Facebook Twitter      Mobile RSS        
DVDEF

Producers, The (Special Edition)

Critique
Synopsis/présentation
Mel Brooks est, avec Woody Allen, le représentant le plus connu de ce qu'il est convenu d'appeler l'humour juif.

Dès son premier film, The Producers (1968), le succès et le scandale sont au rendez-vous pour Mel Brooks. Suivra ensuite The Twelve Chairs (1970), moins réussi mais d'un style et d'un humour différents. Il renouera avec le succès grâce à Blazing Saddles (1974) dans lequel il cèdera à sa passion pour le mauvais goût et les situations "énormes", sans les contrebalancer par des touches plus fines. Ainsi, malgré quelques moments franchement tordants, le film laisse une impression plutôt lourde et pataude. Pourtant, la même année, il parviendra avec son film suivant, Young Frankenstein, à l'équlibre quasi parfait. Son amour pour le cinéma fantastique lui permettra d'éviter les lourdeurs les plus pesantes et lui permettra les gags les plus poilants. Ce film sera, avec son premier (celui qui nous interesse aujourd'hui) son chef d'oeuvre.

Toutes ses oeuvres suivantes sont basées sur le principe de la parodie d'un genre cinématographique et supposent ainsi que le public connaisse bien les oeuvres auxquelles il fera référence, nécessaire à une compréhension totale (ce qui en limite un peu la portée). Ainsi, Silent Movie (1976) se moquera des films muets, mais paradoxalement obligera M. Brooks à une grande invention visuelle du fait de l'absence de dialogues. Dans High Anxiety (1977), il pastichera le système d'Hitchcok à travers la reprise des scènes les plus marquantes des films du Maître. Si l'idée est excellente et parfois bien exploitée, le plus souvent les gags sont trop faciles et télégraphiés. L'ampleur du sujet de History of the World Part 1 (1981), lui permet de toucher un public très large et si l'ensemble n'est pas des plus fins, il faut bien reconnaître que l'on y rigole bien. Pour Spaceballs (1987), il s'attaquera à l'univers de Star Wars avec une invention certaine mais à nouveau avec une lourdeur qui vient plomber l'ensemble. En 1991, il reviendra avec Life Stinks dans lequel l'humour est quasiment totalement absent. Puis il sombrera (définitivement ?) dans le pastiche facile, lourd et absolument pas comique avec ses deux derniers films : "Robin Hood : Men in Tights" (1993) et "Dracula : Dead and Loving It" (1995).

Il est étonnant et triste de constater une telle régularité dans la baisse de qualité et conjointement l'augmentation de la médiocrité des oeuvres d'un homme qui a donné deux films aussi bons que The Producers et Young Frankenstein. S'agit-il de paresse ou de manque de goût ? Nous pencherons plutôt pour la première hypothèse au vu de son sens de producteur, car il a en effet permis l'essor de la carrière internationale de David Lynch (en produisant Elephant Man en 1980), et de David Cronenberg (en produisant The Fly en 1986).

Dans The Producers, nous suivons le couple Max Bialystock (Zero Mostel, époustouflant) et Leo Bloom (Gene Wilder, hilarant dans son premier rôle), qui montent la plus mauvaise pièce possible à Broadway de façon à récupérer le maximum d'argent possible grâce à une combine. Le rythme que Mel Brooks réussit à insuffler à son film en est un des atouts majeurs. Il n'y à pas de temps morts et les situations folles et décalées se succèdent sans arrêt. Son audace est son autre point fort et qui pourra oublier le début du film entre M. Bialystock et Hold me Touch me (une grand mère d'au moins 80 ans). Il fallait également oser sortir un film sur les producteurs d'une pièce nommée Springtime for Hitler (qui devait d'ailleurs être pour Brooks le titre de son scénario). C'est en osant que Mel Brooks étonne pour son premier film. S'il n'a pas la finesse et la classe d'un Blake Edwards, il faut bien avouer qu'il en a le sens du timing et de la ritournelle musicale. De plus, les acteurs participent pour beaucoup au côté hilarant du film. Certes leur jeu est outré mais sans leur énergie et leur folie, le film ne serait pas aussi efficace. Si la mise en scène de Mel Brooks n'a rien de mémorable, le soin qu'il y apporte ainsi qu'à tout l'aspect technique du film (couleurs, mise en scène des numéros) montre qu'il a bien compris son intérêt primordial.

Une oeuvre surprenante par bien des aspects, qui à fort bien vielli et conservé son aspect provocant. Elle vous permettra de passser une soirée très divertissante pour peu que vous goutiez l'humour si particulier de Mel Brooks, dont il s'agit là d'un des meilleurs fleurons. Il est à noter que les plus jeunes pourront y rigoler sans pour autant tout saisir et que les plus moralistes d'entre vous trouveront peut être choquantes certaines scènes.


Image
L'image est présentée au format respecté de 1.85:1 d'après un transfert anamorphosé. A noter qu'une version plein écran en 1.33:1 est disponible sur l'autre face du disque.

La définition générale proposée par cette édition est de bon aloi et s'avère constante tout au long du film. L'interpositif est très propre (vu l'age du film) et le niveau de détails excellent. Les couleurs sont elles aussi très bien traitées et sont ainsi justes, naturelles et correctement saturées. Le contraste est à la hauteur du reste du transfert et évite ainsi les brillances inutiles. Les parties sombres du film offrent un rendu de qualité grâce à des noirs surprenants de profondeur.

La partie numérique du transfert est à la hauteur et à part un peu de sur-définition et de grain (à quelques reprises sur les scènes en extérieur), ne génère aucun défaut rédhibitoire.



Son
Les deux bandes-son disponibles avec cette édition DVD sont en Anglais (Dolby Digital 5.1) et Anglais (DD 1.0 mono).

La bande-son remixée en multicanaux est d'un dynamique correcte mais n'offre qu'une spacialité limitée (hors numéros musicaux). La séparation des canaux est faible, mais la musique est parfaitement bien intégrée au reste de la bande. Les enceintes arrières sont elles quasi muettes sauf lors des passages musicaux où elles remplissent alors correcterment leur rôle. Les dialogues sont toujours très bien rendus, parfaitement intelligibles. A vrai dire, le gros de ce mixage est concentré sur l'enceinte centrale, ne s'élargissant aux autres que lorsque la situation l'exige. Les bassses sont un peu faibles mais en quantité tout de même suffisante pour soutenir cette piste lors des passages musicaux.

Des sous-titres sont disponibles en Anglais, Français et Espagnol.


Suppléments/menus
Un section bien étoffée, d'un intérêt certain mais curieusement placée sur l'autre face du DVD.

Le documentaire The making of the Producers (63 mins et 43 sec) démontre une fois de plus le savoir de Laurent Bouzzereau en la matière. Tous les artisans du film y reviennent avec apparemment grand plaisir sur les souvenirs de ce qui fut pour beaucoup leur premier tournage. Toutes les informations délivrées sont passionnantes et la section sur le regretté Zero Mostel très émouvante. Un travail exemplaire sur lequel beaucoup devraient se pencher avant de pondre des documentaires autopromotionnels et autosatisfaits.

La scène inédite est d'un interêt et d'une qualité moyenne. Vient ensuite un montage des beaux dessins préparatoires du film. Les quarantes photos qui composent la galerie sont essentiellement de bonnes photos de plateau (dont certaines plutôt drôles de G. Wilder trés jeune). Paul Mazurski lit ensuite la déclaration que P. Sellers fit après avoir découvert le film et qui prouve à quel point il l'apprécia. Viennent ensuite une bande-annonce plutôt moyenne du film, puis de la publicité pour les éditions DVD de Fiddler on the Roof, The Princess Bride, The Greatest Story Ever Told, Some Like it Hot et pour le CD de la comédie musicale tirée du film.

Une section qui vaut surtout pour l'excellent documentaire qui compense largement l'absence d'un commentaire audio.



Conclusion
Une belle édition DVD de trés bonne facture technique et aux suppléments passionnants. Un film absolument hilarant dont l'aspect provoquant s'est estompé (encore que!) et permet de mesurer le talent de Mel Brooks. Malheureusement, il permet aussi de constater la facilité et la vacuité dans laquelle celui-ci a fini par sombrer petit à petit. Une édition et une oeuvre donc grandement recommandées pour passer un moment inoubliable (à partir d'un certain age tout de même).




Qualité vidéo:
3,4/5

Qualité audio:
3,0/5

Suppléments:
3,0/5

Rapport qualité/prix:
3,5/5

Note finale:
3,0/5
Auteur: Stefan Rousseau

Date de publication: 2002-12-02

Système utilisé pour cette critique: Projecteur Sharp XV Z9000, Lecteur de DVD Toshiba SD500, Recepteur Denon, Enceintes Triangle, Câbles Banbridge et Real Cable.

Le film

Titre original:
Producers, The

Année de sortie:
1968

Pays:

Genre:

Durée:
90 minutes

Réalisateur (s):

Acteur (s):

Le DVD / Blu-ray

Pochette/couverture:

Distributeur:
MGM

Produit:
DVD

Nombre de disque:
1 DVD-9 (simple face, double couche)

Format d'image:
1.85:1

Transfert 16:9:
Oui

Certification THX:
Non

Bande(s)-son:
Anglaise Dolby Digital 5.1
Anglaise Dolby mono

Sous-titres:
Anglais
Français
Espagnol

Suppéments:
Un documentaire: The Making of the Producers, une galerie de dessins préparatoires, une scène inédite, la déclaration de Peter Sellers sur le film lue par Paul Mazurski, bandes-annonces du film et des éditions DVD de The Greatest Story ever Told, Fiddler on the Roof, The Princess Bride et Some Like it Hot, publicité du CD de la comédie musicale tirée du film

Date de parution:
2002-12-03

Si vous avez aimé...