pas pu profiter un peu de la gloire qui en aurait inévitablement découlé pour lui. Depuis lusine à rêves à broyé et concassé lunivers du cinéaste avec la violence qui est sienne et la réduit à quelques idées fulgurantes sur la réalité, la paranoia, évacuant par la même occasion toute la dimension profondément philosophique.
Il faut bien reconnaître pour qui à lu et apprécié les meilleurs romans de Dick (Le dieu venu du centaure, Glissement de temps sur Mars, Ubik, Au bout du labyrinthe, Substance Mort, SIVA .) quil semble quasiment impossible de restituer la profondeur et la complexité de ces romans au cinéma. Mais dans le même temps on ne peut être que surprit de voir à quel point toutes les adaptations cinématographique des romans (ou plutôt des nouvelles) de K Dick nen retienne toujours que les péripéties et surtout généralement une idée novatrice et lourde de sens quils sacharnent à simplifier au maximum.
La ou justement limmense talent de Dick est de faire passer des idées et concepts (ainsi que leur implications) extrément complexes avec un facilité déconcertante pour le lecteur conférant ainsi à ses uvres plusieurs niveaux de lecture qui les rendent dautant plus fascinant, Hollywood sévertue à faire linverse.
Des uvres comme Total Recall ou Plus récemment Minority Report ne font que très légèrement effleurer par le biais dune idée lunivers du romancier et surtout en retournent complêtement le sens et les implications pour faire rentrer le film dans leur propre moule.
La ou David Cronenberg a été licencié pour proposer une version trop complexe et cérébrale de la très courte nouvelle Total Recall, Verhoeven (cinéaste que nous apprécions par ailleurs beaucoup) lui se jeta à pieds joint dans une version ultra violente et totalement décérébrée dun concept dickien pourtant éminemment fascinant.
Nous pourrions continuer à débattre de la faiblesse et du non respect de luvre du romancier qui semble le point commun de toute les adaptations de ses romans mais tel nest pas notre point ici.
Cependant une fois ce point mis en évidence, la première qualité que nous avons trouvé dans ce A scanner darkly est que son auteur connaît, apprécie et surtour comprend lunivers du romancier. Linklater a tout mis en uvre pour quon le laisse faire ladaptation de ce livre noir et complexe selon ses propres désirs, et grand bien lui en à pris.
Certes, il à du faire des compromissions inévitables et sa version cinématographique du livre ne semble à nouveau ne reprendre quen partie le fond de luvre mais aussi son ambiance, mais il nen reste pas moins que pour la première fois nous somme donc en présence dune uvre dont on peut dire quelle adapte fidèlement K Dick.
Il est dailleurs surprenant de voir à quel point Linklater est respectueux des péripéties du roman, préférant oter à son film le côté spectaculaire quil aurait pu avoir pour rester fidéle au romancier. Cependant les différences entre le roman et le cinéma sont telles quune certaine liberté de ce côté la lui aurait permis de plus coller au fond et à lambiance poisseuse et desespérée du roman qui à le trahier un peu scénaristiquement.
Au contraire, Linklater à choisi la fidélité narrative et pour ce faire à mis lemphase sur une composante essentielle de lunivers de K Dick (et trop souvent oubliée) qui est un humour grinçant et situationnel des plus réjouissants. Il sagit donc la dun choix qui porte à conséquence puisquen évacuant la noiceur et la « remplaçant » par une comédie tordue, le cinéaste à consciemment altéré le roman et fair ladaptation sienne.
En tant que lecteur du roman, cest son aspect noir et désespéré qui nous avait le plus marqué et nous ne pouvons donc quêtre un peu déçu sur ce plan la.
Cependant Linklater est totalement cohérent dans sa démarche ne cherche à aucun moment la facilité et à même réussi un véritable exploit qui est de sortir une uvre aussi exigeante, peu spectaculaire et expérimentale en pleine période dété souvent synonyme de blockbusters simpliste et spectaculaires.
Son idée de génie est davoir trouvé une technique cinématographique qui lui permette de replacer le spectateur dans le même état que le lecteur hypnotisé par le roman. La rotoscopie sur laquelle nous avions pourtant des a prioris fait des merveilles, rendant à la perfection lambiance étrange et décalée du roman, limpression que lon est soi même drogué. La réalité du film est donc changeante, mouvante, instable du fait même que les acteurs soient redéssinés de telle façon par dessus la pellicule. Le génial concept des « complets brouillés » développé par K Dick (illustration parfaite du talent du romancier, combinant idée visuelle et métaphore profonde en un seul concept) trouve même grâce à cette technique une équivalent visuel absolument sidérant que nous naurions jamais penser possible.
Cela est donc à nos yeux une réussite totale puisque pour une fois un gadget technologique remplit donc un effet sensoriel extrémement efficace mais colle aussi totalement au fond de luvre en question puisque lintention de K Dick était de montrer à quel point il est difficile dappréhender la réalité de ce qui nous entoure, dautant plus lorsque lon est sous linfluence de drogues quelles quelles soient. De nombreux spectateurs trouverons certainement lexpérience visuelle provoquée par le film pénible voire même impossible à supporter mais elle est pourtant déterminante dans la réussite de A scanner darkly en tant quuvre cinématographique.
Le choix des acteurs est aussi primordial dans la réussite de ce projet et Keanu Reeves, Robert Downey Jr, Woody Harrelson, Winona Ryder ou Rory Cochrane sont tous parfaits dans des rôles rendus vraiment particuliers par la technique de rotoscopie.
Le passé (ou même présent qui sait) de drogués notoires et excessifs de Downey Jr, Ryder et Harrelson leur à visiblement permis de délivrer des performances sidérantes en tant que junkies pathétiques mais attachants. De plus cela permet une mise en abime des plus amusantes mais également signifiante, impliquant quils étaients des acteurs parfaitement équipés pour comprendre leurs rôles.
La mise en scène de Linklater se fait discrète et ne constitue clairement pas le cur du film. Cest plus au niveau du montage et encore une fois des délires visuels que permet la rotoscopie quil faut chercher lapport réel du cinéaste. En effet la rotoscopie semble ajouter une arme à larsenal cinématographique en permettant de diminuer ou daugmenter limportance de certains détails. De même le fait que Linklater lait utilisé de la première à la dernière seconde du film est tout à son honneur.
Ne souhaitant pas aborder lhistoire proprement dite du film de façon a vous laisser la surprise intacte, nous naborderons donc ce sujet que pour dire quun de ses défauts évidents est son peu de clarté et le manque de contrôle de Linklater sur la structure de son histoire.
Cela fait de A scanner darkly une uvre que les connaisseurs du roman ou de lunivers Dickien en général digérerons sans soucis mais qui restera sans doute coincé dans la gorge de nombreux spectateurs attendant un film de SF daction comme le nom de Dick les y à habitués.
A nouveau cet aspect embrouillé et vague de lintrigue est totalement en accord avec lunivers du roman et des ces drogués perdus dans leur nouvelle réalité propre. De même les nombreuses scénes bavardes de discussions à priori sans queues ni tête, pourront être un calvaire pour les non initiés mais se sont révélées des merveilles de comédie noire dans notre cas (la scéne du vélo est pour cela un moment dantesque). Par contre force est de reconnaître que si le film est bien plus profond quil ne le laisse penser au premier abord, le verbiage philosophique de Linklater nest pas des plus fins et rappelle par moments la lourdeur de la saga Matrix dans ce domaine. La non intégration de ces passages qui réfléchissent sur lunivers développé, ou plutôt leut mauvaise intégration au corps du film fait dautant plus ressortir leur démonstrativité mais leur intérêt est toujours présent.
De même si la paranoia est au centre du film comme il se doit, force est de reconnaître que Linklater na pas vraiment réussi à la rendre aussi palpable quattendu. Cette dimension clairement liée au côté noir et désespéré de luvre (évoqué plus haut) est donc logiquement mis en retrait par les décisions prises par Linklater en terme dadaptation. En cela le film nest pas aussi Dickien quil aurait pu lêtre mais à nouveau laspect foisonnant et complexe de son uvre fait quil semble impossible den adapter fidélement un jalon sans en omettre des passages primordiaux.
Le seul cinéaste qui à jusqu'à présent réussi à adapter fidélement lunivers de Philip K Dick (sans paradoxalement ladapter justement mais en sen inspirant) reste David Cronenberg dont Videodrome et eXistenZ sont deux films profondément Dickiens et qui ont su eux intégrer toutes les facettes de son univers (paranoia, désespoir, fond philosophique, jeu réalité/fiction, humour noir discret mais efficace, métaphores visuelles et même forte influence religieuse déterminante).
Il ne fait nul doute que A Scanner Darkly est une uvre qui na pas fini de faire parler delle et va intégrer le circuit des films « différents » qui osent quelque chose de nouveau, danti spectaculaire mais qui sait rester passionnant et émouvant pour peu que lon se donne la peine de rentrer dans cet univers dans les bonnes dispositions (en regardant les suppléments après un premier visionnage et ainsi avoir un regard autre lors des visionnages suivants).
Une uvre qui nest donc clairement pas le film de science-fiction dété grand public comme quoi elle à été vendue, ni une adaptation totalement réussie dun roman de K Dick mais certainement une uvre expérimentale et décalée, passionnante de bout en bout malgré ses défauts.
Image
Limage est présentée au format respecté de 1.85 :1 daprès un transfert 16:9.
La définition générale est dexcellente qualité et dune constance sans aucun reproche. Linterpositif est dune propreté remarquable, due en partie à la rotoscopie et offre une image immaculée (aucun grain, ni poussières ou traits).
Les couleurs si particuliéres choisies par le réalisateur et son chef opérateur sont impeccablement rendues, justes, constante et parfaitement saturées (même si la tonalité de lensemble et plutôt passée).
Le contraste est bien géré, même si procédé danimation oblige le résultat est moins percutant que sur un film totalement live.
Les scènes sombres sont impeccablement rendues grace à des noirs vraiment purs et profonds.
La partie numérique est presque totalement exempte de reproches puisque à quelques reprises sont visibles des artefacts de compression qui nen sont pour autant jamais gênant.
Un transfert de haute volée pour une uvre très spéciale qui nen méritait pas moins.
Son
La seule bande-son disponible est en Anglais (Dolby Digital 5.1).
Sa dynamique est dun excellent niveau même si labondance de dialogues fait quon ne sen rend compte que ponctuellement. Sa présence et sa spatialité sont également remarquables mais on nen profite finalement quassez peu.
La musique est impeccablement restituée sans aucune limitations audibles quelles quelles soient. Elle est par ailleurs parfaitement intégrée au reste de la bande-son.
Les enceintes arrières sont remarquablement utilisées même si elles restent discrètes sur la plupart du métrage. La subtilité fut le maitre mot des concepteurs de cette bande-son qui fut avant tout pensée en terme dadéquation à luvre et non avec lintention den mettre « plein les oreilles ».
Les dialogues sont en permanence parfaitement intelligibles et aucune trace de parasites ou distortions ne sont à déplorer et ce même à très fort volume.
Les basses fréquences sont impeccablement gérées mais comme pour les enceintes arrières leur utilisation est parcimonieuse et certains spectateurs habituées a des effets constants (et très souvent inutiles) dans ce registre pourront être déçus.
Les sous-titres sont disponibles en Anglais, Français et Espagnol.
Une bande-son de superbe qualité à limage du film, cohérente et subtile. Certains spectateurs, surtout ceux pour qui science-fiction rime avec action seront à coups sur déçus mais pour peu quils y prêtent loreille, la complexité de cette bande-son parfaitement retranscrite ne pourra alors leur devenir quévidente.
Suppléments/menus
Une section fort honnête qui vient apporter des informations importantes quand à la bone appréhension pour les personnes qui ne sont pas familières avec lunivers si particulier du romancier Philip K Dick.
Le commentaire audio à plusieurs voix regroupe ainsi Keanu Reeves, Richard Linklater, le producteur Tom Pallotta, Jonathan Lethem auteur et spécialiste de Philip K. Dick et Isa Dick Hackett la fille du romancier. La vie et lunivers du romancier sont longuement abordés de façon didactique et juste, et tous les autres aspects du films sont également traités avec plus ou moins dintérêt pour un commentaire qui manque clairement de fluidité (probléme récurrent sur de tels exercices choraux) mais savère passionnant pour qui à apprécié le film.
Puis le documentaire intitulé « One Summer in Austin: The Story of Filming A Scanner Darkly (26 mins) revient en détails sur la génèse et le tournage du film. De nombreux et passionnants extraits vidéos de Philip K Dick ou il parle de son livre, de comparaisons film rotoscopé et tournage sur le plateau permettent de voir à quel point le travail est énorme et enfin des interviews montre à quel point toutes les personnes travaillant sur le film sy sont investit totalement. Un ensemble donc plaisant et relativement informatif qui ne pourra être quun plus pour tout ceux qui ont appréciés le film.
Enfin le documentaire intitulé « The Weight of the Line: Animation Tales (20 mins) revient en détails et de façon passionnante sur la technique de la rotoscopie, comment le cinéaste la abordé, pourquoi la til choisi et quels en furent les challenges techniques. Un segment indispensable pour tous ceux qui ont été ne serait ce quintrigués par le résultat visuel final.
Pour terminer sont offertes plusieurs bandes-annonces donc celle de A scanner darkly.
Un ensemble donc assez complet qui permet daborder luvre sous un autre angle, muni dinformations primordiales et ainsi den comprendre certains choix qui peuvent paraître surprenants et décevants sans cela.
Conclusion
Une édition dexcellente qualité aussi bien audio que vidéo, qui plus est accompagnée de suppléments de qualité. Nous vous en recommandons donc vivement lachat.
Lunivers de Philip K Dick est malheureusement toujours quasi inconnu du grand public et force est de reconnaître quil risque de le rester lorsque lon découvre cette adaptation relativement fidéle dun des romans les plus noirs de son auteur.
Linklater en admirateur du maitre a réussi (en partie) la première adaptation relativement fidéle à Kdick, du moins respectant son univers, ses thématiques et ses interrogations philosophiques constantes.
Laspect expérimental du film est certainement le plus réussi puisquil apporte son lot de sensations inédites et il est toujours extrémement réjouissant de voir un cinéaste éviter toute facilité pour montrer un projet passionnant mais « casse gueule » qui lui tient à cur.
A Scanner Darkly est donc une uvre sans concessions, expérimentale et peu aisée daccés mais qui une fois abordée sous le bon angle se révèle passionnante et novatrice sur bien des points.
Philip K Dick, lun des romanciers les plus importants, originaux et influents du 20 éme siécle à été comme il se doit prit dassaut par Hollywood depuis le années 80.
Dick est décédé juste avant la sortie de Blade Runner au cinéma et na malheureusement pas pu profiter un peu de la gloire qui en aurait inévitablement découlé pour lui. Depuis lusine à rêves à broyé et concassé lunivers du cinéaste avec la violence qui est sienne et la réduit à quelques idées fulgurantes sur la réalité, la paranoia, évacuant par la même occasion toute la dimension profondément philosophique.
Il faut bien reconnaître pour qui à lu et apprécié les meilleurs romans de Dick (Le dieu venu du centaure, Glissement de temps sur Mars, Ubik, Au bout du labyrinthe, Substance Mort, SIVA .) quil semble quasiment impossible de restituer la profondeur et la complexité de ces romans au cinéma. Mais dans le même temps on ne peut être que surprit de voir à quel point toutes les adaptations cinématographique des romans (ou plutôt des nouvelles) de K Dick nen retienne toujours que les péripéties et surtout généralement une idée novatrice et lourde de sens quils sacharnent à simplifier au maximum.
La ou justement limmense talent de Dick est de faire passer des idées et concepts (ainsi que leur implications) extrément complexes avec un facilité déconcertante pour le lecteur conférant ainsi à ses uvres plusieurs niveaux de lecture qui les rendent dautant plus fascinant, Hollywood sévertue à faire linverse.
Des uvres comme Total Recall ou Plus récemment Minority Report ne font que très légèrement effleurer par le biais dune idée lunivers du romancier et surtout en retournent complêtement le sens et les implications pour faire rentrer le film dans leur propre moule.
La ou David Cronenberg a été licencié pour proposer une version trop complexe et cérébrale de la très courte nouvelle Total Recall, Verhoeven (cinéaste que nous apprécions par ailleurs beaucoup) lui se jeta à pieds joint dans une version ultra violente et totalement décérébrée dun concept dickien pourtant éminemment fascinant.
Nous pourrions continuer à débattre de la faiblesse et du non respect de luvre du romancier qui semble le point commun de toute les adaptations de ses romans mais tel nest pas notre point ici.
Cependant une fois ce point mis en évidence, la première qualité que nous avons trouvé dans ce A scanner darkly est que son auteur connaît, apprécie et surtour comprend lunivers du romancier. Linklater a tout mis en uvre pour quon le laisse faire ladaptation de ce livre noir et complexe selon ses propres désirs, et grand bien lui en à pris.
Certes, il à du faire des compromissions inévitables et sa version cinématographique du livre ne semble à nouveau ne reprendre quen partie le fond de luvre mais aussi son ambiance, mais il nen reste pas moins que pour la première fois nous somme donc en présence dune uvre dont on peut dire quelle adapte fidèlement K Dick.
Il est dailleurs surprenant de voir à quel point Linklater est respectueux des péripéties du roman, préférant oter à son film le côté spectaculaire quil aurait pu avoir pour rester fidéle au romancier. Cependant les différences entre le roman et le cinéma sont telles quune certaine liberté de ce côté la lui aurait permis de plus coller au fond et à lambiance poisseuse et desespérée du roman qui à le trahier un peu scénaristiquement.
Au contraire, Linklater à choisi la fidélité narrative et pour ce faire à mis lemphase sur une composante essentielle de lunivers de K Dick (et trop souvent oubliée) qui est un humour grinçant et situationnel des plus réjouissants. Il sagit donc la dun choix qui porte à conséquence puisquen évacuant la noiceur et la « remplaçant » par une comédie tordue, le cinéaste à consciemment altéré le roman et fair ladaptation sienne.
En tant que lecteur du roman, cest son aspect noir et désespéré qui nous avait le plus marqué et nous ne pouvons donc quêtre un peu déçu sur ce plan la.
Cependant Linklater est totalement cohérent dans sa démarche ne cherche à aucun moment la facilité et à même réussi un véritable exploit qui est de sortir une uvre aussi exigeante, peu spectaculaire et expérimentale en pleine période dété souvent synonyme de blockbusters simpliste et spectaculaires.
Son idée de génie est davoir trouvé une technique cinématographique qui lui permette de replacer le spectateur dans le même état que le lecteur hypnotisé par le roman. La rotoscopie sur laquelle nous avions pourtant des a prioris fait des merveilles, rendant à la perfection lambiance étrange et décalée du roman, limpression que lon est soi même drogué. La réalité du film est donc changeante, mouvante, instable du fait même que les acteurs soient redéssinés de telle façon par dessus la pellicule. Le génial concept des « complets brouillés » développé par K Dick (illustration parfaite du talent du romancier, combinant idée visuelle et métaphore profonde en un seul concept) trouve même grâce à cette technique une équivalent visuel absolument sidérant que nous naurions jamais penser possible.
Cela est donc à nos yeux une réussite totale puisque pour une fois un gadget technologique remplit donc un effet sensoriel extrémement efficace mais colle aussi totalement au fond de luvre en question puisque lintention de K Dick était de montrer à quel point il est difficile dappréhender la réalité de ce qui nous entoure, dautant plus lorsque lon est sous linfluence de drogues quelles quelles soient. De nombreux spectateurs trouverons certainement lexpérience visuelle provoquée par le film pénible voire même impossible à supporter mais elle est pourtant déterminante dans la réussite de A scanner darkly en tant quuvre cinématographique.
Le choix des acteurs est aussi primordial dans la réussite de ce projet et Keanu Reeves, Robert Downey Jr, Woody Harrelson, Winona Ryder ou Rory Cochrane sont tous parfaits dans des rôles rendus vraiment particuliers par la technique de rotoscopie.
Le passé (ou même présent qui sait) de drogués notoires et excessifs de Downey Jr, Ryder et Harrelson leur à visiblement permis de délivrer des performances sidérantes en tant que junkies pathétiques mais attachants. De plus cela permet une mise en abime des plus amusantes mais également signifiante, impliquant quils étaients des acteurs parfaitement équipés pour comprendre leurs rôles.
La mise en scène de Linklater se fait discrète et ne constitue clairement pas le cur du film. Cest plus au niveau du montage et encore une fois des délires visuels que permet la rotoscopie quil faut chercher lapport réel du cinéaste. En effet la rotoscopie semble ajouter une arme à larsenal cinématographique en permettant de diminuer ou daugmenter limportance de certains détails. De même le fait que Linklater lait utilisé de la première à la dernière seconde du film est tout à son honneur.
Ne souhaitant pas aborder lhistoire proprement dite du film de façon a vous laisser la surprise intacte, nous naborderons donc ce sujet que pour dire quun de ses défauts évidents est son peu de clarté et le manque de contrôle de Linklater sur la structure de son histoire.
Cela fait de A scanner darkly une uvre que les connaisseurs du roman ou de lunivers Dickien en général digérerons sans soucis mais qui restera sans doute coincé dans la gorge de nombreux spectateurs attendant un film de SF daction comme le nom de Dick les y à habitués.
A nouveau cet aspect embrouillé et vague de lintrigue est totalement en accord avec lunivers du roman et des ces drogués perdus dans leur nouvelle réalité propre. De même les nombreuses scénes bavardes de discussions à priori sans queues ni tête, pourront être un calvaire pour les non initiés mais se sont révélées des merveilles de comédie noire dans notre cas (la scéne du vélo est pour cela un moment dantesque). Par contre force est de reconnaître que si le film est bien plus profond quil ne le laisse penser au premier abord, le verbiage philosophique de Linklater nest pas des plus fins et rappelle par moments la lourdeur de la saga Matrix dans ce domaine. La non intégration de ces passages qui réfléchissent sur lunivers développé, ou plutôt leut mauvaise intégration au corps du film fait dautant plus ressortir leur démonstrativité mais leur intérêt est toujours présent.
De même si la paranoia est au centre du film comme il se doit, force est de reconnaître que Linklater na pas vraiment réussi à la rendre aussi palpable quattendu. Cette dimension clairement liée au côté noir et désespéré de luvre (évoqué plus haut) est donc logiquement mis en retrait par les décisions prises par Linklater en terme dadaptation. En cela le film nest pas aussi Dickien quil aurait pu lêtre mais à nouveau laspect foisonnant et complexe de son uvre fait quil semble impossible den adapter fidélement un jalon sans en omettre des passages primordiaux.
Le seul cinéaste qui à jusqu'à présent réussi à adapter fidélement lunivers de Philip K Dick (sans paradoxalement ladapter justement mais en sen inspirant) reste David Cronenberg dont Videodrome et eXistenZ sont deux films profondément Dickiens et qui ont su eux intégrer toutes les facettes de son univers (paranoia, désespoir, fond philosophique, jeu réalité/fiction, humour noir discret mais efficace, métaphores visuelles et même forte influence religieuse déterminante).
Il ne fait nul doute que A Scanner Darkly est une uvre qui na pas fini de faire parler delle et va intégrer le circuit des films « différents » qui osent quelque chose de nouveau, danti spectaculaire mais qui sait rester passionnant et émouvant pour peu que lon se donne la peine de rentrer dans cet univers dans les bonnes dispositions (en regardant les suppléments après un premier visionnage et ainsi avoir un regard autre lors des visionnages suivants).
Une uvre qui nest donc clairement pas le film de science-fiction dété grand public comme quoi elle à été vendue, ni une adaptation totalement réussie dun roman de K Dick mais certainement une uvre expérimentale et décalée, passionnante de bout en bout malgré ses défauts.
Image
Limage est présentée au format respecté de 1.85 :1 daprès un transfert 16:9.
La définition générale est dexcellente qualité et dune constance sans aucun reproche. Linterpositif est dune propreté remarquable, due en partie à la rotoscopie et offre une image immaculée (aucun grain, ni poussières ou traits).
Les couleurs si particuliéres choisies par le réalisateur et son chef opérateur sont impeccablement rendues, justes, constante et parfaitement saturées (même si la tonalité de lensemble et plutôt passée).
Le contraste est bien géré, même si procédé danimation oblige le résultat est moins percutant que sur un film totalement live.
Les scènes sombres sont impeccablement rendues grace à des noirs vraiment purs et profonds.
La partie numérique est presque totalement exempte de reproches puisque à quelques reprises sont visibles des artefacts de compression qui nen sont pour autant jamais gênant.
Un transfert de haute volée pour une uvre très spéciale qui nen méritait pas moins.
Son
La seule bande-son disponible est en Anglais (Dolby Digital 5.1).
Sa dynamique est dun excellent niveau même si labondance de dialogues fait quon ne sen rend compte que ponctuellement. Sa présence et sa spatialité sont également remarquables mais on nen profite finalement quassez peu.
La musique est impeccablement restituée sans aucune limitations audibles quelles quelles soient. Elle est par ailleurs parfaitement intégrée au reste de la bande-son.
Les enceintes arrières sont remarquablement utilisées même si elles restent discrètes sur la plupart du métrage. La subtilité fut le maitre mot des concepteurs de cette bande-son qui fut avant tout pensée en terme dadéquation à luvre et non avec lintention den mettre « plein les oreilles ».
Les dialogues sont en permanence parfaitement intelligibles et aucune trace de parasites ou distortions ne sont à déplorer et ce même à très fort volume.
Les basses fréquences sont impeccablement gérées mais comme pour les enceintes arrières leur utilisation est parcimonieuse et certains spectateurs habituées a des effets constants (et très souvent inutiles) dans ce registre pourront être déçus.
Les sous-titres sont disponibles en Anglais, Français et Espagnol.
Une bande-son de superbe qualité à limage du film, cohérente et subtile. Certains spectateurs, surtout ceux pour qui science-fiction rime avec action seront à coups sur déçus mais pour peu quils y prêtent loreille, la complexité de cette bande-son parfaitement retranscrite ne pourra alors leur devenir quévidente.
Suppléments/menus
Une section fort honnête qui vient apporter des informations importantes quand à la bone appréhension pour les personnes qui ne sont pas familières avec lunivers si particulier du romancier Philip K Dick.
Le commentaire audio à plusieurs voix regroupe ainsi Keanu Reeves, Richard Linklater, le producteur Tom Pallotta, Jonathan Lethem auteur et spécialiste de Philip K. Dick et Isa Dick Hackett la fille du romancier. La vie et lunivers du romancier sont longuement abordés de façon didactique et juste, et tous les autres aspects du films sont également traités avec plus ou moins dintérêt pour un commentaire qui manque clairement de fluidité (probléme récurrent sur de tels exercices choraux) mais savère passionnant pour qui à apprécié le film.
Puis le documentaire intitulé « One Summer in Austin: The Story of Filming A Scanner Darkly (26 mins) revient en détails sur la génèse et le tournage du film. De nombreux et passionnants extraits vidéos de Philip K Dick ou il parle de son livre, de comparaisons film rotoscopé et tournage sur le plateau permettent de voir à quel point le travail est énorme et enfin des interviews montre à quel point toutes les personnes travaillant sur le film sy sont investit totalement. Un ensemble donc plaisant et relativement informatif qui ne pourra être quun plus pour tout ceux qui ont appréciés le film.
Enfin le documentaire intitulé « The Weight of the Line: Animation Tales (20 mins) revient en détails et de façon passionnante sur la technique de la rotoscopie, comment le cinéaste la abordé, pourquoi la til choisi et quels en furent les challenges techniques. Un segment indispensable pour tous ceux qui ont été ne serait ce quintrigués par le résultat visuel final.
Pour terminer sont offertes plusieurs bandes-annonces donc celle de A scanner darkly.
Un ensemble donc assez complet qui permet daborder luvre sous un autre angle, muni dinformations primordiales et ainsi den comprendre certains choix qui peuvent paraître surprenants et décevants sans cela.
Conclusion
Une édition dexcellente qualité aussi bien audio que vidéo, qui plus est accompagnée de suppléments de qualité. Nous vous en recommandons donc vivement lachat.
Lunivers de Philip K Dick est malheureusement toujours quasi inconnu du grand public et force est de reconnaître quil risque de le rester lorsque lon découvre cette adaptation relativement fidéle dun des romans les plus noirs de son auteur.
Linklater en admirateur du maitre a réussi (en partie) la première adaptation relativement fidéle à Kdick, du moins respectant son univers, ses thématiques et ses interrogations philosophiques constantes.
Laspect expérimental du film est certainement le plus réussi puisquil apporte son lot de sensations inédites et il est toujours extrémement réjouissant de voir un cinéaste éviter toute facilité pour montrer un projet passionnant mais « casse gueule » qui lui tient à cur.
A Scanner Darkly est donc une uvre sans concessions, expérimentale et peu aisée daccés mais qui une fois abordée sous le bon angle se révèle passionnante et novatrice sur bien des points.
Qualité vidéo:
4,2/5
Qualité audio:
4,3/5
Suppléments:
3,8/5
Rapport qualité/prix:
4,1/5
Note finale:
4,0/5
Auteur: Stefan Rousseau
Date de publication: 2007-02-19
Système utilisé pour cette critique: Projecteur Sharp XV Z9000, Lecteur de DVD Toshiba SD500, Recepteur Denon, Enceintes Triangle, Câbles Banbridge et Real Cable.
Date de publication: 2007-02-19
Système utilisé pour cette critique: Projecteur Sharp XV Z9000, Lecteur de DVD Toshiba SD500, Recepteur Denon, Enceintes Triangle, Câbles Banbridge et Real Cable.