Network (Special Edition)

Critique
Synopsis/présentation
Network est une réussite éclatante sur quasiment tous les plans et une uvre résolument engagée, noire et hilarante qui prend un relief tout particulier avec le recul que nous avons à présent. Il est en effet facile dimaginer limpact qua du avoir ce véritable brulot à sa sortie, impact sans doute similaire a celui qua le personnage dHoward Beale sur ses spectateurs, les poussant a une révolte salutaire mais malheureusement inutile. Pourtant les 30 années qui se sont écoulées depuis en ont transformé à la fois leffet mais également le sens. En effet, la plupart des situations outrées écrites par Chayefsky à des fins de caricature dénonciatrice ont été dépassées par la réalité et de ce fait, lunivers décrit par le film napparaît plus comme une exagération salutaire mais bel et bien comme la réalité.
Ce rapport quauront forcément les spectateurs découvrant comme nous le film en changera sans aucun doute leur vision dune uvre toujours aussi puissante et ce malgré des défauts de constructions évidents (mais qui font aussi son charme). En effet, le scénario de Chayefsky sil est dans son ensemble vraiment remarquable possède les défauts de ses qualités, à savoir qua vouloir traiter trop de sujets à la fois pour offrir une vision des travers de son époque il a tendance à parfois se perdre entre ses différentes thématiques. Mais malgré ce manque de cohésion, qui ne nous à pour autant jamais gaché le plaisir du visionnage (au contraire, il est rare de rencontrer des films qui ont trop à dire en ces temps de faiblesse scénaristique), Network est un témoignage vital sur son époque qui voit loin et offre des vues incroyablement lucides sur les mutations globales à luvre dans les années 70 (dont les résultats sont visibles actuellement). Le talent de Chayefski pour lhumour acide est ce qui à permis au film de si bien passer lépreuve du temps. Cette capacité à manipuler brillamment la satire la plus noire donna à Chayefsky la possibilité de délivrer un message dautant plus alarmiste, virulent et dénonciateur qui ne perd jamais de sa force. Network na rien dune comédie, ni dune farce et pourtant il en utilise souvent les ressorts mais se garde bien de ne jamais sappuyer sur cette construction pour tirer des rires faciles de ses spectateurs et se concentre plutot sur le message à délivrer ainsi que sur la façon la plus efficace de lasséner à son public (dans le bon sens du terme). En cela lassociation Chayefsky / Lumet est des plus fructueuses au sens ou malgré lenvie de contrôle total du scénariste sur sa création, les deux hommes qui se connaissaient bien ont réussis à travailler en intelligence et à converger vers une même vision. Cest en effet Chayefsy qui à demandé à ce que Lumet soit le réalisateur et cela pour le plus grand bien de lentreprise. A aucun moment dans le film on ne ressent une quelconque hésitation dans la mise en image et le rythme dun script pourtant vraiment foisonnant qui aurait pu occasionner ce genre de problèmes dans le cas dune association « auteur/réalisateur » moins fructueuse.
Lumet a ammené au scénario de Chayefski tout son sens visuel et son talent de conteur qui permettent au film de rester dynamique de bout en bout. Lumet à épousé à merveille la folie des personnages, laspect outré de nombreuses situations sans toutefois jamais tomber dans la comédie ouverte. Il a traité cette histoire avec le plus grand sérieux et cest en cela que le film reste toujours aussi efficace et dérangeant. Ses plans sont toujours simples, il ne cherhce jamais a offrir une vision complexe dun scénario très touffu comme nous le disions. Cest grace à cet aspect presque épuré, naturaliste que sa mise en scène contrebalance le foisonnement du scénario pour arriver a un équilibre. Son traitement va direct au but et il ne sembarasse jamais de scènes de transitions ou deffets de montages qui aurait sans aucun doute nui à la cohérence et à lintensité de lensemble. Tout le montage est en effet composé de transitions « Cut » qui démarquent le film et lui donne une énergie indéniable. Lexpérience télévisuelle de Lumet lui à permis doffrir un rendu très réaliste de tout cet univers qui donne un aspect dautant plus plaisant aux parties les plus outrées apportant encore plus de poids à la critique. Et lapport immense de Lumet ne sarrête pas la puisque fidèle à sa méthode qui à fait ses preuves il répête beaucoup avec son groupe de comédiens hors pair et arrive à tirer un ensemble tout bonnement exceptionnel. William Holden, Peter Finch, Faye Dunaway, Robert Duvall, Beatrice Straight et Ned Beatty sont au sommet de leur art et parviennent au ton parfait pour cette histoire ou les personnages sont plus emblématiques que réellement travaillés en tant que tels.
Le thème de la folie imprègne le film de bout en bout, folie en réaction au développement de la société vers un capitalisme galopant et sans limites (maintenant notre quotidien), folie plus discrète des personnes au pouvoir pour qui lêtre humain nest plus quune marchandise comme une autre. Il sagit bien la de la thématique principale du film qui napparait souvent que comme une satire des médias alors quen fait, comme le confirme Chayefksy dans son interview, il ne sagit que dun instrument pour lui. Les médias et principalement la télévision et les « news » sont un des éléments les plus emblématiques qui soit de la société américaine moderne et un milieu que le scénariste et le cinéaste connaissaient. Quoi donc de plus naturel que de stigmatiser les maux de son époque, ou plutôt les maux en devenir de son époque (déshumanisation, mondialisation et globalisation, largent roi), à travers une satire des dérives possibles de la télévision et la révolte, salutaire et juste mais irrémédiablement récupérée, dun homme excédé et épuisé après avoir donné sa vie a son métier et sen voir éjecté sans une once de compassion au premier faux pas. Et cest bien la lélément le plus touchant du film que de voir ces deux hommes (le présentateur et son ami responsable du service news) réagir chacun comme ils le peuvent a ce changement radical denvironnement. Si Howard Beale se jette dans une sorte de croisade desespérée pour la vérité pour prévenir ses concitoyens et leur « ouvrir les yeux » avec un succés phénoménal (du moins au début et en acceptant des compromis dont il na plus rien à faire tant quil peut sexprimer), Max Shumacher aura lui une réaction beaucoup plus curieuse et ambiguë. Il va en effet tomber amoureux dun jeune femme ambitieuse sans sentiments ni cur, uniquement intéréssée par le gain et la réussite quels quen soient les couts (personnage emblématique des craintes de Chayefsky sur le futur et dont les caractéristiques deviendront la constante des années 80), alors même quelle est à lopposée de sa vision de la vie (il sera le seul à aider son ami de toujours Beale). Il ira même jusqu'à briser son mariage qui semblait pourtant heureux (la scène la plus émotionellement intense du film) et renier presque toutes ses convictions dans ce qui semble une tentative de comprendre le monde moderne qui lattire autant quil le répulse.
Nous tenons également a mentionner la performance splendide de Ned Beatty en patron de corporation multinationale mystérieuse qui lors de son discours fulgurant à ladresse de Beale va énoncer lévolution des 30 années à venir de façon incroyablement précise. Certes son discours paraît très écrit, mais encore une fois les intentions satiriques sont la pour expliquer un tel traitement de la part du scénariste comme du cinéaste, mais il nest pas moins impressionnant dans la justesse de ce quil explique. Cela pouvait paraître effrayant à lépoque de la sortie du film (et cette scène lest toujours a nos yeux par la paranoia intense puis le désespoir quelle nous à inspiré) et semblera totalement prophétique tant on croirait entendre un compte rendu dramatisé de la situation de léconomie mondiale, nom qui semble avoir remplacé humanité. Cette logique corporatiste et commerciale jusquau-boutiste trouvera son apothéose dans la magistrale et glaçante scène finale ou la vie dun homme sera froidement discutée par les responsables dune entreprise en terme de profits et de parts de marché au mépris le plus total de toute forme de décence ou de morale.
Vous aurez donc compris quil sagit dune uvre dune richesse presque inépuisable qui pourra certes laisser un petit gout dinachevé à certains mais qui offre cependant un constat prophétique des dérives que notre société à connu depuis. Network fait rire, rire noir ou jaune selon les points de vue mais de façon acide et absurde quoi quil en soit et cela est profondément salutaire. Une telle uvre semble totalement impossible à produire de nos jours tant non seulement les executifs dun grand studio noseraient jamais mettre un tel brulot en production mais aussi parce que la réalité du fonctionnement intrinsèque de nos sociétés est telle quon serait bien en peine de pouvoir en « deviner » avec autant de justesse qua pu le faire Chayefsky en son temps.
Image
Limage est proposée au format respecté de 1.85 :1 daprès un transfert 16:9.
La définition générale nest pas la plus tranchante que nous ayons pu voir, ni la plus constante dailleurs mais dans lensemble vu lage et lorigine modeste du projet nous sommes satisfaits du résultat.
Linterpositif est très propre mais montre, surtout en début de film, des faiblesses en la présence de traits et points relativement et duin grain parfois prononcé sur les scènes en extérieur mais rien de vraiment gênant pour autant.
Les couleurs sont bien rendues offrant à la photographie plus travaillée quil ny parait de Owen Roizman un bel écrin. Elles sont naturelles, constantes (malgré quelques très légères inconsistances) et bien saturées.
Le contraste est soigné et évite toutes brillances.
Les scènes sombres sont bien rendues grace à des noirs étonnament profonds et purs.
La partie numérique est fort heureusement exempte de reproches, ne créant aucun défaut artificiel suffisamment important pour être mentionné ici.
Voici donc un transfert de qualité (malgré des défauts) mais qui nous semble néanmoins perfectible dans labsolu, ce qui est étonnant au vu du fait que Warner à effectué une restauration complête à loccasion de cette édition qui célèbre par la même les 30 ans du film.
Son
Les deux bandes-son offertes sur cette édition sont respectivement en Anglais (Dolby 1.0 mono) et Français (Dolby 1.0 mono).
La dynamique de la bande-son anglaise est assez limitée. Il en est de même pour sa présence et sa spatialité qui sont signes dune piste monophonique et non stéréo comme annoncé sur la jacquette.
La musique est correctement rendue malgré des limitations évidentes dans le haut comme le bas du spectre. Elle est par ailleurs parfaitement intégrée au reste de la bande-son.
Les dialogues sont en permanence parfaitement intelligibles mais des distortions sont audibles sur les scènes les plus tonitruantes et ce même sans pousser le son outre mesure.
Les basses fréquences sont de façon logique quasi absentes mais sans que cela ne déséquilibre lensemble étant donné que le mixage original a été sans aucun doute effectué sans en inclure.
La bande-son française est beaucoup plus étouffée et se montre vraiment en dessous de son homologue anglaise.
Les sous-titres sont disponibles en Anglais, Français et Espagnol.
Une bande-son qui aurait méritée un remixage plus complet de façon a être débarassé de quelques petits défauts. Autant le fait davoir une bande-son limitée en ampleur ou dynamique pour une uvre presque entièrement basée sur ses dialogues nest pas dérangeant, autant le fait davoir de la saturation sur les scènes les plus agitées sans pousser le volume lest plus. Un travail donc plus quhonnête mais qui nest pas tout à fait à la hauteur de limage.
Suppléments/menus
Un ensemble passionnant, couvrant tous les aspects de loeuvre et qui plus est vraiment bien fourni.
Sur le premier disque se trouve un commentaire audio de Sidney Lumet ou le cinéaste démontre un sens de la concision très poussé puisquil réussit à aborder tous types dapproche de son film au sein dun seul commentaire et ce de façon passionnante et sans jamais se perdre en chemin. De plus, il exprime son admiration pour Paddy Chayefsky, son scénariste sans jamais tomber dans ladulation stérile et prend bien soin de toujours justifier ses assertions. Un commentaire de très haute volée qui est un complément quasi indispensable au film.
Une bande-annonce intelligente et de bonne qualité est également proposée sur ce disque.
Sur le second disque est proposé un long documentaire découpé en 6 parties, un interview de Paddy Chayefsky ainsi quune passionnante rétrospective de la carrière de Sidney Lumet.
« The Making of Network » est un segment de 86 mins découpé en 6 segments distincts abordant chacun un sujet précis. Lunivers de Paddy Chayefsky, le casting, les options de mise en scène, le tournage et enfin le regard extérieur dun grand homme de la télévision américaine Walter Cronkite sont les différentes abordés dans chaque partie avec de nombreux témoignages, des photos de production qui permettent de découvrir les coulisses de luvre, les intentions de ses créateurs ainsi que limpact indéniable quelle a eu sur le monde des médias.
Linterview télévisée de Chayefsky par Dinah est aussi en surface et « people » que celle de Jason Robards offerte par la même intervieweuse sur lédition de All the Presidents Men.
Par contre le dernier segment est une longue interview de Sidney Lumet (54 mins) au cours de laquelle Robert Osborne revient en détails sur la carrière du cinéaste (suite a lobtention dun Oscar pour lensemble de sa carrière) avec de nombreux extraits et les passionnants commentaires de Lumet. Un segment qui permet de faire la lumière sur un artiste discret et inégal mais qui atteignait les sommets lorsque le sujet et son humeur sy prêtaient.
Voici donc un ensemble complet , concis et qui évite toute autopromotion ou autosatisfaction tout en montrant une envie rajouissante de didactisme.
Conclusion
Une édition aux qualités audios et vidéos perfectibles (à notre sens) mais tout a fait recommendables en létat et qui marquent un net progrés par rapport à lancienne édition. Les suppléments sont remarquables et très complet, le tout pour un prix de vente parfaitement raisonnable.
Nous vous recommandons donc très vivement lachat de cette édition que vous ne regretterez pas.
Network est une uvre vraiment surprenante (nous venons de la découvrir) qui montre chez son auteur Chayefsky une capacité quasi presciente à avoir prédit ce que deviendrait la télévision du futur. Mais son sujet nest pas une critique des médias mais bel et bien de la déshumanisation de la société et de sa prise de pouvoir par des conglomérats dentreprise rejetant la notion dindividu au rang de vague souvenir. Chayefski et Lumet ont réussi un mélage de satire outrée mais « sérieuse » (au sens ou elle ne tombe jamais dans la comédie) ou le rire est toujours noir et dénonciateur. Une certaine tendance moralisatrice était sans doute un point négatif dans les années 70 ou cette uvre passait pour éminement pessimiste et caricaturale mais pour un spectateur actuel, il semble au contraire que Chayefski aurait du être écouté puisque toutes ses métaphores se sont réalisées et que la déshumanisation est encore plus avancée que ce quil craignait et le rôle des médias dans cette perte de sensibilité y a été au moins aussi important que ce quil dénonçait alors.
Une uvre indispensable pour réaliser à quel point létat dans lequel se trouve notre société et son témoin le plus évident, les médias, était non seulement prévisible mais parait maintenant irrévérsible, tant la récente domination sans partage de la Tv réalité dépasse de loin les cauchemars outrés de Chayefsky.
Network est une réussite éclatante sur quasiment tous les plans et une uvre résolument engagée, noire et hilarante qui prend un relief tout particulier avec le recul que nous avons à présent. Il est en effet facile dimaginer limpact qua du avoir ce véritable brulot à sa sortie, impact sans doute similaire a celui qua le personnage dHoward Beale sur ses spectateurs, les poussant a une révolte salutaire mais malheureusement inutile. Pourtant les 30 années qui se sont écoulées depuis en ont transformé à la fois leffet mais également le sens. En effet, la plupart des situations outrées écrites par Chayefsky à des fins de caricature dénonciatrice ont été dépassées par la réalité et de ce fait, lunivers décrit par le film napparaît plus comme une exagération salutaire mais bel et bien comme la réalité.
Ce rapport quauront forcément les spectateurs découvrant comme nous le film en changera sans aucun doute leur vision dune uvre toujours aussi puissante et ce malgré des défauts de constructions évidents (mais qui font aussi son charme). En effet, le scénario de Chayefsky sil est dans son ensemble vraiment remarquable possède les défauts de ses qualités, à savoir qua vouloir traiter trop de sujets à la fois pour offrir une vision des travers de son époque il a tendance à parfois se perdre entre ses différentes thématiques. Mais malgré ce manque de cohésion, qui ne nous à pour autant jamais gaché le plaisir du visionnage (au contraire, il est rare de rencontrer des films qui ont trop à dire en ces temps de faiblesse scénaristique), Network est un témoignage vital sur son époque qui voit loin et offre des vues incroyablement lucides sur les mutations globales à luvre dans les années 70 (dont les résultats sont visibles actuellement). Le talent de Chayefski pour lhumour acide est ce qui à permis au film de si bien passer lépreuve du temps. Cette capacité à manipuler brillamment la satire la plus noire donna à Chayefsky la possibilité de délivrer un message dautant plus alarmiste, virulent et dénonciateur qui ne perd jamais de sa force. Network na rien dune comédie, ni dune farce et pourtant il en utilise souvent les ressorts mais se garde bien de ne jamais sappuyer sur cette construction pour tirer des rires faciles de ses spectateurs et se concentre plutot sur le message à délivrer ainsi que sur la façon la plus efficace de lasséner à son public (dans le bon sens du terme). En cela lassociation Chayefsky / Lumet est des plus fructueuses au sens ou malgré lenvie de contrôle total du scénariste sur sa création, les deux hommes qui se connaissaient bien ont réussis à travailler en intelligence et à converger vers une même vision. Cest en effet Chayefsy qui à demandé à ce que Lumet soit le réalisateur et cela pour le plus grand bien de lentreprise. A aucun moment dans le film on ne ressent une quelconque hésitation dans la mise en image et le rythme dun script pourtant vraiment foisonnant qui aurait pu occasionner ce genre de problèmes dans le cas dune association « auteur/réalisateur » moins fructueuse.
Lumet a ammené au scénario de Chayefski tout son sens visuel et son talent de conteur qui permettent au film de rester dynamique de bout en bout. Lumet à épousé à merveille la folie des personnages, laspect outré de nombreuses situations sans toutefois jamais tomber dans la comédie ouverte. Il a traité cette histoire avec le plus grand sérieux et cest en cela que le film reste toujours aussi efficace et dérangeant. Ses plans sont toujours simples, il ne cherhce jamais a offrir une vision complexe dun scénario très touffu comme nous le disions. Cest grace à cet aspect presque épuré, naturaliste que sa mise en scène contrebalance le foisonnement du scénario pour arriver a un équilibre. Son traitement va direct au but et il ne sembarasse jamais de scènes de transitions ou deffets de montages qui aurait sans aucun doute nui à la cohérence et à lintensité de lensemble. Tout le montage est en effet composé de transitions « Cut » qui démarquent le film et lui donne une énergie indéniable. Lexpérience télévisuelle de Lumet lui à permis doffrir un rendu très réaliste de tout cet univers qui donne un aspect dautant plus plaisant aux parties les plus outrées apportant encore plus de poids à la critique. Et lapport immense de Lumet ne sarrête pas la puisque fidèle à sa méthode qui à fait ses preuves il répête beaucoup avec son groupe de comédiens hors pair et arrive à tirer un ensemble tout bonnement exceptionnel. William Holden, Peter Finch, Faye Dunaway, Robert Duvall, Beatrice Straight et Ned Beatty sont au sommet de leur art et parviennent au ton parfait pour cette histoire ou les personnages sont plus emblématiques que réellement travaillés en tant que tels.
Le thème de la folie imprègne le film de bout en bout, folie en réaction au développement de la société vers un capitalisme galopant et sans limites (maintenant notre quotidien), folie plus discrète des personnes au pouvoir pour qui lêtre humain nest plus quune marchandise comme une autre. Il sagit bien la de la thématique principale du film qui napparait souvent que comme une satire des médias alors quen fait, comme le confirme Chayefksy dans son interview, il ne sagit que dun instrument pour lui. Les médias et principalement la télévision et les « news » sont un des éléments les plus emblématiques qui soit de la société américaine moderne et un milieu que le scénariste et le cinéaste connaissaient. Quoi donc de plus naturel que de stigmatiser les maux de son époque, ou plutôt les maux en devenir de son époque (déshumanisation, mondialisation et globalisation, largent roi), à travers une satire des dérives possibles de la télévision et la révolte, salutaire et juste mais irrémédiablement récupérée, dun homme excédé et épuisé après avoir donné sa vie a son métier et sen voir éjecté sans une once de compassion au premier faux pas. Et cest bien la lélément le plus touchant du film que de voir ces deux hommes (le présentateur et son ami responsable du service news) réagir chacun comme ils le peuvent a ce changement radical denvironnement. Si Howard Beale se jette dans une sorte de croisade desespérée pour la vérité pour prévenir ses concitoyens et leur « ouvrir les yeux » avec un succés phénoménal (du moins au début et en acceptant des compromis dont il na plus rien à faire tant quil peut sexprimer), Max Shumacher aura lui une réaction beaucoup plus curieuse et ambiguë. Il va en effet tomber amoureux dun jeune femme ambitieuse sans sentiments ni cur, uniquement intéréssée par le gain et la réussite quels quen soient les couts (personnage emblématique des craintes de Chayefsky sur le futur et dont les caractéristiques deviendront la constante des années 80), alors même quelle est à lopposée de sa vision de la vie (il sera le seul à aider son ami de toujours Beale). Il ira même jusqu'à briser son mariage qui semblait pourtant heureux (la scène la plus émotionellement intense du film) et renier presque toutes ses convictions dans ce qui semble une tentative de comprendre le monde moderne qui lattire autant quil le répulse.
Nous tenons également a mentionner la performance splendide de Ned Beatty en patron de corporation multinationale mystérieuse qui lors de son discours fulgurant à ladresse de Beale va énoncer lévolution des 30 années à venir de façon incroyablement précise. Certes son discours paraît très écrit, mais encore une fois les intentions satiriques sont la pour expliquer un tel traitement de la part du scénariste comme du cinéaste, mais il nest pas moins impressionnant dans la justesse de ce quil explique. Cela pouvait paraître effrayant à lépoque de la sortie du film (et cette scène lest toujours a nos yeux par la paranoia intense puis le désespoir quelle nous à inspiré) et semblera totalement prophétique tant on croirait entendre un compte rendu dramatisé de la situation de léconomie mondiale, nom qui semble avoir remplacé humanité. Cette logique corporatiste et commerciale jusquau-boutiste trouvera son apothéose dans la magistrale et glaçante scène finale ou la vie dun homme sera froidement discutée par les responsables dune entreprise en terme de profits et de parts de marché au mépris le plus total de toute forme de décence ou de morale.
Vous aurez donc compris quil sagit dune uvre dune richesse presque inépuisable qui pourra certes laisser un petit gout dinachevé à certains mais qui offre cependant un constat prophétique des dérives que notre société à connu depuis. Network fait rire, rire noir ou jaune selon les points de vue mais de façon acide et absurde quoi quil en soit et cela est profondément salutaire. Une telle uvre semble totalement impossible à produire de nos jours tant non seulement les executifs dun grand studio noseraient jamais mettre un tel brulot en production mais aussi parce que la réalité du fonctionnement intrinsèque de nos sociétés est telle quon serait bien en peine de pouvoir en « deviner » avec autant de justesse qua pu le faire Chayefsky en son temps.
Image
Limage est proposée au format respecté de 1.85 :1 daprès un transfert 16:9.
La définition générale nest pas la plus tranchante que nous ayons pu voir, ni la plus constante dailleurs mais dans lensemble vu lage et lorigine modeste du projet nous sommes satisfaits du résultat.
Linterpositif est très propre mais montre, surtout en début de film, des faiblesses en la présence de traits et points relativement et duin grain parfois prononcé sur les scènes en extérieur mais rien de vraiment gênant pour autant.
Les couleurs sont bien rendues offrant à la photographie plus travaillée quil ny parait de Owen Roizman un bel écrin. Elles sont naturelles, constantes (malgré quelques très légères inconsistances) et bien saturées.
Le contraste est soigné et évite toutes brillances.
Les scènes sombres sont bien rendues grace à des noirs étonnament profonds et purs.
La partie numérique est fort heureusement exempte de reproches, ne créant aucun défaut artificiel suffisamment important pour être mentionné ici.
Voici donc un transfert de qualité (malgré des défauts) mais qui nous semble néanmoins perfectible dans labsolu, ce qui est étonnant au vu du fait que Warner à effectué une restauration complête à loccasion de cette édition qui célèbre par la même les 30 ans du film.
Son
Les deux bandes-son offertes sur cette édition sont respectivement en Anglais (Dolby 1.0 mono) et Français (Dolby 1.0 mono).
La dynamique de la bande-son anglaise est assez limitée. Il en est de même pour sa présence et sa spatialité qui sont signes dune piste monophonique et non stéréo comme annoncé sur la jacquette.
La musique est correctement rendue malgré des limitations évidentes dans le haut comme le bas du spectre. Elle est par ailleurs parfaitement intégrée au reste de la bande-son.
Les dialogues sont en permanence parfaitement intelligibles mais des distortions sont audibles sur les scènes les plus tonitruantes et ce même sans pousser le son outre mesure.
Les basses fréquences sont de façon logique quasi absentes mais sans que cela ne déséquilibre lensemble étant donné que le mixage original a été sans aucun doute effectué sans en inclure.
La bande-son française est beaucoup plus étouffée et se montre vraiment en dessous de son homologue anglaise.
Les sous-titres sont disponibles en Anglais, Français et Espagnol.
Une bande-son qui aurait méritée un remixage plus complet de façon a être débarassé de quelques petits défauts. Autant le fait davoir une bande-son limitée en ampleur ou dynamique pour une uvre presque entièrement basée sur ses dialogues nest pas dérangeant, autant le fait davoir de la saturation sur les scènes les plus agitées sans pousser le volume lest plus. Un travail donc plus quhonnête mais qui nest pas tout à fait à la hauteur de limage.
Suppléments/menus
Un ensemble passionnant, couvrant tous les aspects de loeuvre et qui plus est vraiment bien fourni.
Sur le premier disque se trouve un commentaire audio de Sidney Lumet ou le cinéaste démontre un sens de la concision très poussé puisquil réussit à aborder tous types dapproche de son film au sein dun seul commentaire et ce de façon passionnante et sans jamais se perdre en chemin. De plus, il exprime son admiration pour Paddy Chayefsky, son scénariste sans jamais tomber dans ladulation stérile et prend bien soin de toujours justifier ses assertions. Un commentaire de très haute volée qui est un complément quasi indispensable au film.
Une bande-annonce intelligente et de bonne qualité est également proposée sur ce disque.
Sur le second disque est proposé un long documentaire découpé en 6 parties, un interview de Paddy Chayefsky ainsi quune passionnante rétrospective de la carrière de Sidney Lumet.
« The Making of Network » est un segment de 86 mins découpé en 6 segments distincts abordant chacun un sujet précis. Lunivers de Paddy Chayefsky, le casting, les options de mise en scène, le tournage et enfin le regard extérieur dun grand homme de la télévision américaine Walter Cronkite sont les différentes abordés dans chaque partie avec de nombreux témoignages, des photos de production qui permettent de découvrir les coulisses de luvre, les intentions de ses créateurs ainsi que limpact indéniable quelle a eu sur le monde des médias.
Linterview télévisée de Chayefsky par Dinah est aussi en surface et « people » que celle de Jason Robards offerte par la même intervieweuse sur lédition de All the Presidents Men.
Par contre le dernier segment est une longue interview de Sidney Lumet (54 mins) au cours de laquelle Robert Osborne revient en détails sur la carrière du cinéaste (suite a lobtention dun Oscar pour lensemble de sa carrière) avec de nombreux extraits et les passionnants commentaires de Lumet. Un segment qui permet de faire la lumière sur un artiste discret et inégal mais qui atteignait les sommets lorsque le sujet et son humeur sy prêtaient.
Voici donc un ensemble complet , concis et qui évite toute autopromotion ou autosatisfaction tout en montrant une envie rajouissante de didactisme.
Conclusion
Une édition aux qualités audios et vidéos perfectibles (à notre sens) mais tout a fait recommendables en létat et qui marquent un net progrés par rapport à lancienne édition. Les suppléments sont remarquables et très complet, le tout pour un prix de vente parfaitement raisonnable.
Nous vous recommandons donc très vivement lachat de cette édition que vous ne regretterez pas.
Network est une uvre vraiment surprenante (nous venons de la découvrir) qui montre chez son auteur Chayefsky une capacité quasi presciente à avoir prédit ce que deviendrait la télévision du futur. Mais son sujet nest pas une critique des médias mais bel et bien de la déshumanisation de la société et de sa prise de pouvoir par des conglomérats dentreprise rejetant la notion dindividu au rang de vague souvenir. Chayefski et Lumet ont réussi un mélage de satire outrée mais « sérieuse » (au sens ou elle ne tombe jamais dans la comédie) ou le rire est toujours noir et dénonciateur. Une certaine tendance moralisatrice était sans doute un point négatif dans les années 70 ou cette uvre passait pour éminement pessimiste et caricaturale mais pour un spectateur actuel, il semble au contraire que Chayefski aurait du être écouté puisque toutes ses métaphores se sont réalisées et que la déshumanisation est encore plus avancée que ce quil craignait et le rôle des médias dans cette perte de sensibilité y a été au moins aussi important que ce quil dénonçait alors.
Une uvre indispensable pour réaliser à quel point létat dans lequel se trouve notre société et son témoin le plus évident, les médias, était non seulement prévisible mais parait maintenant irrévérsible, tant la récente domination sans partage de la Tv réalité dépasse de loin les cauchemars outrés de Chayefsky.
Qualité vidéo:
3,7/5
Qualité audio:
3,0/5
Suppléments:
4,3/5
Rapport qualité/prix:
3,9/5
Note finale:
3,6/5
Auteur: Stefan Rousseau
Date de publication: 2006-03-20
Système utilisé pour cette critique: Projecteur Sharp XV Z9000, Lecteur de DVD Toshiba SD500, Recepteur Denon, Enceintes Triangle, Câbles Banbridge et Real Cable.
Date de publication: 2006-03-20
Système utilisé pour cette critique: Projecteur Sharp XV Z9000, Lecteur de DVD Toshiba SD500, Recepteur Denon, Enceintes Triangle, Câbles Banbridge et Real Cable.